Quand je suis dèsespéré par la situation dramatique au Moyen Orient où les morts se comptent en dizaine de milliers ; quand j’enrage après avoir lu que Biden débloque 8,7 milliards à Netanyahu pour perpétrer son génocide des Palestiniens ; quand je crie au scandale en écoutant Emmanuel Macron justifier son choix de confier le gouvernement à un réactionnaire comme Michel Barnier ; quand je suis fou de rage en apprenant qu’une université suisse accorde un salaire de plus de 8000 euros par mois à Bruno Le Maire pour enseigner l’économie, lui qui laisse la France devant une dette énorme ; bref quand je prends connaissance d’une actualité suffocante, je fais appel à l’un des mes auteurs préférés, le Portugais José Saramago.
Et je relis ses œuvres. Là je me replonge dans son Cahier. J’y lis à la date du 8 octobre 2008 :
« Aujourd’hui, méprisée et jetée à la corbeille des formules usées et dénaturées par l’usage, l’idée de démocratie a cédé la place à un marché obscènement triomphant, finalement aux prises avec une très grave crise dans son versant financier, tandis que l’idée de démocratie culturelle était supplantée par une aliénante massification industrielle des cultures. Nous ne progressons pas, nous reculons. Et il sera de plus en plus absurde de parler de démocratie si nous nous entêtons dans l’erreur de l’identifier uniquement à ses expressions quantitatives et mécaniques qu’on appelle partis, parlements et gouvernements, sans se soucier de leur contenu réel et de l’utilisation détournée et abusive que l’on fait le plus souventdu vote qui les a justifiés et mis à la place qu’ils occupent. »
Seize ans plus tard et au regard de la situation ici et ailleurs, je mesure combien José Saramago faisait preuve de lucidité.
Mais, est-il possible de reculer encore ? Ou est-on à ce point anésthésiés que toute tentative pour changer les mauvais gouvernements, corrompus, est impossible par les urnes ?
Comme Saramago, je me refuse à abdiquer devant les hommes politiques au pouvoir, égoïstes et arc-boutés sur leurs privilèges. Je veux croire encore à la démocratie par le peuple et pour le peuple. Même si l’échéance paraît chaque jour plus éloignée.