La Chouette qui hioque

Mois : mars 2019

De l’art du mensonge et de l’usage des slogans

Nous sommes au XXIe siècle et je me demande comment les électeurs ont pu se laisser circonvenir par autant de dirigeants médiocres et de discours mensongers.

De l’est à l’ouest et du nord au sud, la bêtise, souvent, semble être devenue le viatique nécessaire et suffisant pour être élu président ou premier ministre. C’est à qui sera le plus grotesque.

Nous sommes sortis du Siècle des Lumières pour nous enfoncer chaque jour davantage dans les ténèbres. Nos gouvernants prétendent combattre les fausses nouvelles (il faut dire fake news pour faire jeune), mais ils cultivent l’art du mensonge, à l’image d’un président des Etats-Unis qui assène les pires mensonges alors que la vérité lui est mise sous les yeux. Trump surpasse ceux qui lui ont succédé et qui prétendaient, par exemple, que l’Irak utilisait les armes chimiques, mais qui n’ont pas eu un mot pour condamner Monsanto et son poison mondialement utilisé par les agriculteurs.

Souvent ces menteurs professionnels sont corrompus et n’ont du leur ascension qu’à une corruption qui leur a permis de faire fructifier leur électorat en distribuant des pots-de-vin. Ils mentent effrontément.

Trump a forcé les portes de la Maison Blanche en multipliant les pires mensonges et en utilisant les pires slogans nationalistes : ‘’America First’’ ou sa variante ‘’Make America great again’’ (Il a même poussé la bêtise en déposant la marque en 2015). Il continue à mentir à propos du Venezuela, de la Chine ; les mensonges sont son arme absolue ; le sens des mots semble lui échapper, tant sa bêtise est immense.

Trump n’a pas le monopole des mensonges ; les ‘’grands’’ dirigeants des ‘’grandes’’ puissances d’aujourd’hui en font un usage quotidien. C’est toute la planète qui est contaminée. Et ces politiciens corrompus ont réduit la gestion de la chose publique, comme le président des Etats-Unis, aux mêmes slogans puisés dans une nostalgie des temps où les canons et les fusils laissaient les populations dans la désolation et les ruines.

Poutine n’est pas le dernier à utiliser les mêmes recettes que Trump ; lui fait référence à la Grande Russie. Erdogan n’a pas voulu rester en dehors de la compétition avec son rêve de sultanat sur l’Empire ottoman reconstitué. Viktor Orban, Sebastian Kurz et Andrej Babis laissent parfois suinter une certaine nostalgie pour la grandeur de l’empire austro-hongrois.

Les citoyens de ces pays ne sont pas toujours dupes et colportent des blagues  symptomatiques du climat qui règnent dans leurs pays ; par exemple, à Budapest un homme s’adresse à un ami : « Tu regardes le match ce soir à la télévision ? » Celui-ci lui rétorque alors : « Quel match ? » Et le premier de répondre « Autriche-Hongrie ». Son ami, sans hésiter, lui demande : « Contre qui ? »

A l’ouest de l’Europe, on fait plus dans la dentelle. Angela Merkel, par exemple, ce serait plutôt « Deutsche Wirtschaft über alles » (L’économie allemande au dessus de tout) plutôt que le « Deutschland über alles » de sinistre mémoire.

Au Brésil, Bolsonaro, lui, fait dans le rétro également, en célébrant l’anniversaire du coup d’état du 31 mars 1964 (‘’la révolution rédemptrice’’) qui a instauré la dictature militaire pendant 21 ans avec l’appui assumé des Etats-Unis et leur opération Brother Sam.

La France n’a pas échappé à la maladie mondialisée des slogans. Emmanuel Macron, lui, s’est essayé à la Restauration (« Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là ! »). D’ailleurs il multiplie les réceptions à sa cour de Versailles : Poutine et d’autres grands de ce monde (patrons roturiers, mais puissants). Il avait également tenté de se rêver en Jupiter, le dieu des dieux. Sans grand succès.

Alors, au fil des mois il semble avoir réduit ses velléités monarchiques en tentant de se poser comme le patron de l’Union européenne. Sans plus de succès, surtout du côté de l’Allemagne de sa chère Angela.

Il s’est replié surla ‘’startup nation’’. Grandeur et décadence du royaume de France et du roi Macron, dont le soleil a pâli.

Son entourage, servile, est composé aussi de menteurs émérites. Qui pour justifier les suppressions de centaines de postes de fonctionnaires ; qui pour casser les hôpitaux publics ; qui pour ébranler l’école publique avant de la privatiser, comme la SNCF, EDF, Aéroport de Paris, etc. Qui pour casser le code du travail. Ses ministres ont le mensonge dans le sang. Ses gardes du corps aussi.

Mais le mensonge a ses limites et la vérité sur les conditions sociales de l’immense majorité des citoyens va finir par leur exploser à la figure.

Les salariés à la rue, les actionnaires à la fête

Le groupe Carrefour a annoncé mercredi la suppression de 1229 emplois. Et l’entreprise a connu une embellie à la bourse : l’action a progressé de 2,3 % aujourd’hui et de 11,67 % depuis le 1er janvier.

Les marchés financiers ont salué l’annonce ; les actionnaires, au rang desquels on trouve des fonds d’investissement et la famille Arnault, envisagent, eux, l’augmentation du dividende avec délectation.

Les salariés apprécieront.

La papeterie Arjowiggings Papiers couchés a été déclarée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Nanterre. Les sites de Bessé-sur-Braye et du Bourray dans la Sarthe emploient respectivement 580 et 270 salariés. A la rue.

Le groupe Arjowiggings appartient à Sequana Capital, un fonds issu de la banque Worms ; la Banque publique d’investissement (BPI France) est actionnaire à hauteur de 15,4 % du capital de Sequana.

Les salariés apprécieront l’attitude du gouvernement qui n’a pas contraint la BPI à sauver une industrie essentielle.

Plus de 2000 emplois directs (et combien de sous-traitants et d’emplois induits ?) sont rayés d’un trait pour satisfaire les appétits des actionnaires et des marchés financiers.

Drôle de monde, qu’il faudra bientôt changer !

Elise Lucet, la populiste

Marlène Schiappa est la fille de militants trotskistes ; son père est l’historien Jean-Marc Schiappa et sa mère est proviseure adjointe. Elle est depuis longtemps en rupture avec ses parents. Est-ce cela qui l’a rapprochée d’Emmanuel Macron ?

Cette jeune femme est déroutante : elle s’est liée d’amitié avec l’animateur Cyril Hanouna. Et elle s’en vante, malgré la lourdeur (le mot est faible) du personnage.

Elle vient de se déclarer interpellée par « ce qu’est devenu le format d’Envoyé spécial et par l’émission Cash investigation ».

Bref, elle ne supporte pas les deux émissions présentées par Elise Lucet.

Rien de surprenant tant le fossé est grand entre le cirque Hanouna et les émissions de service public.

Marlène Schiappa y voit une forme de populisme au motif que « Quand on montre sur le service public sans cesse des images de politiciens corrompus, d’hommes et de femmes politiques véreux qui détournent de l’argent, de gens haineux et magouilleurs, je crois qu’on installe dans l’esprit des gens que les personnalités politiques sont toutes comme ça. »

La secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les hommes et les femmes souhaiterait voir de « belles histoires »,et, au fond, qu’Elise Lucet imite les campagnes de communication de Carrefour : ‘’Avec Carrefour, je positive’’ ou ‘’J’optimise’’

Elise Lucet en animatrice de grande surface, c’est vrai, ce serait original. Mais il y a déjà une forte concurrence avec Hanouna, le chouchou de la sous-ministre, et d’autres saltimbanques comme Stéphane Bern, par exemple.

Mais, au fait, Marlène Schiappa était-elle en service commandé pour préparer la future réforme de l’audiovisuel, qui sonnerait la mort des émissions d’information de service public ? Ou pas ?

Jour sombre pour les journalistes

Le parlement européen a donc adopté par 348 voix pour, 274 contre et 36 abstentions la directive sur le droit d’auteur dans le marché unique numérique.

C’est une victoire pour de très nombreux auteurs (écrivains, réalisateurs de l’audiovisuel, plasticiens, musiciens, etc.) sur les plateformes contrôlées par les GAFAM, pillant les œuvres sans rémunérer leurs auteurs. En revanche, c’est un jour sombre pour les journalistes. Pourquoi ?

Le texte prévoit dans son article 15 (anciennement article 11) l’instauration d’un droit voisin pour les éditeurs de presse. 

Les plateformes en ligne comme Google News devront rémunérer les éditeurs de journaux (quotidiens, magazines et agences) pour le référencement ou l’usage d’extraits d’œuvres journalistiques.

Mais la directive ne fixe ni les limites de ce qui donnera droit à rémunération (mieux, il est prévu des exonérations pour les courts extraits ou citations, sans plus de précision), ni le montant de la rémunération dite appropriée et proportionnelle due aux journalistes. Le texte de la directive a multiplié les phrases floues ; à dessein, comme la référence à une rémunération forfaitaire ou au contrat de rachat.

Les dangers du droit voisin des éditeurs est double pour les journalistes : d’une part, on imagine déjà éditeurs et plateformes s’entendant sur les limites et sur la rémunération, puis sur le caractère commercial des accords (donc soumis au secret des affaires, comme ce fut déjà le cas à l’AFP avec l’accord Google) pour écarter les journalistes des répartitions ; d’autre part, si des négociations s’ouvrent avec des éditeurs sur le quantum de répartition des recettes ainsi générées, elles se mèneront au niveau où la négociation est la plus délicate, à savoir l’entreprise, compte tenu d’un rapport de force insuffisant, pouvant entraîner de fortes disparités d’un titre à l’autre. Enfin, la directive dit que le droit à la rémunération courra pendant deux ans après la publication de l’œuvre. Il s’agit d’un coin enfoncé dans la législation actuelle qui prévoit une plus longue durée des droits d’auteurs (jusqu’à 70 ans après la mort de l’auteur). La législation s’applique à tous les auteurs, y compris aux journalistes et on sait que certains articles peuvent être reproduits plus de deux ans après leur première publication à l’occasion d’une commémoration, par exemple.

Certaines critiques pertinentes sont venues de petits éditeurs qui estiment que seuls les grands groupes propriétaires des grands médias (les plus référencés) seront les bénéficiaires des effets de la directive, accroissant, à terme, la disparité entre grands groupes et petits éditeurs et les risques de disparitions de ce qui reste du pluralisme.

D’autres voix ont estimé que l’instauration d’un droit voisin peut conduire certains éditeurs à privilégier les œuvres (les articles) susceptibles d’être référencés (pour toucher chaque jour davantage), avec, là aussi, un risque pour le traitement de l’information (privilégiant le buzz ?) et, surtout, une dépendance accrue vis-à-vis des plateformes, qu’ils prétendent combattre. Ces critiques n’ont pas été entendues.

Si la directive, globalement, est une grande avancée pour le droit d’auteur, elle est dangereuse pour le journalisme et pour l’information. Les éditeurs ne se sont pas trompés de combat.

La revendication de création d’un nouveau droit voisin par les éditeurs regroupés dans l’association IPG (Information politique et générale) n’est pas nouvelle ; elle avait fait l’objet de la publication d’un projet de loi en 2012, intitulé « Droits voisins pour les organismes de presse ».

L’exposé des motifs était éclairant quant à la finalité réelle de création d’un « droit voisin numérique » « Il convient de créer un nouveau droit voisin du droit d’auteur qui bénéficie aux organismes de presse, lesquels regroupent les entreprises de presse, les éditeurs de presse en ligne et les agences de presse. »

Elle n’avait pas prospéré en raison de négociations de l’association IPG avec Google et de la signature d’un accord entre les deux parties à l’Elysée en février 2013, au terme duquel le moteur de recherche s’engageait à verser une somme dérisoire, sans référence à la notion de droit d’auteur, niant ainsi la notion de création et la titularité des droits des journalistes.

La position des éditeurs est constante et ancienne. Après avoir soutenu que les journaux étaient des œuvres collectives, ils avaient mis en cause la création salariée.

On pouvait lire dans le rapport de Raphaël Hadas-Lebel de décembre 2002 : « L’existence d’une rémunération au titre du droit d’auteur en dehors du salaire a été contestée dans son principe par de nombreux représentants des employeurs. Ceux-ci estiment en effet que pour les modes d’exploitation des droits de l’auteur entrant dans le champ de l’activité habituelle de l’employeur, et eu égard aux investissements consentis pour la réalisation de ces oeuvres, la rémunération de l’auteur salarié est normalement constituée par le salaire, le créateur étant ici, à titre principal, un salarié. Certains employeurs admettent toutefois que pour les modes d’exploitation autres que ceux relevant de l’activité habituelle de l’employeur, la rémunération de l’auteur salarié pourrait être fixée par la négociation collective (…) D’autre part, la réserve au profit des sociétés de perception et de répartition des droits a été jugée par les employeurs incompatible avec la gestion par l’employeur des droits de l’auteur salarié dans le cadre d’un contrat de travail. Refusant l’introduction de tiers dans les rapports entre salariés et employeurs, ils ont fait valoir que l’apport des droits de l’auteur salarié à une société de perception et de répartition des droits, outre qu’il entraînerait un double paiement par l’employeur, aurait pour effet de priver celui-ci de la maîtrise légitime de l’exploitation des droits afférents aux créations de l’auteur salarié (surtout dans l’hypothèse où la société de perception et de répartition des droits ne pourrait conférer à l’employeur une autorisation à titre exclusif), et empêcherait lesdits droits d’être comptabilisés en éléments d’actifs du fonds de l’entreprise. »

Il est illusoire de croire que les grands groupes de presse, tous passés entre les mains d’industriels comme Bolloré, Drahi, Dassault, Pinault, Kretinsky et autres, ont varié dans leur position. Bien au contraire.

Dès lors, l’adoption d’un droit voisin pour les éditeurs apparaît clairement comme la première étape de la remise en cause de la création salariée. Pour mener à bien leur sabotage, les patrons ont réédité le ‘’coup’’ de la loi Hadopi en insérant ‘’leur’’ article créant un droit voisin dans un support, la directive, accordant de nouveaux droits à tous les autres auteurs pour mieux noyer leur grossière manœuvre particulière. Qui n’est nullement fondée, compte tenu que cessionnaires à titre exclusif des droits d’exploitation des œuvres des journalistes réalisées dans le cadre de leur titre (publiées ou non), ils étaient en capacité de négocier des licences avec les plateformes. S’ils ont choisi un autre terrain, n’est-ce pas également, dans l’espoir de remettre en cause la loi du 12 juin 2009, qu’ils avaient critiqué comme trop favorables aux journalistes.

Compte tenu de toutes ces  raisons, ceux qui ont cru que les patrons allaient accepter une répartition équitable des rémunérations versées par les plateformes se sont trompés et ont trompé les journalistes. Ils ont pris une lourde responsabilité. L’exemple de l’accord de l’Elysée de février 2013 entre l’association IPG et Google aurait dû les inciter à plus de clairvoyance.

Aujourd’hui (et demain) les journalistes vont devoir lutter pour que la transposition de la directive en corrige les défauts et remette en cause les cadeaux accordés jusque là aux seuls patrons, puis, créer un rapport de force dans les rédactions pour obtenir un partage équitable des recettes générées par l’exploitation secondaire des œuvres par les plateformes. Or, la directive et même la loi Assouline ne placent pas les journalistes dans une position favorable ; les atouts sont plutôt du côté des patrons. Hélas.

Aux fous !

Le jeudi 21 mars, Donald Trump a franchi une ligne rouge en reconnaissant l’occupation du Golan syrien par Israël au nom de la sécurité de l’état hébreu.

Ceux qui n’apprécient pas le matamore, hélas président élu des Etats-Unis, y trouveront une nouvelle raison de le haïr. Trump tourne en effet le dos au droit international et bafoue la position de ses prédécesseurs qui avaient tenté de trouver une solution à deux Etats au Moyen-Orient.

Trump vole au secours du raciste Nétanyahou à quelques semaines d’échéances électorales ; il vole au secours d’un premier ministre, rattrapé par trois enquêtes pour corruption.

Délinquants de tous les pays, unissez-vous !

Le même jour, le 21 mars, Emmanuel Macron a fait un sale cadeau aux militaires français : les soldats de l’opération ‘’Sentinelle’’ sont appelés à prêter main-forte aux forces de l’ordre en réponse à la nouvelle mobilisation des gilets jaunes.

Macron prend une lourde responsabilité : depuis 1921, le maintien de l’ordre est du ressort de la gendarmerie et de la police ; et d’elles seules.

En faisant appel à l’armée, Macron renoue avec des décisions qu’on croyait abandonnées, à savoir la répression des grandes grèves comme en 1890, 1910 et 1947. Avec, à chaque fois, son lot de victimes.

Il met en avant la loi anticasseurs pour justifier la mobilisation des soldats et, donc, il assimile les gilets jaunes à des terroristes. Ces derniers apprécieront cette confusion assumée par le président de la République et ses perroquets.

Les défenseurs des libertés publiques se sont émus de cette escalade sécuritaire, dangereuse, et dénoncent cette proximité de plus en plus affirmée de l’Elysée avec les plus extrémistes des laudateurs de l’ordre.

Même le sénateur Bruno Retailleau s’en est ému : « On utilise l’armée en cas de guerre ou de guerre civile, mais on ne me fera pas dire que 1500 black blocs constituent une menace pour la nation française. »

Où Macron est-il allé chercher l’inspiration de sa nouvelle idéologie du maintien de l’ordre ? Pas chez celui qu’il présente comme son maître à penser, Paul Ricoeur ! Pas dans les rangs de son parti dont les membres et les députés ne pensent pas par eux-mêmes, mais rabâchent les mots de leur chef. Alors, où ? Chez Trump ?

Pense-t-il la masse assez ignare pour accepter une décision aussi dangereuse, aussi liberticide ?

Macron admire-t-il à ce point Trump au point de vouloir l’imiter ?

La démocratie est salie par des dirigeants dignes héritiers du docteur Folamour ; mais n’oublions pas que les Trump, Macron, Orban, Salvini, Bolsonaro, Erdogan, Ben Salmane, et autres spécimens inquiétants du moment, ne sont qu’un épisode. Et que, toujours, il faut peu de choses pour les renvoyer dans les poubelles de l’histoire.

La capitulation

Livre Paris, hier le Salon du livre de Paris, a fermé ses portes. Mais le malaise est persistant. En cause, la présence du stand Amazon.

Amazon, le géant du Web, aux côtés de Google, Apple, Facebook et le second A de GAFA, est l’une de ces entreprises américaines qui ont optimisé leur ‘’business model’’, ne payant quasiment pas d’impôt en ne déclarant en France et ailleurs qu’une infime partie de leur chiffre d’affaires et pratiquant donc allègrement l’optimisation fiscale.

A sa création, Amazon vendait des livres et seulement des livres par Internet et aujourd’hui Bezos se vante d’être le plus grand libraire du monde. Mais désormais il vend tout ce qui peut se vendre et investit jusque dans l’audiovisuel. Ses plateformes de stockage et de préparation des commandes se distinguent par un modèle social exécrable.

Amazon s’est fait le champion de l’autoédition ; chaque livre déposé sur KDP (pour Kindle Direct Publishing) est mis en ligne 48 heures plus tard et l’auteur conserve ses droits d’auteur. En outre, il peut toucher jusqu’à 70 % sur chaque vente (contre 5 % en général chez un éditeur traditionnel). Antoine Gallimard dénonce cette concurrence (« Il est très gênant pour nous. Parce que ça veut dire qu’on est des voleurs (…) Or, il n’y a rien derrière, c’est un leurre. »)

Les libraires, les vrais professionnels du livre, souffrent de cette concurrence déloyale d’Amazon. L’un d’entre eux, Christian Thorel de la librairie Ombres blanches à Toulouse, a protesté en termes vifs auprès du président du Syndicat national de l’édition (SNE), Vincent Montagne, contre la présence d’un stand Amazon à Lire Paris : « Je lis cette présence, écrit-il, comme une capitulation, comme une soumission à un ordre qui contrevient aux engagements conjugués de nos professions ». Le libraire affirme sa « volonté de ‘’résister’’ à un nouvel ordre. C’est là notre ambition, c’est là notre orgueil, il en faut pour défendre nos passions ». Il termine en accusant le rendez-vous de la Porte de Versailles « souvent si bruyant, mais qui devient aussi le lieu d’un silence assourdissant, et d’une défaite, d’une ‘’capitulation’’ face à un nouveau maître dont il faut rappeler qu’il s’est exclu lui-même de son appartenance à notre pays, à notre République, à nos valeurs ».

Amazon pirate du livre, Netflix pirate du cinéma ! Quand les politiques feront-ils le ménage ?

Mensonges en direct

Quand des échéances électorales approchent, les médias sont frétillants et déroulent le tapis rouge à Marine Le Pen. Cette observation ne doit rien au hasard.

La famille Le Pen a été au programme de la chaîne de TF1, LCI, le mardi 12 mars dans un documentaire intitulé ‘’Le Pen, la politique en héritage’’. Puis Marine, la présidente du Rassemblement national, a multiplié (ou va multiplier) les apparitions : dans L’émission politique de France 2 le jeudi 14, sur France 3 ce dimanche. Elle avait été l’invitée de France Inter le 11 février ; elle sera sur RFI mardi 19 et BFM TV le mercredi 20 mars.

On voit que le service public de l’audiovisuel est plus accueillant que les chaînes privées pour une parti qui prône la ‘’préférence nationale’’, le rejet des réfugiés, bref le racisme ordinaire ; ses provocations très calculées peuvent tomber sous le coup de la loi.

Plus encore, Marine Le Pen ment en toute connaissance de cause (ou méconnaît les sujets abordés, notamment en matière de politique sociale) : sur le traité d’Aix-la-Chapelle, sur le SMIC, sur les droits des réfugiés, etc.

Le plus souvent, ses mensonges ne sont pas dénoncés en direct. Les journalistes manquent alors à leurs devoirs les plus élémentaires.

Mais, dira-t-on, pourquoi continuer à inviter Marine Le Pen sur toutes les chaînes quand on sait que la Politique, avec un grand P, devrait être la recherche de la vérité à tout propos et sur tous les sujets. Ce seul fait devrait, pour le moins, inciter les directions de tous les médias à être plus exigeants avec leurs invités et à écarter ceux qui font du mensonge un argument politique.

Alors, pourquoi quand on sait que Marine Le Pen ne bat plus les records d’audience comme auparavant ?

N’est-on pas en droit de s’interroger sur des motivations purement politiciennes, notamment de la part d’Emmanuel Macron, désavoué, mais néanmoins soucieux d’apparaître comme le dernier recours contre l’extrême-droite, comme en 2017 ?

La vérité par la politique est-elle définitivement condamnée ?

Vive le livre !

Le groupe GfK est un institut d’études de marché et d’audit marketing d’Allemagne ; sa filiale française publie chaque année une étude sur le marché du livre. Les chiffres sont impressionnants : il s’est vendu 354 millions d’exemplaires en 2018 (dont 11,9 millions de livres de poche), soit 0,6 % de moins, pour un chiffre d’affaires de 3,94 milliards d’euros en recul de 0,9 %.

Derrière les chiffres, on décèle des motifs de satisfaction et des craintes pour l’avenir. Les Français ont acheté moins  de livres de littérature générale, celle qui fait appel à l’imaginaire (- 5,4 %) mais plus de bandes dessinées.

Pour les chercheurs de GfK, les livres traitant de la contestation du système politique et économique et ceux qui abordaient l’égalité femme-homme ont doublé leur offre et rencontré le public : celui-ci a acheté 1,1 million d’exemplaires.

Ce constat est en apparence réjouissant : les Français s’intéressent de plus en plus à ces questions d’actualité ; mais il signifie aussi que les lecteurs ne trouvent pas dans la presse les réponses aux questions qu’ils se posent au quotidien et qu’ils ont besoin de plus de repères et d’approfondissement. Voilà qui devrait interroger les journalistes et leurs patrons, ces milliardaires qui ont fait main basse sur les médias éblouis par le libre-échange et le libéralisme le plus confiscatoire pour les couches populaires.

L’autre face du constat de l’institut pose elle aussi de nombreuses questions : tous les Français ne sont pas égaux devant la lecture. GfK estime que 28,9 millions de personnes ont acheté au moins un livre imprimé en 2018. Ce qui signifie que l’autre moitié n’en a pas acheté un seul.

Il reste à combler cette fracture de la lecture et à entraîner ceux qui ne lisent pas vers les bibliothèques et médiathèques.

Et on ne se réjouira pas d’apprendre que Guillaume Musso voit deux de ses livres parmi les dix plus fortes ventes de l’année : la première (590 000 exemplaires) avec Un appartement à Paris et la troisième (501 000) avec La jeune fille et la nuit ; Marc Lévy, lui, pointe à la 7eplace (328 000) avec La dernière des Stanfield.

Guillaume Musso avec ses deux best-sellers a vendu plus d’exemplaires que tous les auteurs contestant le système actuel ou traitant de l’égalité femme-homme ou encore de l’écologie !

Le salut ne viendra pas de Guillaume Musso, mais bien de la lecture de livres d’auteurs de qualité dont les rayons des libraires sont remplis. Encore faudrait-il que le marché du livre échappe à Amazon, Cultura et à quelques éditeurs qui ne rêvent que de best-sellers et de dividendes pour leurs actionnaires.

Réponse (cinglante) à Finkielkraut

Dominique Eddé est une romancière et essayiste libanaise ; elle a été également enseignante, critique littéraire, traductrice et éditrice.

Du Liban et dans le grand quotidien L’Orient Le Jour, elle vient d’adresser une longue lettre (admirable) ouverte à Alain Finkielkraut. Elle est consultable à l’adresse : 

https://www.lorientlejour.com/article/1160808/lettre-a-alain-finkielkraut.html

S’il faut lire cette lettre dans son entier pour l’apprécier vraiment, laissez-moi vous en délivrer quelques passages forts.

Dominique Eddé débute en exprimant sa solidarité à Alain Finkielkraut : « La violence et la haine qui vous ont été infligées ne m’ont pas seulement indignée, elles m’ont fait mal. Parviendrais-je, dans cette situation, à trouver les mots qui vous diront simultanément ma solidarité et le fond de ma pensée ? Je vais essayer. Car, en m’adressant à vous, je m’adresse aussi, à travers vous, à ceux qui ont envie de paix. »

Mais, aussitôt, elle rappelle à celui auquel elle s’adresse sa suffisance : « Nous nous sommes connus au début des années 1980 à Paris, aux éditions du Seuil, et soigneusement évités depuis. Lors de l’invasion du Liban par Israël, vous n’aviez pas supporté de m’entendre dire qu’un immeuble s’était effondré comme un château de cartes sous le coup d’une bombe à fragmentation israélienne. Cette vérité-là blessait trop la vôtre pour se frayer un chemin. C’est l’arrivée impromptue dans le bureau où nous nous trouvions, de l’historien israélien Saul Friedländer, qui permit de rétablir la vérité. Il connaissait les faits. J’ai respiré. Vous êtes parti sans faire de place à ma colère. Il n’y avait de place, en vous, que pour la vôtre. Durant les décennies qui ont suivi, le syndrome s’est accentué. Vous aviez beau aimer Levinas, penseur par excellence de l’altérité, il vous devenait de plus en plus difficile, voire impossible, de céder le moindre pouce de territoire à celle ou celui que vous ressentiez comme une menace (…) Le plus clair de vos raisonnements est de manière récurrente rattrapé en chemin par votre allergie à ce qui est de nature à le ralentir, à lui faire de l’ombre. Ainsi, l’islam salafiste, notre ennemi commun et, pour des raisons d’expérience, le mien avant d’être le vôtre, vous a-t-il fait plus d’une fois confondre deux milliards de musulmans et une culture millénaire avec un livre, un verset, un slogan. Pour vous, le temps s’est arrêté au moment où le nazisme a décapité l’humanité. Il n’y avait plus d’avenir et de chemin possible que dans l’antériorité. »

Dominique Eddé fustige l’intolérance d’Alain Finkielkraut en termes sévères : « Vous dites que deux menaces pèsent sur la France : la judéophobie et la francophobie. Pourquoi refusez-vous obstinément d’inscrire l’islamophobie dans la liste de vos inquiétudes ? Ce n’est pas faire de la place à l’islamisme que d’en faire aux musulmans. C’est même le contraire. À ne vouloir, à ne pouvoir partager votre malaise avec celui d’un nombre considérable de musulmans français, vous faites ce que le sionisme a fait à ses débuts, lorsqu’il a prétendu que la terre d’Israël était « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Vous niez une partie de la réalité pour en faire exister une autre. Sans prendre la peine de vous représenter, au passage, la frustration, la rage muette de ceux qui, dans vos propos, passent à la trappe. »

Il faut entendre les paroles de Dominique Eddé pour comprendre ce qui se joue à la fois en Palestine et en Israël, d’une part, et dans notre pays, d’autre part. Au-delà des positions outrancières de Finkielkraut.

Vivent les droits des femmes !

Tout au long de la journée, les médias ont parlé de la Journée de la femme, au mieux de la Journée des droits des femmes ; pour eux le 8 mars est une journée comme il y en a tant d’autres, statique et qui ne dure que 24 heures, avant de voir les hommes reprendre le pouvoir et passer à autre chose.

Mais le 8 mars, ce n’est pas la Journée de la Femme (même avec un grand F) ; non, revenons à l’origine, il s’agit de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, initiée par des femmes socialistes, progressistes, révolutionnaires ou simplement désireuses de se voir reconnaître les mêmes droits que les hommes.

Il n’est pas anodin de constater que le caractère internationaliste et la notion de lutte ont été supprimés de toutes les annonces faites à propos de cette journée.

Notre société est encore patriarcale et les femmes doivent lutter au quotidien pour se voir reconnaître les droits auxquels tous les être humains ont droit, femmes et hommes, sans distinction.

Combien de patrons (très majoritairement des hommes) ne veulent pas s’attaquer aux discriminations dont sont victimes leurs salariées et ne supportent pas que les femmes soient absentes pour maternité !

Et que dire d’un gouvernement prétendument en marche qui, en s’attaquant au code du travail, fait régresser de fait les droits des femmes salariées.

J’ai apprécié un billet du sénateur communiste du Nord, Eric Bocquet, qui écrit : « Souvenir des cours d’histoire à l’école primaire de Marquillies, la préhistoire, les premiers hommes vivant dans les cavernes, l’homme de Cro-Magnon, l’homme de Neandertal… Jamais il ne fut question de la femme, ni de Cro-Magnon ni de Neandertal… A-t-elle existé ? Si tel n’eut pas été le cas, les Homo Sapiens que nous sommes devenus ne seraient pas là, ni pour écrire, ni pour lire ce billet. »

Tout est dit.

Football is business

Cauchemar, malédiction, faillite : tous les médias ont multiplié les poncifs après la défaite du PSG, l’équipe de l’émir du Qatar, contre Manchester United en huitièmes de finale de la coupe des champions de football.

Evidemment, pour le club c’est un cauchemar puisque l’élimination est synonyme de pertes d’argent estimées à 10 millions d’euros (droits de retransmission télévisuels, sponsors, recettes dans le stade, ventes de maillots, etc.). En football aujourd’hui, on parle d’abord de « pognon de dingue ».

Pour les joueurs aussi la défaite est lourde de conséquences : des primes juteuses se sont évaporées en 90 minutes.

Ces gens-là ont oublié que le football est avant tout une activité humaine où le droit à l’erreur est reconnu et doit être accepté. Contre l’équipe de Manchester (presque une équipe réserve tant les absences de titulaires étaient nombreuses), le PSG ne peut même pas avancer l’excuse de l’absence de quelques stars comme Neymar ou Cavani.

Activité humaine, le football n’est pas une science exacte et les prétendues surprises font partie du jeu quand les erreurs se multiplient et quand celles d’un joueur ne sont pas rattrapées par les coéquipiers.

Les dirigeants qataris du PSG font grise mine : d’une part, parce que la stratégie diplomatique de l’émirat s’appuie largement sur le sport et, d’autre part, parce qu’ils ont promis que leur ’’chère’’ équipe allait enfin remporter la coupe d’Europe cette année.

Ils ont investi des sommes colossales pour briller. Une nécessité selon le cabinet Deloitte qui, dans une étude récente, a noté qu’il y a une corrélation entre le niveau des revenus dégagés par les clubs (et leurs facultés à investir dans l’achat des meilleurs joueurs) et la qualification en huitièmes de finale de la coupe d’Europe. Cette année, sur les 16 qualifiés, 13 apparaissent dans son classement des 20 plus gros revenus au niveau mondial.

Le PSG pointe à la 7eplace et son adversaire de Manchester, lui, affiche le plus gros chiffre d’affaires. On pourrait aller jusqu’à prétendre que la victoire de Manchester est donc dans l’ordre des choses, car si l’argent ne fait pas tout dans le football, il y contribue largement.

Football is business, hélas. Mais cela n’est après tout qu’un jeu qui ne change en rien la vie quotidienne de millions d’individus en France, au Royaume-Uni ou ailleurs.

Jupiter condescendant

Sam Morgan est un journaliste domicilié à Bruxelles collaborant au site d’informations européennes Euractiv. Il a publié aujourd’hui un billet peu amène pour Emmanuel Macron après la publication de sa tribune.

Sam Morgan juge « Jupiter condescendant » et d’emblée écrit « Peut-être que ce dont L’Europe a maintenant besoin, c’est d’un peu d’action plutôt que d’une autre vision vague. »

Il estime que « le président français est assez malhonnête quant à la probabilité de voir ces changements (qu’il préconise, NDLR), sachant qu’ils justifieraient une modification difficile du traité de l’UE. » Comme le premier ministre tchèque Andrej Babis, il juge ses réformes « éloignées de la réalité ».

Quant à la chute de l’article, elle est vraiment assassine : « C’est admirable que la tribune soit disponible dans toutes les langues officielles de l’Union européenne (pardon Luxembourgeois et Gallois), mais la contribution de Macron souffre la même faiblesse que celle qui afflige le débat politique dans le reste de l’Europe. Un manque évident de substance. »

La messe est dite.

Macron, démission

Emmanuel Macron ne manque pas de toupet en s’adressant par médias interposés aux citoyens des 28 pays de l’Union européenne. Comme il l’écrit en guise de préambule de sa longue tribune, « Citoyens d’Europe, si je prends la liberté de m’adresser directement à vous… » Mais de quelle liberté ose-t-il parler ? De quel droit s’adresse-t-il à des citoyens par-dessus les élus des pays membres de l’Union, lui qui avait fustigé les honteux dirigeants italiens venus rencontrer des gilets jaunes ?

Macron, rejeté dans son pays, en sauveur de l’Europe ? Il ne manque pas de culot !

Son initiative est autant une manifestation de son ego démesuré qui lui dicte de prendre le leadership de l’Union (Angela Merkel appréciera !), qu’une manœuvre interne pour tenter de redorer son image.

Comment le banquier qu’il fut peut-il écrire : « Comment résisterions-nous aux crises du capitalisme financier sans l’euro, qui est une force pour toute l’Europe » ? Sa politique n’est-elle pas « pro-business », c’est-à-dire entièrement favorable au capitalisme financier et au libre échange si dévastateur. Sa politique a été d’une inefficacité totale pour créer des emplois, mais, au contraire, elle a réussi à creuser les inégalités et à réjouir les riches, ses semblables.

Comment peut-il encore écrire : « L’Europe, où a été créée la sécurité sociale, doit instaurer pour chaque travailleur, d’Est en Ouest et du Nord au Sud, un bouclier social lui garantissant la même rémunération sur le même lieu de travail, et un salaire minimum européen, adapté à chaque pays et discuté chaque année collectivement » ? En France, n’a-t-il pas détruit le fameux bouclier social à coup d’ordonnances, dédaigné le Parlement et les organisations syndicales ? Les Français n’ont cependant pas oublié qu’il a refusé d’augmenter le SMIC depuis son élection.

Pour Macron, « le progrès et la liberté c’est pouvoir vivre de son travail ». Mais de l’Elysée n’a-t-il pas entendu parler des travailleurs pauvres, qui vivent à la rue ou, au mieux, dans une caravane ou leur voiture ? Des retraités qui sont obligés de retourner au travail pour survivre ?

Toute sa tribune sonne faux, parle faux, véhicule de fausses informations et prône des remèdes aux antipodes de ce qu’il met en œuvre. Tout suinte l’hypocrisie.

Pauvre France, qui ne mérite pas un tel dirigeant !

La Renaissance européenne dont il se veut le champion, ce n’est pas lui qui la mettra en œuvre, mais ce peuple qui ne croit pas en ses discours et qui se lève pour dire : « Macron démission ! ».

Coup de folie, vraiment ?

Un homme de 65 ans, présenté comme étant un conseiller fiscal, fonctionnaire au conseil départemental des Yvelines, a été condamné samedi à six mois de prison avec sursis pour « dégradations de biens d’utilité publique » en comparution immédiate par le TGI de Paris.

L’homme avait été interpellé trois jours plus tôt en flagrant délit et il a reconnu être l’auteur d’une cinquantaine de tags (des croix gammées et des insultes antisémites) dans les gares et les rames du RER C entre Versailles et Paris.

Le caractère antisémite des tags a été disjoint et il sera donc jugé pour ce second délit.

L’homme présente un casier judiciaire vierge et son avocat plaide le coup de folie ; ses actes seraient le résultat de difficultés familiales et la méconnaissance des symboles antisémites qu’il a utilisés.

Soit.

Mais, dans notre monde, les citoyens connaissant des difficultés familiales et financières sont très nombreux. Pour autant, ils ne se livrent pas à de tels actes.

On notera aussi que, dans le cas présent, l’antisémitisme n’est pas l’œuvre de méchants islamistes perturbés par la cause palestinienne ou par Daesh, mais bien celle d’un citoyen ordinaire.

L’air ambiant est lourd des intolérances qui touchent non seulement les Juifs, mais aussi les citoyens noirs, musulmans, homosexuels, etc. Les mobilisations doivent être de tous les instants pour éduquer ceux qui prônent les discours d’exclusion.

Le pouvoir ne fait-il pas lui-même l’apologie de l’intolérance envers les chômeurs, les pauvres, les gilets jaunes ou encore les musulmans au point de perturber davantage les esprits faibles ou troublés, prêts à trouver aussitôt chez l’autre la source de leurs malheurs personnels ?

Dans ce monde inhumain où celui qui a tout perdu et qui n’a plus d’espoir, mais qui rêve à un peu plus de justice, se raccroche à des chimères, à des mirages, celui-là donc est prêt à se laisser abuser par ceux qui, virtuoses du verbe et de rhétorique, ont « trouvé » la raison de leur malheur et multiplient les promesses d’y remédier.

Ils promettent des réformes, toujours plus de réformes, mais aussi de la patience ; ils puniront les fainéants, c’est-à-dire les privés d’emploi qui ne veulent pas traverser la rue et les réfugiés de toute la misère du monde qui seront renvoyés dans leur pays, mais aussi les fonctionnaires à l’emploi garanti à vie et aux privilèges exorbitants.

En attendant les jours heureux qu’ils ne préparent pas, les croix gammées et les insultes fleuriront sur les murs à la suite de coups de folie.

Radio Classique et Zemmour

Eric Zemmour ne mérite aucune place ici ; pourtant on ne peut pas passer sous silence son recrutement comme chroniqueur sur Radio Classique.

Celle-ci est la propriété de Bernard Arnault (LVMH), comme Le Parisien et Les Echos, et le milliardaire du luxe ne peut pas ignorer l’arrivée de ce triste personnage sur ses antennes. Son directeur de l’antenne et de l’information non plus (il s’agit de Jean-Francis Pécresse, par ailleurs éditorialiste au quotidien Les Echos, et beau-frère de Valérie Pécresse). Tous complices !

Guillaume Durand, l’animateur de la matinale, a tenté de justifier le choix de Zemmour après le départ de Maurice Szafran, qui, dans sa lettre de démission, affirme que le nouveau chroniqueur est infréquentable, raciste et homophobe.

Il aurait pu ajouter que Zemmour est un honteux révisionniste qui a osé affirmer, entre autres saloperies, que Pétain avait sauvé les Juifs français.

Zemmour est un idéologue dangereux de la droite extrême, un rabâcheur des pensées des intellectuels collabos des années du nazisme triomphant, adorateurs d’Hitler, de sa solution finale et de l’Holocauste.

Contrairement à ce que soutient Durand, Zemmour n’est pas dans la tradition des polémistes français, il ne cultive pas l’excès ; il assume ce qu’il dit et il dit ce qu’il pense.

L’homme est dangereux, il n’est pas un spécialiste des dérapages : il est objectivement raciste, homophobe et infréquentable. Il n’y a donc rien d’ambigu chez lui.

Le choix de Radio Classique est assumé ; où il est prouvé que les milliardaires comme Bernard Arnault sont prêts à toutes les compromissions avec les gens infréquentables comme Eric Zemmour.

En revanche, il ne fera jamais appel aux Economistes atterrés ou à des journalistes communistes, voire anti-libéraux sur son antenne.

Rappelons-lui au passage que le racisme n’est pas une opinion mais un délit.