Blog de Michel Diard

La Chouette qui hioque

Trop de coïncidences

Patrick Drahi est bigrement endetté ; ce n’est pas une nouvelle, il a construit son empire sur l’endettement (Plus de 60 milliards d’euros, quand même). Mais, coïncidence, c’est le moment choisi par ses banques pour lui intimer l’ordre de vendre ses chaînes de télévision et honorer des échéances douloureuses !

Rodolphe Saadé, lui, est riche ; depuis la crise du Covid les bénéfices de ses activités dans le transport maritime ont explosé (42 milliards en deux ans) grâce à un avantage fiscal exorbitant : depuis 2003, la France a adopté une ‘’niche fiscale’’ appelée ‘’droit de tonnage’’ qui permet aux entreprises du secteur de ne pas payer l’impôt des sociétés sur les bénéfices (25 %) mais une taxe sur les navires quels que soient les résultats financiers. C’est ainsi que, pour ses 583 navires, Saadé a payé seulement 2 % d’impôts sur ses bénéfices en 2022. Des députés (de droite) ont déposé un amendement pour revenir cette niche fiscale. Coïncidence, le rachat des chaîne de Drahi procure à Saadé un pouvoir d’influence et, en même temps, un outil de négociation avec le pouvoir.

La vente d’une chaîne est interdite pendant cinq années après l’attribution de la fréquence par l’Arcom. Les réattributions auront lieu au printemps 2025. Drahi doit vendre impérativement avant cette date sous peine de ne plus pouvoir céder le groupe BFM pendant les cinq prochaines années. Coïncidence, Saadé arrive au bon moment et peut négocier un prix inférieur (1,55 milliards) à celui que s’était fixé le patron d’Altice (2 milliards).

Rodolphe Saadé prétend avoir suffisamment de cash pour investir tous azimuts. Et, coïncidence, c’est ce qu’il fait allègrement dans Air France-KLM, Brut, Eutelsat, Colis privé, La Provence, etc.

Enfin, autre coïncidence, Rodolphe Saadé est plus proche d’Emmanuel Macron que de Marine Le Pen. Il s’est mis au service du président, avec l’espoir que son successeur en 2027 sera aussi compréhensif avec lui que le président sortant. 

Dans l’actualité présente, on peut encore relever d’autres coïncidences troublantes.

La ligne politique de Macron, par exemple, évolue d’un jour à l’autre en raison de la proximité des échéances électorales.

Il est plus que jamais  »va-t’en-guerre’’ et se déclare adversaire d’un Poutine qu’il fréquentait assidûment et tutoyait hier encore. Coïncidence, Marine Le Pen, dont le parti caracole en tête des sondages, est présentée comme une proche de dictateur russe (ce qui est avéré).

Diaboliser le RN en brandissant les risques de guerre face à notre adversaire, la Russie, pour tenter de sauver les meubles avant les européennes, n’est guère glorieux, c’est même un jeu dangereux.

Coïncidence, encore, Emmanuel Macron a convoqué scandaleusement deux journalistes des deux principales chaînes de télévision à l’Elysée pour enfoncer le clou, manipulant le droit à l’information pour tenter de sortir d’une situation délicate, la perte d’influence en France et en Europe.

Coïncidence, enfin, la diversion est déclenchée au moment où le RN lance sa campagne pour les élections européennes.

Toutes ces coïncidences ne sont pas complètement aléatoires, non ?

Culture pour tous, culture partout

Ce fut un spectacle époustouflant de danse sur le thème de la révolte des femmes argentines, imaginé par deux chorégraphes en résidence, Amine Boussa et Jeanne Azoulay. Leurs interprètes étaient jeunes mais tous étaient des amateurs.

C’était à la Ferme de Bel Ebat à Guyancourt, devant une salle pleine, conquise et enthousiasmée.

Les deux chorégraphes ont participé à une expérience qui a vu le jour dans les Hauts de France, Classe départ. Selon ses initiateurs, il s’agit « d’une méthode de mobilisation vers l’insertion par la pratique artistique intensive, axée sur l’éducation à la citoyenneté et le développement de l’employabilité ».

Les interprètes étaient donc décrocheurs ou accidentés de la vie, victimes de violences. Des laissés pour compte, des oubliés.

La Ferme de Bel Ebat et la municipalité ont voulu s’associer à cette formidable expérience en association avec Sauvegarde des Yvelines, le Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines et la compagnie In Cauda. Tous ces acteurs ont gagné un beau pari : les danseuses et danseurs ont fait une prestation exceptionnelle.

Je ne sais pas si tous réussiront à sortir de la misère infligée par un système où seuls les riches ne rencontrent pas d’obstacles pour être heureux et pleinement des citoyens, mais leur expérience artistique aura été, assurément, un moment où ils auront réalisé qu’ils ne sont pas destinés à rester dans les bas-fonds d’une société inégalitaire et dure aux pauvres de naissance.

Et ce spectacle vient démontrer la place irremplaçable de la culture artistique, au moment où le budget du ministère est amputé de 200 millions.

La France est riche de potentialités laissées en jachère. La Ferme de Bel Ebat et Guyancourt viennent d’en administrer une nouvelle preuve.

La culture n’a jamais été aussi nécessaire pour la compréhension du monde, pour l’acceptation de l’Autre, pour l’émancipation de l’individu. Alors, culture pour tous et culture partout.

Retour à l’Ancien Régime

Ces messieurs qui nous gouvernent (les femmes n’occupant que des postes subalternes, dans le domaine social, particulièrement) se supposent investis d’une mission historique. Ils sont les ‘’représentants’’ des puissants groupes industriels, plus puissants que les Etats eux-mêmes ; Ils ne sont plus les élus du peuple. Ils nous mentent en affirmant haut et fort vouloir moderniser les institutions et faire notre bonheur. Leur hypocrisie me sidère, tant ce qu’ils disent et écrivent est contredit par la réalité.

Le président de la République, Emmanuel Macron, avouait vouloir faire une ‘’Révolution’’, déguisant sa véritable politique qui ne rend compte à personne en utilisant les opportunités d’une Constitution antidémocratique, adoptée à la suite du retour au pouvoir d’un général à la retraite après ce qui ressemblait à un coup d’Etat.

Emmanuel Macron, donc, a obéi à la requête du patronat, énoncée par Denis Kessler en 2007 : défaire méthodiquement le programme du CNR.

Pour cela, Emmanuel Macron, le petit soldat du capitalisme, n’est pas passé par une révolution, il a agi et agi encore méthodiquement.

Il a affaibli le code du travail, les services publics (SNCF, hôpitaux, maternités, éducation nationale), les retraites, l’assurance chômage, les prud’hommes ; en revanche, il a supprimé l’ISF, baissé les cotisations sociales patronales et les impôts des entreprises, renforcé les mesures sécuritaires. Puis, il a répondu aux obsessions de l’extrême droite sur l’immigration, en légiférant sur le prétendu séparatisme d’un islamisme radical fantasmé.

Aujourd’hui, il sort de nouveaux dossiers : la suppression du droit du sol à Mayotte (avant de l’étendre partout ?) et une nouvelle réforme du code du travail. Dernière sottise annoncée, le réarmement idéologique des citoyens : moral, civique, sécuritaire, économique. Là, les mots ne se cachent plus. La France doit adopter les postures militaires. Et chanter la Marseillaise chaque matin.

Tout ce que le pays compte de réactionnaire est mobilisé pour ce réarmement : Vincent Bolloré et ceux qu’il a déjà embarqué dans sa croisade, Pascal Praud, Cyril Hanouna, Ségolène Royal, et Philippe de Villiers. Celui-ci connaît une nouvelle jeunesse et s’en prend à l’avortement qu’il qualifie de masse en faisant un chassé-croisé avec l’immigration de masse ; il fustige les lois anti-chrétiennes et invoque même Childéric.

Les nostalgiques de la vieille France catholique, d’un temps où les syndicats n’existaient pas, où les journaliers étaient attachés à la terre des nobles. Marine Le Pen, Jordan Bardella, Eric Zemmour et Marion Maréchal, ne se sentent plus obligés de parler haut et fort ; ceux dont on vient de parler ont entrepris le retour à l’Ancien Régime dont ils rêvaient. Ils ont trouvé des complices ; et ces agités de la calotte ou ces gouvernants le font pour eux, sur tous les médias où leur est accordé une place ou un temps d’antenne démesuré.

Les citoyens assistent, parfois indifférents, mais hélas avec de plus en plus d’adhésion, à un implacable naufrage idéologique et un recul civilisationnel et social sans précédent.

Au secours, les discours racistes ne se cachent plus ; les patrons licencient pour améliorer les dividendes insultants pour les salariés ; les discours bellicistes appellent à la mobilisation. Et les citoyens qui ne sont pas les ‘’nobles’’ d’hier, mais plutôt le ‘’Tiers Etat’’ s’engluent dans la pauvreté.

Est-ce supportable encore aujourd’hui dans l’un des pays les plus riches de la planète ? Si les grèves dures parfois et si les contestations déterminées se multiplient, c’est hélas en ordre dispersé, loin du mouvement nécessaire pour s’opposer à une régression insoutenable des lois de la démocratie.

Infini servage

L’ONU, dominée par les hommes comme toute institution de pouvoir, est un lieu d’affrontement idéologique ; si elle a fait du 8 mars la journée internationale des femmes, son agence ONU Femmes l’a rebaptisée Journée internationale des droits des femmes.

La nuance est importante. L’ONU Femmes aurait pu aller plus loin encore, car à l’origine, le 8 mars est une journée internationale de lutte pour les droits des femmes et contre les inégalités. Ce sont les luttes féministes, notamment celles des femmes révolutionnaires, qu’on célébrait pour aller plus loin dans les conquêtes.

En France, Emmanuel Macron profite de cette journée pour graver le vote du Congrès pour la ‘’liberté’’ de recourir à l’IVG et tenter d’en tirer un bénéfice politique. Si l’avancée décisive, elle est encore freinée par les réactionnaires et en retrait par rapport à l’appellation de l’ONU Femmes, députés et sénateurs ont refusé le mot ‘’droit’’ pour le limiter à une simple liberté.

La France a encore d’énormes progrès à faire pour atteindre l’égalité des femmes avec les hommes. La mobilisation unitaire des organisations syndicales est le signe que les femmes, ici, ne lâchent rien et que les consciences s’éveillent encore.

Mais ailleurs des millions de femmes souffrent plus encore qu’en France. Qu’on pense à leur situation à Gaza, Kaboul, Téhéran, Riyad, Islamabad, Brasilia, Jakarta, Ankara, Malte, Rome, Varsovie, Brasilia, Bogota, en Floride ou au Texas, La liste est trop longue des pays où les femmes n’ont pas ou peu de droits.

Il y a presque cinquante ans, Jean Ferrat chantait : « Entre l’ancien et le nouveau / Votre lutte à tous les niveaux / De la nôtre est indivisible / Dans les hommes qui font les lois / Si les uns chantent par ma voix / D’autre décrètent par la bible / La poète a toujours raison / Qui détruit l’ancienne oraison / L’image d’Eve et de la pomme / Je déclare avec Aragon / La femmes est l’avenir de l’homme / Pour accoucher sans la souffrance / Pour le contrôle des naissances / Il a fallu des millénaires / Si nous sortons du moyen âge / Vos siècles d’infini servage / Pèsent encor lourd sur la terre ».

Les syndicats n’ont pas oublié les paroles du poète : les luttes des femmes n’ont pas encore aboli l’infini servage !

En même temps

Hier, l’atmosphère était plutôt à l’euphorie et à la fête après l’inscription de la loi garantissant la liberté de recourir à l’IVG dans la Constitution.

C’est de toute évidence une victoire immense pour toutes les femmes qui se sont battues pendant de longues années et non la seule volonté du président ! Et, faut-il le rappeler, le texte final ne reconnaît qu’une liberté et non un droit : la liberté est garantie par la loi (donc révisable), alors que le droit est garanti en lui-même. La nuance mérite d’être relevée.

Emmanuel Macron se présente comme ‘’le’’ fervent défenseur des femmes et tente de tirer la couverture à lui. Défenseur des femmes ? Pas autant que son entourage voudrait le faire croire.

Les femmes ne sont pas dupes de l’opération politicienne quand d’autres décisions viennent tempérer les mérites du président.

A l’automne dernier, Aurore Bergé claironnait qu’une Aide universelle d’urgence, permettant aux femmes victimes de violences de bénéficier d’une aide financière pour pouvoir quitter leur domicile, était créée avec un budget de 13 millions. Dans le cadre du rabotage du budget de l’Etat de 10 milliards (quand même), la ministre devra se contenter de 6 millions. Le ministre de l’économie lui a pris 7 millions dans la poche.  Les pauvres femmes violentées par leurs conjoints attendront des jours meilleurs, mais continueront à recevoir des coups faute de pouvoir quitter le lieu de leurs souffrances !

Autre ministre femme à souffrir du macronisme, Rachida Dati. La nouvelle ministre de la culture, jubilait : elle héritait d’un budget qui allait lui permettre de faire des miracles et de sauver la culture à Paris, contrairement à la politique de l’actuelle maire, Anne Hidalgo.

Quelques jours après son intronisation dans le fauteuil de Rima Abdul-Malak, Bruno Le Maire a amputé son budget de 200 millions. Les artistes apprécieront ; Rachida Dati, elle, est réduite à broyer du noir dans un gouvernement qui confirme que la culture n’est pas une priorité pour Macron, ni pour Le Maire.

La pauvre ministre mesure aujourd’hui ce que valent les engagements d’Emmanuel Macron. Du coup, elle en a perdu la raison. Elle a, par exemple, annoncé vouloir créer une maison du hip-hop à Paris. Hélas pour elle, il en existe déjà deux. Sa campagne électorale commence vraiment très mal ; élue municipale, elle devrait mieux relire les délibérations du conseil de la capitale.

Le ‘’en même temps’’ de Macron n’en finira jamais de nous surprendre. Et de plonger le pays dans la régression.

Demain, il sera trop tard

Les journaux économiques égrènent chaque jour les résultats faramineux des grands groupes industriels, les montants exorbitants des dividendes touchés par des actionnaires avides de ‘’cash’’ et les fortunes extravagantes de quelques milliardaires.

Ils sont moins bavards quand il s’agit de donner les chiffres de la pauvreté qui ne cesse, elle, de s’étendre dans tous les pays, riches (mais endettés) comme émergents (sans solution).

Les journaux économiques taisent que les résultats des grands groupes ont été obtenus avec pas mal d’aides extérieures, puisées dans les innombrables impôts et taxes, en fait dans nos poches, au détriment des services publics.

Les peuples savent tout cela et, cependant, ils continuent d’installer sur les sièges du pouvoir des présidents, de la majorité des députés et d’élus locaux dont la seule boussole est de défendre les privilèges de quelques capitalistes qui n’osent plus se déclarer comme tels, mais comme libéraux après avoir détourné la définition du libéralisme.

Les mêmes journaux économiques, par exemple Les Echos, propriété de l’un des hommes les plus riches du monde, ont déjà installé Marine Le Pen sur le siège présidentiel et son bras droit sur celui de premier ministre. Leur inclinaison sentimentale s’en accommode volontiers. Notre indignation ne les bouleverse nullement ; ils sont indifférents à toute considération d’ordre moral.

Clara Zetkin, la révolutionnaire allemande, nous a averti dans son discours au congrès de Tours en 1920 : « L’histoire ne nous montre pas un seul cas d’une classe dominante et exploitante qui ait renoncé volontairement à sa position de pouvoir. » Ella ajoutait : « La démocratie est la force la plus parfaite de la domination des classes bourgeoises. » 

Plus près de nous, c’est un défenseur du système, Gary Becker, qui venait confirmer les analyses de Clara Zetkin, en les replaçant dans le nouveau contexte de la mondialisation. Becker, donc, prix de la Banque de Suède en sciences économiques (baptisé ‘’prix Nobel d’économie’’), écrivait dans Business Week en août 1993 : « Le droit du travail et la protection de l’environnement sont devenus excessifs dans la plupart des pays développés. Le libre-échange va réprimer certains de ces excès en obligeant chacun à rester concurrentiel face aux importations des pays en voie de développement. »

Sachant tout cela, est-on prêt à asseoir la famille Le Pen (et ses clones) ou un prétendu libéral (un clone de Macron) sur le siège du pouvoir.

Demain, il sera trop tard pour le déplorer.

Obscurantisme télévisuel

Les chaînes sulfureuses détenues par le groupe de Vincent Bolloré commencent à indisposer jusqu’au Palais Bourbon. La ‘’Commission d’enquête sur l’attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre’’ de l’Assemblée nationale a auditionné une dizaine de dirigeants du groupe Canal+ le 29 février, dont Maxime Saada, Serge Nedjar ou Gérald-Brice Viret, et trois journalistes (Pascal Praud, Sonia Mabrouk et Laurence Ferrari), avant de recevoir Vincent Bolloré puis Cyril Hanouna à la mi-mars.

Les députés avaient tellement de questions à poser à l’état-major idéologique des chaînes de Vincent Bolloré, que l’audition a duré près de 6 heures. Sans surprise, elle a permis d’entendre un flot de mensonges et de contre-vérités ! Il n’est pas facile d’avouer que Canal+, CNews et C8 sont au service des thèses les plus réactionnaires et du catholicisme intégriste quand on est devant les élus du peuple chargés de contrôler l’application des dispositions réglementaires.

L’un des hommes liges du milliardaire breton a osé affirmer : « Je n’ai jamais eu d’intervention directe de Vincent Bolloré sur les programmes. Je ne le croise quasiment jamais. » Avant que Serge Nedjar n’avoue : « Je crois qu’il vient deux fois, à peu près une ou deux fois par mois chez Canal. Je vais donc une ou deux fois par mois chez Canal (…) et j’ai la chance de rencontrer à ce moment-là, quand il est là, Vincent Bolloré (…) C’est essentiellement pour me parler des audiences, pour nous rassurer quand elles ne sont pas bonnes ou nous féliciter, tous les jours ou tous les deux jours. Et il se trouve qu’en ce moment, on bat BFM tous les jours ! »

Sans blague !

A propos des ‘’excès’’ de Cyril Hanouna, on appréciera la justification des dirigeants du groupe : « Ce qui fait le succès de Cyril Hanouna, qui rassemble 2 millions de téléspectateurs chaque jour, c’est sa nature, sa spontanéité et ça peut donner lieu, quand on est en direct, à des débordements. Mais quand on est sanctionné, on se conforme à la sanction. C’est un risque que nous assumons pleinement. »

Un risque revendiqué : il est dans la nature même de la chaîne de rechercher le ‘’buzz’’ qui fait grossir l’audience. Les reprises par d’autres médias et, par voie de conséquence les contrats publicitaires.

Puis, quand les députés présents ont abordé le scandale provoqué au cours de l’émission religieuse ‘’En quête d’esprit’’ affirmant que l’avortement est la première cause de mortalité dans le monde, devant le cancer et le tabagisme, c’est Serge Nedjar qui osera avancer que « l’émission a été enregistrée le vendredi. Nous l’avons regardée et montée sans cet épisode puis elle a été transmise à Europe 1 où l’émission passe en même temps que sur CNews le dimanche. Mais c’est la version première et non la V2 qui est passée. C’est un traumatisme pour nous tous… »

Enfin, la députée Sophie Taillé-Polian (Génération.s) s’est offusquée de l’absence de pluralisme sur CNews quand « on considère ses invités comme des punching-balls », c’est Pascal Praud qui, toute honte bue, a eu cette réponse suffocante : « Je fais 3 h 30 d’émission par jour sur CNews. Je fais donc à peu près 60 heures d’émission par mois, ce qui fait 600 heures par an. Depuis 2016, j’ai donc dû faire 4 000 heures d’émission sur CNews. A chaque fois qu’on ne modère pas un propos, on s’en veut et ça arrive, hélas, parce que nous sommes des êtres humains. »

Que les émissions soient en direct ou enregistrées, le groupe Canal+ a vraiment un problème de contrôle des contenus.

Si le laudateur de l’extrême droite est épuisé (au bord du burn-out), il faut initier une pétition pour lui permettre de se reposer !

Vincent Bolloré serait donc un de ces patrons-négriers, qui imposent des cadences infernales. A notre connaissance, le champion de la logorrhée franchouillarde n’a pas protesté quand le Breton lui a intimé l’ordre d’intervenir également sur Europe1 à la rentrée dernière. Les téléspectateurs et les auditeurs subissent les conséquences d’un surmenage qui ne permet plus au journaliste de se contrôler ?

Ces auditions ont eu le mérite d’étaler le système Bolloré au grand jour. Au service d’une idéologie obscurantiste ; au détriment d’une information qui éclaire le citoyen.

Massacre

Les populations de la bande de Gaza ont faim en raison du blocage de l’aide alimentaire par Israël. Faut-il s’étonner que des bousculades se produisent lors d’une distribution de vivres par des camions d’aide humanitaire !

Le service des urgences de l’hôpital Al-Shifa a témoigné qu’une cinquantaine de personnes avaient été tuées et 120 blessées « à la suite de tirs des forces d’occupation en direction de milliers de citoyens ». Le Hamas annonce, lui 104 morts, victimes d’un véritable massacre.

L’armée israélienne parle de son côté de bousculades et de piétinements, niant ainsi que ses soldats, « se sentant menacés » ont tiré à balles réelles sur des gueux affamés. Quel cynisme ! Des soldats ses sentant menacés par de pauvres gazaouis aux mains nues et décharnées par plusieurs mois de privations ; le mensonge est insupportable.

Cette centaine de morts alourdissent le bilan effroyable de la guerre à Gaza, qui s’élève à plus de 30 000 victimes.

L’opinion internationale ferme de moins en moins les yeux sur les méfaits de Tsahal dans la bande Gaza ; néanmoins, l’action politique est insuffisante pour arrêter Benyamin Netanyahu.

Les pressions sur Israël doivent s’intensifier pour arrêter le massacre des gazaouis.

Le bon apôtre

Emmanuel Macron paraît bien seul, seul contre tous, de Biden à Orban, de Scholz à Ulf Kristersson, le Suèdois ! Le commandant en chef des forces armées estoniennes a dénoncé le coup d’éclat du président français et le vieux président américain a fait savoir, sèchement, que les Etats-Unis n’enverront pas de soldats combattre en Ukraine.

Il y a quelques mois, en 2022, Macron téléphonait souvent à Poutine et déclarait qu’il ne fallait pas humilier la Russie. Son coup d’éclat d’aujourd’hui s’accompagne d’une volteface surprenante, quand on sait que le conflit ne trouvera pas de solution par les armes.

Le président de la République a l’habitude de ce genre de coup de menton et de déclaration volontiers provocatrice ; aujourd’hui, il a franchi une ligne rouge.

A-t-il voulu justifier ses tirades à propos du réarmement qu’il ne cesse d’invoquer à propos de tout et de rien ?

Il vient de révéler sa personnalité profonde, réactionnaire et belliciste ; il faut prendre ses ‘’sorties’’ au sérieux.

Les citoyens français ne sont pas prêts à partir faire la sale guerre de Poutine ; l’Ukraine n’est pas l’Espagne de 1936. Rappelons à Macron les paroles de la célèbre chanson de Boris Vian, Le déserteur : « Je ne veux pas la faire / Je ne suis pas sur terre / Pour tuer les pauvres gens (…) S’il faut donner son sang / Allez donner le vôtre / Vous êtes bon apôtre / Monsieur le Président. »

Réactionnaires sans fard

A qui reconnaît-on un pouvoir réactionnaire et autoritaire ?

En premier lieu, à la limitation des pouvoirs du Parlement (ou à leur négation). N’est-ce pas ce qui s’est passé ces derniers jours, où il a suffi d’un simple décret ministériel pour ‘’raboter’’ le budget de l’Etat de 10 milliards d’euros, voté quelques semaines plus tôt par députés et sénateurs (même si ce fut par voie de 49-3).

En second lieu par des décisions présidentielles (et non gouvernementales) en matière de défense ou d’intervention militaire pouvant conduire au chaos et à d’innombrables morts, sans débat parlementaire. N’est-ce ce qui vient de se passer avec la déclaration d’Emmanuel Macron à propos de l’Ukraine : « Il n’y a pas de consensus aujourd’hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol. Mais en dynamique, rien ne doit être exclu. »

Enfin, en troisième lieu, par la désinformation. N’est-ce pas ce qui vient de se passer sur CNews quand une infographie ose reprendre des statistiques non vérifiées du site Worldometer sur les causes de la mortalité dans le monde : « 1 L’avortement : 73 millions par an dans le monde, 2 Le cancer : 10 millions de décès, 3 Le tabac : 6,2 millions de décès ». Worldomoter avait déjà été épinglé en 2020 pour avoir relayé des chiffres erronés sur la propagation de la pandémie de Covid.

Les réactionnaires osent tout et on a peine à distinguer les nuances entre leurs différents représentants, de droite et d’extrême droite

J’aurais pu ajouter d’autres méfaits d’un pouvoir réactionnaire et autoritaire, comme la guerre déclarée aux pauvres et aux chômeurs (Attal osant s’en prendre une nouvelle fois à eux en leur imposant d’accepter n’importe quel emploi à n’importe quel salaire), comme la répression à l’encontre des syndicats qui manifestent (n’est-ce pas, Gérald Darmanin ?), comme la future obligation de l’uniforme à l’école, comme la casse des services publics, etc.

Aragon a pu écrire des vers admirables pour dire : « Je vois tout ce que vous avez de malheur de sang de lassitude », ajoutant : « Je ne dis pas cela pour démoraliser Il faut regarder le néant En face pour savoir en triompher ».

Dans l’odieux, il n’y a pas de limite, même celle de voir une extrême droite prendre la place d’une droite extrême non assumée. C’est pour cette raison qu’il faut arrêter le processus de reniement de la démocratie avant qu’il ne soit trop tard.

Gauches, réveillez-vous !

Question de budget

Quand il est payé au SMIC, la seule question que le pauvre salarié se pose, c’est de savoir comment il va pouvoir manger à sa faim jusqu’à la fin du mois. Il reportera le changement de ses chaussures avachies et personne n’y prêtera attention ; ses fréquentations sont d’autres chômeurs qui font face aux mêmes problèmes et usent leurs chaussures comme lui, jusqu’à la corde.

Mais quand on est ministre de l’économie et élu du peuple, le budget est plus compliqué. Encore que… Il y a comme pour le smicard la colonne recettes et la colonne dépenses. Seul change le nombre de zéros.

Ce que comprend le smicard, c’est que le budget est la traduction de choix politiques. Aujourd’hui, il a comme l’impression que le ministre de l’économie l’a leurré. Celui-ci vient de signer un décret pour modifier le budget voté par le Parlement il y a seulement un mois et demi.

Le gouvernement et ses fonctionnaires se seraient trompés ; la croissance espérée de 1,4 % (que tout le monde, y compris les smicards avec leur bon sens, considéraient comme inaccessible) est revue à la baisse, à 1 %. Bruno Le Maire est un piètre politique et un mauvais financier (malgré cela il gagne largement plus que le SMIC) pour se tromper aussi lourdement. Et plutôt que de rechercher d’autres recettes, en taxant par exemple les énormes plus-values des groupes du CAC40, si imposantes qu’elles ne font pas rêver, il a signé un décret qui, les recettes étant revues à la baisse, opère des coupes budgétaires drastiques.

Les smicards sont ébahis ; ils n’ont pas ce genre de solution pour finir le mois ! Leur organisme de crédit est sans pitié. Le seul décret qu’ils connaissent est l’interdit bancaire qu’ils redoutent. En revanche, ils ont très vite compris que les coupes budgétaires de Bruno Le Maire, fixées à 10 milliards, vont atteindre davantage les smicards que les ultra-riches.

Le smicard qui espérait rénover son appartement véritable passoire thermique a observé, abattu, que les crédits affectés à Ma Prime Rénov’ sont lourdement rabotés.

Il craindra de se retrouver au chômage (qui continue à grimper) car la plus grosse coupe budgétaire concerne l’emploi et le travail (1,1 milliard) et on reparle déjà d’une énième réforme de l’indemnisation des chômeurs.

Ses enfants, eux, ne sont pas près d’avoir des remplaçants quand leurs enseignants sont absents ; le budget ‘’enseignement scolaire’’ est amputé de 691 millions. En revanche, s’il veut manifester, le nombre de policiers ne sera pas moins important, les crédits inscrits au poste ‘’sécurités’’ ne perd que 232 millions sur les 25 milliards votés.

Recherche et enseignement supérieur, investissement pour demain, sont amputés de 904 millions et, cerise sur le gâteau, en cette année olympique, le budget ‘’sport, jeunesse et vie associative’’ se voit retirer 180 millions. C’est idiot ou suicidaire ; ou les deux à la fois. Toutefois, l’ensemble des annonces du ministre ne totalisent que 5 milliards d’économies ; Bruno Le Maire a enjoint aux autres ministres de trouver les 5 autres milliards.

La situation du smicard n’est pas à la veille de s’améliorer. En revanche, les ultra-riches se frottent les mains et calculent déjà le montant de leurs dividendes à venir.

Ainsi fonctionne le libéralisme.

Strophes pour se souvenir

Missak Manouchian a été fusillé par les nazis le 21 février 1944 ; aujourd’hui, il est entré au Panthéon.

Rescapé du génocide arménien par les Turcs, il est enfin reconnu après connu de multiples désillusions, comme le refus de sa naturalisation ou son effacement pendant 80 ans de la mémoire de la Résistance.

Aujourd’hui, un ouvrier communiste arménien, immigré, Résistant ayant choisi de faire don de sa vie, par fidélité à ses engagements pour que la France reste le pays de la liberté, entre au Panthéon et ce n’est que justice.

Louis Aragon, l’immense écrivain, lui a consacré l’admirable, Strophes pour se souvenir. Elles sont à lire, à relire (ou à écouter interprétée par Léo Ferré) pour ne pas oublier ce que nous devons à Missak Manouchian, son épouse, Mélinée, ses camarades de l’Affiche rouge et des FTP-MOI, et tous les Résistants engagés contre le fascisme et le nazisme au moment où la ‘’bête immonde’’ est à nos portes.

Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans 

Vous vous étiez servi simplement de vos armes 

La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes 

Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants

L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles 

Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE 

Et les mornes matins en étaient différents 

Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement 

Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand 

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent 

Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses 

Quand tout sera fini plus tard en Erivan 

Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend 

La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée o mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant 

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent 

Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps 

Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant.

A quoi sert Gabriel Attal ?

Le président de la République, le gouvernement et Renaissance, le parti du président, multiplient les déclarations contradictoires.

Dans son entretien à L’Humanité, Emmanuel Macron a pu déclarer « Je n’ai jamais considéré que le RN ou Reconquête s’inscrivaient dans l’’’arc républicain’’ » quand son premier ministre osait dire, lui que « l’arc républicain, c’est l’Hémicycle ».

Qui ment ? Qui dit la vérité ?

Les gouvernants prennent-ils les citoyens pour des imbéciles en disant tout et son contraire en fonction de l’interlocuteur en face d’eux ?

Autre exemple cruel pour les hommes du pouvoir : Gabriel Attal, dans son discours de politique générale, affirmait vouloir simplifier l’accès à l’aide pour la remise en état énergétique des habitations, Ma Prime Rénov’. Le Parlement avait voté un budget de 4 milliards pour 2023 et, devant le nombre de travaux à entreprendre, le budget 2024 avait été porté à 5 milliards. Les ministres en charge du dossier avaient ouvert des négociations avec les professionnels.

Patatras, le 18 février, Bruno Le Maire, à la recherche de 10 milliards d’économie sur le budget de l’Etat voté deux mois plus tôt, annonce un coup de rabot de 1 milliard sur Ma Prime Rénov’. Les économies d’énergie passent à nouveau à la trappe.

A-t-il prévenu le premier ministre de ce énième revirement ?

Décidément, ceux qui gouvernent le beau pays de France sont de piètres politiques. Leurs contradictions permanentes sont lamentables et servent à masquer une politique ultra-libérale au service des grands groupes et des ultra-riches.

Question subsidiaire : à quoi sert Gabriel Attal, constamment contredit ?

La bonne élève ?

On peut se demander à quoi joue Emmanuel Macron avec l’éducation nationale. Il congédie Jean-Michel Blanquer pour aller chercher Pap Ndiaye, lequel est remercié à son tour après un court séjour d’un an, laissant le fauteuil à Gabriel Attal (pour 6 mois), lequel est remplacé par l’intérimaire (à peine un mois) Amélie Oudéa-Castéra, laquelle multiplie les bourdes avant d’être déchargée au profit de Nicole Belloubet.

La valse des ministres laisse les fonctionnaires seuls face à la responsabilité de préparer les rentrées. A vouloir ‘’torpiller’’ l’école publique, Macron se prend les pieds dans le tapis !

Le choix de Nicole Belloubet apparaît vraiment saugrenu. L’impétrante sait-elle où elle habite ? Elue socialiste à Toulouse, elle devient ministre de la justice dans le gouvernement d’un premier ministre de droite, Edouard Philippe, pour revenir 18 mois plus tard dans le gouvernement de Gabriel Attal comme ministre de l’éducation nationale.

En bonne social-démocrate, elle cultive les paradoxes : elle qui dénonçait en 2016, les « fariboles de la restauration de l’autorité ou le port de la blouse », a averti qu’elle poursuivrait « la mise en œuvre » des mesures du tandem Macron-Attal, c’est-à-dire les ‘’réarmements’’ et le port de la blouse. Elle qui dénonçait « les inégalités que le système éducatif français ne sait pas corriger » va devoir organiser les groupes de niveau, contraires aux valeurs de l’école républicaine qu’elle prétendait défendre. Elle qui fustigeait ceux qui « fuient le service public pour rejoindre l’entre-soi des classes homogènes dans l’enseignement privé », va devoir composer avec les anciens élèves des Jésuites d’Amiens ou de l’Ecole alsacienne de Paris.

Elle a débarqué rue de Grenelle en pleine crise. Le 8 février dernier, le Conseil supérieur de l’éducation s’est prononcé contre l’organisation du collège par 67 voix contre et 1 abstention (aucune voix pour). L’unanimité des enseignants, chefs d’établissement, inspecteurs et parents d’élèves (du public et du privé) est historique ! Puis, récemment, trois chercheurs ont démissionné du Conseil scientifique de l’éducation nationale. Enfin, une pétition intersyndicale d’enseignants bat tous les records de signature.

Bref, Nicole Belloubet est déjà devant un mur et ses convictions de social-démocrate se heurtent déjà à la politique réactionnaire d’Emmanuel Macron.

Alors, que va-t-elle faire dans cette galère ? Gérer dans la crise et continuer la politique de casse de l’école publique ou se confronter à Emmanuel Macron et Gabriel Attal ?

Les citoyens s’interrogent ; la politique mérite mieux que les magouilles et les reniements perpétuels de politiciens prétendument de gauche qui gèrent le capitalisme avec beaucoup d’application.

L’odieux

Le faux charnier de Timisoara en 1989 est l’exemple d’emballement médiatique qui a permis d’ouvrir un véritable débat sur la manipulation de l’information.

On croyait les journalistes désormais vaccinés contre ce genre de maladie contagieuse. Hélas, la guerre de l’information entre les militaires israéliens et le Hamas vient nous rappeler, hélas, que l’ère de la manipulation est de plus en plus considérée comme une arme de guerre comme les autres et qu’elle continue à faire d’énormes dégâts.

La chaîne israélienne de Patrick Drahi, i24 News, n’a pas hésité à franchir le seuil de l’odieux en reprenant une fausse information dès le 9 octobre.

Arrivée la première au kibboutz de Kfar Aza, elle a montré des images de sacs mortuaires et a, aussitôt, relayé l’information selon laquelle 40 bébés avaient été décapités le 7 octobre par les terroristes du Hamas. Les services israéliens ont pu mesurer l’émotion déclenchée par la révélation d’un crime monstrueux, reprise partout dans le monde, y compris par le président Joe Biden et, par les chaînes d’information comme BFM TV, CNews ou LCI avec gourmandise. Il a fallu attendre le 30 novembre pour découvrir que l’information était fausse.

La chaîne i24 News n’a pas vraiment démenti ! Ce qui a été prouvé par l’émission de France 2, Complément d’enquête, consacrée à la guerre de l’information.

L’enquête de la chaîne de service public a également dénoncé l’utilisation de l’intelligence artificielle par des Israéliens, encouragés par leur gouvernement.

Un musicien, Michel Raziel, a mis en ligne une vidéo truquée pour faire dire à Bella Hadid, le célèbre mannequin américain d’origine palestinienne :

« Bonjour, c’est Bella Hadid. Le 7 octobre, Israël a dû faire face à une attaque tragique du Hamas. Je soutiens Israël contre la terreur. Je m’excuse pour ce que j’ai pu dire par le passé. Cette tragédie m’a ouvert les yeux sur la douleur que vous avez endurée. »

Propalestinienne et musulmane, Bella Hadid n’a jamais prononcé de telles paroles, mais la vidéo de Raziel a été vue 30 millions de fois. Et le musicien fraudeur a renouvelé ses manipulations avec Angelina Jolie et la reine Rania de Jordanie, en utilisant le même procédé de recours à l’intelligence artificielle. Et il en est très fier.

Quand l’odieux atteint un tel degré, il n’y a plus grand-chose à espérer ni de l’intelligence humaine, ni du journalisme.

Gardons-nous !

Le génocide des Palestiniens de la bande de Gaza se poursuit, interminable, insupportable. Les assassinats de Bédouins de Cisjordanie aussi.

Les dirigeants politiques du monde entier fermeront-ils encore longtemps les yeux ? Benyamin Netanyahu et les messianistes israéliens sont-ils au-dessus des lois universelles ?

L’abominable se produit sous nos yeux et les présidents, les gouvernements du monde dit libre continuent à détourner les yeux pour éviter d’agir. Malgré les suppliques du secrétaire général de l’ONU que personne n’écoute plus.

Une fillette de 6 ans, Palestinienne, Hind Rajab, a lancé un cri d’alarme avant de mourir dans une voiture criblée de balles israéliennes. L’émotion suscitée aujourd’hui est identique à celle qu’avait provoquée la publication de la photo du petit Aylan Kurdi, retrouvé mort sur une plage turque en 2015 ; il avait 3 ans et avait fui son pays avec sa mère sur une embarcation de fortune. 

Les enfants meurent encore chaque jour dans l’indifférence, car une émotion chasse l’autre. Et c’est non seulement insupportable, mais surtout odieux d’assassiner des enfants ou de les laisser se noyer dans les mers du globe quand leurs parents fuient leur pays en espérant leur offrir un avenir plus serein.

Les religions, toutes les religions, prennent part à la déstabilisation du monde, quand elles n’en sont pas à l’origine.

Alors, arrêtons les bras armés des fous de dieu et gardons en mémoire cette phrase écrite par Bernard Shaw : « Garde-toi de l’homme qui a son Dieu dans le ciel ».

Macron réforme tout 

Soyons rassurés, la sureté nucléaire est bien assurée ; les catastrophes de Tchernobyl, de Fukushima ou de Three Mile Island ne peuvent pas se produire en France, Emmanuel Macron, le grand réformateur, en écarte les dangers et accuse les écologistes et leur idéologie totalitaire de vouloir imposer un mode de vie amish.

Si les autorités des années 1960 avaient mis en place des organismes chargés de la recherche, de l’expertise et de la sureté, il est urgent de réformer : pourquoi entretenir deux organismes, l’IRSN et l’ASN quand un seul suffirait ?

L’Institut de radioprotection et de sureté nucléaire (IRSN), établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), a développé une double culture d’expertise et recherche ; il accueille 1500 salariés de droit privé, notamment des chercheurs en génie atomique, des physiciens, des radiochimistes hautement qualifiés. Il remplit diverses missions, très diversifiées, allant des études d’accidents comme à Tchernobyl aux services d’imagerie médicale et de radiothérapies. Insupportable quand l’Etat croule sous les dettes !

Les 500 salariés de l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) sont, eux, fonctionnaires et sont davantage tournés vers la prise de décisions en matière de sureté nucléaire. Entretenir 500 fonctionnaires pour motiver des décisions à la place du président omniscient ? Insupportable.

Que deux organismes soient indépendants, c’est contraire au fonctionnement de la Macronie. Tant pis si les dialogues entre ces spécialistes de haut niveau ont permis à la France d’être reconnue comme particulièrement efficace en matière de sureté de ses 58 réacteurs nucléaires, exploités par EDF. Tant pis si le modèle français, reconnu internationalement, a permis la prise de décision évitant les incidents et accidents grâce au souci de faire progresser en permanence la sureté.

Les salariés sont en colère : au moment où le parc nucléaire est vieillissant et où le président de la République souhaite en prolonger la durée, mais aussi la construction de six EPR2, il propose la fusion de l’IRSN et de l’ASN. Les salariés s’indignent et dénoncent le projet de loi « relatif à l’organisation de la gouvernance de la sureté nucléaire et de la radioprotection pour répondre au défi de la relance de la filière nucléaire ». Ils croyaient le projet de loi enterré après son rejet par l’Assemblée nationale au printemps 2023 ; mais, Macron, toujours méprisant et obsédé, a décidé de le ressortir. Le texte soumis à nouveau au Parlement, selon l’intersyndicale, fait « disparaître l’obligation légale de publication des avis techniques et scientifiques qui s’impose aujourd’hui à l’IRSN ». Argument balayé.

Pour le délégué CGT de l’IRSN, Philippe Bourachot, la fusion dans une Autorité de sureté nucléaire et de radioprotection (ASNR) « entraînerait une réelle perte de compétences » et risquerait de provoquer une défiance des citoyens à l’encontre de l’énergie nucléaire. Argument rejeté.

Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, relève, elle, les dangers de l’obstination présidentielle : « A-t-il envie que le programme nucléaire français se transforme en nouveau Boeing ? Aux injonctions de productivité, comme cela est le cas à EDF où les délais sont extrêmement difficiles à tenir, les personnels seraient entravés dans leur travail d’expertise, de sûreté et de sécurité ». Argument infondé.

Macron ressortira-t-il à nouveau le 49-3 pour mettre les citoyens en danger ?

Un autre monde

France 2 a rediffusé l’émouvant film d’Emmanuelle Bercot, De son vivant. Benoît Magimel y a trouvé l’un de ses meilleurs rôles et, autour de lui, Catherine Deneuve et Cécile de France ont irradié l’écran. Mais je voudrais surtout m’attarder sur le seul non professionnel du générique, Gabriel Sara, le médecin, . 

Libanais d’origine, cet oncologue exerce à l’hôpital Mount Sinaï Roosevelt de New York. Féru de cinéma, il avait rencontré Emmanuelle Bercot à l’occasion du festival ‘’Rendez-vous with French cinema’’ en 2016. La réalisatrice avait sympathisé et, subjuguée par son charisme était revenue dans la cité américaine pour accompagner le médecin dans son établissement pour vivre son approche un peu particulière de son métier. Gabriel Sara, francophile, est un médecin mélomane, humaniste, qui s’intéresse à l’individu derrière le malade.

C’est ainsi qu’a germé l’idée du film.

Alors, on se prend à rêver : le médecin Gabriel Sara est très éloigné des conditions d’exercice des praticiens hospitaliers en France, devant composer avec la pénurie de médecins, d’infirmiers, d’aides-soignants, de lits, etc. A New York, il ne bénéficie pas d’un privilège, mais d’un environnement normal

On se prend à rêver de la médecine de Gabriel Sara appliquée à la France, sans ignorer que sa situation n’est pas celle de tous les hôpitaux américains.

Ce non acteur joue son rôle de façon remarquable et, le temps du film, nous fait donc rêver à un changement radical dans la politique de santé du gouvernement.

Mais il faut déchanter ; Macron et ses ministres ne rêvent, eux, qu’à casser les services publics et à mener à son terme une révolution réactionnaire.

Le jour même où le film était programmé par France 2, le ministre de l’intérieur nous ramenait à la réalité en annonçant la remise en cause du ‘’droit du sol’’. Seulement à Mayotte ? 

Le droit du sol plonge ses racines dans l’Antiquité et même dans l’Ancien Régime. Il a été repris par la Révolution puis inscrit dans le code civil en 1804 sous Napoléon.

Cruelle désillusion ! Macron et son gouvernement continuent d’aller piocher dans le fonds de commerce de la famille Le Pen pour, disent-ils, réformer la France.

Il y a une distance incommensurable entre la foi, l’éthique et les pratiques du médecin Gabriel Sara et les élucubrations de Gérald Darmanin. Un autre monde.

Une nuit du 4 août

Les riches n’ont pas honte de leur situation et de leurs privilèges. On peut croire qu’ils se cachent, mais c’est pour mieux cultiver l’entre-soi, se complaisent dans une caste fermée et discrète, celle où l’on ne compte pas à partir du 10 de chaque mois.

Les riches et ultra-riches ne laissent pas fréquenter l’école publique à leurs rejetons ; l’offre est suffisamment vaste pour éviter le côtoiement de leurs enfants avec ceux des pauvres. Ces rejetons usent leurs beaux habits de marque sur les bancs du collège Stanislas ou de l’école alsacienne.

Plus tard, la jeunesse dorée se retrouve elle aussi dans des ‘’boîtes’’, mais attention, elles sont ‘’branchées’’ : le prix du ticket d’entrée dissuade même les moins riches. Cette jeunesse dorée cultive les habitudes des parents ; on ne se mélange pas.

Les fils de riches épouseront les filles de riches. Ainsi la caste se perpétue : vivant dans des havres de paix (la villa Montmorency à Paris ou le parc de Montretout à Saint-Cloud), investissant dans des résidences secondaires dans des endroits paradisiaques, tout autour du monde, utilisant leur jet privé pour se déplacer, etc.

Ils ne dédaignent pas les week-ends dans des hôtels d’un luxe tapageur à la campagne, à la neige ou sur la Côte d’Azur, dans d’anciens établissements réhabilités après en avoir chassé les moins riches. On s’y retrouve, on papote, on échange sa carte de visite, on se fait de nouveaux amis, à la seule condition d’avoir un compte en banque aussi garni que celui des habitués.

L’un d’entre eux, Laurent de Gourcuff, en a fait son job. Le fils du comte Eric de Gourcuff et de la styliste Yolaine de Suyrot dirige Paris Society, 76 établissements à Paris, dans les Alpes, sur la Côte d’Azur, à la campagne. Ce descendant d’une famille de la noblesse bretonne prétend ‘’suivre les pérégrinations des Parisiens très aisés’’. Revers de la médaille, il a dû céder sa société au groupe Accor (tout en en restant le dirigeant) à la suite de quelques démêlés avec la justice.

Ce monde-là a ses travers !

Mais il est le symbole d’un monde déconnecté de la vie du peuple. Comme le président de la République, qui ne manque pas une occasion de lui octroyer de nouveaux privilèges fiscaux.

Seule une ‘’nuit du 4 août’’ pourra défaire ce monde, le ramener à la réalité et abolir les nouveaux privilèges des ultra-riches.

Un climat bizarre

Il règne sur la France un climat bizarre. Emmanuel Macron avait promis de faire de la politique autrement, ni de droite, ni de gauche (imbéciles ceux qui y ont cru !) ; mais voilà que ce qu’il est communément admis de nommer ‘’affaires’’ se succèdent à un rythme incroyable. Aujourd’hui, je ressens une nausée comme de nombreux citoyens.

Le Modem est condamné dans les affaires de ses assistants européens ; ses plus hauts dirigeants aussi. Lourdement. Mais le président du tribunal invoque le bénéfice du doute pour relaxer le président du parti, François Bayrou.

Néanmoins, le magistrat admet qu’il fut très probable que ces actes délictueux ont été commis avec l’autorisation de M. Bayrou, mais que « aucun élément ne permet d’affirmer qu’[il] avait connaissance de la non-exécution des contrats d’assistants parlementaires ».

Le relaxé pourrait se retrouver à nouveau ministre !

L’affaire Bayrou est à peine terminée (sauf rebondissement) qu’éclate l’affaire Tony Estanguet, le président du comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris. Le Parquet national financier enquête sur les conditions de sa rémunération. L’ex-médaillé aurait créé une société pour facturer des prestations non commerciales à ce comité.

Si les agriculteurs français sont rentrés dans leurs exploitations, la question paysanne n’est pas terminée pour autant. Gabriel Attal a annoncé la suspension du plan Ecophyto. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, n’attendait qu’un signal pour, à son tour, proposer le retrait du projet visant à réduire de moitié l’usage des pesticides dans l’Union.  Les agriculteurs productivistes pourront continuer à empoisonner les terres, les rivières, les nappes phréatiques et même nos organismes en toute quiétude.

La cause environnementale est bradée à l’agriculture financiarisée. J’y reviens, il règne un climat bizarre sur la France.

Réformer, clamaient les nouveaux occupants des rouages du pays, pour que rien ne change. Le ‘’plus jamais’’ que nous avons crié et crié encore, au point que le slogan était devenu un automatisme, n’a plus cours.

Allons-nous tirer des leçons de ces retours en arrière qui font douter des possibilités de vivre autrement dans un monde apaisé, vertueux, sans magouilles quotidiennes, sans mensonges répétés ?

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