Les sociétés humaines comme les institutions politiques sont en crise et engendrent une intolérance généralisée. Combien d’actes sont commis au nom de l’intolérance religieuse. Les Eglises, toutes, voient leurs dogmes et leurs valeurs traditionnelles d’amour du prochain,  débordés par des fanatiques qui ont renoncé à emprunter leurs chemins généreux.

Tout récemment, une œuvre d’art contemporaine a été vandalisée dans le Morbihan par de prétendus ‘’catholiques anonymes en colère’’ sous le prétexte qu’elle était installée dans une chapelle qui n’était plus consacrée depuis plusieurs années. Les fanatiques ont dénoncé « la christianophobie latente dans notre société »  et « la transformation des lieux de cultes en lieux de débauche tels que les boîtes de nuit ».

L’intolérance est également politique, perturbant le débat sur l’Agora et toute confrontation idéologique. Donald Trump est un intolérant grave qui ne supporte plus rien. Il vient de se signaler en publiant un ‘’acte exécutif’’ qui constitue un obstacle à la liberté intellectuelle. Selon l’association des presses universitaires américaines, « En pénalisant les universitaires et les éditeurs, voire leurs institutions mères, qui comptent sur un financement fédéral pour ouvrir de nouveaux champs de recherche, cet ordre pourrait réduire les contributions intellectuelles significatives des citoyens américains, des lycées et des universités, et pourrait entraver l’avancement des connaissances humaines en général ». Elle fait remarquer que dans les motivations pour cet ordre exécutif, le président des États-Unis ne cite que des initiatives qui questionnaient les responsabilités historiques et sociales des ‘’Blancs’’ ou de ‘’l’homme blanc’’. Est-ce un hasard ?

L’intolérance a provoqué trop de guerres durant des siècles pour s’en accommoder aujourd’hui, au XXIe siècle, après un autre siècle au cours duquel les conflits ont causé des millions de morts.

N’avons-nous rien retenu de l’Histoire pour devoir supporter encore le règne d’une société hautement conflictuelle, où toutes les intolérances engendrent des violences, qui elles-mêmes font reculer les générosités et le savoir-vivre ensemble. En 2020, nous devons dresser le constat, amer, que l’éducation n’a pas réussi à éradiquer un système de relations basé sur la violence verbale, physique et institutionnelle. Les croyants s’en prennent aux athées (et aux autres religions), les gouvernements imaginent un arsenal législatif pour étouffer toute contestation, toute expression d’idées contraires, toute liberté d’expression. En revanche, ils suscitent de plus en plus de manifestations de racisme et d’exclusion sociale.

L’espace social est gangréné ; télévision se vautrant dans les faits divers les plus sordides et les films ‘’trashs’’ (dans lesquels le sang coule à chaque séquence), réseaux dits sociaux suintant la haine, publicités faisant appel aux mêmes ressorts de l’irrationnel ont fini par conditionner nos mentalités et à nous associer à leurs basses œuvres et en nous transformant en relais de l’intolérance, de la haine et des violences physiques et mentales.

Pour sortir des dogmes, il nous faudra répondre à quelques questions fondamentales sur la nature humaine, sur notre place sur la terre et dans nos sociétés, sur le rôle de l’éducation et de la culture, non pas seulement pour rechercher un consensus qui n’existera jamais, mais pour réhabiliter la discussion, le débat, le raisonnement, l’intelligence et, ainsi, faire reculer l’intolérance et les violences, les peurs et l’égoïsme (surtout vis-à-vis de ceux qui ne sont pas d’ici et de notre couleur de peau).