Les Echos ont parfois des prises de conscience fulgurantes. Le quotidien vient de faire un constat bouleversant, touchant à la vie quotidienne des Français. Mais, pour en arriver là, il a fallu à ses journalistes lire les avis d’économistes et études d’instituts de sondage, résumés par un Tweet de l’un d’eux selon lequel la« chute de la consommation alimentaire n’a aucun précédent dans les données compilées par l’Insee depuis 1980 ».
Le réveil est cruel !
Les patrons des grandes surfaces aux abois, ajoutent : « Il y a des ménages qui sautent de plus en plus de repas ».
Le constat ne peut surprendre que de brillants esprits vivant dans une bulle, multipliant les dîners en ville gourmands. Hier, ils avaient découvert ce qu’ils avaient qualifié de précarité énergétique ; aujourd’hui, ils découvrent la précarité alimentaire.
Leurs activités ne leur permettent pas de rencontrer les pauvres, les travailleurs précaires et invisibles touchés en priorité par les fléaux d’un capitalisme exacerbé qui a pris le nom d’ultra-libéralisme.
Selon le quotidien économique, « le gouvernement surveille le sujet comme le lait sur le feu ». Est-ce si sûr. Le ministre de l’économie, l’inénarrable Bruno Le Maire, dont l’initiative du panier anti-inflation a fait un flop retentissant, persévère, lui, dans les déclarations destinées à se rassurer lui-même (et les grands groupes) plutôt que les victimes de l’inflation : « Dès le mois de juillet, sur un certain nombre de références et de produits, les prix baisseront » ose-t-il déclarer ! Emporté par la fièvre d’écrire de nouveaux romans à l’eau de rose, il n’a aucun regard en direction des victimes d’un régime qu’il sert avec beaucoup de zèle. Il se prépare à donner de nouveaux coups de rabot sur les aides sociales, se gardant bien de parler d’augmentation des salaires.
Au contraire, il observe benoitement (pour s’en féliciter) que les grandes entreprises du CAC 40 battent des records de profit : plus de 85 milliards d’euros au premier semestre. Les dividendes seront confortables et les actionnaires, eux, ne sauteront pas de repas. Et, en gardien du dogme, il se refuse à voir que « en juillet, les étiquettes affichaient encore un bond de 12,6 % par rapport à l’année précédente, selon l’Insee. »
On n’a jamais été aussi éloigné au gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple !
Les économistes de Bruxelles ont, paraît-il, inventé un mot pour qualifier la répercussion des surcoûts (énergie, matières premières, …) « au-delà du nécessaire », la ‘’profitflation’’. Ainsi, les grandes entreprises auraient davantage nourri l’inflation que les augmentations salariales. Est-ce possible ?
Il n’y aurait que les pauvres pour s’en offusquer. Car, si le pouvoir politique (et certains grands patrons) redoute les risques d’explosion sociale, il n’envisage aucune mesure ni augmentation des salaires, ni augmentation des impôts sur les profits et les dividendes. Il appelle, au contraire, à la modernisation et à l’innovation des entreprises, qui se traduisent, le plus souvent, par des suppressions d’emplois.
Ceux qui sautent de plus en plus souvent un repas ne peuvent compter que sur leur mobilisation pour imposer des solutions démocratiques et un changement de régime. Simplement pour manger à leur faim !