La Chouette qui hioque

Mois : novembre 2023

L’acte d’accusation

Quel grand moment de télévision publique sur France 5 hier ; il a duré plus de trois heures. D’abord avec un rappel historique intitulé ‘’Infirmières, notre histoire’’, puis un documentaire en deux parties, ‘’Nous soignants’’, qui a dressé l’acte d’accusation de tous les personnels, médecins, infirmières et infirmiers, aides-soignants, dénonçant la casse de l’hôpital public.

Des images fortes de soignants épuisés, désabusés, impuissants, en pleurs, mais aussi des paroles encore plus fortes pour dire leur amour du métier, mais pas un amour aveugle, un amour accusateur. Ils ont accusé avec beaucoup de dignité ceux qui, d’années en années, ont transformé les hôpitaux publics en une industrie de la santé qui doit être rentable : on laisse diminuer dangereusement le nombre de médecins, on ferme des lits et au bout du compte, on a fait des économies en réduisant l’accès aux soins. La voie est ouverte aux grands groupes privés comme Ramsay.

Toutes (de Sophie Crozier, neurologue à la Pitié-Salpêtrière, aux aides-soignantes au cœur énorme et aux auxiliaires de puériculture) et tous (d’André Grimaldi, ex-chef du service de diabétologie à la Pitié-Salpêtrière à Marc de Matos, infirmier aux urgences) ont dénoncé le numerus clausus de 1971, la tarification à l’acte des lois de 2004 et 2007, ou encore le scandaleux recours aux cabinets de conseil pour justifier la fermeture de lits et autres sources d’économies.

André Grimaldi a prononcé le réquisitoire le plus sévère à l’encontre du président de la République (rappelant que durant la crise du Covi19, Macron osait affirmer : « Les domaines de santé doivent échapper aux lois du marché (…) Il faut des ruptures, je les assumerai. »).

On aurait pu espérer qu’un tel documentaire déclenchât un vaste débat public. Hélas, les récepteurs de télévision éteints, Macron et ses ministres étaient déjà passés à autre chose et le service public de l’audiovisuel aussi. L’électrochoc souhaité et souhaitable ne s’est pas produit et ne se produira pas.

Si la plupart des soignants de l’hôpital public continueront à subir la situation, certains, à bout de souffle, démissionnerons, faute de pouvoir soigner sans mettre en jeu la santé des patients.

‘’Nous, soignants’’ ou la dignité des personnels de santé face au mur du libéralisme.

Extrême droite et culture

J’ai déjà abordé les questions posées par les pressions de la droite des catholiques intégristes et de l’extrême droite sur la culture.

Quelques établissements d’enseignement catholiques se sont distingués en interdisant la lecture de certains livres, notamment ceux qui abordent l’éducation sexuelle. Mais pas seulement. On a pu voir aussi des manifestations lors d’événements culturels (concerts, films, etc.) et on ne compte le nombre de conférences où les nervis de la droite et de l’extrême droite sont allés vociférer leur haine et faire le coup de poing, armés de matraques.

La Société des réalisateurs de films vient de publier un communiqué qui met l’accent sur une stratégie ignoble des milieux conservateurs les plus radicaux pour dénigrer certains films, notamment sur la plateforme Allociné.

« Le film Avant que les flammes ne s’éteignent de Mehdi Fikri est actuellement l’objet d’une violente campagne de dénigrement relayée par la chaîne Cnews et les réseaux sociaux, en particulier sur la plateforme Allociné où sa « note spectateur » a brutalement chuté à 1,4 le mercredi 15 novembre au matin, jour de sa sortie en salles, avant même la première séance de 9h. 

D’autres films, dont notamment Amin de Philippe Faucon en 2016, Rodéo de Lola Quivoron ou Les Engagés d’Émilie Frèche en 2022, ont déjà fait les frais de telles charges assorties de commentaires haineux imputables à des groupes d’extrême droite. Force est de constater que nous assistons à une offensive résolue, massive et coordonnée de cette mouvance sur le terrain culturel, dont le cinéma, art populaire par excellence, est une cible privilégiée.

Si nous, cinéastes de la SRF, restons viscéralement attachés à la liberté d’expression (dont fait partie l’appel au boycott), nous dénonçons vivement ces manœuvres d’intimidation car elles cherchent en réalité à pratiquer une censure de fait qui ne dit pas son nom. Elles portent ainsi atteinte à la liberté de création des cinéastes et à la libre diffusion des œuvres. En attaquant la pluralité des récits et des sujets, c’est aussi le droit à la fiction, élément indispensable de la vie en démocratie, qu’elles mettent en péril. »

De telles pratiques ne sont pas anodines. Elles doivent être observées dans un contexte de regain d’activité des groupuscules fascistes et de lepénisation de la société : ratonnades de Romans-sur-Isère, censures de livres, campagnes anti-arabes, etc. On peut ajouter des actes de censure par l’argent. Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, s’est signalé en coupant les subventions ou en réduisant les subventions de nombreux acteurs culturels au nom d’un prétendu ‘’rééquilibrage territorial’’. Il est allé jusqu’à supprimer la subvention de 149000 euros du Théâtre Nouvelle Génération (TNG) de Lyon, un centre dramatique national œuvrant auprès du jeune public. En Île-de-France, le RN propose de ne plus accorder d’aides aux films ‘’qui ne parleraient pas de l’Île-de-France’’.

Le climat est malsain et la culture est l’objet d’attaques inquiétantes.

Il y a, assurément, des ressemblances avec l’atmosphère que les ligues dites nationalistes aux profils divers faisaient régner dans les années 1930 ; la même idéologie fasciste se développe.

Ces ligues ont largement inspiré la naissance du Front national, aujourd’hui Rassemblement national, de Le Pen. Avec une différence notoire cependant. Si Jean-Marie Le Pen ne recherchait pas à accéder au pouvoir, sa fille, elle, a entrepris une campagne de dédiabolisation pour remporter les élections.

Avec le danger de voir la France tomber dans le fascisme comme l’Italie de Meloni.

Relire le Traité sur la tolérance

Jusqu’à quand laissera-t-on l’extrême droite parader impunément ? Exprimer publiquement ses haines ? Relayer les thèses les plus racistes qui soient, inspirées par le Front national hier et, son clone, le Rassemblement national, aujourd’hui ?

Pas un jour ne passe sans que des groupes ne manifestent sans être véritablement inquiétés.

Des croix gammées peintes sur le sol à Paris : les treize jeunes interpellés n’étaient pas musulmans, mais des Français racistes, antisémites, prêchant les prétendues valeurs de la France chrétienne et de l’Occident.

Le même jour, des militants d’ultradroite défilent à Romans-sur-Isère : les 80 manifestants sont venus de toute la France pour scander des slogans antimusulmans.

Quand le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, s’exprime, c’est pour relever qu’il y a eu 1518 actes ou propos antisémites depuis le 7 octobre. Ne pas citer les actes antimusulmans n’est pas un oubli.

L’extrême droite, dans le sillage de Marine Le Pen et de sa clique nauséabonde, a inspiré et inspire encore ces forcenés fanatiques. La loi ‘’immigration’’ de Darmanin, ‘’durcie’’ par une droite qui n’est plus républicaine, traduit le rapprochement inquiétant entre les nuances de ceux qui voient dans l’immigré un dangereux délinquant.

Et Emmanuel Macron s’est bien gardé de désavouer son ministre de l’intérieur.

Tous préparent l’élection triomphale de Marine Le Pen en 2027. Quel beau et brillant résultat d’une politique qui se voulait différente !

Le racisme est un délit ; les groupuscules qui défilent et vocifèrent ‘’Mort aux Juifs’’ un jour et ‘’Mort aux Arabes’’ dans le même temps, se voient-ils infliger des peines à la hauteur du délit ? Assurément non. 

Et Marine Le Pen, Jordan Bardella, Sébastien Chenu et autres sbires sont invités en permanence par les chaînes de télévision et de radio et continuent à déverser la haine et l’intolérance.

Après la tuerie de Charlie Hebdo, le Traité sur la tolérance de Voltaire s’était arraché dans les librairies. L’extrême droite et ses plus proches amis, eux, s’étaient sans doute refusés à dévorer les pages dénonçant les fanatismes religieux et les superstitions. Il est vrai que cette droite rance, celle de la Manif pour tous, les défenseurs des valeurs de la chrétienté, les téléspectateurs des chaînes de Bolloré, les auditeurs de Sud Radio, les lecteurs de Famille chrétienne, etc., dénoncent les livres qui s’opposent à leurs thèses et, parfois, les interdisent dans certaines écoles catholiques et bibliothèques.

« Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde. » Brecht, dans La résistible ascension d’Arturo Ui, ne s’est contenté de dénoncer, il a lancé un appel : « Agissez au lieu de bavarder. » Alors, agissons !

Entendre la voix des Palestiniens

L’information sur les événements israélo-palestiniens n’est pas satisfaisante. Les directions de trop nombreux médias français ont épousé les thèses de l’Etat hébreu et tendent à considérer que tous les Palestiniens sont des membres du Hamas.

Rien n’est plus faux.

Encore faut-il se reporter à d’autres sources pour avoir une information équilibrée. L’agence Médias Palestine fait un travail remarquable qui permet de comprendre ce qui se joue entre les deux peuples.

Elle vient de publier une interview de Sami Abu Salem, un journaliste palestinien de Gaza (par ailleurs formateur en charge de la sécurité à la Fédération internationale des journalistes, la FIJ).

A la question de savoir si tous les Palestiniens sont membres du Hamas, il a une réponse sans ambiguïté :

« Un autre point que tous celles et ceux qui critiquent Israël – ou même les Palestiniens et Palestiniennes en Europe – définissent comme un problème : lorsque nous attaquons Israël, cela signifie que nous sommes le Hamas. Mon Dieu ! C’est vraiment stupide. Je suis personnellement contre le Hamas et je critique Israël. Quand quelqu’un critique Israël, cela ne veut pas dire qu’il ou elle est du Hamas. »

Dans ce conflit, il y a un angle mort et à la question de savoir ce qui n’est traité mais qui devrait l’être dans les médias occidentaux, Sami Abu Salem apporte une réponse qui devrait interpeller les journalistes du monde entier :

« Le droit de résister. Le droit de résistance des Palestiniennes et Palestiniens, qui sont sous occupation depuis 75 ans. Personne n’en parle. Tout ce qui se passe à Gaza, tout cela, est dû à la continuité de l’occupation. Nous avons le droit de résister.

J’aimerais aussi parler de quelque chose dont ces médias ne parlent pas assez selon moi. Israël dit qu’il cible le Hamas. Selon eux, ils se cachaient ici ou là. D’accord. Ils [ndlr : Israël] ont des armes de haute technologie, ils ont des F-16 et des armes qui sont reliées aux satellites israéliens et américains. Ils peuvent choisir leurs cibles de manière sélective. Ils peuvent tuer une simple mouche. Ils peuvent tuer un simple chat. Mais lorsqu’il y a une cible, et s’il y en a une, ils bombardent un pâté de maisons entier, pas une maison. 20-30 maisons, 15 maisons… peu importe. Des maisons habitées. Et des dizaines, des centaines de personnes meurent dans la même frappe. »

Son analyse aussi est éclairante sur la stratégie incroyable d’Israël et des Etats-Unis :

« Le problème n’est pas le Hamas, ni le Fatah, ni aucune faction palestinienne, ce n’est pas le problème ! Le problème, c’est l’occupation israélienne, pas le Hamas. Le Hamas a été créé en 1987, mais nous nous battons et nous sommes assassiné-e-s depuis bien plus longtemps que 1987.

J’aimerais aussi que la presse étrangère s’intéresse davantage à la manière dont le Hamas a remporté les élections. Comment les présidents israéliens et américains ont appelé le prince du Qatar et lui ont demandé de dire au Hamas de se présenter aux élections. Ce sont des informations rendues publiques par le biais de Tamim (ndlr:Ben Hamad Al Thani), maintenant émir du Qatar, qui parlait à l’époque des actions son père. Ce n’est pas un secret. Et ils ont ouvert des bureaux du Hamas au Qatar sur ordre des Américains. Ce n’est pas un secret.  Ils ont amené le Hamas ici, et maintenant ils nous tuent parce qu’ils voudraient se débarrasser du Hamas. »

Les journalistes palestiniens de Gaza travaillent dans des conditions de danger extrême ; quarante d’entre eux ont été tués dans les bombardements israéliens. Comme si on voulait ne plus entendre leurs témoignages. Sami Abu Salem mérite d’être écouté et entendu et sa parole relayée.

Dénoncer les mensonges dans les médias

La tuerie barbare commise par le Hamas en Israël, l’assassinat tout aussi barbare de Dominique Bernard et les bombardements incessants de Gaza provoquant des dégâts sans discernement et en contravention avec le droit international sont un nouveau prétexte pour des instrumentalisations monstrueuses.

Antisémites, islamophobes, racistes en tous genres, xénophobes assumés jouent de toutes les émotions pour instiller leurs idéologies nauséabondes.

Parmi ces idéologues figure Caroline Fourest. Les micros et les caméras lui sont ouverts en permanence. Les militants du Réseau Education sans Frontières du lycée Paul Eluard de Saint-Denis ont publié un communiqué le 3 octobre dernier qui, hélas, est encore d’actualité aujourd’hui. Il mérite d’être publié in extenso pour dénoncer tous les traitements médiatiques d’une situation dramatique.

« Le collectif RESF du lycée Paul Éluard de Saint-Denis dénonce les mensonges proférés sur le plateau de LCI mardi 26 septembre par Caroline Fourest à l’encontre des mineur-es isolé-es et des migrant-es et demande à LCI et aux médias de mettre fin à la déshumanisation raciste qu’ils opèrent quotidiennement.

Personnels de l’Éducation nationale dans un lycée du 93, nous suivons dans leurs démarches administratives des mineur-es isolé-es, et, plus généralement, des jeunes migrant-es ou étrangers et étrangères, afin que les dysfonctionnements institutionnels, nombreux, n’entravent pas leur droit fondamental à l’éducation.

Caroline Fourest affirme publiquement que les mineur-es isolé-es sont « dangereux » : « agressifs, violents, violeurs ». Ces propos sont similaires à ceux qui ont valu à Éric Zemmour une condamnation pour incitation à la haine raciale. Que la polémiste attribue la supposée violence intrinsèque des mineur-es isolé-es à la violence qu’ils et elles ont subie lors de leur parcours migratoire ne change rien. Les mineurs isolés ne sont pas dangereux, ils sont en danger, abandonnés par les institutions et les responsables politiques.

Ces dernières années, nous avons suivi F., jeune femme prise en charge comme mineure isolée, que la France veut expulser maintenant qu’elle est majeure et qu’elle a son bac, pour la renvoyer dans une famille qui l’a excisée et veut la marier de force ; O. qui est resté des semaines à la rue, a dû passer par un juge (comme 80 % de ces jeunes) pour que sa minorité soit reconnue alors qu’il en avait des preuves authentifiées par le ministère de l’Intérieur et a attendu un an pour être inscrit dans un collège ; A. qui a annoncé en pleine classe avoir fait une tentative de suicide quelques mois plus tôt du fait de l’attente d’une réponse à sa demande d’être reconnu comme mineur isolé ; J. à qui on a refusé le statut de mineur isolé, qui était hébergé à une heure et demie du lycée, qui a quand même eu son bac avec mention bien et qui poursuit maintenant comme majeur sans statut, dans une très grande précarité, des études supérieures en économie et gestion.

Sans aucune expérience de terrain ni compétence pour parler de ces jeunes, Caroline Fourest se moque bien de leur réalité : leur vie ne vaut pas qu’elle prenne 5 minutes de son temps pour se documenter quand elle va en parler devant des centaines de milliers de personnes. C’est ainsi qu’elle affirme défendre l’Aide Médicale État (AME) pour les mineur-es isolé-es contre les attaques de l’extrême-droite. Or, ils relèvent de la protection universelle maladie (Puma) et les renvoyer à l’AME serait une dégradation de leur situation. De plus, l’AME est attaquée par Emmanuel Macron lui-même ou Les Républicains.

De même, elle prétend défendre la scolarisation de ces jeunes contre l’extrême-droite. Or, même si l’extrême-droite est évidemment un danger, c’est bien le gouvernement actuel qui entrave la scolarisation de ces jeunes, les abandonne à la rue, les fait harceler par les forces de l’ordre pour empêcher tout regroupement qui visibiliserait le problème. Enfin, la polémiste efface la diversité et les légitimités des causes des migrations, par exemple les guerres ou les crises climatiques, en envisageant seulement le cas de « victimes des Talibans », ou des « complices de Daesh » qui voudraient venir en France.

Caroline Fourest rationalise son discours de déshumanisation et entend discréditer les défenseurs des droits humains universels. Pour elle, garantir des droits fondamentaux (santé, scolarisation, etc.) d’enfants et de jeunes, et dénoncer leur atteinte par la France seraient de la « morale » et non de la « politique ». Elle demande à ce qu’on puisse aborder « sans passion » la possibilité que la prise en charge des mineur-es isolé-es, une obligation à laquelle la France est tenue par les conventions internationales, ne soit plus effective. Elle projette sur l’ensemble des citoyen-nes son propre manque de compassion en affirmant que face aux milliers de migrant-es morts noyé-es, les Français-es seraient « fatigué-es, usé-es d’être sollicité-es, de voir la difficulté de l’accueil, l’effort que cela représente ».

Jamais elle n’aurait osé tenir de tels propos au sujet des Ukrainien-nes, jamais à leur sujet on ne l’aurait laissé dire les horreurs qui n’ont rencontré que le silence approbateur de David Pujadas et du plateau quand il s’agissait d’enfants ou de jeunes venu-es d’Afrique ou d’Asie. Nous refusons à Caroline Fourest le statut d’universaliste qu’elle usurpe depuis vingt ans ; quand des droits fondamentaux à l’accueil et à la protection sont niés à des mineurs en raison de leur origine, quand on justifie cette négation des droits au nom d’un prétendu danger que ces jeunes représenteraient pour la société, le jésuitisme avec lequel la polémiste se justifie ne peut faire oublier qu’il s’agit là d’une hiérarchisation des vies et d’une mise en danger. Nous combattons cette hiérarchisation des vies au nom des idéaux de liberté, d’égalité, de fraternité et des droits fondamentaux que nous reconnaissons, nous, à tous et toutes. »

Peuples en danger

Dans un long article sur les scientifiques hors la loi (ces chercheurs qui militent pour le climat en enfreignant la loi), Télérama a recueilli les paroles de quelques-uns de ces résistants de la cause environnementale.

L’un d’eux, Sébastien, maître de conférence, sera jugé pour ses actions destinées à attirer l’attention de celui qu’on appelle le grand public, notamment la peinture de la façade du ministère de la transition écologique. Le magazine a retenu quelques phrases assassines :

« Il y a un an, Emmanuel Macron osait demander “qui aurait pu prédire la crise climatique ?” — en totale contradiction avec ce que la science expose depuis des années. Aujourd’hui, il passe du déni au mensonge, en assurantqu’il a vraiment pris la question au sérieux… après avoir renvoyé l’essentiel des propositions de la Convention citoyenne et en proposant des techno-solutions qui ne seront, au mieux, qu’unpansement sur la catastrophe. Il refuse net de parler de sobriété, seule réponse efficace aux drames qui se préparent, et atteignable pourvu que l’on construise une société plus juste. »

Que dire de plus ?

Que ce n’est pas Sébastien et les militants de Scientifiques en rébellion, de Dernière Rénovation et des Soulèvements de la terre, qu’il faut juger, mais ceux qui détiennent le pouvoir pour non-assistance à peuples en danger.

Assez de mensonges !

Si le Hamas ment, Benyamin Netanyahu aussi. C’est la guerre ; l’expression est utilisée pour tout justifier. Même et surtout l’injustifiable.

La situation est identique en Ukraine, avec d’un côté Volodymyr Zelensky et de l’autre Vladimir Poutine.

Qui ment le plus ? Qui ment le mieux ? Il est impossible de partager ces professionnels du mensonge. De vrais professionnels.

Ursula von der Leyen, l’ultra-atlantiste qui se prend pour la présidente de l’Union européenne, ment aussi. Elle est prête à tout pour justifier la prolongation pour dix ans de l’autorisation du glyphosate par les agriculteurs. Emmanuel Macron n’a pas grand-chose à lui envier. Le président français justifie tout en prétendant qu’il n’y a pas d’alternative à ce poison.

Eric Dupond-Moretti, poursuivi pour prise illégale d’intérêts, saura bientôt si nous devons encore croire ses belles paroles ou s’il a menti. Dans l’attente du verdict de son procès devant la Cour de justice de la République, il est resté ministre de la justice. Quel désordre !

Après la France qui brûle (dans le Sud-Ouest surtout), la France qui a les pieds dans l’eau (dans le Nord-Pas-de-Calais surtout). Des milliers de concitoyens ont perdu toute une vie de dur labeur. Emmanuel Macron a annoncé le classement de toutes les communes qui l’ont demandé en catastrophe naturelle à la suite des inondations. Il s’est donné bonne conscience, car il savait pertinemment que les victimes ne seront pas entièrement indemnisées.

On n’est pas loin du mensonge !

En politique, le mensonge est devenu un mode de gouvernance. Un sénateur LR, Stéphane Le Rudulier, vient allonger la liste de ceux qui sont pris en plein délit de mensonge. Sa thèse de doctorat était entachée de plagiat et, aujourd’hui, il est reproché à l’élu de Rognac (Bouches-du-Rhône) des utilisations problématiques de l’argent public.

Même le sport est gangréné. Ne vient-on pas d’apprendre que Bernard Laporte, ex-ministre de Sarkozy, ex-président de la Fédération française de rugby, etc., vient d’être nommé directeur du club de Montpellier, propriété de Mohed Altrad. Les deux hommes se connaissent bien : ils ont été prix la main dans le sac et condamné ensemble en première instance pour corruption et abus de biens sociaux. En gros, on reproche aux deux hommes de gros mensonges. Va-t-on les laisser continuer à mentir ?

Les peuples n’en peuvent plus de ces mensonges. Eux qui vivent chichement ne supportent plus la situation et demandent la réhabilitation de l’honnêteté. Rien de plus. Mais c’est beaucoup et, si cela venait à se produire, cela changerait la face du monde.

Racisme ordinaire sur Europe 1

Je ne connais pas Gaspard Proust et depuis ce matin après la lecture d’un article de Sophie Gindensperger sur le site de Télérama, je n’éprouve pas le besoin de l’écouter, ni de le connaître plus avant.

Le magazine culturel m’apprend que ce Gaspard Proust, prétendant acteur et humoriste, tient une chronique sur Europe1 et dans le Journal du dimanche, après avoir animé en 2022 un meeting politique organisé par Valeurs actuelles.

Sur Europe 1, le 9 novembre, Télérama rapporte quelques phrases de sa chronique :

« Plutôt que défiler contre l’antisémitisme, moi j’inventerais le happening “boire du champagne pour les décollages”’ (…) À un moment, t‘amène sur le tarmac (…) tout ce que la France compte de fichés S, délinquants multirécidivistes, OQTF, antisémites, porteurs de jogging casquette californiens, tu vois ce que je veux dire, franchement, toute la confrérie des “petits anges”, hop tu me charges tout ça dans la soute, direction plein sud, une escale à Cayenne pour les nationaux, et je pense que d’un coup, il y aurait moyen de transformer une sorte de désespoir en grande fête républicaine (…) Disons [qu’avec] la perspective pour un “petit ange” que son prochain rodéo urbain consiste à zigzaguer entre des figuiers de Barbarie sur un bourricot qui boîte, (…)  il y a des chances qu’ils commencent à faire de la réflexologie mentale. »

Il n’y a qu’un qualificatif : abject.

Pendant le même temps, l’Institut de France à Gaza était bombardé par les Israéliens, la ville était quasiment rasée et Gérard Larcher éructait pour dénoncer la chronique de Guillaume Meurice sur France Inter.

Gérard Proust, lui, peut continuer à étaler son racisme primaire avec la bénédiction de Vincent Bolloré ; le mutisme de la droite et de l’extrême droite est assourdissant.

Heureusement, il reste peu d’auditeurs à Europe1.

L’autre guerre, de la culture

Parmi ceux qui ont défilé contre l’antisémitisme, combien étaient-ils ceux qui relaient les idéologies révisionnistes de l’Histoire et à faire main basse sur la culture au nom de leurs croyances pour un retour à l’obscurantisme et au racisme ?

L’inquiétude devrait être grande quand on voit Vincent Bolloré devenir le premier éditeur de France et le troisième dans le monde, le propriétaire de chaînes de radio et de télévision, l’éditeur de presse écrite, l’organisateur de spectacles, etc.

L’inquiétude devrait être grande quand on voit Hubert de Torcy, patron de Saje, société de distribution de films d’inspiration chrétienne, relayer la sortie en France de ‘’Sound of Freedom’’, une œuvre ouvertement complotiste vantée par Steve Bannon.

L’inquiétude devrait être grande quand on voit que ce même Hubert de Torcy est le distributeur du film ‘’Vaincre ou mourir’’, à la gloire de la contre-révolution vendéenne, produit pas la société Le Puy du Fou Films, filiale de la société du parc à thème de Philippe de Villiers.

Ce beau monde qui se réclame des valeurs chrétiennes du pays est en croisade. Les chaînes de Bolloré sont à son service. Et demain ? Dans les livres d’Hachette, dans les Relay d’Hachette, dans les programmes de ses salles ?

Le monde de la culture doit décréter l’état d’urgence avant qu’il ne soit trop tard.

Le film de Costa Gavras, Amen (diffusé hier par Arte), inspiré de la pièce de Rolf Hochhuth, Le Vicaire, est venu nous rappeler que la très sainte Eglise dont se réclament les Bolloré, de Torcy et de Villiers, avait eu une responsabilité historique dans l’extermination des Juifs par les nazis en se refusant de la condamner, alors que le pape Pie XII avait été alerté.

Verra-t-on bientôt des écrivains arrêtés et emprisonnés au seul motif qu’ils sont des défenseurs de la culture et de la liberté comme en Iran, en Russie, en Turquie, en Russie et en Israël, (où la jeune écrivaine Ahed Tamimi a été arrêtée à son domicile de Nabi Saleh en Cisjordanie et emprisonnée sans qu’on sache où) ?

La guerre idéologique fait rage en France, au nom de la chrétienté, sans que le président de la République ne bronche. Et la culture asservie pour remettre en cause nos libertés.

Le Parti d’en rire

L’époque n’est pas à la tolérance ; l’intolérance est partout. Elle se conjugue avec la peur, de tout. L’humour n’est plus nulle part.

Les sourires se font rares ; la faute à la crise, aux guerres et même à l’environnement devenu oppressant.

J’ai mesuré l’intolérance et ce manque d’humour ambiant en recevant un ‘‘e-mail’’ rageur, d’un rare mépris et à l’humour affligeant.

Mon interlocuteur pensait sans doute m’accabler quand j’ai éclaté de rire et décidé de rejoindre le Parti d’en rire de Pierre Dac, en repensant son programme (« Oui, pour vivre heureux/ Prenons le parti d’en rire/ Seules la joie et la gaieté peuvent nous sauver du pire/ La franche gaieté/ La saine gaieté/ La bonne gaieté des familles »)

Et je me suis remémoré quelques Pensées parues dans L’Os à moëlle, l’organe officiel des Loufoques :

« Par les temps qui courent, parler de rien, c’est déjà quelque chose ! »

« Qui ne dit rien consent, mais qui consent à tout sans rien dire est une belle lavette, un bon à tout et un propre à rien. »

« Parler pour ne rien dire et ne rien dire pour parler sont les deux principes majeurs et rigoureux de tous ceux qui feraient mieux de la fermer avant de l’ouvrir. »

« Le crétin prétentieux est celui qui se croit plus intelligent que ceux qui sont aussi bêtes que lui. »

Et pour finir de désarmer mon grincheux interlocuteur, voici deux petites sentences définitives :

« Rien ne sert de penser, il faut réfléchir avant. »

« Le rire désarme, ne l’oublions pas. »

Ah ! Pierre Dac, quelle classe et toujours d’actualité pour désarmer les imbéciles !

Versailles, l’envers du décor !

Versailles célèbre les quatre cents ans du château de Louis XIV. La présidente de l’établissement public, Catherine Pégard, qui fait du rab par la volonté d’Emmanuel Macron (à 68 ans, son troisième mandat aurait dû se terminer en octobre 2022), s’est fendue d’un éditorial à la hauteur de l’événement dans Les Carnets de Versailles.

Elle y parle de l’écho de la grandeur de Louis XIV, de son goût pour tous les arts, de sa passion démesurée et évoque même le récent « dîner d’Etat en l’honneur de Charles III ».

L’ex-journaliste nous invite à « butiner notre histoire ».

Je ne butinerai pas, mais je rappellerai quelques chiffres attachés à l’édification du château par les rois de Louis XIII à Louis XVI : 36 000 ouvriers, dont près de 10 000 sont morts sur le chantier ; beaucoup sont décédés du paludisme en asséchant les marais sur lesquels s’est érigé ce caprice.

Je rappellerai aussi les charrettes qui, chaque matin, faisaient le tour du chantier pour ramasser les morts.

Je rappellerai enfin que les femmes des ouvriers se sont rebellées parce que les conditions de travail, mais aussi de vies de leurs maris, étaient atroces.

Ce n’est pas un détail de l’histoire ; le château de Versailles a été construit sur les cadavres des ouvriers, surexploités, tels des esclaves.

La célébration des quatre cents ans du début de la construction de ce monument d’orgueil, gouffre financier insondable, aurait pu, et dû, avoir une pensée pour ces milliers de pauvres hères qui ont travaillé durant les 53 années du chantier, avant de mourir malades et épuisés sans voir la fin de l’œuvre de leurs mains.

Décidément, les ‘’accidents du travail’’ seront toujours occultés. Sous Louis XIV comme sous le règne d’Emmanuel 1er, malgré les révoltes et les Révolutions. 

Le toupet de Dominique Seux

Le quotidien économique de Bernard Arnault, Les Echos, est quelque peu gêné quand une association féministe, Les Glorieuses, rappellent que les femmes travaillent gratuitement depuis le 6 novembre à 11 heures 25. Car si les petites mains des multiples entreprises du groupe LVMH témoignaient, les directions des innombrables entreprises se sentiraient-elles fautives ?

Dominique Seux, en scrupuleux gardien du dogme libéral et envoyé très spécial des Echos sur le front de l’information de service public, s’est senti obligé de traiter de ce scandale des inégalités femmes/hommes dans sa chronique quotidienne sur France Inter.

Il concède bien que l’idée est juste, mais, pour lui, il y a un mais ; à savoir que Les Glorieuses n’ont pas tout à fait raison. Argument massue pour en faire la démonstration.

L’écart des salaires des femmes avec ceux des hommes ne serait pas de 15 % comme l’affirment ces féministes dérangeantes, mais de seulement 4 % à métier et poste équivalents. En revanche, « ce qui fait monter le chiffre à 15% (presque 4 fois plus tout de même), ce sont les métiers différents qu’exercent dans la vie les hommes et les femmes. En clair, les aides-soignantes, les assistantes de direction et les caissières, métiers majoritairement féminins, sont moins bien payées que les ouvriers qualifiés et les ingénieurs. »

Dominique Seux évoque alors « l’effort à faire pour que (les femmes) aillent vers les métiers mieux payés et pour revaloriser les métiers mal payés et comme par hasard très féminisés. »

Dominique Seux n’est pas allé jusqu’à fustiger ce capitalisme libéral qui cantonne les femmes dans les métiers de secrétaires (qui font aussi le café des patrons), des aides à domicile, des aides ménagères, des caissières, etc. M. Bernard Arnault pourrait en parler longuement avec ‘’son’’ directeur de rédaction

Conclusion osée de l’éditorialiste garant de la pérennité du patriarcat : « Le péché par omission est un péché véniel, pas mortel. » Quel toupet !

Bolloré est contagieux

Admirateur d’Eric Zemmour, Franck Ferrand vient d’être nommé directeur éditorial de la revue Historia

L’historien André Loez a qualifié de ‘’charlatan’’ un journaliste qui, selon un autre historien, Olivier Coquard, cherche « à utiliser Historia pour promouvoir sa vision du passé, faite de monarchisme, de catholicisme, de nationalisme conservateurs ».

Pour être complet, il faut ajouter que Franck Ferrand est un chroniqueur régulier de Cnews et Valeurs actuelles. Ce qui fait dire à une autre historienne, Mathilde Larrère : « Franck Ferrand a tendance à utiliser l’histoire au service de ses combats politiques qui, pour la plupart, sont des combats de haine ».

Voilà qui ressemble étrangement à une manœuvre de Vincent Bolloré recrutant Geoffroy Lejeune pour diriger Le Journal du dimanche (JDD).

Mais il ne s’agit pas ici de Bolloré, mais de Bernard Arnault qui vient de racheter Historia à Claude Perdriel, après avoir acquis 40 % du capital du groupe Croque Futur (éditeur de ChallengesSciences et AvenirL’HistoireLa Recherche et Historia).

Alors, Bolloré – Arnault, même combat ?

Assurément ! Les milliardaires se ressemblent tous.

Femmes, soyez actionnaires

A compter de ce jour les femmes travaillent gratuitement. Cantonnées le plus souvent dans des tâches subalternes et précaires, elles sont en outre mal payées. A capacité et responsabilité égales, leur salaire est largement inférieur à celui de leurs collègues masculins. Pour la seule raison qu’elles sont femmes.

Les journaux économiques de ce jour nous annoncent que les entreprises rachètent leurs propres actions à un rythme effréné : plus de 23 milliards depuis le début d’année. Pour les Echos, un record que le quotidien de Bernard Arnault est fier de mettre en avant, ajoutant que la crise épargne la Bourse de Paris.

Les actionnaires sont ravis ; ceux de Total en particulier. Selon les Echos, toujours, le rachat des actions permet au pétrolier d’annoncer qu’il reversera 9 milliards de dollars supplémentaires à ses actionnaires.

Les dividendes sont versés sans distinction de sexes.

Alors, femmes, soyez actionnaires !

Lire, penser, agir

Dans de nombreuses discussions avec des amis revient, comme une antienne, le déficit démocratique, mettant en cause jusqu’à la citoyenneté et la pauvreté du débat public.

Certes, nous nous sommes éloignés de Maximilien Robespierre constatant que « les hommes d’affaires se sont toujours chargés d’enseigner eux-mêmes l’arithmétique afin que personne ne puisse vérifier leurs comptes ». Encore que…

Un syndicat, la CGT, a fait de la lecture un axe majeur de son activité. Eugène Varlin, dès la fin du XIXe siècle, encourageait les travailleurs à lire pour parvenir à leur émancipation et à leur affranchissement. Dès 1905, les Bourses du travail se dotèrent d’ailleurs de bibliothèques et la Confédération créera même une école de bibliothécaires.

Les dirigeants successifs insisteront tous pour développer la lecture. Ainsi Georges Séguy écrivait-il en 1981 :

« Chez nombre de militants, la sous-estimation de la lecture des livres repose, bien sûr au-delà des obstacles matériels et culturels objectifs, sur la méconnaissance de l’apport spécifique irremplaçable du livre. Et pourtant rien ne peut remplacer le livre comme instrument de l’intelligence globale de la réalité en transformation. Il nous faut veiller à privilégier le livre, tout simplement parce qu’il reste aujourd’hui pour beaucoup de travailleurs le passeport obligatoire pour accéder à d’autres activités culturelles. »

Nous sommes à une époque où le mouvement social est affaibli (malgré la puissante opposition sociale à la réforme des retraites) et où les comités d’entreprise (aujourd’hui transformé en comité social et économique par Macron en 2018) ont vu leurs moyens matériels et humains réduits drastiquement. Mais la CGT relève le défi.

Son Institut d’histoire sociale (IHS-CGT) organise son 6e Salon du livre d’histoire sociale (dans sa définition la plus large) mardi 7 novembre à la Bourse du travail de Montreuil, dont le thème est « Lire, penser, agir ». On y revient toujours.

Pour ne plus avoir à constater le déficit démocratique, l’initiative doit être soutenue et encouragée. L’occasion de rencontrer auteurs (en sciences sociales et humaines, historiens, économistes, sociologues), romanciers de fictions, auteurs de bandes dessinées, éditeurs et acteurs de la vie sociale, dont les œuvres questionnent le monde réel n’est pas si fréquente.

Comme l’écrivait en 1993 Jean-Michel Leterrier, alors responsable de la politique culturelle de la CGT, « Aux livres, citoyens ! »

Eviter l’inévitable

L’historien Patrick Boucheron, à qui on doit une somme exceptionnelle, Histoire mondiale de la France (Seuil), se livre dans un long entretien dans le Monde, sous le titre ‘’Le temps impose parfois à l’historien d’entrer dans la mêlée’’. Il explique les raisons de la publication d’un court texte dans la collection Libelle (toujours au Seuil) sous le titre ‘’Le Temps qui reste’’ (72 pages, 4,90 €) dans lequel il entre effectivement dans la mêlée avec beaucoup de détermination.

De son entretien au Monde, j’ai retenu un bref extrait : 

« Depuis la réforme des retraites et la grave crise de légitimité démocratique qu’elle a précipitée, il faudrait tenter, durant les quatre ans à venir, de ne plus commenter les faits et gestes du président, mais de considérer au contraire que son quinquennat est terminé. Si cela est impossible pour un journaliste, en tant qu’historien et citoyen, je n’accorderai qu’une attention distraite à ce qu’il dira. Dois-je commenter chacune de ses provocations sur l’enseignement de l’histoire ? C’est perdre du temps, quand on ferait mieux de se demander pourquoi personne ne trouve à redire lorsqu’il prétend que l’éducation est son ‘’domaine réservé’’, ce qui est institutionnellement scandaleux. Mais cessons là. Je tente de me désintoxiquer de cette indignation morale que suscite en moi l’arrogance de ceux qui nous gouvernent. Ce n’est pas si facile, car je n’ai pas l’expérience d’un gouvernement qui ait à ce point méprisé les sciences sociales, l’université, l’exercice collectif de l’intelligence, le mouvement social : tant de suffisance pour tant d’insuffisances. »

Hélas, le quinquennat n’est pas encore terminé et le méprisant de la République a encore quelques mauvaises lois à faire adopter, à coups de 49-3.

Patrick Boucheron appelle à ‘’s’arc-bouter’’ pour s’opposer à « l’inévitable retour du fascisme » Un retour qui le hante, car, dit-il au Monde : « En France, toutes les dispositions réglementaires, pour ne rien dire des habitudes policières, seraient disponibles en cas de victoire de l’extrême droite, qui s’accommoderait très bien de la Ve République. »

Rien à ajouter.

Le président le veult !

La France a un président vibrionnant ; il est partout ; il parle beaucoup (trop) ; il s’occupe et décide de tout (à la place des ministres) et il voyage souvent.

Il est parti en Asie centrale, plus précisément au Kazakhstan et en Ouzbékistan, deux pays riches en ressources pétrolifères, en charbon, en uranium et autres métaux rares. Il faut regarder la composition des délégations accompagnant le président pour connaître le but réel du voyage.

Auparavant, le président vibrionnant avait longuement parlé à Villers-Cotterêts à l’occasion de l’inauguration de la Cité internationale de la langue française. La cérémonie avait été annulée le 19 octobre en raison des obsèques de Dominique Bernard, le professeur de français assassiné dans son lycée d’Arras.

Le président contrarié avait un discours rentré ; qu’à cela ne tienne, la cérémonie a été reportée à lundi dernier. Non sans perturber le service public de télévision.

Les chaînes ont été entièrement consacrées à l’initiative présidentielle, du matin au soir. France 2 a pris l’antenne dès 9h55 pour retransmettre la cérémonie, diffusant le long discours de Macron en direct, en amputant le journal de 13h (Franceinfo et TV5 Monde étaient également de la fête). L’émission spéciale en direct de la cité, intitulée ‘’Voyages en langue française’’, également prévue le 19 octobre, a été diffusée ce lundi à 21h, entraînant une cascade de déprogrammation. Une journée insupportable pour les opposants. France 2 est outrageusement au service exclusif d’un Emmanuel Macron omniprésent. Sans état d’âme.

Les gesticulations ont permis d’occulter un nouveau rapport qui dérange le président vibrionnant, le quatrième rapport du comité d’évaluation des réformes de la fiscalité du capital. Il s’agissait pour ce comité Théodule de mesurer l’efficacité des mesures voulues par le président et notamment la baisse de la taxation des revenus du capital.

Hélas pour le président, les experts ont jugé que le pays a perdu des recettes fiscales (4,5 milliards en remplaçant l’ISF par l’IFI), que les riches sont plus riches, que les dividendes ont fortement augmenté et que les inégalités se sont aggravées. Pour faire bonne mesure, le comité a noté que, en définitive, les réformes n’ont pas eu d’effets sur les investissements.

Comme c’est curieux. On nous aurait menti ? Une fois encore…

La conclusion qu’en tire Alternatives économiques, c’est que « Emmanuel Macron est bien un président des plus riches ».  Ô, il ne s’agit pas d’une révélation, mais d’une preuve supplémentaire. Si cela gêne le président, France Télévisions n’en parlera pas. Le rapport est déjà passé à la broyeuse, comme les précédents. Les experts apprécieront.

Quant aux citoyens qui contemplent la montée des inégalités, qu’ils regardent France 2 et qu’ils se taisent. ‘’Le président le veult’’.