Olivier Millot, un journaliste de Télérama, a publié un billet d’humeur fort pertinent titré ‘’Covid19 partout, actualité internationale (presque) nulle part’’ dans une des lettres électroniques du magazine. Il s’est appuyé sur le baromètre des journaux télévisés réalisé par le service INASTAT de l’Institut national de l’audiovisuel INA).

L’INA fait remarquer :

« Alors que la pandémie liée au coronavirus s’installe dans la durée, l’INA propose un bilan des 6 premiers mois de traitement de l’épidémie dans les JT du soir des 5 grandes chaînes (TF1, France 2, France 3, M6, Arte). Avec plus de la moitié des journaux télévisés consacrée au nouveau coronavirus pendant six mois, et jusqu’à 80% de leur durée pendant le confinement, jamais une crise sanitaire n’avait bénéficié d’une telle couverture. Le mois de mars 2020 a représenté un basculement à la télévision comme ailleurs : les journaux télévisés ont été allongés, jusqu’à dépasser les 86 heures d’information (contre 59 heures en janvier), et la crise sanitaire a balayé toutes les autres thématiques. »

Olivier Millot constate de son côté que « le Covid19 a tout balayé, reléguant le reste de l’actualité à presque rien, de l’anecdotique, du franco-français. »

Il regrette, à juste titre la quasi-disparition de l’actualité internationale de l’actualité internationale à l’exception de celle de l’élection présidentielle aux Etats-Unis. Pour le journaliste, « le monde s’est rétréci ». Rien sur la Bolivie, le Chili, la Pologne, la Turquie, la Biélorussie, la Côte d’Ivoire, la Guinée, etc.

Olivier Millot aurait pu parler aussi des autres rubriques maltraitées par la télévision dans cette période troublée ; l’INA, elle, n’a pas manqué de noter :

« La catégorie « santé » passe brusquement de 456 sujets en février à 2 024 en mars (74 % des sujets de JT). Elle écrase ainsi les thématiques traditionnellement plus médiatisées, à savoir les sujets sociaux (3,8 % des sujets en mars, contre 20 % au 1ertrimestre 2019), la politique internationale (3,8 % contre 15,2%), et même la politique intérieure française, qui disparaît quasiment (2,9% des sujets en mars contre 12,7 % au 1er  trimestre 2019). Si la question économique, 3egrand sujet en temps normal (à égalité avec la politique intérieure), est marginalisée (8,8 % des sujets au premier trimestre 2020, contre 12% au premier trimestre 2019), elle reste une préoccupation importante. »

Je ne minimiserai pas l’importance de cette épidémie, mais je ne peux pas m’empêcher d’affirmer que la télévision a fait un choix éditorial politique contestable. Les chiffres de l’INA ne disent pas, si, malgré les heures d’antennes et le déferlement d’images, nous avons été bien informés sur la pandémie et ses effets sur la vie sociale, économique et politique.

J’en doute quand les chaînes ont passé sous silence de trop nombreuses informations sociales, économiques, de politique intérieure et de politique internationale accablantes pour l’exécutif. C’est un choix qui évacue des informations essentielles pour les citoyens. En revanche, l’exécutif désorienté, qui n’a pas su anticiper la crise et dont le choix de brader l’hôpital public est apparu en pleine lumière, se satisfait d’une information centrée sur la dramatisation de la pandémie du coronavirus. Emmanuel Macron et ses ministres n’en demandaient pas tant, eux qui privilégient les aides aux grosses entreprises en sacrifiant la santé des salariés, notamment des plus précaires. Au fond, les statistiques de l’INA sont assassines pour notre président et sa politique ultralibérale, verticale, dictée par les seuls intérêts des grands groupes.

Les choix éditoriaux ne sont pas fortuits, les chaînes ne sont que les relais de la politique présidentielle. Nos libertés et la démocratie sont vraiment menacées.