La Chouette qui hioque

Mois : août 2023

Jeu de dupes

Tout ça pour ça ! Emmanuel Macron a ‘’échangé’’ avec les responsables de partis pendant 12 heures (la réunion s’est terminée, faut-il y croire, vers 3 heures ce matin).

Les douze heures d’échanges ressemblent fort à une nouvelle opération de communication d’un président de la République à bout de souffle et aux abois.

Les dirigeants des partis de gauche sont sortis amers : « On est venus, on a vu et on a été déçus », ont-ils déclarés à l’unisson.

Pouvait-il en être autrement ?

Deux jours plus tôt, la première ministre, Elisabeth Borne, et le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, étaient devant un parterre de grands patrons lors de l’université d’été du Medef, baptisée Rencontre des entrepreneurs de France (REF). On remarquera qu’on ne parle plus de patrons mais d’entrepreneurs !

Le quotidien La Tribune titrait son information : « Fiscalité : après Macron et Borne, Le Maire continue de cajoler le patronat ». Le Maire a été clair : « Nous continuerons à baisser les impôts des entreprises dans les années qui viennent, je ne veux laisser aucun doute sur ce sujet. » Baisser les impôts des entreprises pour gonfler les dividendes, mais pas pour améliorer les services publics de l’école, des hôpitaux, ni pour réduire l’inflation. Tout était dit. Macron écoute attentivement et obéit scrupuleusement aux patrons, qu’il cajole.

Alors, que pouvait-il sortir des échanges de Saint-Denis ? Sinon un simulacre de concertation. Une vulgaire opération de communication, même si le scénario était différent des précédentes.

Le jeu de dupes est grossier !

Dans les plis de l’abaya

Si l’abaya est un vêtement traditionnel, les islamistes radicaux l’ont transformé en un symbole religieux. Pour autant, faut-il l’interdire à l’école en invoquant le respect de la laïcité ?

Assurément, l’annonce de son interdiction par Gabriel Attal ne visait pas à répondre à une vaste question de société.

Dans le discours de rentrée de l’improbable ministre de l’éducation nationale, l’abaya n’était qu’un artifice (grossier) pour évacuer les questions beaucoup plus graves qui minent le système de l’instruction : manque de professeurs, réformes idiotes et incessantes, ségrégation sociale, augmentation des fournitures scolaires, manque de logements pour les étudiants, etc.

De nombreux rapports font le bilan catastrophique d’un ministère qui entend favoriser, coûte que coûte, le privé et les riches en affaiblissant l’école publique, obligatoire, gratuite et laïque. L’école de la République qui forme des citoyens n’est plus une priorité du gouvernement des riches.

L’un des plus récents note l’écart croissant entre privé et public en matière de mixité sociale. Les enfants d’ouvriers ou d’inactifs (définis comme venant d’un milieu défavorisé) sont 34,7% à fréquenter un collège, mais 58,8% sont scolarisés dans un dixième des collèges les plus défavorisés et 11,9% seulement dans le dixième des collèges les plus favorisés. Bonjour les ghettos !

La ségrégation sociale est plus marquée encore en milieu urbain. Elle se mesure dans les établissements privés sous contrat où les élèves d’un milieu très favorisé sont 41,7% contre 16% d’un milieu défavorisé.

Le bilan du ministère se mesure à tous les échelons jusqu’au doctorat où le nombre d’étudiants inscrits en première année de thèse a diminué de 4% en 2022 et le nombre d’étudiants ayant obtenu leur diplôme en baisse continue depuis 2012.

Selon un rapport, « Une des difficultés rencontrées par les étudiants est lefinancement de leurs travaux de recherche.À la rentrée 2022, seuls 79% des doctorants bénéficient d’un financement lors de leur première année de doctorat. La situation financière des doctorants diffère grandement selon le domaine d’étude. Ainsi, les étudiants en sciences exactes et applications sont financés à 97% et ceux en sciences du vivant à 86%. À l’inverse, un doctorant sur deux (51%) en sciences humaines et sociales bénéficie d’un financement pour sa thèse. Ceux qui n’ont pas réussi à décrocher de contrat doctoral ou d’autre type de financement sont souvent contraints de travailler en parallèle de leur thèse. C’est le cas de 29% des doctorants en sciences humaines et sociales, contre 13% des doctorants en sciences du vivant et 3% des doctorants en sciences exactes et applications. »

Ce que ne dit pas le rapport, c’est que le nombre d’étudiants, enfants d’ouvriers, est en baisse constante dans les universités et plus encore en doctorat.

Alors, on se préoccupe de l’augmentation du port de l’abaya à l’école ou on règle de toute urgence les innombrables problèmes qui minent l’éducation nationale ? Hélas, après avoir entendu le ministre, boîte de résonnance de la Macronie, on reparlera plus volontiers de l’abaya !

Question d’actualité

Gérald Darmanin a les dents longues ; le jeune Rastignac de Tourcoing se voit un destin présidentiel (il n’est pas le seul).

Ministre de l’intérieur, il s’impose sur tous les lieux où se produisent des incidents, des accidents, des incendies, des crimes crapuleux ; il parle beaucoup, pour parler et occuper le terrain médiatique. Il a endossé le costume de la fonction et, compte tenu de corpulence, il a choisi celui que portait Nicolas Sarkozy.

La paraître a pris le pas sur le faire !

Fils de bistrotier et de concierge, il serait plutôt ‘’transclasse’’. Elevé dans les écoles catholiques, tendance traditionaliste, il a longtemps côtoyé les milieux d’extrême droite, collaborant par exemple à Politique magazine, l’organe d’Action française, héritière de la pensée de Charles Maurras. Volontiers homophobe (maire de Tourcoing il disait refuser le mariage des couples homosexuels), il s’est surtout distingué en appelant à « stopper l’ensauvagement d’une certaine partie de la société », expression empruntée à Marine Le Pen.

Il a multiplié les déclarations polémiques et nauséabondes ; il a multiplié les coups de menton tendant à vanter ses actions sécuritaires, s’en prenant aussi bien à la Ligue des droits de l’homme qu’à des mouvements écologistes. Il a eu aussi quelques démêlés avec la justice.

Bref, le petit Gérald Darmanin est peu fréquentable, mais il ose tout. Vexé de ne pas avoir été nommé premier ministre (son ego est incommensurable), il a voulu le faire savoir et, aujourd’hui, il a donc décidé d’affirmer de toute urgence son ambition d’être candidat à l’élection présidentielle de 2027. Il tient donc meeting à Tourcoing. En grande pompe et, surtout, en présence de la première ministre, qui a reçu l’ordre d’Emmanuel Macron d’assister à l’intronisation du jeune homme pressé plutôt que de vibrer à une rencontre de l’équipe de France de rugby.

Le discours de l’effroyable Darmanin (qui trouve Marine Le Pen un peu molle) a même été retransmis par les chaînes d’information en continu. 

La machine médiatique de droite (et d’extrême droite) est en marche ! Au mépris de la hiérarchie de l’actualité.

Mais dans quel monde vivent ces gens qui sont au pouvoir ! Alors que la rentrée scolaire s’annonce catastrophique (du primaire à l’université), que les hôpitaux craquent, que les Français se serrent la ceinture en raison des hauses de prix et du blocage des salaires, que la réforme des retraites rejetée par tous entre en vigueur, que la terre flambe, que les immigrés sont pourchassés et meurent en Méditerranée, que les luttes de clans pour s’approprier les territoires de ventes de la drogue font des dizaines de victimes, etc., Darmanin, le ministre de l’intérieur, ne pense qu’à son destin en 2027 ! Insupportable et fascinant d’égoïsme.

Emmanuel Macron se prête à un jeu sinistre, Elisabeth Borne également. Et ceux qui ne disent rien sont coupables de non-assistance à peuple en danger.

Ainsi va le capitalisme. Et une question me taraude : où est la gauche pour stopper cette mascarade funeste et les ambitions des serviteurs zélés des milieux d’affaires ?

Le camouflet

Les BRICS, acronyme de Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, tiennent leur quinzième réunion au sommet, actuellement à Johannesburg. Les cinq pays se sont rapprochés au tournant des années 2000 pour revendiquer un nouvel ordre économique mondial dicté par les pays du Nord après 1945.

Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a invité une soixantaine de pays à participer à la réunion ; parmi eux, vingt-trois ont déjà annoncé leur volonté d’adhérer à cette instance et les ponts seront jetés pour créer les BRICS+.

Emmanuel Macron avait fait savoir à son homologue sud-africain qu’il souhaitait participer à ce rassemblement en prétextant, sans rire, un non-alignement de Paris sur la politique américaine.

Cyril Ramaphosa avait trouvé l’idée « assez amusante » et l’avait rejetée poliment, mais fermement. Le camouflet est curieusement passé sous silence dans les médias.

Etonnant, non ?

Les BRICS s’estiment suffisamment adultes pour discuter de leur affranchissement du dollar, de la composition désuète du Conseil de sécurité de l’ONU (d’où les pays du Sud sont exclus), de leur système de coopération pour assurer leur développement sans être pillés par le Nord ; bref pour entreprendre de changer l’ordre économique, politique et culturel mondial d’aujourd’hui.

N’en déplaise à Emmanuel Macron !

Bolloré adoubé par Macron

Le Journal du dimanche (JDD) d’avant Bolloré était le journal officiel de la ‘’minorité présidentielle’’ ; le ‘’JDD Bolloré’’ (sous la direction de Geoffroy Lejeune) reste la voix de ceux qui logent actuellement à l’Elysée.

Ainsi en a décidé le locataire du palais qui a hébergé la Pompadour !

La version extrême droite de ce quotidien dominical s’enorgueillit en effet d’avoir publié une interview de Sabrina Agresti-Toubache, secrétaire d’Etat chargée de la ville, puis, huit jours plus tard, une tribune de Karl Olive, député des Yvelines et ex-maire de Poissy.

Les deux personnages publics ont un lourd passé sulfureux et déclarent être des amis très proches d’Emmanuel Macron. Ce qui n’est pas démenti.

Le président du groupe Renaissance au Palais-Bourbon, l’inconnu Sylvain Maillard, doit ravaler sa condamnation des ‘’collaborations’’ avec le JDD ; ses consignes de ne pas répondre aux sollicitations de la feuille qui a de forts relents de la droite pétainiste ne datent pourtant que du 11 août !

Selon Le Monde, si « le camp présidentiel se trouve dans l’incapacité de tenir une postion collective sur le sujet, c’est aussi parce que l’Elysée se tient en retrait ». Et rappelle qu’Emmanuel Macron a lui-même « accordé une longue interview sur l’immigration et l’islam à Valeurs actuelles en 2019 ». Un conseiller du président de la République a confié au quotidien vespéral : « Il ne faut pas segmenter, mettre de côté ou ignorer ce que les Français regardent, lisent et écoutent ». Tout est autorisé par le ‘’premier de cordée’’ et il ne s’agit plus seulement d’une ‘’tolérance présidentielle’’ à l’égard de deux brebis égarées, mais d’un choix politique.

Vincent Bolloré est adoubé par Emmanuel Macron ; Geoffroy Lejeune aussi.

Quel mépris pour les journalistes qui sont entrés en résistance ! Quel aveu à propos du véritable positionnement idéologique du président de la République !

La France catho d’avant la Révolution retrouve ses valeurs.

L’ami meurtrier

Les révélations de Human Rights Watch, ONG enquêtant sur les abus commis à travers le monde, sont insupportables. Au terme d’investigations pendant deux ans et de recoupements d’analyses de centaines de documents divers, il est avéré que « les gardes-frontières saoudiens ont tué au moins des centaines de migrants et demandeurs d’asile éthiopiens qui ont tenté de franchir la frontière entre le Yémen et l’Arabie saoudite entre mars 2022 et juin 2023. »

Le rapport de 73 pages publié par HRW sous le titre : « Arabie saoudite : Massacres de migrants à la frontière du Yémen » révèle que « les gardes-frontières saoudiens ont utilisé des armes explosives pour tuer de nombreux migrants et en ont abattu d’autres à bout portant, y compris de nombreuses femmes et enfants, dans le cadre d’une série d’attaques généralisées et systématiques. » Les faits ont été authentifiés par les membres du groupe d’experts médico-légaux indépendants du Conseil interrnational de réhabilitation pour les victimes de la torture.

Le rapport de HRW décrit une horreur absolue et indicible et les cruautés du régime de Mohammed ben Salmane, déjà accusé du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi à l’ambassade d’Istanbul et d’une répression féroce à l’encontre des opposants. Nadia Hardman, chercheuse sur les droits des réfugiés et des migrants à HRW, a pu déclarer : « Dépenser des milliards pour acheter des clubs de golf professionnels, des clubs de football et organiser de grands événements de divertissement de renommée mondiale pour améliorer l’image de l’Arabie saoudite ne devrait pas détourner l’attention des ces crimes horribles. »

HRW demande à l’Arabie saoudite de « revenir sur sa politique meurtrière » et a saisi l’ONU.

La publication du rapport devrait susciter une vague de réprobation mondiale et des actes de la part de tous les pays se réclamant encore des Droits de l’Homme, dont la France. Ces meurtres systématiques constituent en effet des crimes contre l’Humanité.

Hélas, on n’attendra rien de la France alors que son président, Emmanuel Macron, n’hésite pas à recevoir le prince héritier à l’Elysée (en juin dernier) ou à dîner avec lui au sein même du Louvre (en 2018) !

Philosophie du football (suite)

Que l’équipe féminine espagnole soit sacrée championne du monde de football est vraiment réjouissant. La Roja, son surnom, pratique le jeu qu’on aime, celui qui est basé sur la passe courte et le collectif. Et à ce jeu-là, elle a logiquement battu une équipe d’Angleterre qui, elle, privilégie le jeu long, c’est-à-dire en envoyant des ballons très aléatoires, exigeant des courses harassantes, à des attaquantes au physique impressionnant.

Triomphe donc de la finesse sur la force, de l’intelligence créatrice sur le stéréotype.

Dommage pour les jeunes Anglaises qui méritent mieux que les choix d’une ‘’coach’’ rétrograde, car elles ont démontré à quelques moments de belles qualités techniques aussi.

Dans ce contexte, on aurait aimé voir une finale entre l’Espagne et l’équipe de France, dont le style est identique.

Pourquoi pas à l’occasion du tournoi des Jeux olympiques de 2024 ? C’est ce qu’on pourrait espérer de mieux pour la promotion d’un football féminin moins frelaté par l’argent que le football masculin où les milliards coulent à flot et pervertissent le jeu collectif.

Le monde est fou (suite)

La terre continue de brûler partout ; à Hawaï, le bilan est, aujourd’hui, de plus de 100 morts et de 1300 disparus. Dans le Grand Nord canadien,168 000 personnes ont été évacuées ; l’état d’urgence a été décrété à la suite d’incendies monstrueux consécutives à un réchauffement inédit, avec une température record de 49,6° C enregistré à Lytton.

Que font les politiques ? Des discours !

Le World Resources Institute rapporte que 4 milliards de personnes, soit la moitié de la population mondiale, affrontent ce qu’il appelle un ‘’stress hydrique’’. En cause, l’agriculture irriguée, la production d’énergie et l’industrie gourmandes en eau, les besoins de la population.

Que font les politiques ? Des discours !

L’organisation internationale pour les migrations (OIM) a recensé 27 364 morts et portés disparus en mer Méditerranée depuis 2014 et 2 063 pour les premiers mois de 2023. Les migrants sont essentiellement en provenance de l’Afrique subsaharienne.

Que font les politiques ? Des discours ! Là, ils agissent en fermant les frontières en érigeant des murs honteux, retardant les secours et attisant la peur de l’immigré fauteur de troubles !

L’actualité est ainsi faite d’informations tragiques qui interpellent l’honnête homme pour qui le mot humanité a encore un sens.

La politique doit être soucieuse du bonheur des peuples ; mais, aujourd’hui, les intérêts économiques de quelques oligarques sont plus importants que les intérêts de milliards d’hommes et de femmes.

Ces informations sur le quotidien tragique de la planète font quelques lignes dans les quotidiens, quelques images dans les journaux télévisés. Les scientifiques qui tirent le signal d’alarme depuis de trop nombreuses années et les ONG qui déploient des montagnes d’imagination pour apaiser les malheurs des plus faibles, n’en peuvent plus de tant d’immobilisme et de tant d’égoïsme.

Dans les médias sur lesquels les oligarques ont fait main basse, on préfère étaler le feuilleton du transfert du footballeur brésilien Neymar, ami de Bolsonaro et fêtard avéré, du PSG vers l’Arabie saoudite. Les appétits d’un émir sanglant n’ont plus de secret pour des populations en perte de repères.

Le monde est fou.

Philosophie du football

L’équipe de France féminine de football ne remportera pas la Coupe du monde 2023 en Australie. Cruelle désillusion pour les joueuses ; cruelle désillusion pour le football.

Le football est fait de victoires et de défaites et il faut mettre de côté le chauvinisme ambiant pour s’en tenir seulement au jeu de football pour comprendre la frustration.

L’équipe de France a assurément pratiqué le plus beau jeu de football et c’est pourquoi sa défaite face à l’Australie est une défaite pour le football.

Les Australiennes sont certes athlétiques et ne manquent pas de qualités ballon au pied, mais les onze joueuses n’ont rien démontré au niveau tactique ; à l‘inverse d’une équipe de France qui a développé une philosophie (le jeu court) et une intelligence tactique (le jeu en triangle) qui font les grandes équipes.

Le jeu court est la marque des équipes collectives et un état d’esprit. Il s’appuie sur des déplacements constants donnant au porteur de ballon des solutions immédiates de passes et une approche rapide vers le but adverse par des accélérations fulgurantes, mais aussi des phases de jeu où la conservation du ballon est importante pour en priver l’adversaire.

Bref, le jeu court est l’arme des grandes équipes qui considèrent encore le football comme un jeu collectif. Comme l’équipe de France (à l’inverse du PSG hommes par exemple).

Mais, la compétition est exigeante et l’équipe de France a oublié son jeu court après vingt minutes pour tomber dans le jeu des Australiennes, se mettant en danger en perdant trop vite le ballon par des passes longues et profondes, hasardeuses. Et c’est quand les joueuses ont retrouvé leur philosophie du jeu qu’elles ont à nouveau malmené les adversaires. C’était sans doute trop tard avec des jambes plus lourdes après l’enchaînement de rencontres de haut niveau en quelques jours.

L’équipe de France avait une autre arme, les débordements sur les ailes, à l’image de Selma Bacha. Les joueuses ont multiplié ces débordements mettant les Australiennes en difficulté ; seul problème, les ‘’ailières’’ ont abusé des centres aériens, envoyant le ballon dans les bras de la gardienne de but (excellente), au lieu de favoriser le centre en retrait à ras de terre, qui prend la défense adverse à contre-pied, comme elles l’avaient montré contre le Maroc, mettant Eugénie Le Sommer ou Kadidiatou Diani en excellente position pour marquer des buts.

Pour l’avoir oublié, l’équipe de France n’a pas réussi à envoyer le ballon dans les filets. 

Cruelle désillusion, donc. Et des regrets immenses.

D’autant plus que l’Australie est la seule équipe à se qualifier pour les demi-finales sans avoir marqué de but ! Défaite d’une certaine philosophie du jeu de football.

Les pauvres sautent des repas !

Les Echos ont parfois des prises de conscience fulgurantes. Le quotidien vient de faire un constat bouleversant, touchant à la vie quotidienne des Français. Mais, pour en arriver là, il a fallu à ses journalistes lire les avis d’économistes et études d’instituts de sondage, résumés par un Tweet de l’un d’eux selon lequel la« chute de la consommation alimentaire n’a aucun précédent dans les données compilées par l’Insee depuis 1980 ».

Le réveil est cruel !

Les patrons des grandes surfaces aux abois, ajoutent : « Il y a des ménages qui sautent de plus en plus de repas ».

Le constat ne peut surprendre que de brillants esprits vivant dans une bulle, multipliant les dîners en ville gourmands. Hier, ils avaient découvert ce qu’ils avaient qualifié de précarité énergétique ; aujourd’hui, ils découvrent la précarité alimentaire.

Leurs activités ne leur permettent pas de rencontrer les pauvres, les travailleurs précaires et invisibles touchés en priorité par les fléaux d’un capitalisme exacerbé qui a pris le nom d’ultra-libéralisme.

Selon le quotidien économique, « le gouvernement surveille le sujet comme le lait sur le feu ». Est-ce si sûr. Le ministre de l’économie, l’inénarrable Bruno Le Maire, dont l’initiative du panier anti-inflation a fait un flop retentissant, persévère, lui, dans les déclarations destinées à se rassurer lui-même (et les grands groupes) plutôt que les victimes de l’inflation : « Dès le mois de juillet, sur un certain nombre de références et de produits, les prix baisseront » ose-t-il déclarer ! Emporté par la fièvre d’écrire de nouveaux romans à l’eau de rose, il n’a aucun regard en direction des victimes d’un régime qu’il sert avec beaucoup de zèle. Il se prépare à donner de nouveaux coups de rabot sur les aides sociales, se gardant bien de parler d’augmentation des salaires.

Au contraire, il observe benoitement (pour s’en féliciter) que les grandes entreprises du CAC 40 battent des records de profit : plus de 85 milliards d’euros au premier semestre. Les dividendes seront confortables et les actionnaires, eux, ne sauteront pas de repas. Et, en gardien du dogme, il se refuse à voir que « en juillet, les étiquettes affichaient encore un bond de 12,6 % par rapport à l’année précédente, selon l’Insee. »

On n’a jamais été aussi éloigné au gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple !

Les économistes de Bruxelles ont, paraît-il, inventé un mot pour qualifier la répercussion des surcoûts (énergie, matières premières, …) « au-delà du nécessaire », la ‘’profitflation’’. Ainsi, les grandes entreprises auraient davantage nourri l’inflation que les augmentations salariales. Est-ce possible ?

Il n’y aurait que les pauvres pour s’en offusquer. Car, si le pouvoir politique (et certains grands patrons) redoute les risques d’explosion sociale, il n’envisage aucune mesure ni augmentation des salaires, ni augmentation des impôts sur les profits et les dividendes. Il appelle, au contraire, à la modernisation et à l’innovation des entreprises, qui se traduisent, le plus souvent, par des suppressions d’emplois.

Ceux qui sautent de plus en plus souvent un repas ne peuvent compter que sur leur mobilisation pour imposer des solutions démocratiques et un changement de régime. Simplement pour manger à leur faim !

La prétendue fille de Cabu

L’entourage d’Emmanuel Macron ose tout. A l’image de Sabrina Agresti-Roubache, la secrétaire d’Etat à la ville.

Elle se justifie d’avoir accepté de donner une interview au JDD au nom de la défense du pluralisme. Puis, devant les critiques, y compris au sein du gouvernement, elle se revendique comme la « fille de Cabu » et d’avoir été « Charlie ».

Gérard Biard, le rédacteur en chef de Charlie Hebdo, a dû faire une mise au point, rappelant que le dessinateur emblématique du journal « a, tout au long de sa vie et de sa carrière, combattu sans concession aucune l’extrême droite. Cette extrême droite qui, désormais, préside aux destinées du JDD. Le cynisme, l’amateurisme et l’inculture politique n’excusent pas tout. »

Le réquisitoire est sévère, mais juste. A un détail près quand le rédacteur en chef parle d’amateurisme. L’interview en question a été d’abord présentée comme une initiative personnelle d’une toute nouvelle secrétaire d’Etat, en laissant entendre qu’elle devait être excusée d’un faux-pas de jeunesse politique ; mais on a appris que l’interview a été relue et validée par la présidence de la République et par les services de la Première ministre.

Serions-nous gouvernés par des amateurs à tous les niveaux ?

La secrétaire d’Etat ment, les dirigeants de l’exécutif aussi !

Sabrina Agresti-Roubache n’est pas une fille de Cabu (pas même naturelle, ni adultère, ni répudiée), mais une créature d’Emmanuel Macron. Un point c’est tout.

Le JDD en kiosque !

Vincent Bolloré a tous les culots et, aujourd’hui, doit être satisfait, le Journal du dimanche est chez les marchands de presse. Il n’a pas hésité à sortir un ‘’petit’’ JDD, amputé de quelques vingt pages, mais il avait décidé de ce retour ‘’coûte que coûte’’, pour marquer son territoire et asséner que les journalistes opposés à l’arrivée de Geoffroy Lejeune avaient perdu.

Le JDD du 6 août lui coûte ‘’un pognon de dingue’’ (il n’aura trouvé beaucoup de lecteurs), mais, peu importe, il l’exhibe triomphalement, comme une prise de guerre. Sur le compte X (exTwitter) il a fait figurer la ‘’une’’ de son journal avec une légende provocatrice : « Vous l’attendiez, la voici » ».

Néanmoins, il faut remarquer qu’il a râclé les fonds de tiroir pour composer une petite équipe rédactionnelle de combat de journalistes combattants issus des bataillons de la droite extrême. Aux côtés de Geoffroy Lejeune et de Charlotte d’Ornellas, on trouve en effet Pascal Praud et même à Jacques Vendroux (ex-France Inter), 75 ans et l’un des petits-neveux du général De Gaulle, comme il avait fait appel à Patrick Mahé (76 ans) à Paris Match. Rien de glorieux, ni pour les journalistes en question, ni pour Bolloré !

Le JDD d’aujourd’hui a réussi à publier une interview de la toute nouvelle secrétaire d’Etat à la ville, Sabrina Agresti-Roubache, une amie proche du couple présidentiel et de Brigitte Macron. On peut s’en étonner. Encore que… Emmanuel Macron n’a pas eu un mot pour soutenir les journalistes du JDD et il est utile de rappeler qu’il avait accordé une interview à Geoffroy Lejeune dans Valeurs actuelles.

A quel jeu joue donc le président de la République en se rapprochant ostensiblement de l’extrême droite ?

Quant au (toujours) patron juridique du JDD, Arnaud Lagardère, il continue de se comporter comme un ridicule pantin entre les mains de Bolloré. Sans honte. Il est vrai que celui-ci a accordé une retraite en or massif au fossoyeur du groupe constitué par son père.

Quel monde perverti ! Le JDD est la honte du journalisme et Bolloré l’homme lige des fous de Dieu.

La France ressemble à s’y méprendre à la Hongrie de Viktor Orban et à la Pologne de Kaczynski.

Gilles Perrault

Aujourd’hui est un jour triste ; un homme qui a mené une vie à combattre le racisme, le fascisme, la corruption, le mensonge, l’injustice, le capitalisme, à tous les instants, est décédé.

J’avais le privilège de le connaître, de l’avoir sollicité pour des combats qui nous tenaient à cœur. Il ne refusait jamais les combats justes.

Il avait déjà publié de nombreux livres quand il se lança dans des luttes pour un monde plus humain et dénonça la peine de mort avec un livre, Le Pull-over rouge, qui lui valut des procès de la part des policiers.

Plus tard, il dénonça les liens inavoués de la diplomatie française avec le régime honteux du Maroc dans Notre ami le roi, qui lui valut encore des procès. Il faisait du journalisme d’investigation avant même l’invention de l’expression.

Il a été de tous les combats démocratiques et le dernier aura été de s’opposer au scandaleux projet de parc touristique ‘’D-Day land’’ sur les plages du Débarquement dans cette Normandie où il s’était retiré.

Ses adversaires ne l’ont pas ménagé ; mais il a toujours résisté et est resté fidèle à ses engagements.

Il s’appelait Gille Perrault.

Riposte à la connerie

Nicolas Mathieu, prix Goncourt 2018 pour Leurs enfants après eux, reste fidèle à ses origines ouvrières. Il avait apostrophé Emmanuel Macron le 18 mars à propos de la réforme des retraites en écrivant dans Médiapart : « Savez-vous quelle réserve de rage vous venez de libérer ? ».

Aujourd’hui, c’est Gérald Darmanin, l’insupportable ministre de l’intérieur qui déchaîne sa rage après l’interdiction aux mineurs du livre Bien trop petit au prétexte de scènes jugées pornographiques.

Nicolas Mathieu s’est indigné et dénoncé un puritanisme imbécile et opportuniste ; il a réagi et lancé un appel à la résistance, avec ses mots et ses armes : « Nous devrions toutes et tous ensevelir le ministre sous un déluge de nos histoires de cul ! »

Son appel sur #WhhenIwas15 connaît un succès énorme : « Voici quelques jours, Gérald Darmanin, pourtant si permissif quand il s’agit de sa propre personne, faisait interdire aux mineurs un livre de @manucausseplisson publié aux @editionsthierrymagnier dans une collection érotique éminente destinée aux teenagers et aux jeunes adultes @l_ardeur_. J’ai donc proposé qu’on fasse pièce à cette hypocrisie en racontant nos 15 ans, ce que nous étions alors, fouinant dans l’enfer des bibliothèques familiales, à fleur de peau, toujours vener, des monstres d’envie, des gouffres déambulant, amoureux fous ou frustrés à en crever. Que ça se dise. Que le déluge d’hormones ensevelisse la tartufferie. Et beaucoup de textes ont fleuri dans tous les coins avec ce fameux hashtag. Le geste rétrograde et opportuniste a accouché de ces mille nostalgies moites. Vraiment je vous engage à les lire, à en écrire, en soutien à Causse et Magnier. C’est beau, troublant, c’est nous tous, dans la difficulté et les détails (et il est déjà question de les rassembler quelque part). »

Avec l’éditeur Thierry Magnier, Nicolas Mathieu va pouvoir ensevelir Darmanin ; les histoires reçues et sélectionnées seront éditées sous la forme d’un livre de poche à 10 euros. La réaction est réjouissante et Thierry Magnier la soutient fermement : « Participer était un acte militant, l’éditer aussi, on ne fera pas de profit dessus. » Les bénéfices seront reversés à une association.

Les culs serrés et les grenouilles de bénitier vont pouvoir éructer et s’indigner et Darmanin sortir à nouveau sa censure. Ils se sont tous couverts de ridicule.

Un monde fou

Donald Trump inculpé de complot à l’encontre de l’Etat américain, entrave à une procédure officielle et atteinte aux droits électoraux.

Armado Pereira, associé de Patrick Drahi, arrêté au Portugal pour onze délits financiers.

Vladimir Poutine bombarde les infrastructures portuaires où sont entreposées les céréales ukrainiennes sur le Danube.

Emmanuel Macron fait évacuer les ressortissants français du Niger, devenus indésirables après le putsch des militaires.

Geoffroy Lejeune a pris ses fonctions de directeur d’une rédaction du Journal du dimanche (JDD) vide après la longue grève des personnels et notamment des journalistes, dépités et vaincus.

Elisabeth Borne a envoyé un document de cadrage aux syndicats et au patronat verrouillant les négociations au sujet du régime de l’assurance-chômage.

Les médias s’inquiètent du ‘’jour du dépassement’’, l’humanité ayant épuisé en ce 2 août l’ensemble des ressources naturelles reconstituables en un an.

Le monde est fou. De plus en plus fou. Inégalitaire et corrompu. Vacillant et inquiétant.

Et Emmanuel Macron est en vacances à Brégançon, muet devant cette faillite du capitalisme.

Le Monde publie une tribune d’Alain Genestar, ancien directeur de la rédaction du JDD et de Paris Match dans laquelle il rapporte qu’un ami lui avait dit : « On ne gagne jamais contre le capitalisme. »

Pourquoi pas ? Avec Bertolt Brecht, je relève le défi car « Quand ceux qui luttent contre l’injustice sont vaincus / L’injustice passera-t-elle pour justice ? / Nos défaites, voyez-vous, / Ne prouvent rien, sinon / Que nous sommes trop peu nombreux / À lutter contre l’infamie, / Et nous attendons de ceux qui regardent / Qu’ils éprouvent au moins quelque honte. »

Et rejoignent la mobilisation citoyenne.

Ecolo, un peu (seulement)

Le ticket de caisse, c’est fini. Enfin, pas tout à fait ; le consommateur pourra toujours le demander au commerçant qui ne pourra pas le lui refuser.

Pour faire toujours plus écolo, les campagnes se multiplient pour stigmatiser le pauvre client, présenté comme le seul responsable du dérèglement climatique. Peu importe qu’il n’ait plus de trace de son achat en cas de problème…

Les politiques, en revanche, ont toujours raison : supprimer le ticket de caisse va permettre de réduire l’impact carbone et à la France de remplir un contrat pris quelques années plus tôt, sans assurance de pouvoir en respecter toutes les clauses.

Et notre pays doit être résolument moderne : recevoir son ticket de caisse dans sa boîte mail et le consulter sur son téléphone mobile, ça, c’est moderne. Mieux : innovant, signe d’un grand pays tourné vers la modernité et les nouvelles technologies.

Les vendeurs de téléphone dernier cri se frottent les mains et les fabricants calculent déjà leurs prochains dividendes ; les ringards vont devoir songer à changer leur vieux téléphone ! Les actionnaires de Carrefour, Lidl ou Auchan ont, eux aussi, déjà calculé leurs gains en achat de rouleaux de papier, sans répercuter les économies réalisées.

Cependant, il y a un hic : la pollution induite par le numérique.

Les politiques qui ont prix la décision de ‘’supprimer’’ le ticket de caisse papier n’y avaient pas pensé. Le ticket de caisse numérique pollue beaucoup plus que le papier.

Autre oubli, les papetiers qui vont licencier les ouvriers devenus inutiles.

Ah ! L’écologie n’est pas chose facile à maîtriser.