La Chouette qui hioque

Mois : mars 2023

La France s’appauvrit. Vraiment ?

Etienne Wasmer, ancien enseignant en microéconomie à Sciences Po et, aujourd’hui, professeur à la New York University d’Abu Dhabi, a signé une étrange tribune dans Les Echos dans laquelle il constate que, « lentement mais sûrement, la société française s’appauvrit ».

L’économiste relaie des chiffres alarmants du FMI : le PIB par habitant aux Etats-Unis est désormais 80 % au-dessus de celui de la France et nous sommes 20 % plus pauvres en revenu par tête que l’Allemagne.

Etrange tribune en effet, car Etienne Wasmer fait ce terrible constat dans le quotidien de l’homme le plus riche du monde, Bernard Arnault !

Etrange tribune en effet, il y a longtemps que les Français ont constaté que leur pouvoir d’achat était en chute libre ; plus encore depuis quelques mois avec une inflation galopante qui touche, en premier lieu, les produits alimentaires de première nécessité.

Pendant le même temps, les dividendes et rachats d’actions au titre de l’année 2022 et les rachats d’actions annoncés pour 2023 sont deux fois plus élevées qu’en 2022. Les sommes colossales redistribuées aux actionnaires ne ruissellent pas ; les riches sont de plus en plus riches.

Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, dans un moment d’égarement sans doute, affirme que les entreprises versant des dividendes doivent verser une meilleure rémunéraiton à leurs salariés, sauf que ces paroles ne sont suivies d’aucune mesure coercitive. Il a évoqué l’éventualité de créer un ‘’dividendes salarié’’. Il y a peu de chance de le voir adopté par Emmanuel Macron, tant celui-ci veille sur la bonne fortune des riches. Et, au fond, on s’en réjouira, car il s’agirait alors d’un revenu non soumis aux cotisations sociales. La répartition des richesses exigent d’autres mesures !

Alors que les économistes découvrent les inégalités et l’appauvrissement de la France, en pleine contestation sociale, ponctuée de grèves et de journées de manifestations monstres, on a appris que 160 enquêteurs du Parquet financier perquisitionnaient dans les locaux de cinq grandes banques françaises, BNP Paribas, Société Générale, Natixis, Exane et HSBC dans le cadre d’enquêtes sur des soupçons de fraude fiscale aggravée et de blanchiment aggravé de fraude fiscale aggravée.

Les banques auraient largement participé aux scandaleuses fraudes sur les dividendes appelées ‘’Cum-Cum’’ ; les dividendes sont versés à des banques étrangères domiciliées dans des pays ayant signé des conventions fiscales les exonérant de toutes les taxes. La convention France-Emirats arabes unis prévoit par exemple, que les dividendes français reçus par un émirati sont taxés à 0 %.

Les avocats des banques font remarquer que les pratiques sont légales et favorisées par des conventions signées par l’Etat. On comprend pourquoi le gouvernement et Macron sont étangement muets. Il s’agit bien d’un scandale d’Etat qui aurait coûté plusieurs milliards d’euros à la France.

Etrange mutisme de Bruno Le Maire qui n’a pas condamné cette pratique et encore moins décidé de réviser les conventions fiscales. Etrange mutisme d’Emmanuel Macron, bien plus rigide pour contraindre les Français à travailler plus longtemps.

Etienne Wasmer avait tout loisir dans sa tribune de dénoncer des pratiques qui, s’il y était mis fin, pourraient permettre de rendre les Français moins pauvres.

La France s’appauvrit, mais pas les riches !

Blanquer, le malfaisant

L’école est en crise permanente depuis trop longtemps. Mais, récemment, le ministre Jean-Michel Blanquer a rajouté de la crise à la crise. A tous les niveaux.

Les lycéens ont eu à essayer de franchir les obstacles d’un système, Parcoursup, qui introduit une ségrégation entre ceux qui sont scolarisés dans des établissements huppés et les autres, c’est-à-dire entre ceux qui ont eu la chance d’avoir des parents riches et avertis et ceux qui sont issus des quartiers populaires.

Les mêmes lycéens ont eu à subir la réforme de la scolarité avec les options. Aujourd’hui, ils ont découvert en passant les épreuves anticipées (récemment) que les épreuves d’une même option étaient différentes en fonction de leur date, celle-ci étant différente selon le rang choisi pour chacune d’elle.

Il est avéré que les épreuves d’un jour étaient plus difficiles que celles d’un autre jour. Pauvres lycéens criant à l’absurdité et au scandale.

La prochaine rentrée fera date dans l’histoire de l’éducation nationale avec un nombre record de fermetures de classes en primaire et de lycées professionnels. En même temps, le gouvernement annonce la création de nouvelles prisons. Victor Hugo revient, ils sont fous !

Enseignants et parents d’élèves dénoncent les choix effectués par les rectorats. Ces fermetures vont curieusement toucher en priorité les écoles situées dans les milieux défavorisés ! Les établissements privés (et payants) jubilent.

La part consacrée à l’éducation dans les dépenses publiques n’est que de 8,5 % en France contre 10,6 % dans les pays membres de l’OCDE et les salaires d’enseignants sont inférieurs de 19 % à la moyenne calculée par le même organisme. Macron reste étrangement muet sur le sujet. Il s’agit de son choix de société, celle de l’ultralibéralisme, où les riches ont accès aux meilleures écoles privées et les pauvres à un enseignement public à l’abandon.

L’école publique, gratuite et obligatoire, l’école républicaine héritage de la Révolution (L’Etat instructeur), commune à tous les enfants et les mettant à égalité de chance pour réussir dans la vie, est aujourd’hui dramatiquement remise en cause au profit d’une école privée sous contrat, c’est-à-dire subventionnée par l’Etat sans contrepartie en matière de mixité.

Les choix de Blanquer s’éclarent : il s’agissait pour lui de répondre aux souhaits d’Emmanuel Macron de renforcer une France à deux vitesses, celle des ‘’premiers de cordée’’et celle de ceux qui n’ont rien.

Aussi malfaisant que la réforme des retraites et grave pour l’avenir des enfants.

La démocratie en danger

La Ve République est née en 1958 d’un coup d’Etat pour installer un général, De Gaulle, au pouvoir. Si celui-ci n’était pas un dictateur comme le monde en a hélas trop connu, François Mitterrand avait pu remarquer dans son essai, Le coup d’Etat permanent (en 1964) que le gaullisme était devenu « De Gaulle plus la police ». Il dénonçait aussi bien la création du Service d’action civique (SAC) que les bavures policières, les tribunaux d’exception, le mépris pour le Parlement, etc.

Si François Mitterrand (François Hollande aussi) se garda bien de réformer la Ve République et sa Constitution, Emmanuel Macron use et abuse de toutes leurs dispositions les plus antidémocratiques pour ‘’réformer’’ le pays.

Dans une tribune dans le quotidien Les Echos (propriété de Bernard Arnault), Jean Peyrelevade, qui avait soutenu la création d’En Marche avant de s’en éloigner, fait le constat que « la démocratie française est en voie de rapide affaiblissement ».

Puis il note que « La plupart des acteurs importants de notre vie politique portent une lourde responsabilité dans cette évolution, ou plutôt dans cette sorte d’immobilisme idéologique depuis plus de deux siècles. Et d’abord le concepteur de la Constitution de la Ve République, le général de Gaulle. Il ne voulait pas d’une démocratie parlementaire, qu’il pensait vouée à l’impuissance. D’où l’affirmation de la primauté de l’exécutif, assumée sans fard. Le président de la République (et non pas le Parlement) nomme le Premier ministre. Il peut prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale. Et « l’ordre du jour des assemblées comporte, par priorité et dans l’ordre que le gouvernement a fixé, la discussion des projets de loi déposés par le gouvernement et des propositions de loi acceptées par lui ». En bref, le Parlement doit voter les lois qui lui sont présentées par l’exécutif. Là s’arrêtent ses pouvoirs. »

Le macronisme est devenu ‘’Macron plus la police’’ avec le retour des policiers motorisés (les ‘’voltigeurs de Pasqua sont devenus la Brav-M) ou des gendarmes sur des quads comme à Sainte-Soline, l’usage abusif du 49.3, le mépris pour les organisations syndicales, la répression et l’usage de la violence plicière, etc.

Le coup d’Etat permanent de Mitterrand a pris un coup de jeune et les dénonciations de la situation actuelles sont identiques à celles qui égratignaient De Gaulle. A une différence près (mais elle est de taille), Macron n’est pas De Gaulle. Il n’en est qu’une pâle copie.

Le pouvoir solitaire et vertical d’un seul homme interpelle les démocrates, jusque dans les rangs du parti godillot Renaissance.

La démocratie est en danger.

Volonté générale

Emmanuel Macron, candidat à l’élection présidentielle de 2017, a écrit un essai sous le titre ambitieux, Révolution. Il prétendait alors vouloir entamer « une grande transformation comme (la France) n’en a pas connu depuis l’invention de l’imprimerie et la Renaissance ». Le jeune homme affichait l’ambition d’un immodeste !

Face à l’ultra libéralisme (qu’il fustigeait), il précisait que son programme serait une « révolution démocratique ». Des mots, rien que des mots. Mais pas un mot pour les délaissés du libéralisme, c’est-à-dire les classes populaires, qui souffrent au quotidien.

Aujourd’hui, notamment dans son discours sur TF1 et France 2, les mots ont changé, Macron parle avec dédain de la foule, et qualifie ceux qui osent s’opposer à sa réforme des retraites de factieux. Le masque, s’il y en avait un, est vraiment tombé.

Le ‘’révolutionnaire’’ de 2017 n’était qu’un contre-révolutionnaire masqué, chargé par le patronat de détruire le contrat social hérité d’une période authentiquement révolutionnaire, la Libération, mettant en œuvre des mesures sociales inédites et puisées dans le programme du Conseil national de la Résistance (CNR).

Le pseudo-révolutionnaire de 2017 vient de s’illustrer en proférant des insultes envers le peuple et en méprisant à la fois le Parlement et les organisations syndicales.

Le président de plus en plus isolé tente de réécrire l’histoire et, en bon révisionniste, de biffer l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen débattue et adoptée par la Constituante les23, 24 et 26 août 1789 qui dit : « La loi est l’expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement ou par leurs représentants à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. Tous les citoyens, étant égaux à ses yeux, sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents. »

La volonté générale s’est largement exprimée dans les manifestations. Rien ne peut s’opposer à elle. Pas même le président de la République.

L’ordre règne à TF1

Quand Emmanuel Macron prend la parole, c’est pour faire du Macron. Toujours arrogant et méprisant. Toujours satisfait de lui et autoritaire. Toujours en décalage avec le mouvement social. N’hésitant jamais à manier le mensonge et l’invective.

Son intervention sur TF1 et France 2 n’a pas été différente des précédentes.

On n’en attendait rien ; au final, il n’a rien dit qu’on ne sache déjà, sinon qu’il a déjà tourné la page, lui, de sa défaite à propos de la réforme des retraites.

Il a fixé l’agenda social au mépris de la réalité de sa politique ; un seul exemple, celui de la santé quand il feint d’ignorer que la fermeture des lits d’hôpitaux et de maternités se poursuivent.

A qui la faute si ce genre d’intervention présidentiel est tout sauf une interview de journalistes soucieux d’informer complètement les citoyens, posant les questions qu’ils attendent pour être éclairés ? A Macron, bien sûr, en premier lieu qui a convoqué les deux chaînes à l’Elysée, choisissant les journalistes. Mais aux journalistes aussi et surtout qui sont toujours d’une rare complaisance.

Julian Bugier a été égal à lui-même, c’est-à-dire lisse et sans aspérités, ne relevant aucun des mensonges ou des contradictions du président de la République. En revanche, Marie-Sophie Lacarrau a été d’une bêtise incommensurable. Elle a peu parlé et on s’en félicite, mais elle a réussi néanmoins à poser une question scandaleuse : « À quand un retour de l’ordre ? Les Français commencent à se lasser. » La représentante de la chaîne Bouygues n’a sans doute pas mesuré toute la portée de sa question.

De quel droit s’est-elle érigée en gardienne de l’ordre ? Elle est si transparente et ignorante que la question lui a sans doute été soufflée. Par qui ? Son directeur de rédaction ? La direction de la chaîne ?

Peu importe au fond ; en revanche, la question en dit long sur la façon d’aborder un conflit social et politique majeur sur la chaîne Bouygues !

Gabriel Garcia Marquez, prix Nobel de littérature, a été un grand journaliste ; au cours d’une interview sur son attitude envers les journalistes, il avait une réponse à méditer : « Les journalistes d’aujourd’hui ne savent pas écrire par eux-mêmes, tout ce qu’ils font c’est citer les autres. » Et tendre le micro ! Des journalistes qui pensent par la tête des autres.

Gabo était un grand journaliste, digne de ce nom…

Recours à la répression

Emmanuel Macron n’accepte pas la défaite politique ; avant même le vote de la motion de censure, il avait ordonné à son triste ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, de donner un tour répressif aux manifestations d’un mouvement social qui s’est opposé à son funeste projet de loi dans le calme et avec dignité. Les préfets ont aussitôt reçu des ordres du ministre, qui a repris les sales habitudes du préfet de Paris Lallemant.

La répression des manifestations a atteint un tel degré de férocité que le Syndicat de la magistrature a dénoncé la volonté de « bâillonner l’expression de la contestation en réprimant avec brutalité le mouvement social, né de l’impossibilité de faire entendre autrement une opposition pourtant massive. »

Le communiqué des magistrats a constaté que « ces mouvements trouvent pour réponses une restriction des libertés d’aller et venir, de réunion et d’expression, ainsi que la violence d’un maintien de l’ordre accompagné d’une répression policière destinée à dissuader par la peur les manifestant·es d’exprimer l’absence d’adhésion populaire à cette réforme. »

Les magistrats dénoncent « l’utilisation dévoyée de la garde à vue (…) qui illustre les dérives du maintien de l’ordre, qui détourne l’appareil judiciaire pour le mettre entièrement à son service. » En effet, sur 292 interpellations à Paris le 18 mars, 283 ont ainsi donné lieu à un classement sans suite.

Le Syndicat de la magistrature condamne fermement répression du mouvement social et violences policières illégales et ajoute : « Dans ce contexte inquiétant qui s’étend au-delà de la capitale et révèle une crise sociale d’ampleur, nous appelons le pouvoir exécutif, dans le strict respect de la séparation des pouvoirs, à laisser l’autorité judiciaire exercer son office de protection de la liberté individuelle, sans ingérence ni instrumentalisation. »

Cette brutalité de la répression est un acte de faiblesse du même niveau que le recours à l’article 49.3 de la Constitution. Elle est l’expression du caractère de plus en plus autoritaire d’un pouvoir qui a perdu la bataille des idées dans le pays et dévoile sa véritable nature au service d’un système à l’agonie.

Rogations

Les Gaulois organisaient des fêtes pour appeler la pluie ; les druides aussi s’adonnaient à une danse rituelle. L’Eglise catholique, elle, institua un jeûne et des processions au cours desquelles des litanies imploraient le ciel pour que les travaux des champs puissent bénéficier de pluie puis de temps clément pour les récoltes.

Aide-toi, le ciel t’aidera ! La foi était censée aider les paysans.

D’autres processions étaient organisées pour chasser la peste. La foi était solidement ancrée dans les esprits, si bien que les processions des Rogations n’ont pris fin que vers la fin du XIXe siècle.

Elles viennent de ressusciter à Perpignan à l’initiative d’un agriculteur catholique avec la bénédiction de l’évêché et du vicaire de la cathédrale Saint-Jean. Ils ont pu compter sur le soutien actif de l’adjoint chargé des relations avec l’évêché au sein du conseil municipal dirigé par Louis Aliot, ancien compagnon de Marine Le Pen et membre de la direction du Rassemblement national.

La procession, forte de quelques centaines d’agités du bocal, a trimbalé les reliques de saint Gaudéric jusque dans l’eau du fleuve Têt ; là, le curé a béni le territoire aux quatre coins cardinaux, concluant en affirmant : « On obtient de Dieu en proportion de ce qu’on espère. »

La vice-présidente de la région, a déploré à la fois cet appel au divin et la situation à Perpignan où « après le retour du blason de saint Jean sur les logos de la mairie, la multiplications des messes traditionalistes, Aliot se frotte les mains de ce genre de manifestations. »

Macron qui condamnait ceux qui voulaient vivre comme les Amish, peut se rassurer, le RN de Le Pen et les intégristes sont allés encore plus loin, en revenant aux Gaulois, aux druides et au Moyen-Âge.

Le retour à l’obscurantisme est inquiétant. Perpignan n’est ni un cas isolé, ni le dernier village gaulois !

Le coup de Biden

Joe Biden est un vieux renard de la politique ; c’est son côté clair. Mais, pour poursuivre dans la comparaison animalière, Joe Biden est surtout un méchant faucon ; c’est son côté sombre.

Joe Biden est fatigué ; on peut le constater sur chacune de ses images. Mais son entourage pense à sa place ; il faut se méfier de ses conseillers. Ceux-ci entretiennent le caractère belliciste de l’auto-déclaré ‘’gendarme du monde’’ et ils ont trouvé en Poutine un ‘’allié’’ de circonstance avec la guerre en Ukraine qui permet aux compagnies américaines d’écouler leur production d’armes, de gaz de schiste, etc.

Les Etats-Unis ont été accusé, à juste titre, de ne pas se soucier de l’avenir de la planète et de sacrifier l’environnement. Ils ont alors imaginé une loi qui doit reverdir leur politique industrielle ; baptisée Inflation Reduction Act, (IRA) elle consiste à offrir des aides massives aux entreprises qui s’engagent à produire sur le sol américain.

La futée Ursula von der Leyen, à qui Biden ne demandait rien, rédigea aussitôt un tweet tonitruant : « Je salue la signature de l’IRA ».

Ce tweet était plutôt malvenu, car il s’avère que l’IRA est une diabolique machine de guerre pour sauver l’industrie américaine en attirant les investisseurs étrangers avec des aides généreuses, un prix de l’énergie bien moindre qu’en Europe et autres avantages permettant de dégager des profits substantiels et des dividendes gargantuesques. La relance américaine n’a pas de prix, quand il faut sauver le libéralisme.

Le commissaire français de l’Union européenne, Thierry Breton, a en quelque sorte fait son mea culpa en déclarant : « Ce coup de Joe Biden, nous ne l’avons pas vu venir. »

Les atlantistes ont bonne mine en constatant amèrement que l’entourage de Biden démarche les entreprises européennes. Leur allégeance à Washington est telle qu’ils ont oublié qu’il faut se méfier de ses amis (et surtout de l’administration américaine) et qu’en politique, c’est chacun pour soi.

Joe Biden trottine, multiplie les gaffes, mais autour de lui l’Amérique veille à ses intérêts à court terme ! Sans en parler à son ami Emmanuel Macron ? Celui qui va relocaliser son pays n’est pas celui qui le claironnait, mais à ce diable de vieux président américain qui joue en solitaire !

Ce n’est pas un idiot !

Que peut-il y avoir dans la tête du président de la République ? 

‘’Sa’’ réforme des retraites est rejettée par la majorité des citoyens et, droit dans ses bottes, il persiste à l’imposer dans des conditions qui relèvent du déni démocratique.

Désavoué par l’Assemblée nationale, le texte de la loi non votée risque d’être frappé d’inconstitutionnalité. Il est également refusé dès la publication du projet par les citoyens et les organisations syndicales en raison de son manque de clarté, des mensonges réitérés du ministre du travail et des débats tronqués, mais aussi des inégalités qu’il porte en lui, notamment vis-à-vis des femmes.

Le recours à l’article 49.3 de la Constitution pour contourner le vote de rejet par les députés démontre que le gouvernement n’a plus aucune légitimité pour continuer à gouverner.

La situation est explosive. Elisabeth Borne a recommandé aux ministres de suspendre leurs déplacements dans les régions : « Celui qui se déplace aujourd’hui prend des tomates dans la figure » avancent les conseillers.

Le gouvernement ne contrôle plus rien. Il a dilapidé ses derniers crédits et il a peur du peuple !

Que peut-il y avoir dans la tête d’Emmanuel Macron ?

C’est vers Victor Hugo qu’il faut aller chercher la réponse à la question. Plus précisément dans son célèbre pamphlet ‘’Napolén le Petit’’, publié à Bruxelles (le père Hugo était en exil), dans lequel il écrit :

« Ce n’est pas un idiot. C’est un homme d’un autre temps que le nôtre. Il semble absurde et fou parce qu’il est dépareillé. Transportez-le au seizième siècle en Espagne, et Philippe II le reconnaîtra ; en Angleterre, et Henri VIII lui sourira ; en Italie, et César Borgia lui sautera au cou (…) Il y a en lui du moyen âge et du bas-empire. »

Macron, le naufrage !

En 1995, déjà, de nombreux intellectuels et chercheurs étaient intervenus dans le débat public en se portant aux côtés du mouvement social. Aussitôt, leur légitimité à s’engager avait été dénoncée par les penseurs llibéraux et les principaux médias, les accusant de conservatisme et de populisme, d’archaïsme, voire de gauchisme.

Aujourd’hui, on trouve une nouvelle génération d’intellectuels pour analyser le projet de loi portant réforme des retraites et dénoncer ses mensonges.

Le mouvement de refus de la réforme phare de Macron est tel dans le pays que les libéraux doivent admettre la légitimité des intellectuels progressistes et leur apport à l’argumentaire du mouvement social. L’économiste Michaël Zemmour fait néanmoins remarquer dans l’Humanité que « le fait marquant de la période me paraît être la force et la détermination de l’intersyndicale, ainsi que l’écho qu’elle rencontre parmi la population. Au passage, si les économistes critiques finissent par être entendus, c’est bien parce que le mouvement social modifie l’espace et le temps du débat public : depuis janvier et les premières mobilisations, on ne parle que de la réforme. »

Les intellectuels critiques ont analysé en profondeur le projet d’Emmanuel Macron en le replaçant dans son contexte socio-économique. Alain Supiot, juriste et spécialiste du travail, a dénoncé le ‘’prêt-à-penser’’ des libéraux qui, écrit-il, « peut être aussi néfaste à l’intelligence que le fast-food à la santé ». Dans une longue tribune publiée dans Le Monde la formule de George Stigler de ‘’capture de la réglementation’’ « par de puissants groupes d’intérêts privés. Capture normative dont l’Union européenne est devenue, on le sait, l’un des plus hauts lieux, car son ‘’déficit démocratique’’ y laisse libre cours aux lobbys économiques. »

Pour Alain Supiot, « la démocratie est menacée lorsque la connaissance de la société est confisquée par les experts », et, dans la foulée, il dénonce « les insuffisances de la représentation parlementaire » et « la réduction des syndicats à l’impuissance » : « Dans l’imaginaire politique contemporain, l’usine est devenue une start-up, où les syndicats paraissent aussi incongrus que des courroies de transmission. S’est ainsi perdue la conscience qu’un gouvernement efficace doit se tenir informé des aspirations des ‘’larges masses’’. Ces masses sont jugées ignorantes et leurs syndicats inutiles par des dirigeants sûrs d’incarner la raison économique. » C’est à ce titre que le président de la République a refusé de recevoir les secrétaires généraux des organisations syndicales.

Emmanuel Macron a largement épousé les théories des penseurs les plus libéraux et s’est même érigé en gardien du dogme d’un pouvoir outrageusement vertical et donc autoritaire. Non sans risque. Quand Alain Supiot constate que « celui qui prétendrait gouverner ‘’en même temps’’ à bâbord et à tribord en ignorant les alertes de la vigie pourrait échapper un jour au naufrage… », Samuel Hayat, chercheur en sciences politiques, dénonce dans Télérama, un grave problème démocratique : « car en niant l’existence de cette contestation, le gouvernement nie l’existence même du peuple. »

Aujourd’hui, comme en 1995, le président de la République et son gouvernement sont totalement discrédités auprès des citoyens. Ils ont perdu la bataille de l’opinion et la bataille parlementaire en ayant recours à l’article 49.3 de la Constitution. C’est le peuple qui a désormais la capacité de refuser la réforme des retraites et les moyens de demander des comptes à un Emmanuel Macron au bord du naufrage, comme l’écrit Alain Supiot.

On assistera sans doute dans les prochains jours à des recompositions, y compris au sein de la droite. Les syndicats, relégitimés, doivent se saisir de la situation pour mettre en échec la destruction systématique des acquis sociaux et même, avec les intellectuels, à initier un nouvel espace social, en France et en Europe, dans l’unité.

ALERTE UE-MERCOSUR

L’accord de libéralisation du commerce entre l’UE et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) n’est pas mort. La Commission européenne veut le ressusciter à tout prix. Depuis 2019, ce projet d’accord avait de fait été gelé, notamment en raison de la mobilisation de la société civile. Mais le processus de finalisation et de ratification de l’accord a repris lors de ce premier semestre 2023, dans l’opacité la plus totale. Le collectif Stop CETA-Mercosur appelle les organisations de la société civile, les citoyennes et citoyens, les collectivités territoriales et les élus à se mobiliser pour l’empêcher. Si Emmanuel Macron vient de réaffirmer l’opposition de la France, il n’est pas certain qu’il mène vraiment bataille à Bruxelles, pas plus qu’il ne tienne fermement cette position longtemps.

Pour s’informer et rejoindre le collectif, il suffit d’aller sur le site : collectifstoptafta.org

Audace de la création

La culture n’est pas un supplément d’âme ; dans un monde en crise, elle est d’autant plus nécessaire à l’homme pensant dans une société qui se défait. Et il y a encore des structures et des responsables culturels qui osent encore donner carte blanche aux créateurs. Même (et surtout) si l’œuvre est ardue.

A Guyancourt, Florian Goetz et Jérémie Sonntag, artistes en résidence, ont osé s’attaquer à l’unique roman de Rainer Maria Rilke, Les Cahiers de Malte Laurids Brigge (Die Aufzeichnungen des Malte Laurids Brigge). L’œuvre autobiographique de l’immense poète de langue allemande, écrite à Paris en 1910, est difficile à appréhender : les thèmes se mêlent et se chevauchent. La mélancolie, la sensibilité à l’environnement de la ville, les sensations sont mises en lumière par les projections vidéo de Jérémie Sonntag et Florian Goetz, seul en scène, déambule en livrant son appréhension du monde mystérieux qui l’entoure, mais où règnent aliénation, misère, souvenirs d’enfance ou encore inconnu.

La performance doit être saluée, tant la difficulté de projeter l’imagination de Rilke en une heure de spectacle était un exercice délicat. Florian Goetz a su s’imprégner des thèmes de Rilke, sans le trahir, mais en rendant l’œuvre très contemporaine.

Le Ferme de Bel Ebat fait un immense travail de démocratisation culturelle et donne une large place à la création, dans un climat politique difficile. La culture, la vraie, c’est-à-dire celle qui élève l’homme, est exigeante ; quand des communes comme Guyancourt osent, le pari n’est pas gagné d’avance, face aux marchands de spectacles où le spectateur n’est qu’un consommateur.

En osant Rilke avec Florian Goetz, la Ferme de Bel Ebat a été audacieuse une nouvelle fois. Elle ne doit rien lâcher.

Thomas Piketty acccuse

Le directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales et membre de l’Eocle d’économie de Paris, Thomas Piketty, s’égosille dans sa tribune parue aujourd’hui dans Le Monde. Il condamne la politique d’Emmanuel Macron sans détour.

Il débute par : « Disons-le d’emblée : Macron se trompe d’époque et nous fait perdre du temps. Il applique des recettes complètement inadaptées au monde des années 2020, comme s’il était resté bloqué intellectuellement à l’époque de l’euphorie libérale des années 1990 et du début des années 2000, le monde d’avant la crise de 2008, le Covid-19 et l’Ukraine. Le contexte actuel est pourtant celui de la montée des inégalités, de l’hyper-prospérité patrimoniale et de la crise climatique et énergétique. L’urgence est l’investissement dans la formation et la santé et la mise en place d’un système économique plus juste, en France et en Europe, et plus encore à l’échelle internationale. Qu’importe : le gouvernement continue de mener une politique antisociale d’un autre âge. »

A propos de la réforme des retraites, il enfonce le clou : « Aujourd’hui, Macron ne cherche même plus à faire semblant et à jouer au modernisateur de l’Etat social : la réforme des retraites de 2023 vise simplement à lever de l’argent, sans aucun objectif d’universalité ou de simplification. Il s’agit même de la plus opaque des réformes paramétriques que l’on aurait pu imaginer. »

Après avoir constaté que « de façon générale, la construction de l’Etat social a été un immense succès historique au cours du XXe siècle, et il faut s’appuyer sur cet acquis pour aller plus loin » et que « le budget par étudiant a diminué de 15 % en France au cours des dix dernières années », il donne le coup de grâce à la politique anti-sociale de Macron : « En affaiblissant l’Etat social au lieu de l’étendre, le gouvernement affaiblit le pays et sa place dans le monde. »

Emmanuel Macron n’écoute personne, persuadé d’avoir raison en tout ; il est enfermé dans une tour d’ivoire et il s’y complaît. Les citoyens, eux, sont confrontés aux difficultés à vivre, à manger, à étudier, à travailler. Macron regarde ailleurs, insensible à la détresse du monde contemplant le refus de l’autre, les hyperprofits des plus riches et un déréglement climatique catastrophique.

L’accusation de Thomas Piketty est salutaire. Les citoyens la partagent. Il reste à aller plus loin que l’accusation et l’indignation, c’est-à-dire à la révolte.

11 mars

Descente aux enfers

Les services de l’Elysée avaient invité les journalistes à se montrer « extrêmement attentifs » à l’annonce faite lors de la cérémonie d’hommage national à Gisèle Halimi. 

Ils l’ont été et ils n’ont rien relevé de tonitruant. Au contraire.

Certes Macron a annoncé un projet de loi inscrivant l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution. Mais le président d’une République verticale a pris soin de préciser qu’il ne s’agirait que d’affirmer la liberté de recourir à l’IVG, non de l’inscrire comme un droit constitutionnel. De plus, le projet de loi s’inscrirait dans une révision de plus grande ampleur de la Constitution (comportant de nouvelles mesures liberticides ?).

Décidément, Emmanuel Macron joue en permanence de l’ambiguïté et tente, en réalité, d’occuper le terrain médiatique.

Il en a bien besoin. Les déclarations ‘’off’’ de l’entourage présidentiel sont inquiétantes : Olivier Dussopt irrite le président et la première ministre et Elisabeth Borne irrite toute la majorité. Même les médias les plus macroniens rapportent le désarroi d’un exécutif englué dans une réforme des retraites impopulaire et significative d’un pouvoir qui ne regarde que les profits des grandes entreprises, plutôt que l’augmentation du nombre de salariés pauvres et de la précarité.

Chaque jour, les annonces de fermetures d’entreprises avec leur lot de chômeurs se succèdent à un rythme effrayant.

La crise ne touche pas que les services publics (santé, école, transports, énergie, recherche, etc.) ; elle touche de plus en plus de secteurs industriels, manufacturiers, agricoles et commerciaux.

La France s’enlise et la cinquième puissance industrielle perd de sa superbe, devenant un acteur de second plan. Au terme de son second quinquennat, le président aura terminé la longue descente aux enfers entamée par ses prédécesseurs pour le plus grand bonheur des milieux financiers mondialisés.

Les préoccupations des citoyens sont telles que l’annonce de Macron à propos de l’IVG ne sera pas suffisante pour leur faire retrouver le sourire. La France souffre, seuls les riches se réjouissent de la situation.

La femme est l’avenir de l’homme

Serge Halimi a adressé un véritable camouflet à Emmanuel Macron en ce jour de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Il a refusé de cautionner la cérémonie d’hommage à sa mère, Gisèle Halimi, la célèbre avocate.

Serge Halimi, en digne héritier d’une combattante, s’est exprimé vertement : « Je n’y participerai pas. La décision de l’Elysée intervient après plus de deux ans de tergiversations et alors que le pays est mobilisé contre une réforme des retraites extrêmement injuste dont les femmes qui occupent les métiers les plus difficiles seront les premières victimes (…) Ma mère aurait défendu leur cause et manifesté à leurs côtés. Le 8 mars, ce sera la meilleure façon d’honorer sa mémoire et ses combats. »

L’association Choisir la cause des femmes, fondée en 1971 par Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir, a joint sa voix à celle de Serge, rappelant les « luttes féministe, sociale, anticapitaliste, anticolonialiste, antiraciste, anti-impérialiste, cause palestinienne (…) violences policières » de l’avocate.

Les conseillers de l’Elysée se sont pris les pieds dans le tapis en tentant de faire croire à une cérémonie d’hommage à une ‘’grande figure’’, gommant ainsi les engagements militants de Gisèle Halimi et tentant de faire oublier combien le projet de loi sur les retraites va pénaliser honteusement les femmes.

Les combats de Gisèle Halimi ont été interprétés par Jean Ferrat dans sa chanson inspirée par les vers d’Aragon (Le Fou d’Elsa) en 1975 (presque un demi-siècle) : « Pour accoucher sans la souffrance / Pour le contrôle des naissances / Il a fallu des millénaires / Si nous sortons du moyen âge / Vos siècles d’infini servage / Pèsent encore lourd sur la terre. » Ferrat avait l’optimisme chevillé au corps en ajoutant : « Il faudra réapprendre à vivre / Ensemble écrire un nouveau livre / Redécouvrir tous les possibles / Chaque chose enfin partagée / Tout dans le couple va changer / D’une manière irréversible. »

Ces engagements chaleureux de Ferrat pour un avenir radieux pour la femme, c’était avant Emmanuel Macron. Un président qui entend pénaliser les femmes, les ‘’premières de corvées’’ pour le plus grand bonheur des actionnaires des oligopoles et des suppôts du patriarcat.

Aujourd’hui, en ce 8 mars, l’attitude de Serge Halimi rejoint l’engagement de Jean Ferrat dans un même refus des hommages officiels qui ne sont organisés que pour détourner des vrais (et innombrables) combats à mener encore et toujours pour l’égalité femmes/hommes.

Sourd et aveugle aux revendications, Emmanuel Macron a perdu une nouvelle bataille. Mais il faut continuer à lui chanter et à lui crier de plus en plus fort, dans les manifestations joyeuses que la femme est l’avenir de l’homme.

Unité ! Unité !

L’événement est important ; aujourd’hui, la sixième journée d’actions contre le projet de réforme des retraites est toujours unitaire. Et le pouvoir tremble.

L’unité tient bon. L’unité est durable quand les organisations syndicales se sont mises d’accord au préalable sur un objectif, sur le but à atteindre, à savoir le retrait du projet de loi.

Mais, aujourd’hui, dans une France où les grandes entreprises affichent des résultats insultants, à l’image de ceux du transporteur maritime CMA CGM, du pétrolier TotalEnergie, de l’empereur du luxe LVMH, le programme de revendications ne peut pas se satisfaire de faire reculer le gouvernement sur la seule question des retraites.

La question salariale (quand des millions de citoyens ne mangent pas à leur faim), la question du statut du salarié (quand patrons et gouvernements ont multiplié les formes d’emplois précaires), la question de l’égalité femmes-hommes (quand les écarts de salaires ou de droits sont exorbitants), la question de l’avenir de la planète (quand le dérèglement climatique provoque des catastrophes) ne peuvent plus être traitées hors de l’unité.

L’exploitation des salariés connaît de beaux jours quand les syndicats partent en ordre dispersés ; les acquis sociaux ont toujours été le résultat d’un puissant mouvement syndical unitaire, dans lequel chacun a pris l’engagement de poursuivre la lutte. Clairement. La lutte est belle quand elle est unitaire.

J’ai conservé en mémoire une très belle phrase d’un cheminot de Narbonne qui, dans les années 1930, écrivit : « L’Unité ne peut être une manifestation sentimentale. »

Aujourd’hui, alors que le peuple de France est dans les rues, à l’appel de tous les syndicats, chacun doit prendre la parole et agir pour imposer l’unité d’un mouvement qui changera l’ordre ‘’établi’’. Les salariés ne peuvent plus attendre, ils veulent agir avec les syndicats pour se défaire du carcan ultra-libéral, en écartant les équivoques ou les positions aventuristes.

Plus que jamais, unité ! 

Le pouvoir du peuple

Paul Barcelonne, journaliste politique à Radio France, a publié un article sur le site de franceinfo, dont voici quelques extraits :

« Éclats de voix et portes qui claquent. En attendant le 7 mars et la mobilisation contre la réforme des retraitesl’ambiance est très tendue au gouvernement. Mardi, c’est la journée qui fait cauchemarder l’exécutif (…) Le niveau de tension au gouvernement est alimenté bien sûr par les entourages, spécialistes des petites phrases (…) Elisabeth Borne – dans des propos qui ont fuité dans les mêmes colonnes – qualifie Olivier Dussopt comme « celui qui est tout rouge et qui fait la gueule » (…) Le ministre du Travail cristallise la tension mais c’est aussi la communication hasardeuse du gouvernement qui a mis le feu aux poudres (…) Les rumeurs de possible remaniement à venir n’arrangent rien. C’est là encore un énième conseiller de l’exécutif qui parle : « Chacun a peur du remaniement, et de ce jeu de billard à quatre bandes. » En clair, les tensions sont exacerbées par l’hypothèse de changements dans l’équipe gouvernementale et la volonté de chacun de sauver sa tête. »

L’exécutif est aux abois ; le gouvernement est nerveux. On peut supposer que le président de la République est dans le même état d’esprit. La décontraction des antagonistes n’est que de façade ; en réalité on s’invective et on se dénigre. La solidarité gouvernementale a volé en éclat.

L’abandon du projet de loi sur la réforme des retraites est de plus en plus crédible ; il suffit pour cela d’une journée de grèves massives et de manifestations puissantes le 7 mars pour que tout soit possible.

Où il est prouvé que diriger un pays contre son peuple n’est plus accepté. Macron n’avait pas appris cela à l’ENA.