La crise ? Quelle crise ? Les premiers de cordée, autrement dit les nantis, ne connaissent ni la crise, ni même le mot.

Bernard Pinault, autre dirigeant d’un groupe de luxe, s’apprête à ouvrir son musée, comme son collègue Bernard Arnault. Le second a voulu un musée moderne et il a fait appel à Frank Gehry pour y installer le fonds de sa Fondation Vuitton ; le second, lui, a acheté l’ancienne Bourse du commerce de Paris à proximité du Centre Pompidou et du Forum des Halles et a confié sa transformation à Tadao Andô.

De façon indécente, alors que les pauvres sont de plus en plus pauvres, les milliardaires, eux, se lancent des défis et dépensent un pognon de dingue pour savoir qui aura « son » plus beau musée.

Pis encore, les deux milliardaires jonglent avec leurs fortunes pour minimiser leurs impôts.

La crise, donc, ils ne l’ont jamais entrevue. Leurs affaires marchent plutôt bien ; celles de leurs copains-coquins aussi. Un rapport publié hier par l’organisme d’évaluation et de prospective, réalisé sous l’égide de France Stratégie et du premier ministre, conclut que la suppression de l’impôt sur la fortune a eu pour effet d’augmenter les dividendes et par voie de conséquence la fortune de nos nantis de 0,1 %. Merci Emmanuel Macron !

Les soignants vantés pour leur dévouement n’ont reçu qu’une aumône de quelques euros.

Les chercheurs, eux, recherchent quotidiennement des financements pour pouvoir continuer leurs travaux.

Cela n’a pas empêché le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche de se féliciter du prix Nobel de chimie attribué à Emmanuelle Charpentier en des termes incongrus : « Une immense fierté pour l’ensemble de notre recherche et pour la chimie française ». Mme Frédérique Vidal ne connaît pas ses dossiers, semble-t-il. En effet, la lauréate a quitté la France il y a 24 ans, comme elle l’a justement rappelé fort opportunément ; elle a également précisé : « Je pense que la France aurait du mal à me donner les moyens que me donne l’Allemagne. »

Bravo à Emmanuelle Charpentier, mais honte à Frédérique Vidal.

La chimie française est aussi en crise ; il n’y a que la ministre pour ne pas s’en apercevoir. Félicitations à Emmanuelle Charpentier pour son prix et sa clairvoyance.