Les Economistes atterrés publient livres, études, articles remarquables à contre-courant de l’ultra-libéralisme. Cinq d’entre eux viennent de publier un ouvrage incontournable duquel j’ai extrait ces quelques lignes :
« Le capitalisme néolibéral n’est pas en mesure d’assurer le tournant nécessaire de sobriété, d’égalité et de réorientation radicale des consommations et des productions. Il entretient une dynamique productiviste, mais la ponction que l’humanité exerce sur son environnement naturel devient de plus en plus insoutenable (…) La transition écologique et le progrès social ne sont pas compatibles avec le capitalisme, a fortiori sous sa forme néolibérale, celle de la finance libéralisée et du libre-échange. Ils ne le sont pas avec la liberté laissée aux entreprises de rechercher un profit maximal sans avoir à se soucier des enjeux sociaux et environnementaux de leur activité. Par contre, le bilan économique et social accablant des pays dits communistes au XXe siècle a montré toutes les limites d’une centralisation excessive du pouvoir économique et politique. Les marchés et l’entreprenariat individuel sont indispensables pour que les produits correspondent aux désirs des ménages, pour que les entreprises innovent (…) Les grandes entreprises doivent être gérées par les représentants de l’ensemble des parties constituantes (les apporteurs de capitaux, les dirigeants, les salariés) et prenantes (les clients, les fournisseurs, les collectivités locales, les représentants de la planification écologique…). C’est ainsi que l’on peut repenser le socialisme : non pas dans le sens où tout serait nationalisé, que toute initiative privée serait supprimée, mais dans le sens où l’évolution globale de l’économie serait socialement contrôlée. Ce ne serait plus l’accumulation du capital au bénéfice de quelques-uns qui primerait, mais le politique, expression du pouvoir des citoyens (…) Ni la transition écologique, ni le progrès social, ne sont compatibles avec le dessaisissement des citoyens, le transfert de pouvoir à des institutions supranationales ou à des « autorités administratives indépendantes » nationales, aussi soumises aux intérêts des puissants qu’elles sont éloignées des peuples. Le fédéralisme européen est une impasse. Pour redonner de la légitimité à l’Europe aux yeux des peuples, il faut la reconstruire sur de nouvelles bases. La boussole : la mettre au service des États sociaux nationaux – car les États sociaux ne peuvent être que nationaux (qui imagine des services publics ou des prestations sociales européennes ?) – et non au service de leur détricotage. »
Il serait utile d’offrir le livre à Emmanuel Macron, Gabriel Attal, Bruno Le Maire et quelques autres, n’est-ce pas ? Les citoyens, eux, y trouveront des arguments et, surtout un moyen de ne pas sombrer dans le désespoir : on peut penser l’alternative.
Penser l’alternative – Réponses à quinze questions qui fâchent ; David Cayla, Philippe Légé, Christophe Ramaux, Jacques Rigaudiat et Henry Sterdyniak (Fayard), 400 pages, 21,90 €