Nous sommes au XXIe siècle et je me demande comment les électeurs ont pu se laisser circonvenir par autant de dirigeants médiocres et de discours mensongers.
De l’est à l’ouest et du nord au sud, la bêtise, souvent, semble être devenue le viatique nécessaire et suffisant pour être élu président ou premier ministre. C’est à qui sera le plus grotesque.
Nous sommes sortis du Siècle des Lumières pour nous enfoncer chaque jour davantage dans les ténèbres. Nos gouvernants prétendent combattre les fausses nouvelles (il faut dire fake news pour faire jeune), mais ils cultivent l’art du mensonge, à l’image d’un président des Etats-Unis qui assène les pires mensonges alors que la vérité lui est mise sous les yeux. Trump surpasse ceux qui lui ont succédé et qui prétendaient, par exemple, que l’Irak utilisait les armes chimiques, mais qui n’ont pas eu un mot pour condamner Monsanto et son poison mondialement utilisé par les agriculteurs.
Souvent ces menteurs professionnels sont corrompus et n’ont du leur ascension qu’à une corruption qui leur a permis de faire fructifier leur électorat en distribuant des pots-de-vin. Ils mentent effrontément.
Trump a forcé les portes de la Maison Blanche en multipliant les pires mensonges et en utilisant les pires slogans nationalistes : ‘’America First’’ ou sa variante ‘’Make America great again’’ (Il a même poussé la bêtise en déposant la marque en 2015). Il continue à mentir à propos du Venezuela, de la Chine ; les mensonges sont son arme absolue ; le sens des mots semble lui échapper, tant sa bêtise est immense.
Trump n’a pas le monopole des mensonges ; les ‘’grands’’ dirigeants des ‘’grandes’’ puissances d’aujourd’hui en font un usage quotidien. C’est toute la planète qui est contaminée. Et ces politiciens corrompus ont réduit la gestion de la chose publique, comme le président des Etats-Unis, aux mêmes slogans puisés dans une nostalgie des temps où les canons et les fusils laissaient les populations dans la désolation et les ruines.
Poutine n’est pas le dernier à utiliser les mêmes recettes que Trump ; lui fait référence à la Grande Russie. Erdogan n’a pas voulu rester en dehors de la compétition avec son rêve de sultanat sur l’Empire ottoman reconstitué. Viktor Orban, Sebastian Kurz et Andrej Babis laissent parfois suinter une certaine nostalgie pour la grandeur de l’empire austro-hongrois.
Les citoyens de ces pays ne sont pas toujours dupes et colportent des blagues symptomatiques du climat qui règnent dans leurs pays ; par exemple, à Budapest un homme s’adresse à un ami : « Tu regardes le match ce soir à la télévision ? » Celui-ci lui rétorque alors : « Quel match ? » Et le premier de répondre « Autriche-Hongrie ». Son ami, sans hésiter, lui demande : « Contre qui ? »
A l’ouest de l’Europe, on fait plus dans la dentelle. Angela Merkel, par exemple, ce serait plutôt « Deutsche Wirtschaft über alles » (L’économie allemande au dessus de tout) plutôt que le « Deutschland über alles » de sinistre mémoire.
Au Brésil, Bolsonaro, lui, fait dans le rétro également, en célébrant l’anniversaire du coup d’état du 31 mars 1964 (‘’la révolution rédemptrice’’) qui a instauré la dictature militaire pendant 21 ans avec l’appui assumé des Etats-Unis et leur opération Brother Sam.
La France n’a pas échappé à la maladie mondialisée des slogans. Emmanuel Macron, lui, s’est essayé à la Restauration (« Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là ! »). D’ailleurs il multiplie les réceptions à sa cour de Versailles : Poutine et d’autres grands de ce monde (patrons roturiers, mais puissants). Il avait également tenté de se rêver en Jupiter, le dieu des dieux. Sans grand succès.
Alors, au fil des mois il semble avoir réduit ses velléités monarchiques en tentant de se poser comme le patron de l’Union européenne. Sans plus de succès, surtout du côté de l’Allemagne de sa chère Angela.
Il s’est replié surla ‘’startup nation’’. Grandeur et décadence du royaume de France et du roi Macron, dont le soleil a pâli.
Son entourage, servile, est composé aussi de menteurs émérites. Qui pour justifier les suppressions de centaines de postes de fonctionnaires ; qui pour casser les hôpitaux publics ; qui pour ébranler l’école publique avant de la privatiser, comme la SNCF, EDF, Aéroport de Paris, etc. Qui pour casser le code du travail. Ses ministres ont le mensonge dans le sang. Ses gardes du corps aussi.
Mais le mensonge a ses limites et la vérité sur les conditions sociales de l’immense majorité des citoyens va finir par leur exploser à la figure.