La Ve République est née en 1958 d’un coup d’Etat pour installer un général, De Gaulle, au pouvoir. Si celui-ci n’était pas un dictateur comme le monde en a hélas trop connu, François Mitterrand avait pu remarquer dans son essai, Le coup d’Etat permanent (en 1964) que le gaullisme était devenu « De Gaulle plus la police ». Il dénonçait aussi bien la création du Service d’action civique (SAC) que les bavures policières, les tribunaux d’exception, le mépris pour le Parlement, etc.

Si François Mitterrand (François Hollande aussi) se garda bien de réformer la Ve République et sa Constitution, Emmanuel Macron use et abuse de toutes leurs dispositions les plus antidémocratiques pour ‘’réformer’’ le pays.

Dans une tribune dans le quotidien Les Echos (propriété de Bernard Arnault), Jean Peyrelevade, qui avait soutenu la création d’En Marche avant de s’en éloigner, fait le constat que « la démocratie française est en voie de rapide affaiblissement ».

Puis il note que « La plupart des acteurs importants de notre vie politique portent une lourde responsabilité dans cette évolution, ou plutôt dans cette sorte d’immobilisme idéologique depuis plus de deux siècles. Et d’abord le concepteur de la Constitution de la Ve République, le général de Gaulle. Il ne voulait pas d’une démocratie parlementaire, qu’il pensait vouée à l’impuissance. D’où l’affirmation de la primauté de l’exécutif, assumée sans fard. Le président de la République (et non pas le Parlement) nomme le Premier ministre. Il peut prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale. Et « l’ordre du jour des assemblées comporte, par priorité et dans l’ordre que le gouvernement a fixé, la discussion des projets de loi déposés par le gouvernement et des propositions de loi acceptées par lui ». En bref, le Parlement doit voter les lois qui lui sont présentées par l’exécutif. Là s’arrêtent ses pouvoirs. »

Le macronisme est devenu ‘’Macron plus la police’’ avec le retour des policiers motorisés (les ‘’voltigeurs de Pasqua sont devenus la Brav-M) ou des gendarmes sur des quads comme à Sainte-Soline, l’usage abusif du 49.3, le mépris pour les organisations syndicales, la répression et l’usage de la violence plicière, etc.

Le coup d’Etat permanent de Mitterrand a pris un coup de jeune et les dénonciations de la situation actuelles sont identiques à celles qui égratignaient De Gaulle. A une différence près (mais elle est de taille), Macron n’est pas De Gaulle. Il n’en est qu’une pâle copie.

Le pouvoir solitaire et vertical d’un seul homme interpelle les démocrates, jusque dans les rangs du parti godillot Renaissance.

La démocratie est en danger.