La Chouette qui hioque

Mois : septembre 2024

Ne rien lâcher !

Quand je suis dèsespéré par la situation dramatique au Moyen Orient où les morts se comptent en dizaine de milliers ; quand j’enrage après avoir lu que Biden débloque 8,7 milliards à Netanyahu pour perpétrer son génocide des Palestiniens ; quand je crie au scandale en écoutant Emmanuel Macron justifier son choix de confier le gouvernement à un réactionnaire comme Michel Barnier ; quand je suis fou de rage en apprenant qu’une université suisse accorde un salaire de plus de 8000 euros par mois à Bruno Le Maire pour enseigner l’économie, lui qui laisse la France devant une dette énorme ; bref quand je prends connaissance d’une actualité suffocante, je fais appel à l’un des mes auteurs préférés, le Portugais José Saramago.

Et je relis ses œuvres. Là je me replonge dans son Cahier. J’y lis à la date du 8 octobre 2008 :

« Aujourd’hui, méprisée et jetée à la corbeille des formules usées et dénaturées par l’usage, l’idée de démocratie a cédé la place à un marché obscènement triomphant, finalement aux prises avec une très grave crise dans son versant financier, tandis que l’idée de démocratie culturelle était supplantée par une aliénante massification industrielle des cultures. Nous ne progressons pas, nous reculons. Et il sera de plus en plus absurde de parler de démocratie si nous nous entêtons dans l’erreur de l’identifier uniquement à ses expressions quantitatives et mécaniques qu’on appelle partis, parlements et gouvernements, sans se soucier de leur contenu réel et de l’utilisation détournée et abusive que l’on fait le plus souventdu vote qui les a justifiés et mis à la place qu’ils occupent. »

Seize ans plus tard et au regard de la situation ici et ailleurs, je mesure combien José Saramago faisait preuve de lucidité.

Mais, est-il possible de reculer encore ? Ou est-on à ce point anésthésiés que toute tentative pour changer les mauvais gouvernements, corrompus, est impossible par les urnes ?

Comme Saramago, je me refuse à abdiquer devant les hommes politiques au pouvoir, égoïstes et arc-boutés sur leurs privilèges. Je veux croire encore à la démocratie par le peuple et pour le peuple. Même si l’échéance paraît chaque jour plus éloignée.

Propaganda

Les médias entre les mains des ultra-riches (Arnault, Bolloré, Saada, Dassault, Kretinsky, Bouygues) sont autant d’instruments de propagande. Depuis Edward Bernays, neveu de Freud et auteur d’un ouvrage de référence, Propaganda (paru en 1928), les méthodes se sont affinées ; néanmoins elles sont toujours aussi grossières et manipulatrices.

L’assassinat de la jeune étudiante, Philippine, a été odieusement récupéré par tout ce que la France compte de racistes et d’anti-immigrés. Les chaînes de télévision ont été en première ligne, mais pas seulement.

Rares ont été les journaux qui se sont démarqués. Télérama, avec Samuel Gontier, a relevé le défi de ne pas être dans la ligne des propagandistes des idées d’extrême droite. C’est pourquoi son billet, publié par le site de l’hebdomadaire est important à lire et à diffuser :

« Meurtre de Philippine : comment est-ce encore possible ? » titre Le Parisien ce jeudi. « Meurtre de Philippine : à qui la faute ? » interpelle BFMTV la veille. « Des failles dans le suivi du suspect ? » questionne France 2. « Faut-il changer la loi ? » suggère TF1. Depuis mardi soir et l’arrestation du suspect, les médias s’interrogent sur le viol et le meurtre d’une étudiante, Philippine, commis par un Marocain qui, après avoir purgé sa peine pour un précédent viol, était sous le coup d’une OQTF (obligation de quitter le territoire français). Le moins que l’on puisse dire est que ces médias ne manquent pas de volontaires pour leur répondre. « Le profil du meurtrier a fait réagir les politiques de tous bords », note Gilles Bouleau. « La classe politique n’a pas de commentaire assez dur », relaie une journaliste de France 2. Sur BFMTV, Éric Brunet résume : « Ce fait divers tragique est devenu un fait politique. » D’Olivier Faure à Bruno Retailleau, de Fabien Roussel à Jordan Bardella, toute la classe politique a un avis sur une affaire effectivement dramatique. Ce frénétique vacarme contraste avec l’assourdissant silence des mêmes politiques à propos du procès de Mazan, où cinquante et un hommes sont accusés d’avoir violé Gisèle Pelicot, droguée par son mari. D’un côté, le profil passe-partout des accusés interroge tout le monde sur la culture du viol qui imprègne la société. Tout le monde sauf les politiques, aux abonnés absents, comme le relèvent France Culture ou Public Sénat(seul le PS a publié un communiqué). De l’autre, le parcours d’un récidiviste sans papiers suscite chez nombre d’élus une surenchère de commentaires xénophobes et de propositions sécuritaires (plutôt que des interrogations sur l’efficacité d’un système carcéral où le suspect a passé cinq ans avant de récidiver). Complices, des médias laissent libre cours aux fantasmes racistes et aux recettes répressives de la droite et de l’extrême droite, tel BFMTV, accueillant successivement Matthieu Valet (RN), Sarah Knafo (Reconquête), Marion Maréchal et Robert Ménard pour commenter l’affaire. La dissonance criante entre le procès de Mazan et le meurtre de Philippine montre une nouvelle fois qu’il est plus facile pour une grande partie de la classe politique (et des médias) d’incriminer l’immigration plutôt que de traiter les violences sexistes et sexuelles comme un problème systémique. »

Merci.

Les paroles d’Arafat

Alors que se tient l’assemblée générale de l’ONU, Israël continue à tuer en Palestine et désormais au Liban. Avec férocité et aveuglément. La situation est insupportable et doit cesser.

Mais pour des questions géostratégiques ou nationales, les prétendues grandes nations qui pourraient arrêter le bras assassin de Benyamin Netanyahu palabrent ; elles évitent ainsi de prendre les mesures qui devraient s’imposer à tous. Les mots sont autant d’écrans de fumée.

Le peuple palestinien, victime d’un génocide depuis des décennies, pleure ses innombrables morts, enfants, femmes et adultes, et voit se multiplier les ‘’colonies’’ en Cisjordanie au mépris de toutes les déclarations des Nations Unies.

Il y a cinquante ans, le 13 novembre 1974, Yasser Arafat, avait pu s’exprimer à l’assemblée générale. Ses paroles étaient fortes et intelligentes, :

« Si cette immigration des Juifs en Palestine avait eu pour but de leur permettre de vivre à nos côtés, en jouissant des mêmes droits et en ayant les mêmes devoirs, nous leur aurions ouvert les portes, dans la mesure où notre sol pouvait les accueillir. Tel a été le cas pour les milliers d’Arméniens et de Circassiens qui vivent parmi nous en tant que frères et citoyens bénéficiant des mêmes droits. Mais que le but de cette émigration soit d’usurper notre terre, de nous disperser et de faire de nous des citoyens de deuxième catégorie, c’est là une chose que nul ne peut raisonnablement exiger de nous. C’est pour cela que, dès le début, notre révolution n’a pas été motivée par des facteurs raciaux ou religieux. Elle n’a jamais été dirigée contre l’homme juif en tant que tel, mais contre le sionisme raciste et l’agression flagrante. »

Que cinquante ans plus tard, les Palestiniens se retournent vers les extrêmistes et les fous de dieu n’est guère surprenant. Même pour Netanyahu qui a largement contribué à l’expansion du Hezbollah et du Hamas pour tenter de justifier l’injustifiable, à savoir la ‘’grande Israël’’, la terre du peuple juif.

On en revient toujours, hélas, à la religion !

Vive la culture

Le ministère de la culture n’a pas changé de titulaire ; Rachida Dati a réussi à sauver son maroquin. Elle a fait preuve d’opiniatreté pour rester dans le bureau de la rue de Valois et obtenir un nouveau bail.

Pour combien de temps ?

Mise en examen pour « corruption passive par personne chargée d’un mandat électif dans une organisation internationale publique », « trafic d’influence passif d’agent d’une organisation internationale publique », « recel d’abus de pouvoir » et « recel d’abus de confiance » pour une sombre affaire de 900 000 euros d’honoraires (rien que ça) reçus par l’ex-députée européenne en sa qualité d’avocate de Renault-Nissan, alors présidé par Carlos Ghosn, la ministre bénéficie de la présomption d’innocence. 

Néanmoins, les magistrats ont remarqué que l’avocate Rachida Dati avait reçu cette coquette somme alors qu’elle était membre suppléante de la commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie et que les activités de lobbying sont intredites aux députés de Bruxelles.

Les procédures retardatrices de ses avocats ont été rejetées et le Parquet national financier doit rendre son réquisitoire dans les prochains jours ; un renvoi de Rachida Dati devant le tribunal correctionnel est évoqué.

Mais Rachida Dati est citée dans une autre affaire judiciaire, liée aux barbouzeries au sein de la présidence qatarie du club de football parisien, le PSG.

La situation de la ministre est délicate ; son ambition de briguer la mairie de Paris et son avenir gouvernemental sont en suspens. Celle qui fut aussi ministre de la justice le sait mieux que d’autres !

Le monde de la culture, qui observe les diminutions de son budget avec effarement, est de plus en plus inquiet. Peut-on faire abstraction de toutes ces « gamelles » judiciaires pour aborder et solutionner les innombrables dossiers sur son bureau ? 

La situation de Rachida Dati est précaire dans un gouvernement lui aussi à l’avenir précaire.

Le gouvernement porte-t-il si peu d’intérêt à la culture pour se satisfaire d’avoir choisi une ministre autant menacée ?

Vive la culture ne semble pas être le credo d’un gouvernement Barnier, tout entier entre les mains de la droite dure.

Choix politique

Le climat politique est lourd et le ciel n’est pas serein. Les conciliabules à l’Elysée ou à Matignon se déroulent à huis clos ; le peuple est tenu à l’écart et, pis encore, cocufié puisque ce sont les perdants qui se retrouvent à tenter de gouverner un pays à l’agonie, endetté, en perte de vitesse économique et industrielle.

Le prochain budget, pour 2025, traduction des choix politiques, est hérité du gouvernement Attal, préparé par un ministre de l’économie infatué, aveuglé par ses amitiés avec le grand patronat et peu respectueux des citoyens.

Les députés ont dû multiplier les coups d’éclat pour se voir remettre seulement un rapport provisoire, synthèses des lettres de plafonds de chaque ministère. Preuve s’il en faut que le futur gouvernement cultive autant le secret que le précédent pour taire au peuple ce qui l’attend, à savoir, austérité, casse accrue des services publics, autoritarisme, renforcement des lois répressives. Désormais, on connaît si bien le refrain que les électeurs ont voté plus massivement pour la gauche, pas suffisamment néanmoins pour inverser le cours des politiques libérales.

C’est dans ce contexte morose que la Défenseure des droits, Claire Hédon, a lancé un cri d’alarme : à la rentrée, plus de 27 000 élèves du second degré n’avaient aucune affectation et dix jours plus tard, ils étaient encore 13 831. Un scandale passé sous silence par les médias. Mais pas pour par Claire Hédon qui accuse :

« Cela contribue sans aucun doute à l’échec scolaire. Quand un élève arrive avec quinze jours ou un mois de retard, il part avec un handicap. D’autant que certains jeunes finissent par être scolarisés à une heure de chez eux, alors que des solutions autres existent. Ces temps de trajet participent à une inégalité des chances. »

La Défenseure des droits parle d’une « entorse grave au Code de l’éducation ».

Il ne s’agit hélas que d’un exemple des effets d’une politique, la casse des services publics et notamment de celui de l’éducation nationale. La situation est le résultat de la fermeture de classes, de lycées techniques, du manque de professeurs entraînant l’accroissement du nombre d’élèves par classe, etc. C’est le résultat de la politique libérale de Macron. Et avec le gouvernement Barnier, on s’attend à une aggaravation de la situation.

Les enfants de pauvres sont privés d’école, pas les gosses de riches qui, eux, sont dignement accueillis au collège Stanislas.

Retour au Moyen-Âge

L’absence de gouvernement est la pire crise politique, inédite, traversée par la France depuis 50 ans ; mais soyons rassurés, les affaires continuent.

Bernard Arnault, par exemple, n’arrête pas de faire son marché dans le prestigieux vignoble bourguignon, comme on l’a vu hier. Entre deux achats, le milliardaire doit néanmoins continuer à s’agiter pour que Michel Barnier constitue un gouvernement aux ordres des ultra-riches.  Désormais, il peut venir visiter son ami Emmanuel Macron avec une bonne bouteille de corton-charlemagne. Dans la conversation, il peut ainsi glisser au président de la République sa profonde aversion pour Lucie Castets et le programme du Nouveau Front populaire. L’aversion, est-il nécessaire de le préciser, est partagée par l’hôte de l’Elysée.

Dans le vignoble côte d’orien, en revanche, les vignerons font grise mine et laissent éclater leur colère. Thiébault Huber, vigneron à Meursault et président de la Confédération des appelations et des vignerons de Bourgogne (CAVB), s’inquiète pour les 32 000 hectares de vignes et les 4500 familles qui en tirent le meilleur. Et il ne cache pas sa colère : « C’est tout petit à l’échelle mondiale, mais on est réputé dans le monde entier. C’est le fruit de notre travail de qualité, avec un modèle familial qui marche, un respect du territoire, des rendements limités. Si on en vient à être détenus par 10 familles riches dans le monde, il y a un risque de standardisation. Mais qu’on continue ! Comme ça, tous les joyaux de la France appartiendront au club des ultra-riches du monde, on n’aura plus aucune exploitation familiale et on sera dans un système féodal. Retour au Moyen-Âge, avec les seigneurs qui possèdent les terres et les serfs qui bossent pour eux. »

Hélas, le vignoble bouguignon n’est pas la seule activité à connaître une telle évolution sous l’influence des ultre-riches et des fonds d’investissement.

Le vin perd son âme

On apprend aujourd’hui que le groupe du super-luxe de Bernard Arnault, LVMH, vient de racheter 1,3 hectares sur les 2 du Domaine Poisot à Aloxe-Corton pour 15,5 millions d’euros.

L’un des hommes les plus riches du monde vient de s’offrir trois grands crus du meilleur vin de bougogne, un blanc, le corton-charlemagne, et deux rouges, le corton-bressandes et le romanée-saint-vivant.

Déjà propriétaire des 8,66 hectares du Domaine des Lambrays à Morey-Saint-Denis, Bernard Arnault fait main basse sur les meilleurs vins ; le milliardaire signe des chèques sans s’inquiéter du nombre de zéros. Les petits vignerons (et même les plus grands) sont littéralement expulsés et subissent les caprices de ceux qui voient dans les grands crus une nouvelle source de profits.

Sur les coteaux, les petits propriétaires sont dépossédés de leur travail ancestral, faute de pouvoir suivre l’inflation du prix de l’hectare.

Charles Baudelaire a merveilleusement vanté ‘’L’âme du vin’’ :

« Un soir, l’âme du vin chantait dans les bouteilles : / « Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité, / Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles, / Un chant plein de lumière et de fraternité ! / Je sais combien il faut, sur la colline en flamme, / De peine, de sueur et de soleil cuisant / Pour engendrer ma vie et pour me donner l’âme ».

Bernard Arnault se moque éperdument du travail ancestral du petit vigneron qui, en trimant durement, a engendré des grands crus. Aujourd’hui, le vin prestigieux est réservé aux premiers de cordée, aux ultra-riches, à ceux qui ne comptent pas et qui n’ont que mépris pour la fraternité et la sueur du vigneron.

Bernard Arnault n’est pas un poète comme Baudelaire. Juste un tiroir-caisse.

Ce n’est pas tellement glorieux ; amis lecteurs, vous en conviendrez.

Paris est une fête

Pour Macron et pour Le Maire, premiers de cordée. Mais pas pour tous les Français.

Je m’explique.

Le président de la République a voulu faire perdurer l’enthousiasme supposé du pays après les succès des Jeux olympiques et paralympiques. Il en a profité pour distribuer des breloques aux médaillés. Ainsi, il continue à glorifier les vainqueurs, oubliant au passage les autres participants qui n’ont pas eu la chance de terminer dans les trois premiers (ce qui n’enlève rien aux médaillés !).

La parade sur les Champs-Elysées pour faire oublier la pauvreté de nombreuses associations sportives dont les subventions ne permettront pas d’accueillir tous les jeunes (ou moins jeunes) qui affluent après les épreuves olympiques. La parade pour faire oublier la diminution du budget du ministère de la jeunesse et des sports. La parade pour faire oublier qu’il n’y a toujours pas de gouvernement. La parade pour faire oublier que l’élaboration du budget va réserver de mauvaises surprises aux plus pauvres. Les Jeux sont bien terminés, bonjour l’austérité.

Bruno Le Maire, lui, a osé réunir dans son ministère plusieurs centaines d’invités (tous de droite) pour leur dire : « Je pars. » Aux frais des contribuables.

Oser se glorifier d’une situation catastrophique que le ministre de l’économie et des finances laisse en héritage, quelle désinvolture, quelle impertinence ! 

On savait Bruno Le Maire imbu de sa personne, mais il a franchi une ligne rouge : il vient d’apporter la preuve qu’il se fiche des affaires publiques pourvu que ceux de sa caste soient préservés et puissent s’enrichir davantage.

Il part, Bruno Le Maire, mais pas n’importe où, en Suisse pour enseigner. Pauvres Suisses ! Il part, mais il a laissé entendre qu’il pourrait revenir.

Emmanuel Macron, Bruno Le Maire ont le goût de la fête et organisent des fêtes. Mais pas sans arrière-pensées.

Leurs fêtes sont autant d’injures adressées au peuple, pour qui chaque jour qui passe n’est pas une fête, mais trop souvent un cauchemar pour ceux, de plus en plus nombreux, qui se demandent ce qu’ils donneront à manger à leurs enfants.

Ernest Hemingway, reviens ; et montre-leur, à ces personnages peu reluisants, ce qu’est une fête, une vraie ! Une fête populaire comme celle de L’Humanité dont les chaînes de télévision de service public n’ont pas le temps de parler pour cause de parade sur les Champs-Elysées). Une fête où on partage de beaux moments de culture et de fraternité, mais où on débat aussi et où on parle du présent et de l’avenir. Avec pour horizon, les jours heureux.

Toujours plus odieux

On n’en finit pas de dénombrer les morts dans la bande de Gaza et l’odieux est chaque jour plus odieux.

Aujourd’hui, on apprend que 18 personnes ont été tuées dans une nouvelle frappe aérienne israélienne sur une école transformée en abri pour déplacés.

La justification est toujours la même : l’armée israélienne visait des terroristes du Hamas.

L’ONU s’émeut : parmi les morts on a dénombré des collaborateurs (deux ou six selon les sources) de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

Le secrétaire général de l’ONU dénonce ces assassinats une nouvelle fois : « Ce qui se passe à Gaza est totalement inacceptable (…) Ces violations dramatiques du droit humanitaire international doivent cesser immédiatement. »

Antonio Gutteres n’est, hélas, pas entendu. La liste des morts s’allonge dramatiquement mais Netanyahu n’entend rien, pas même son peuple qui demande avec force le retour des otages. Ceux qui pourraient arêter son bras meurtrier ne font rien.

Tous sont responsables de ce génocide. Toujours plus odieux.

Eloge de la diversité

Les Jeux olympiques et paralympiques ont été incontestablement une réussite sportive. Grâce aux sportifs, non au CIO qui ne voit le sport que comme une machine à cash, bien relayée par France Télévisions qui a, trop souvent, favorisé le chauvinisme (en témoigne l’émission ridicule de Léa Salamé, Quels jeux !).

Les cérémonies de Thomas Jolly ont été à la hauteur de l’événement, intelligentes et grandioses à la fois.

L’homme de théâtre a donné une interview à Télérama, aussi clairvoyante que ses cérémonies. En voici quelques phrases qui confirment que l’homme est un vrai défenseur de la culture contre l’obscurantisme.

« Saisir dans chaque cérémonie ce grand « nous » qui nous constitue. S’adresser au plus grand nombre, sans exclure personne : mon obsession depuis que je fais du théâtre. C’est en affirmant nos différences respectives que naîtra en effet la fierté d’appartenir à une collectivité qui les respecte. Comme je le disais en jouant naïvement sur les mots dès la présentation de mon projet au CIO, en août 2022 : « Des Jeux, un nous. » Autrement dit : « Des je, un nous. » La pluralité crée de l’unité, c’est une leçon que j’ai tirée des JO : l’adhésion populaire qu’ils ont suscitée vient de là. « Grâce à votre cérémonie, je me suis enfin senti intégré », ou encore « grâce à votre spectacle, je me suis reconnu », ou « la soirée m’a fait pleurer, je suis fier d’être français ». J’ai reçu des milliers de messages. Cette fierté retrouvée m’a bouleversé, et donne sens à notre métier d’artiste : moins on exclut, mieux on rassemble en profondeur (…) Le succès de nos cérémonies a montré que le sentiment d’unité nationale ne renaîtra que si l’on pose d’emblée notre diversité et non une définition restrictive. Voyez la polémique déclenchée par la montée sur le podium de l’athlète voilée marathonienne néerlandaise Sifan Hassan. Sans prendre parti, je trouve bien que son sourire étincelant fasse réfléchir et participe à la circulation des idées. La violence commence quand s’arrête la pensée. »

Ces belles phrases sont à retenir et à brandir à chaque fois que la droite et l’extrême droite parlent d’exclusion et d’immigrés délinquants.

La trêve olympique est bien terminée et nous ramène à la dure réalité : nous n’avons toujours pas de gouvernement, même si nous avons un premier ministre. Et pas n’importe lequel, un politicien de faible envergure, réactionnaire et ultra-libéral.

La trêve nous ramène à une autre réalité. Alors que les Jeux paralympiques ont été une formidable tribune pour les handicapés, on ne doit pas oublier qu’en France, aujourd’hui encore, des enfants différents ou victimes de diverses maladies handicapantes ne peuvent toujours pas aller à l’école ou que des adultes ne trouvent pas d’emplois en raison de leur différence.

De quoi gâcher la fête, mais une raison de plus pour se mobiliser et faire bouger l’ordre établi par les Macron, Barnier et autres.

La prise de l’Elysée !

Eugène Labiche en aurait sans doute fait un nouvel épisode de son vaudeville, Embrassons-nous, Folleville ! Avec Emmanuel Macron dans le rôle du marquis Manicamp et Michel Barnier dans celui de Folleville et Bruno Le Maire en vicomte de Chatenay.

Labiche aurait pu situer l’action dans le parc de Montretout, avec Marine Le Pen comme maîtresse de cérémonie !

Aujourd’hui, c’est à l’Elysée et à Matignon que se déroule la fête, celle des retrouvailles de toutes les familles de la droite à l’extrême droite : Macron et Barnier y reçoivent tour à tour leurs copains Wauquiez, Retailleau, Larcher, toute cette vieille famille qui a décidé de pardonner à la famille Le Pen et de se réconcilier. Tous trinquent au bon tour qu’ils ont joué au peuple, à ceux qui n’ont rien, auxquels ils s’apprêtent encore une fois à faire les poches. Leur politique s’appelle toujours austérité.

Les dernières trouvailles sont contenues dans un rapport de l’Inspection générale des finances publiques (IGF) remis hier, juste avant la réception de Barnier par Attal pour la remise des clés. Les dépenses-maladie seraient trop importantes pour soigner les gueux et comme il faut combler la dette abyssale du pays, il a été demandé de trouver de nouvelles économies.

Les rapporteurs, bons élèves de l’ultra-libéralisme, n’ont pas fait preuve d’imagination : ils préconisent d’augmenter les franchises (pour ne pas dire diminution des remboursements) sur les dispositifs médicaux, les médicaments et les transports de patients. Plus répugnant encore, ils recommandent de réduire le nombre d’affections de longue durée (ALD) prises en charge ; sont notamment visés, le diabète, les insuffisances cardiaques, la maladie d’Alzheimer, les maladies psychiatriques et certains cancers.

La nomination de Barnier à Matignon ne laisse auccun doute, il prendra très vite en compte les recommandations du rapport de l’IGF pour satisfaire ses amis de droite et d’extrême droite. Il en sera de même pour les questions d’immigration, Marine Le Pen en a fait un préalable à la grande réconciliation.

La nomination de Michel Barnier n’est ni une erreur d’Emmanuel Macron, ni la résultante du résultat de la dissolution de l’Assemblée nationale, mais un choix politique assumé. L’ex-secrétaire général adjoint de François Hollande a enfin réuni sa vraie famille, en plein jour.

Le vaudeville Embrassons-nous, Folleville ! ne fait plus rire personne, sinon les nantis qui, défaits dans les urnes, osent encore défier les citoyens. Si la politique est réduite à une mauvaise pièce de théâtre, le peuple n’est pas obligé de payer pour assister à ce mauvais spectacle, mais plutôt de se mobiliser pour écrire la grande épopée de la Révolution en allant prendre non plus la Bastille mais l’Elysée.

Coïncidences très curieuses

La rentrée scolaire est au moins aussi catastrophique que la situation politique. Rien d’étonnant à cela, on mesure les résultats de la pensée d’Emmanuel Macron à ce chaos qui secoue une France qui s’enlise.

Le président de la République tente de détourner les esprits et de masquer ses responsabilités. Il est chaque jour davantage discrédité.

Il manque plus de 3000 enseignants devant les élèves ; les réformes (toujours plus incongrues que les précédentes) sont autant de catastrophes ; les étudiants font face à la crise du logement, à la hausse des prix et à Parcoursup ; les enfants handicapés éprouvent toujours autant de difficultés à trouver une place à l’école. Le vrai ministre de l’éducation est à l’Elysée et il a d’autres soucis.

Les médias font semblant de ne rien voir et les problèmes de la rentrée sont occultés par les Jeux paralympiques.

Eux qui sont friands de révélations et de scoops, ont passé sous silence la fuite de données confidentielles prouvant que les établissements privés disposent de meilleures conditions d’enseignement que le public. Seul franceinfo s’est fendu d’un article, dénonçant, au passage, que les dotations horaires ne relèvent pas des mêmes services : c’est la Direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO) qui distribuent les enveloppes pour le public ; le privé relève de la Direction des affaires financières (DAF). Judicieux magouillage pour mieux masquer les choix éminement politiques.

Le scandale éventé, il doit être étouffé au plus vite. C’est alors que sort un rapport de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) et de l’Inspection générale des finances (IGF), datant du mois d’avril. On peut y lire, entre autres :

« Les perspectives démographiques à court et moyen terme peuvent en effet justifier une réduction des moyens d’enseignement nécessaires, à politique éducative constante. Dans ce cadre, la mission a modélisé une rationalisation de la répartition des moyens de l’enseignement scolaire sur le territoire tenant compte des caractéristiques des écoles et des établissements. »

Les rapporteurs proposent alors des « méthodes d’optimisation de la répartition des moyens d’enseignement sur le territoire » et notamment « une réallocation des moyens au sein des établissements par identification et fermeture des classes à effectifs trop réduits par rapport aux taux d’encadrement constatés dans les établissements de même catégorie et dans la limite d’un plafond d’effectif pour les classes restantes. »

Fermer des classes comme seul remède à la crise de l’enseignement ? Ce n’est pas nouveau, mais les propositions des rapporteurs (qui n’ont pas rencontré un seul enseignant !) vont permettre de l’administrer à haute dose et de détourner les arguments de ceux qui dénoncent les trop généreux crédits accordés à l’école privée (essentiellement catholique).

Vivement la gauche !

Pour sauver la République !

Un président de la République arrogant, méprisant, se conduisant en autocrate, mais déboussolé, de plus en plus seul. La démocratie, déjà bien abîmée, est en décomposition.

Autour de lui, c’est la fuite, à l’image d’Edouard Philippe qui se déclare, déjà, candidat à la succession en 2027. L’ex-premier ministre se positionne au cas où Emmanuel Macron se verrait contraint de démissionner avant la fin de son second quinquennat.

Le gouvernement en sursis fait encore de la résistance et on découvre qu’il a publié plus de 1000 décrets depuis le 8 juillet. Mais s’il tente de s’intéresser aux affaires de la France, il dévoile le véritable état du pays : école en manque d’enseignants, déficit plus important qu’annoncé avant la dissolution, hôpitaux à l’agonie. Bref, le tableau est alarmant.

Les institutions sont malmenées par ceux qui ont pour tâche de les préserver. C’est dans un marasme très inquiétant qu’il est envisagé de repousser la communication du projet de budget au Parlement après la date du 1er octobre, fixée par la Constitution.

Bruno Le Maire s’en lave les mains, lui, qui, après avoir multiplié les cadeaux fiscaux aux grands groupes et aux ultra-riches, prétend néanmoins que la situation exige encore plus d’austérité. Macron, d’habitude plus disert, reste muet et feint d’ignorer la faillite de sa politique. Son ministre de l’économie, lui, a déjà retrouvé un emploi auprès de ceux qu’il a abreuvé de milliards et continuera à militer pour sabrer les acquis sociaux et appauvrir les services publics.

Les citoyens ouvrent les yeux et commencent à comprendre combien ils ont été bernés par celui qui prétendait moderniser la France. Ils le répudient et exigent un changement très radical de politique.

Ils ne veulent plus de la chienlit.

Il y a 154 ans exactement, le 4 septembre 1870, la foule envahissait le Palais Bourbon et exigeait la proclamation de la IIIe République à l’Hôtel de ville de Paris après la capitulation de Napoléon le petit à Sedan. Faudra-t-il que les Français, réitèrent la situation pour imposer la nomination à Matignon de Lucie Castets. Macron le petit a été défait lui aussi, non pas à Sedan, mais dans les urnes le 7 juillet. Ce n’est guère plus glorieux, mais l’issue à la crise mérite un même remède.

Pourquoi pas ?

Jour de rentrée

Un jour de rentrée scolaire comme les autres ? Non. Les retrouvailles avec les petits copains et les petites copines, avec les instituteurs et les professeurs pour apprendre, avidement, goulûment, être plus intelligent et, pour beaucoup, s’élever socialement, sont devenus un rêve.

Le ministère de l’éducation dite nationale estime qu’il manque 1350 enseignants dans le premier degré et 1575 dans le second. Le bilan est pire dans l’enseignement technique où le manque d’enseignants est vertigineux.

Les autres catégories de personnels sont également touchées par le naufrage de l’éduction nationale, symbolisé par le manque de considérations du président de la République et du gouvernement pour les services publics.

Les seules réponses à la crise profonde consistent en une série de gadgets (interdiction du téléphone portable ou expérimentation de l’uniforme). La belle affaire ! Ces ‘’grandes avancées’’ n’amèneront jamais l’enseignant manquant devant des classes surchargées. L’éducation nationale n’est plus une grande cause nationale quand tout est fait pour favoriser l’enseignement ségrégationniste des établissements privés, comme le scandaleux collège Stanislas.

Les ultra-riches ont leurs écoles, leur permettant de former (bien) leur descendance hors de la ‘’promiscuité’’ de l’école publique pour tous, de plus en plus enfermée dans des ghettos délabrés, en recherche de personnels, enseignants et autres, de moyens aussi.

Emmanuel Macron a alimenté les critiques justifiées et, aujourd’hui, il est urgent de changer la politique pour changer l’école (et tout le reste). Quel que soit le premier ministre adoubé, il restera un premier ministre aux ordres pour dispenser la même ligne politique ultralibérale. Et cela, le peuple n’en veut plus.

Henri Leclerc

Brillant avocat pénaliste, infatigable défenseur des libertés publiques, Henri Leclerc n’est plus. Les hommages sont particulièrement justifiés, tant l’homme était d’une grande qualité et d’une droiture sans faille.

A lui aussi, les journalistes lui doivent beaucoup.

L’ex-président de la Ligue des droits de l’homme (LDH) avait introduit les deuxièmes assises de la création salariée, en décembre 2003, organisées par la SCAM, sur le thème : « Le droit d’auteur, un droit de l’homme ».

Son intervention, fulgurante, s’appuyant sur l’article 27 de la Déclaration universelle des droits de l’homme (« Toute personne a le droit de prendre part à la vie culturelle, et chacun a droit à la protection des intérêts moraux et matériels découlant de toute production dont il est l’auteur. ») devrait être affichée dans toutes les rédactions et enseignée dans toutes les écoles de journalisme.

Henri Leclerc avait signé encore récemment un ‘’Appel aux Etats généraux de l’information : les attaques contre les journalistes doivent cesser’’.

Henri Leclerc mérite une reconnaissance infinie de la part de tous les journalistes.