La Chouette qui hioque

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Culture (avec un grand C)

Quand la présidente de la région des Pays de Loire, Christelle Morançais, décide, seule, de raboter le budget culture ; quand Rachida Dati assiste au dépeçage de l’enveloppe 2025 de son ministère sans protester, quand le département du Nord décide de ne plus subventionner le dispositif Collège au cinéma, il y a des communes et d’autres territoires qui continuent à ‘’faire culture’’.

Soyons honnête, ceux qui font de la culture une cause essentielle de la formation du citoyen se réclament essentiellement de la gauche. La droite, elle, considère la culture comme un supplément d’âme dont on peut aisément se passer. L’argument est d’une bêtise incommensurable ; c’est l’argument avancé pour offrir aux populations du divertissement, rien que du divertissement, dont on sort sans interrogation ; un choix idéologique.

J’ai pu voir, entrée gratuite comme d’habitude, une formidable exposition de quatre artistes menant des projets à partir de la photo, abordant intelligemment des sujets de société sous un titre commun, les Impliqués.

Ces quatre-là, deux femmes, Tina Merandon et Aurore Valade, et deux hommes, Aurélien David et Thibault Laget-Ro, sont effectivement impliqués et partagent un même regard sur notre monde. La plaquette de présentation note que « dans leurs œuvres, une relation privilégiée est envisagée entre art et démocratie, établissant dialogues, espaces de résistances, confrontations et réconciliations. »

On reste ébahi devant l’acte de création de chacun, original, fort, dans lequel la couleur est omniprésente.

Autant dire que leurs démarches ont tout pour inquiéter les réactionnaires bien-pensants. Mais c’est leurs démarches qui ont incité, au contraire, la commune de Guyancourt (Yvelines) à appeler sa population et notamment les enfants des établissements scolaires à venir s’y confronter et à dialoguer avec chacun des artistes.

La culture est aussi un combat ; il est réconfortant de voir que certains élus ne l’ont pas oublié.

Allons, tant qu’il y a de telles expositions et d’artistes pour interroger le monde, tout n’est pas perdu !

Pauvre spectacle

Donald Trump aime se mettre en scène. Aussitôt la passation de pouvoir terminée, il s’est rendu dans une salle de spectacle où l’attendaient 20 000 supporters exaltés pour signer ses premiers décrets. Le succès était assuré, d’autant plus que le premier accordait la grâce à 1500 auteurs des violences du 6 janvier 2021 au Capitole.

Trump a justifié leurs condamnations en prétendant qu’il s’agissait d’une grave injustice nationale. Au Far-West, tout est permis, même l’usage de la violence et du port d’arme. Ensuite, on compte les morts. Aux Etats-Unis, Trump exalte le culte de la force (celle des plus riches).

Le nouveau président a ainsi justifié une tentative de coup d’Etat. Sous les applaudissements du gratin fasciste international (et de Bernard Arnault et sa famille). 

Au total, Trump a annulé dès son entrée en fonction, entre une cérémonie, un dîner de gala et une apparition au milieu de ses fans, pas moins de 78 décrets de Joe Biden, touchant à tous les domaines et plus particulièrement la santé, le climat et l’immigration.

Trump, comme la droite française, est obsédé par l’idée du grand remplacement de la ‘’race blanche’’. On imagine Retailleau et Darmanin, Le Pen et Ciotti en transe comme les supporters du président américain et prenant des notes pour nous présenter des mesures identiques dans les prochaines semaines.

Dans son discours au Capitole, l’inculte Donald Trump a qualifié le droit du sol de ridicule ; Retailleau n’a pas dit autre chose à propos de Mayotte. Dans un cas, aux Etats-Unis, ce droit est inscrit dans le 14e amendement de la Constitution, ratifié en 1868 ; dans l’autre cas, en France, ce droit figure à l’article 21-7 du code civil depuis 1804. Les batailles juridiques et politiques risquent donc d’être âpres et difficiles. Les excités cyniques de la race blanche poursuivent néanmoins leurs croisades nauséabondes et mensongères en s’appuyant sur une opinion manipulée par des médias (notamment sociaux) déversant la haine et les fausses informations.

On assiste au même spectacle de chaque côté de l’océan Atlantique ; seule différence, le bateleur milliardaire américain est plus grossier que ses imitateurs français.

Changer de cap

La prétendue démocratie américaine a quelque chose de sidérant ; les élections se sont déroulées en novembre et la cérémonie d’investiture se déroule deux mois plus tard. Pourquoi si tard ? Trump, le fasciste impatient, n’a pas attendu pour prendre le pouvoir ; sa grande fête apparaît superfétatoire, sinon qu’elle permet la réunion de l’internationale fasciste (il y aura beaucoup de monde aux côtés du milliardaire).

Et la France dans tout ça ?

Elle a un premier ministre aussi menteur que les précédents. François Bayrou a lancé une concertation sur les retraites en manipulant les chiffres et en précisant que les discussions doivent être rapides et sans tabou.

Il a dit dans son discours de politique générale que « sur les plus de 1000 milliards de dette supplémentaire accumulés par notre pays ces dix dernières années, les retraites représentent 50 % de ce total. ». Les économistes sérieux se sont étouffés en l’entendant. L’ex-professeur de lettres sait compter, mais il sait encore mieux mentir.

Le Medef a applaudi l’autre mensonge du premier ministre. Si la concertation est sans totem, ni tabou, François Bayrou a tracé une ligne rouge : l’accord éventuel ne pourra pas coûter plus cher que le texte Barnier. Le patronat qui ne veut pas augmenter ses cotisations n’a donc aucun intérêt à conclure avec les syndicats.

La ficelle est grosse, trop grosse.

De quoi faire bondir la CGT qui a des idées pour augmenter les recettes du système de retraites par répartition comme mettre à contribution l’intéressement et la participation, augmenter de 0,5 point de la cotisation patronale, soumettre les revenus financiers à cotisations sociales, créer une contribution pour l’égalité femmes/hommes, etc. La centrale a calculé que ces mesures, si elles étaient adoptées dès maintenant, pourraient rapporter 40 milliards d’euros en 2025.

On est loin des mensonges de Bayrou. On est encore plus loin de la politique illibérale de Donald Trump. On est loin de la démocratie autoritaire et du fascisme.

Il serait temps de changer de cap pour qu’un grand vent démocratique souffle sur la planète.

Pauvre culture

Le choix de Rachida Dati pour occuper le fauteuil de ministre de la culture, rue de Valois, avait fait l’objet de nombreuses interrogations. Quoi ? Michel Barnier avait-il donc si peu de sollicitude pour la culture ? Quoi ? François Bayrou avait-il cédé à l’impétrante, si tendue vers la succession d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris ? Ou faut-il tirer la conclusion que la culture est sacrifiée ?

Rachida Dati compte si peu dans ce gouvernement où les priorités sont laissées à la droite extrême des Retailleau et Darmanin, qu’elle a vu son projet de budget à nouveau raboté par Bercy devant le Sénat. Contrairement à son engagement de préserver les crédits, la ministre a dû défendre un amendement du gouvernement actant une baisse de 130,5 millions de son enveloppe, dont 41,9 millions pour la création et 33 millions pour la ‘’transmission des savoirs et la démocratisation de la culture’’. La ministre devra faire passer les coupes sombres dans l’audiovisuel public, le patrimoine, le Pass Culture, etc.

L’Etat se désengage et compte sur le mécénat et le partenariat privé ; Rachida Dati ne dit rien, ne proteste pas ; elle applique. Pauvre ministère.

Faut-il rappeler à celle qui va incarner la mort de la culture, les discours d’André Malraux en octobre 1963 au Québec :

« La culture est l’héritage de la noblesse du monde. La seule force que nous ayons en face de l’élément de la nuit, c’est précisément tout ce qui, en nous, échappe à la mort. Et en définitive, la définition de l’œuvre d’art, c’est ce qui a échappé à la mort. Comprenez bien, jeunesse canadienne, que le destin de l’esprit dans le monde entier va se jouer maintenant, dans les vingt ou les trente prochaines années : ou bien, la civilisation acceptera de n’être pas autre chose que stimulus réflexe. Avec l’idée que ce qui fut loisir de la société bourgeoise, sera loisir de la société prolétarienne. Auquel cas, ce par quoi l’homme est homme, peut parfaitement disparaître ou s’amenuiser de telle façon que la civilisation change de nature. Ou bien, au contraire, ceux qui ont devant l’esprit la responsabilité qui est la vôtre, puisque vous êtes dans cette maison. Ceux-là auront compris qu’ils sont garants et témoins de la grandeur humaine et que c’est dans leurs pauvres mains que se trouve le destin du monde. »

Malraux était, lui, un authentique homme de culture et un ministre de De Gaulle, dont le parti politique de Rachida Dati se réclame encore.

L’héritage a été oublié. Pauvre culture !

Les copieurs

La copie présentée par Michel Barnier avait été sévèrement notée par les députés : 0/20. Son successeur a présenté une copie quasi identique au même jury. L’ex-professeur de lettres aurait dû savoir que les copieurs sont sévèrement sanctionnés ; son pensum a été gratifié d’un 0/20 pointé.

Drôle de jeu auquel s’adonnent les créatures choisies par Emmanuel Macron, qui ont tellement peu d’imagination qu’ils en sont réduits à se copier depuis des années en recopiant (mal) les mêmes livres des mêmes auteurs et à ressortir les mêmes enseignements des mêmes établissements.

Drôle de jeu, mais qu’on oubliera vite pour se plonger dans le Drôle de jeu de Roger Vailland autrement plus passionnant et plus brillant.

L’ex-professeur de lettres est aussi un piètre orateur (même quand il se perd dans ses feuillets) et le premier ministre un piètre politicien. On le savait ; on n’est pas déçu.

Il avait fait croire à l’un de ses examinateurs, le Parti socialiste, que la loi sur la réforme des retraites serait ou abrogée ou suspendue. Mais c’était sans compter sur les pressions de ses maîtres à penser, la droite et celle qui est encore plus extrême, puis celle du patronat

A croire que ces ‘’écoles’’ mettent des œillères à leurs étudiants !

La CGT a aussitôt tiré le signal d’alarme : François Bayrou est un authentique homme de droite, malgré son masque d’homme du centre, multipliant les promesses selon ses interlocuteurs. Mais, devant les députés, il a quitté le masque et prononcé une déclaration de politique générale qui ne tranche pas avec le discours et rappelé son allégeance au grand capital.

Avec François Bayrou, Emmanuel Macron est rassuré ; le maire de Pau appliquera une politique libérale dans tout ce qu’elle a d’antisociale. Les dogmes du parti de l’argent sont bien gardés par le groupuscule LR et les macronistes dont les ministres lorgnent ostensiblement vers le Rassemblement national, à l’image de Retailleau, Darmanin, Dati, Valls, Tabarot, etc.

Le Parti socialiste, lui, se déchire en trois tendances et tergiverse, retrouvant ses vieux démons. Au risque de perdre son électorat se réclamant de la vraie gauche. La peur de voir Macron démissionner et provoquer une élection présidentielle comme l’espère Jean-Luc Mélenchon n’a jamais fait une politique.

On assiste à la paupérisation de l’hôpital, de l’enseignement, des infrastructures, à l’explosion des licenciements, des faillites dans le petit commerce et dans l’artisanat, etc. A gauche, tout le monde s’accorde à dénoncer la situation et les reculs de la France, alors peut-on se permettre de tergiverser ?

Pour sauver la France et les Français, il faut se tourner vers d’autres écoles, c’est-à-dire se plonger dans les livres, aujourd’hui interdits, de ceux qui ont une autre lecture du monde.

Et les droits de l’Homme !

Le profond mépris d’Emmanuel Macron envers les privés d’emploi s’était exprimé en septembre 2018 quand il avait lancé à un jeune horticulteur au chômage : « Je traverse la rue, je vous en trouve (…) Si vous êtes prêt et motivé, dans l’hôtellerie, les cafés, la restauration, dans le bâtiment, il n’y a pas un endroit où je vais où ils ne me disent pas qu’ils cherchent des gens (…) Ils veulent simplement des gens qui sont prêts à travailler. Avec les contraintes du métier. »

Pour le président de la République (et toute la droite) les chômeurs sont des fainéants, des assistés qui se complaisent à vivre avec le RSA. C’est l’argument ressassé par toutes les droites jusqu’à la nausée !

Un pas a été franchi pour mettre un terme à ce qu’ils appellent l’assistanat en multipliant les réformes de l’indemnisation des chômeurs. Alors qu’ils sont désavoués dans les urnes, les réactionnaires de tout poil ont osé aller encore plus loin en faisant signer un contrat d’engagement prévoyant 25 à 20 heures d’activité non rémunérée à tout bénéficiaire du RSA. Ils ont osé parler ‘’d’accompagnement rénové des allocataires’’. 

Mais nous sommes en France et, si la démocratie est en lambeaux, il reste encore des institutions pour veiller. C’est le cas de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) qui vient d’infliger un camouflet au président de la République et aux réactionnaires. Dans une déclaration adoptée le 19 décembre dernier à l’unanimité moins une abstention, elle conclut en termes solidement étayés que « l’obligation d’heures d’activité en contrepartie du RSA porte atteinte aux droits humains ». Rien que ça !

La commission (qui n’est que consultative, évidemment) parle de carence méthodologique, de faire courir aux chômeurs plusieurs risques aux droits des personnes ; elle rappelle le droit à une insertion sociale et professionnelle librement choisie et à des moyens convenables d’existence, fondé sur la reconnaissance de la dignité.

Les mots ont été pesés pour dénoncer « fermement tout dispositif qui subordonne le versement d’un revenu minimum de subsistance à la réalisation d’une contrepartie » et « une relégation inacceptable des droits humains derrière les priorités économiques dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques sociales ».

Les conseillers du président de la République n’ignorent rien de tout cela ; néanmoins Emmanuel Macron a promulgué la loi sans hésitation. Le Parlement est entouré de juristes avertis ; néanmoins, députés et sénateurs ont voté la loi, sans honte.

Et les médias, si prompts à dénoncer les atteintes aux droits de l’homme hors de France, ne se sont guère mobilisés pour commenter la déclaration de la commission des droits de l’Homme ici, en France.

Les droits de l’Homme ne sont sans doute pas les mêmes ici et ailleurs ?

Pas si fous que ça !

Le sentiment général est que Donald Trump et Elon Musk sont fous. Leurs déclarations avant même l’investiture de la nouvelle équipe à la Maison Blanche relevant, à première vue, d’esprits dérangés ou déséquilibrés.

Demander à annexer le Groenland (et ses richesses minières), de faire du Canada le 51e Etat étatsunien et de s’emparer du canal de Panama, voilà qui ressemble étrangement aux précédentes déclarations de Trump concernant la paix dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine ou entre Israël et le Hamas, le Hezbollah. Elon Musk, lui, a des rêves d’aller vivre sur Mars ou sur la Lune et d’avoir des voitures sans chauffeur ; il délire.

Que ces deux esprits soient à ce point imprégnés du fameux ‘’Make America Great Again’’ (MAGA) est inquiétant.

Mais est-on sûr qu’ils sont fous ?

Il faut remarquer que personne dans le camp républicain n’est venu contredire les déclarations belliqueuses des Trump et Musk, voire s’en offusquer. Les Républicains sont imprégnés d’une idéologie digne des pires moments de la conquête de l’Ouest, c’est-à-dire de la loi du plus fort. D’une idéologie où les plus riches peuvent tout acheter et tout diriger.

En cela, ils rejoignent les pires dictateurs que la terre a pu engendrer et subir.

Sont-ils fous, les Trump, les Musk et ceux qui les soutiennent ? Pas vraiment. Sont-ils les idéologues définitifs de la race blanche, suprémaciste ? Sans aucun doute.

C’est bien pour cela qu’il faut s’inquiéter et combattre ce qu’ils représentent pour revenir à la démocratie. Car, en France même, l’extrême droite et la droite puisent de plus en plus leurs idées chez ces gens-là.

Mort d’un pourri

Il était raciste et a édité un disque de chants nazis (Voix et chants de la révolution allemande). Il a créé le Front national avec d’anciens collabos. Il a été condamné pour ‘’antisémitisme insidieux’’. Il a osé affirmer que les chambres à gaz étaient un détail de l’histoire. Il abusait des jeux de mots salaces comme l’ignoble ‘’M. Durafour-crématoire’’ ou invitait à décapiter Catherine Trautmann. Il insultait régulièrement les citoyens à la peau noire et les Arabes, les Roms, les homosexuels. Il a toujours fait campagne en dénonçant les invasions menaçant la France. Il a été condamné 11 fois par la justice, y compris pour redressement fiscal. Un délinquant récidiviste.

Jean-Marie Le Pen, qui a revendiqué la torture en Algérie, n’hésitait pas aussi à donner du coup de poing, y compris aux femmes.

Cet homme-là est abject et sa disparition m’a aussitôt fait penser au film de Georges Lautner, Mort d’un pourri.

Son idéologie a prospéré, hélas. Son œuvre est poursuivie par sa fille. Marine Le Pen, ne l’oublions pas, a été l’invitée d’honneur du bal de l’Olympia, une corporation secrète interdite aux Juifs et, en principe, aux femmes, à Vienne en 2012. Le groupe cultive une germanité mythique proche du néonazisme autrichien.

Le Pen, le nauséabond, a été aidé par les grands médias, qui ont trop souvent vu en lui un ‘’bon client’’, qui faisait de l’audience ; la profession a eu trop de mansuétude pour un homme qui n’hésitait pas à insulter les journalistes et, notamment, ceux qui étaient censés être juifs. En 1985, à l’occasion de la fête de son parti, il avait osé déclarer : « Je dédie votre accueil à Jean-François Kahn, à Jean Daniel, à Yvan Levaï, à Elkabbach, à tous les menteurs de la presse de ce pays. Ces gens-là sont la honte de leur profession. Monsieur Lustiger me pardonnera ce moment de colère, puisque même Jésus le connut lorsqu’il chassa les marchands du temple, ce que nous allons faire pour notre pays. » Malgré cette déclaration, le Front national et ses descendants du Rassemblement national sont toujours l’objet d’une attention vénéneuse de la part des médias.

Jean-Marie Le Pen ne mérite que mépris et condamnation ; j’ai honte quand certains hommes politiques ont vu en lui un combattant. Non, ce triste individu doit être dénoncé pour tout ce qu’il a fait. Il est une honte pour la République ; il ne mérite aucun hommage.

En revanche, il faut marteler sans cesse que son fantôme habite toujours le Rassemblement national de sa fille.

N’oublions rien

Invoquer l’islam pour commettre des massacres et ‘’venger le prophète’’ ; faut-il être fou.

Ceux qui ont armé et fanatisé les tueurs sont toujours là ; ceux qui financent leurs réseaux sont parfois reçus avec les honneurs (au nom des nécessaires marchés commerciaux).

Les terroristes de Charlie Hebdo sont morts, mais d’autres sont prêts à les imiter. Sont-ils à ce point ignorants pour ne pas voir vers quel type de civilisation les prêcheurs les entraînent et veulent nous entraîner ? Sont-ils aveugles au point de ne pas voir ce qui se passe en Afghanistan et en Iran, où les femmes sont enfermées et voilées, interdites de travailler, de chanter, de sortir non accompagnées ?

Dans un certain nombre de pays qui se sont tournés vers ce prophète-là, la liberté d’expression n’existe plus ; combien de dictatures se réclament de la religion en confisquant les libertés publiques.

J’ai connu et côtoyé deux des dessinateurs de Charlie Hebdo, Georges Wolinski et Philippe Honoré. J’ai partagé leurs combats pour le droit au blasphème, à l’ironie vacharde et corrosive, sans méchanceté mais avec humour. Ils avaient un talent fou pour tenter d’élever le niveau de conscience et l’esprit critique par un dessin plus direct qu’un long éditorial. Mais, par-dessus tout, ils ont mené un beau combat pour la liberté d’expression en France aussi. Un combat jamais terminé, toujours d’actualité.

Aujourd’hui, dix ans après une horrible tuerie, les assassins n’ont pas réussi à tuer la liberté d’expression car Charlie Hebdo est toujours là. Mais la liberté d’expression a reculé quand les grands médias sont dominés par des milliardaires idéologues comme Bolloré.

Nous ne devons pas oublier Charlie Hebdo ; nous ne devons pas oublier que les ‘’tueurs’’ de la liberté d’expression sont encore là, de plus en plus puissants.

N’oublions rien.

Malgré tout

Nicolas Sarkozy est une nouvelle fois devant les juges. Il est poursuivi pour corruption (avec Mouammar Kadhafi, un dictateur sanguinaire), recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs. Rien que ça. 

Le dossier de renvoi des juges d’instruction est lourd de 555 pages et, pourtant, l’enquête, longue de dix ans, n’a pas permis de faire toute la lumière sur une affaire crapuleuse. Les deux juges ont dénoncé les énormes difficultés rencontrées au cours de leurs investigations, au cours desquelles ils ont dû rédiger pas moins de 4759 procès-verbaux. Ils ont dénoncé de nombreuses déstabilisations, tentatives de manipulation et refus de déclassification de notes des services secrets.

Malgré tout, Nicolas Sarkozy est, une nouvelle fois, devant les juges.

Il a encore quelques cartes à jouer pour retarder le cours de son procès historique, mais, enfin, ce sombre personnage, vantard, vibrionnant, capable de tout, menteur et piètre homme politique est jugé une nouvelle fois.

Déjà condamné dans l’affaire des écoutes du téléphone du mystérieux Paul Bismuth, il n’en aura pas fini avec la justice. Cependant, il continue à mener un grand train de vie, peut partir en vacances aux Seychelles ou au Cap Nègre, percevoir une ‘’retraite’’ plus que confortable payée par les citoyens français qui l’avaient renvoyé en 2012.

Il pérore, ose prendre la parole à propos de tout (le trop grand nombre d’enseignants, par exemple) et ne baisse pas la tête quand sa situation judiciaire devrait l’amener à s’effacer et à raser les murs.

Je n’ai apprécié ni l’homme, ni le politique, flirtant souvent avec l’extrême droite ; je crois que chaque procès me le rend encore plus antipathique, de la trempe de ceux qui détournent de la chose publique. Comment a-t-il pu être élu président de la République ? Comment des citoyens peuvent-ils encore l’encenser et acheter ses livres de mensonges ? Pauvre France.

Malgré tout, il comparaît une nouvelle fois et je suis rassuré par des juges intelligents, opiniâtres, courageux qui n’ont pas hésité à l’envoyer devant un tribunal pour des agissements délictueux graves.

Malgré tout !

Mesurer la richesse

L’année 2025 commence sans se différencier des précédentes. Avec le même président de la République, un gouvernement semblable au précédent, une situation sociale en berne et une dette abyssale.

Seuls les riches ont des raisons d’être sereins.

On en a pour preuve un billet de Stéphane Sahuc, journaliste à L’Humanité ; il a trouvé l’information sur une très originale vidéo d’un citoyen suisse. « Son point de départ est une simple question : ‘’Ça représente quoi un milliard d’euros ?’’ »

Le journaliste écrit : « Notre youtubeur propose donc pour visualiser ce que représente un milliard d’euros un petit exercice de mathématique élémentaire. « Un billet de 100 euros fait un dixième de millimètre d’épaisseur. Ce qui veut dire que 10 billets de 100 euros, donc 1 000 euros, ça fait 1 millimètre d’épaisseur. » Et de poursuivre, « un million, soit 10 000 billets de 100 euros, cela fait une pile d’un mètre de haut ». Et d’en arriver enfin au milliard d’euros, « soit 1 000 millions, et la pile de billets de 100 euros fait alors 1 000 mètres de haut, donc 1 kilomètre ». Dis autrement : « Un millionnaire, c’est un peu plus haut qu’une table, un milliardaire, c’est plus de trois fois la tour Eiffel. » En poursuivant ce petit jeu, on se rend compte, en lisant le classement Forbes 2024 des milliardaires français, que la pile de billets de 100 euros qu’ils possèdent culmine à 637 kilomètres. Mais, même entre milliardaires, il y a les petits et les grands. La fortune « thermosphérique » de Bernard Arnault s’élève à 215 kilomètres quand un Robert Peugeot ou un Christian Louboutin dépasse à peine le kilomètre. Un kilomètre de billets de 100 euros empilés les uns sur les autres, c’est aussi ce que se sont partagé cette année les Mulliez. »

La conclusion ne manque ni d’esprit, ni de saveur : « Pendant ce temps, un salarié de la même entreprise, avec dix ans d’ancienneté, gagne en moyenne et en brut deux millimètres par mois. Un professeur agrégé touchera trois millimètres mensuels après trois ans d’ancienneté et finira sa carrière avec, au mieux, cinq millimètres. Il est temps de raboter de quelques dizaines, voire centaines de mètres ces fortunes indécentes. »

Si même les inégalités peuvent être mesurées, la révolution peut être envisagée à court terme pour régler le problème sans avoir recours à l’intelligence artificielle et à ChatGPT.

Triste fin d’année !

Le mois de décembre, plus que d’autres, a vu nos boîtes aux lettres électroniques et même celles du facteur se remplir d’appels à la générosité, à la solidarité. Amnesty, Oxfam, Secours populaire, Cimade, ActionAid, Attac, Avaaz et combien d’autres ont besoin de nos dons.

Ce n’est pas nouveau, mais cette fin d’année est particulière. La crise est profonde : de plus en plus de pauvres et de moins en moins de subventions.

Alors quoi faire quand nos salaires et nos pensions de retraites sont laminées par une inflation contestée par ceux qui accaparent toutes les richesses.

Evidemment, on a honte de ne pouvoir tous les aider ces milliers de bénévoles, ces milliers d’associations, sans qui la société s’écroulerait. On est culpabilisé devant tant de détresses.

Aujourd’hui, le pouvoir politique de droite s’en remet à des gens admirables de dévouement et d’humanité, pour mettre des pansements sur les plaies provoquées par un système égoïste qui n’a pas de cœur. Le mépris se mesure dans les choix budgétaires et dans des déclarations odieuses de mauvaise foi, comme celles des touristes gouvernementaux en visite éclair à Mayotte.

Les bénévoles multiplient les miracles, au quotidien, mais ils ont atteint leurs limites si nous ne pouvons pas répondre à leur appel au secours.

Evidemment, on a honte. Plus que ce président de la République et ce gouvernement qui bafouent la devise, Liberté, Egalité, Fraternité.

Il y a une urgence sociale dans le beau pays de France dans lequel les millions de bénévoles vont finir par ne plus se reconnaître.

Les médias redoublent d’appel à la fête pour célébrer la nouvelle année. Comme si la situation était normale. Comme si les pauvres avaient le goût à la fête. Comme si les bénévoles en détresse pouvaient se départir de la misère galopante et du visage de ceux que, demain, ils n’arriveront même plus regarder en face, faute de moyens pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires.

Triste fin d’année !

C’est beau la vie

La loi des talibans interdit désormais aux femmes afghanes d’aller à l’école au-delà du primaire. Elles ne liront jamais les sublimes vers de Louis Aragon !

Le poète avait osé écrire que « L’avenir de l’homme, c’est la femme. Elle est la couleur de son âme. » Sacrilège pour le porte-parole des talibans, un certain Zabihullah Mujahid, qui a écrit sur son compte X (oui, celui d’Elon Musk) : « Le fait de voir des femmes travaillant dans des cuisines, dans des cours ou collectant de l’eau dans des puits peut engendrer des actes obscènes ».

Aragon, reviens !

Garant de la ‘’morale’’ des talibans, le fou d’Allah préconise d’obstruer la vue des voisins ou des passants et, dans le cas de construction neuve, les mairies devront s’assurer que cour, cuisine et autres endroits habituellement utilisés par des femmes sont dépourvus de fenêtres.

Mais où donc les talibans ont-ils trouvé cette folle prescription ?

Chaque jour qui passe soustrait la femme afghane de l’espace public (et la vie tout court). Elle n’a plus le droit de chanter et de déclamer de la poésie. Donc de vivre.

Jean Ferrat a chanté (beaucoup et fort bien) Aragon ; pour son interprète « le poète a toujours raison/ Qui voit plus loin que l’horizon (…) Entre l’ancien et le nouveau/Votre lutte à tous les niveaux/De la nôtre est indivisible ». Il a pu mettre une musique sur un appel à la révolte : « Il faut regarder le néant/ En face pour savoir en triompher ».

Ecoutons donc le poète et son chantre et n’abandonnons nos sœurs afghanes, car, « Oui c’est beau c’est beau la vie ».

La grandeur perdue

Imaginons (cela l’intelligence dite artificielle ne peut pas le faire à notre place). Oui, imaginons donc qu’un homme politique de gauche (la vraie) ose écrire sur son réseau social les lignes qui suivent :

« Il serait profondément choquant que Marine Le Pen soit jugée inéligible et, ainsi, ne puisse pas se présenter devant le suffrage des Français. Combattre Madame Le Pen se fait dans les urnes, pas ailleurs. Si le tribunal juge qu’elle doit être condamnée, elle ne peut l’être électoralement, sans l’expression du Peuple. N’ayons pas peur de la démocratie et évitons de creuser, encore plus, la différence entre les ‘’élites’’ et l’immense majorité de nos concitoyens. »

Quelle bronca ne soulèveraient-elles pas ? A la hauteur du scandale. Les médias se déchaîneraient, relayant le tumulte de toute la ‘’classe politique’’.

En France, aujourd’hui, c’est un homme de droite, ex-ministre de l’intérieur, puis député et à nouveau ministre (de la justice) qui les a écrites, Gérald Darmanin. Sans déclencher de tollé. Que ce triste personnage, auteur de ce déni de démocratie, se retrouve, quelques jours plus tard, patron de la magistrature française est suffocant.

Gérald Darmanin nous avait habitué à tout ; aujourd’hui, il franchit une nouvelle étape en commentant une décision de justice qui n’a pas été encore prononcée, sans provoquer de réaction du président de la République. A notre connaissance, Emmanuel Macron n’a pas hésité une seconde pour signer la nomination du donneur de leçons permanent.

Le citoyen a quelques raisons de s’interroger (et peut-être même de s’indigner) ; de ne plus croire en la hiérarchie de l’information, en la justice, en la politique.

Gérald Darmanin, ex-premier flic et désormais premier juge de France, a-t-il voulu faire de la provocation ou, alors, est-il en mission pour s’occuper des ‘’affaires’’ Le Pen, Sarkozy ou Bayrou ?

La grandeur perdue de la France se mesure à ce genre de petits arrangements ! Nous sommes revenus à un régime féodal où les puissants étaient inexpugnables et le peuple asservi.

Le fou parle

Les médias français ont annoncé la composition du nouveau gouvernement. Il s’agit d’une fausse information (une ‘’fake news’’ pour écrire avec les expressions dans l’air du temps) ; le gouvernement de François Bayrou n’est qu’un ramassis de vieux politiciens qui ont vendu leur âme au capitalisme mondialisé, comme un Manuel Valls, rejeté par tous les électeurs de France et de Catalogne.

Pendant ce temps-là, Donald Trump fait comme s’il était déjà installé à la Maison Blanche. Il divague, il est grossier, il ment et il provoque sans que nous sachions jusqu’où il est prêt à aller. Bref, il est fidèle à sa personnalité, abjecte.

Sur son réseau social, il a publié un court texte pour souhaiter un joyeux Noël et étaler toute l’étendue de sa folie. Il faut l’avoir lu pour mesurer le danger de l’homme que l’Amérique profonde (mais pas seulement) a porté à la fonction suprême :

« Joyeux Noël à tous, y compris aux merveilleux soldats de la Chine, qui gèrent avec amour, mais illégalement, le canal de Panama (où nous avons perdu 38 000 personnes lors de sa construction il y a 110 ans), en s’assurant toujours que les États-Unis investissent des milliards de dollars pour « réparer », mais n’auront absolument rien à dire sur « quoi que ce soit ».

Et aussi au gouverneur Justin Trudeau du Canada, dont les impôts des citoyens sont bien trop élevés, mais si le Canada devait devenir notre 51e État, leurs impôts seraient réduits de plus de 60 %, leurs entreprises doubleraient immédiatement de taille et ils seraient protégés militairement comme aucun autre pays au monde.

De même, au peuple du Groenland, dont les États-Unis ont besoin pour des raisons de sécurité nationale et qui veulent que les États-Unis soient là, et nous le ferons ! Joyeux Noël aux fous de la gauche radicale, qui tentent constamment d’entraver notre système judiciaire et nos élections, et qui s’en prennent toujours aux grands citoyens et aux patriotes des États-Unis, mais en particulier à leur adversaire politique, MOI. Ils savent que leur seule chance de survie est d’obtenir le pardon d’un homme qui n’a absolument aucune idée de ce qu’il fait.

Et aussi aux 37 criminels qui ont tué, violé et pillé comme pratiquement personne avant eux, mais qui viennent d’être graciés, incroyablement, par Sleepy Joe Biden. Je refuse de souhaiter un joyeux Noël à ces « âmes » chanceuses, mais je dirai plutôt : ALLEZ EN ENFER ! Nous avons eu la plus grande élection de l’histoire de notre pays, une lumière vive brille désormais sur les États-Unis et, dans 26 jours, nous allons RENDRE L’AMÉRIQUE GRANDE À NOUVEAU. JOYEUX NOËL ! »

C’est ainsi que le fou parle !

Rien à voir avec la revue libertaire, Le fou parle, éditée en France de 1977 à 1984. Selon son créateur, Jacques Vallet, ceux qui y apportaient leur contribution voulaient faire entendre une « voix improbable, impolie, impulsive, inégale, inattendue, indécente, inactuelle, inquiète, insolente, interrogative, inutile », mais, ô combien intelligente.

Parmi les contributeurs de la revue, le poète anarchiste (qui a flirté un moment avec Vichy) a eu des mots qui définissent bien le contour du monde selon Donald Trump : « Des journaux de merde, des radios de merde, des affiches de merde / Avec de grands mots de merde /Annoncent des progrès de merde »

Quand le fou parle, il faut avoir les mots du poète à l’esprit.

L’espoir de la démocratie

Si on en croit le rapport annuel sur l’état de la démocratie dans le monde de l’Institut Varieties of Democracy, rattaché à l’université suédoise de Göteborg, 71 % de la population mondiale vit dans une autocratie (contre 48 % en 2014).

Si on en croit ? E ce qui me concerne, je le crois. Dur comme fer !

Le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple n’existe plus ou que parcimonieusement, y compris en France, pays des Droits de l’Homme.

Le droit de manifester, la liberté d’expression, le droit de se syndiquer et d’adhérer à une association, le droit de vote sont ébranlés, progressivement, lentement, à pas comptés, mais sûrement. Quant au droit à l’information, il est de plus en plus contrôlé par les milliardaires, évitant au pouvoir politique d’avoir à le faire aussi grossièrement que Viktor Orban en Hongrie.

Depuis son accession à la présidence de la République, Emmanuel Macron agit par petites touches pour limiter les libertés réelles sur lesquelles s’appuie la vraie démocratie. En multipliant le recours au 49-3, il donne l’image d’un souverain qui méprise le rôle du Parlement. En faisant reculer le droit social (chômage, retraite, pouvoir d’achat, etc.), il fragilise le rôle du citoyen dans la cité. En refusant de nommer un premier ministre de gauche, il dénie au peuple le droit de choisir le type de société dans lequel il veut vivre et il donne des gages aux grands groupes mondialisés.

La liste des atteintes aux libertés est longue. Trop longue pour être supportée très longtemps encore.

Nous ne vivons plus dans une démocratie, mais, comme l’écrit José Saramago, « dans une ploutocratie qui n’est plus locale ni proche, mais qui est devenue universelle et inaccessible ».

Macron a marqué son appétence pour la ploutocratie en s’affichant avec Donald Trump et Elon Musk sur le parvis et sous la coupole de Notre-Dame à Paris.

Ce monde-là se côtoie, se fréquente, se serre les coudes et s’aide lorsqu’il le faut pour sauver les ploutocraties en difficulté.

Dans les dernières manifestations contre les coupes drastiques dans le budget de la région des Pays-de-la-Loire, on pouvait lire des pancartes : « Sois inculte et tais-toi ! ». Le raccourci est saisissant, mais ô combien juste. Effrayant. Christelle Morançais, la présidente de la région, nouvellement promue vice-présidente du parti Horizons d’Edouard Philippe, veut conduire le peuple des Pays-de-la-Loire vers le marché et le livrer aux grands groupes. Elle puise son inspiration chez Elon Musk, dans les notes de l’Institut Montaigne (comme Macron), qui eux-mêmes s’alimentent des dogmes du marché, élaborés par ceux qui détiennent le véritable pouvoir.

Dans ce monde-là, il y a un pouvoir unique et inaltérable, le pouvoir économique et financier mondial ; un pouvoir anti-démocratique parce qu’il échappe au vote des citoyens. Il irrigue tous les niveaux de pouvoir pour mieux contrôler le citoyen.

Dans ce monde-là, on méprise le bonheur du peuple ; il suffit de jeter un oeil sur la carte des plans dits sociaux dressé par la CGT, pour mesurer combien de couples et d’enfants sont dans l’angoisse à quelques jours de Noël à l’annonce de milliers de licenciements.

Néanmoins, la colère gronde et, derrière elle, se lèvent espérances et utopies. A l’espoir de voir surgir un monde humain, simplement humain, le nanti rétorque en demandant de la patience à celui qui piaffe d’impatience. Et qui a toutes les raisons d’être impatient, car il y a encore de l’espoir. Si la gauche le veut !

La loi des plus riches

Les grands groupes ne souhaitent pas voir Emmanuel Macron désigner un premier ministre de gauche. Le président de la République non plus. Entre libéraux, on parle le même langage, celui du fric. Dans ce milieu-là, on ne compte qu’en milliards, parfois en centaines de millions. Mais pas moins. Chez ces gens-là, on dédaigne le peuple.

On s’interrogeait : qu’est-ce qui a pu pousser Bolloré à scinder Vivendi, Canal+ Group (coté au London Stock Exchange), Havas (coté à Euronext Amsterdam) et Louis Hachette Group (coté à Euronext Growth Paris) ?

ActuaLitté révèle que « pour la famille Bolloré, qui détient 30% de Vivendi, il s’agit d’une économie estimée de 535 millions d’euros en impôts, grâce à un régime fiscal qui traite deux tiers des actions Canal+ et Hachette comme des remboursements non taxables d’apports. »

Et ActuaLitté précise qu’il s’agit d’une manœuvre d’évitement fiscal parfaitement légale, : « Pour la scission de Canal+, Vincent Bolloré devrait payer environ 200 millions d’euros d’impôts, au lieu de plus de 600 millions d’euros. Pour Hachette, les impôts s’élèveront à environ 65 millions d’euros, au lieu de 200 millions (…) Chez Canal+, sur une valorisation totale de 6,85 milliards d’euros, 4,5 milliards sont vus comme un remboursement aux actionnaires. Chez Hachette, sur une valorisation de 2,15 milliards, 1,4 milliard est traité de même. Le tiers restant de la valeur des actions sera taxé au taux habituel de 30%. »

A cela, il faut ajouter que Bolloré bénéficie d’un régime fiscal dit « mère-fille » permettant une exonération partielle d’impôt sur les dividendes perçus de la filiale, Vivendi, par le groupe Bolloré.

Au moment où Bercy cherche quelques milliards pour éponger la dette, la parfaite opération de Vincent Bolloré a quelque chose d’incongru et d’immoral. Néanmoins, personne dans les sphères libérales ne parle de réviser ces mesures d’évitement fiscal, couplées à des transferts de cotation à l’étranger.

A la lumière de cette seule opération de Bolloré, on comprend mieux les contorsions de Macron pour ne pas désigner un premier ministre de gauche. Quant à Vincent Bolloré, il n’a même pas eu à aller voir son confesseur personnel…

Tout fout le camp

L’expression est certes triviale, mais elle a le mérite de bien qualifier l’état d’une nation qui figurait, hier encore, dans le peloton de tête des grandes puissances.

En lisant quotidiens et magazines tout confirme la chute vertigineuse de l’économie française.

Un quotidien ose titrer : « Le décrochage économique de l’Europe, piégée par les technologies » ou encore « Le premier ministre face au retour de la désindustrialisation ». Mais un magazine affirme, amer, « Réindustrialisation : la fin des illusions ».

Le même magazine consacre deux articles à la dette, l’un affirme que « La trajectoire de la dette publique est inquiétante » et l’autre va plus loin en écrivant : « 60 milliards. C’est le montant que les contribuables français paient chaque année pour un système agricole et alimentaire socialement et écologiquement destructeur ».

A propos d’écologie, le magazine constate que « La planification écologique, éternelle variable d’ajustement et victime collatérale de l’instabilité politique en France ». Et, dans le même numéro, il dénonce un scandale majeur : «La France continue d’exporter des pesticides interdits chez elle ».

Les multinationales comme Nestlé, sont également mises en accusation en France et le scandale est tel que la production de Perrier est menacée.

Le quotidien s’est penché sur le scandale de l’eau et publie une tribune dont l’auteur demande que sa gestion devienne un projet collectif.

L’information circule mais il est parfois difficile de faire le tri entre information vérifiée et manipulation, c’est pourquoi le quotidien publie un appel bienvenu : « Nous, chercheurs et scientifiques, estimons ne pas être en opposition avec les agriculteurs ».

Tout fout le camp et les Français sont les premières victimes de la politique libérale dictée au pouvoir politique par les grands groupes mondialisés. Le magazine confirme des informations dont les organisations caritatives constatent au quotidien : « Toujours plus de ménages souffrent du froid ». Il aurait pu ajouter « et de faim ». Ils sont nombreux aujourd’hui, au pays de la gastronomie, à restreindre le nombre de repas.

Les suppressions d’emploi se comptent par dizaines de milliers ; elles vont encore accroître, si c’est possible, le mal-vivre des Français, y compris ceux des services publics. Les ‘’grands économistes’’ rôdent autour de l’Elysée, Matignon et Bercy ; ils veulent ‘’dégraisser le mammouth’’ (quelle phrase horrible et indigente !). A la Poste, l’opération est en cours : « Les intérimaires se retrouvent sur le carreau », constate un autre quotidien ». Dernier exemple de la casse des services publics pour les offrir au privé.

Tout fout le camp, mais jusqu’à quand ?

Français, réveillez-vous et rejoignez les luttes qui se dessinent.

Nos universités en danger

La colère gronde dans les universités. Et, ce ne sont pas les étudiants qui grondent le plus, mais les présidents. C’est assez dire l’importance du mécontentement.

Le 21 novembre, ce sont trente présidents qui s’étaient rendus au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche ; d’autres ont effectué la même démarche le 3 décembre. Ils ont tiré la sonnette d’alarme : plusieurs universités sont au bord de la faillite et ont découvert, médusées, le projet de budget de Bruno Le Maire, puis celui de son successeur vraiment intérimaire. Depuis, les mobilisations se sont multipliées sous diverses formes.

Le ministre de tutelle, Patrick Hetzel, a eu une réplique extravagante, invitant les universités à piocher (sic) dans leur trésorerie. Un ministre ne doit pas dire ça !

Autre argument ministériel hors sol : il faut adapter l’offre.

Il a fini d’exaspérer les présidents d’université, qui, jusque-là, avaient joué le jeu de l’autonomie. Ils se sont trouvés devant une situation qu’on leur avait cachée, les restrictions budgétaires, entraînant un manque de place pour les étudiants.

A la rentrée dernier, 85 000 bacheliers étaient sans affectation et 52 000 étudiants sans master. Une situation que les présidents ne peuvent pas accepter ; ils savent mieux que les ministres qu’ils préparent les futurs cadres, ingénieurs et techniciens dont la France a besoin si elle entend se réindustrialiser vraiment.

Si la dette du pays est immense, ce n’est assurément pas la faute des étudiants, ni celle des présidents d’université, mais bien la politique économique et sociale d’Emmanuel Macron et son prétendu économiste en chef, Bruno Le Maire.

 Edouard Kaminski, le président de Paris-Cité, a pu déclarer : « Depuis 2022nous avons subi l’inflation et la hausse du coût des fluides (gaz, électricité, eau) due à la crise ukrainienne. Aujourd’hui, les mesures du Projet de Loi de Finances 2025 exigeraient un effort de 400 millions d’euros en plus, dans des budgets déjà tendus. Ce n’est pas supportable. »

La président de la République, lui, est étrangement muet sur la question, le nouveau premier ministre également (pourtant ex-enseignant) ; l’auteur de la loi sur l’autonomie des universités, Valérie Pécresse, ne dit mot devant ce désastre annoncé pour l’avenir de la France, de sa recherche, de son industrie et de sa jeunesse.

La colère des universités gronde ; si elles veulent retrouver leurs capacités de formation et de recherche, leurs grondements doivent rejoindre ceux de tous les salariés français et ceux du monde de la culture qui souffrent aujourd’hui et qui sont, eux, majoritaires dans le pays.

Si La Tribune le dit…

La Tribune est un quotidien économique dont les libéraux ne mettent pas le grand professionnalisme en doute. Il ne viendrait pas à l’esprit de son patron, Rodolphe Saadé, le milliardaire de la CMA CGM, de laisser publier de fausses informations.

Si La Tribune le dit, il faut donc admettre que « La France est en voie de désindustrialisation », comme l’un de ses journalistes l’a écrit il y a deux jours.

Celui-ci affirme que « les chiffres démontrent un retournement de l’industrie française ces derniers mois » et il cite une étude d’un cabinet de conseil, Trendeo, pour qui les fermetures d’usines ont été plus nombreuses que les ouvertures en 2024, en notant que « c’est la première fois depuis 2015 que cet indicateur est négatif ».

Certes, La Tribune ne va pas jusqu’à reprendre les études de la CGT qui a recensé 286 plans sociaux (sic) depuis septembre 2023, mais le quotidien, sérieux, est bien obligé de constater l’hécatombe, ajoutant que « la rédaction n’a pris en compte que les plans supérieurs à 50 emplois. »

La Tribune du très macroniste Rodolphe Saadé égratigne au passage les protections sociales trop généreuses, appelant à leur réforme profonde. On n’en attendait pas moins ! Salauds de pauvres, comme éructait cyniquement Jean Gabin dans La Traversée de Paris en 1956 !

Le journal, pour qui « malgré une année 2024 noire pour la réindustrialisation de la France, tout n’est pas à jeter » ; il a cru voir une lueur d’espoir dans une étude de l’INSEE. Celle-ci, écrit le plumitif, « révèle que la France compte 310 000 établissements économiquement actifs dans l’industrie manufacturière, à la fin de 2022, contre 240 000 en 2017, bien que cette croissance soit surtout portée par les micro-entrepreneurs ».

Donc, vive la précarité ! Vive l’auto-entrepreneur !

Si La Tribune le dit…

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