Neymar est un footballeur brésilien, pétri de talent ; il est l’un des rescapés du football-business qui a tué tant de virtuoses. Ses dribbles dignes d’un danseur de l’Opéra grâce à une extraordinaire souplesse des chevilles ont fait grimper très haut sa valeur marchande ; le FC Barcelone a dû s’incliner devant les pétrodollars de l’émir du Qatar, propriétaire du PSG et le laisser partir sous le ciel parisien.

Les journalistes de L’Equipeont été ébahis et sont tombés en extase, remerciant l’émir d’avoir fait un aussi joli cadeau au club parisien. Ils ont manié les adjectifs les plus outranciers pour tenter de retrouver les lecteurs qui les fuient depuis quelques années ; la vacuité des articles n’attire pas un lecteur à la recherche d’authentiques informations. D’autres journalistes ont été plus circonspects et plus mesurés et ont mis en débat le statut d’impatrié de Neymar.

‘’Impatrié’’ ? L’usage du mot n’est pas d’usage courant ; pour en connaître le sens il faut se plonger dans le rébarbatif code général des impôts (tiens, celui-là on ne parle pas de l’alléger !).

Un impatrié, donc, est soit un salarié français expatrié qui revient d’un poste à l’étranger, soit un salarié étranger qu’une entreprise recrute pour exercer dans l’Hexagone.

Dans les deux cas de figure, la loi dite de modernisation de l’économie du 4 août 2008 a prévu un régime fiscal dérogatoire. La loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques du 6 août 2015, dite loi Macron, a étendu de belle façon les exonérations aux impatriés. Le petit Macron était déjà l’auteur d’une loi pour les riches !

Le régime, particulièrement avantageux pour les intéressés, s’applique aux salariés de haut niveau (prétendument pour les attirer sur notre sol) mais aussi aux sportifs comme le footballeur Neymar.

Neymar, donc, sera exonéré d’impôt sur ses revenus en France jusqu‘à 50 % des sommes touchées à l’étranger comme son droit à l’image, pendant 8 ans ; il ne sera pas non plus assujetti à l’impôt sur la fortune (ISF) applicable aux actifs pendant 5 ans. Quant aux avantages prévus par son contrat, ils sont totalement exonérés (villa de Neuilly et autres gardes du corps par exemple).

Tout compte fait (et bien fait), Neymar paiera peu d’impôts en France (comme Google, Airbnb, Apple et autres multinationales). Et on fait confiance aux propriétaires du PSG, pour ne pas avoir omis ce détail.

Les retraités (qui verront leur pension rabotée par la CSG) et les bénéficiaires de l’aide personnalisée au logement (APL) réduite de 5 euros apprécieront.

Sur France Inter le 3 août, le ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, s’était « réjoui des impôts que (Neymar) allait pouvoir payer en France ».Et personne n’avait osé contredire le ministre des comptes publics qui méconnaît les lois qu’il est censé faire appliquer.

Neymar, lui, jubile de pouvoir exercer son talent dans un pays si généreux envers les impatriés. Son employeur, le fonds qatari, aussi.