La Chouette qui hioque

Mois : décembre 2024

Triste fin d’année !

Le mois de décembre, plus que d’autres, a vu nos boîtes aux lettres électroniques et même celles du facteur se remplir d’appels à la générosité, à la solidarité. Amnesty, Oxfam, Secours populaire, Cimade, ActionAid, Attac, Avaaz et combien d’autres ont besoin de nos dons.

Ce n’est pas nouveau, mais cette fin d’année est particulière. La crise est profonde : de plus en plus de pauvres et de moins en moins de subventions.

Alors quoi faire quand nos salaires et nos pensions de retraites sont laminées par une inflation contestée par ceux qui accaparent toutes les richesses.

Evidemment, on a honte de ne pouvoir tous les aider ces milliers de bénévoles, ces milliers d’associations, sans qui la société s’écroulerait. On est culpabilisé devant tant de détresses.

Aujourd’hui, le pouvoir politique de droite s’en remet à des gens admirables de dévouement et d’humanité, pour mettre des pansements sur les plaies provoquées par un système égoïste qui n’a pas de cœur. Le mépris se mesure dans les choix budgétaires et dans des déclarations odieuses de mauvaise foi, comme celles des touristes gouvernementaux en visite éclair à Mayotte.

Les bénévoles multiplient les miracles, au quotidien, mais ils ont atteint leurs limites si nous ne pouvons pas répondre à leur appel au secours.

Evidemment, on a honte. Plus que ce président de la République et ce gouvernement qui bafouent la devise, Liberté, Egalité, Fraternité.

Il y a une urgence sociale dans le beau pays de France dans lequel les millions de bénévoles vont finir par ne plus se reconnaître.

Les médias redoublent d’appel à la fête pour célébrer la nouvelle année. Comme si la situation était normale. Comme si les pauvres avaient le goût à la fête. Comme si les bénévoles en détresse pouvaient se départir de la misère galopante et du visage de ceux que, demain, ils n’arriveront même plus regarder en face, faute de moyens pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires.

Triste fin d’année !

C’est beau la vie

La loi des talibans interdit désormais aux femmes afghanes d’aller à l’école au-delà du primaire. Elles ne liront jamais les sublimes vers de Louis Aragon !

Le poète avait osé écrire que « L’avenir de l’homme, c’est la femme. Elle est la couleur de son âme. » Sacrilège pour le porte-parole des talibans, un certain Zabihullah Mujahid, qui a écrit sur son compte X (oui, celui d’Elon Musk) : « Le fait de voir des femmes travaillant dans des cuisines, dans des cours ou collectant de l’eau dans des puits peut engendrer des actes obscènes ».

Aragon, reviens !

Garant de la ‘’morale’’ des talibans, le fou d’Allah préconise d’obstruer la vue des voisins ou des passants et, dans le cas de construction neuve, les mairies devront s’assurer que cour, cuisine et autres endroits habituellement utilisés par des femmes sont dépourvus de fenêtres.

Mais où donc les talibans ont-ils trouvé cette folle prescription ?

Chaque jour qui passe soustrait la femme afghane de l’espace public (et la vie tout court). Elle n’a plus le droit de chanter et de déclamer de la poésie. Donc de vivre.

Jean Ferrat a chanté (beaucoup et fort bien) Aragon ; pour son interprète « le poète a toujours raison/ Qui voit plus loin que l’horizon (…) Entre l’ancien et le nouveau/Votre lutte à tous les niveaux/De la nôtre est indivisible ». Il a pu mettre une musique sur un appel à la révolte : « Il faut regarder le néant/ En face pour savoir en triompher ».

Ecoutons donc le poète et son chantre et n’abandonnons nos sœurs afghanes, car, « Oui c’est beau c’est beau la vie ».

La grandeur perdue

Imaginons (cela l’intelligence dite artificielle ne peut pas le faire à notre place). Oui, imaginons donc qu’un homme politique de gauche (la vraie) ose écrire sur son réseau social les lignes qui suivent :

« Il serait profondément choquant que Marine Le Pen soit jugée inéligible et, ainsi, ne puisse pas se présenter devant le suffrage des Français. Combattre Madame Le Pen se fait dans les urnes, pas ailleurs. Si le tribunal juge qu’elle doit être condamnée, elle ne peut l’être électoralement, sans l’expression du Peuple. N’ayons pas peur de la démocratie et évitons de creuser, encore plus, la différence entre les ‘’élites’’ et l’immense majorité de nos concitoyens. »

Quelle bronca ne soulèveraient-elles pas ? A la hauteur du scandale. Les médias se déchaîneraient, relayant le tumulte de toute la ‘’classe politique’’.

En France, aujourd’hui, c’est un homme de droite, ex-ministre de l’intérieur, puis député et à nouveau ministre (de la justice) qui les a écrites, Gérald Darmanin. Sans déclencher de tollé. Que ce triste personnage, auteur de ce déni de démocratie, se retrouve, quelques jours plus tard, patron de la magistrature française est suffocant.

Gérald Darmanin nous avait habitué à tout ; aujourd’hui, il franchit une nouvelle étape en commentant une décision de justice qui n’a pas été encore prononcée, sans provoquer de réaction du président de la République. A notre connaissance, Emmanuel Macron n’a pas hésité une seconde pour signer la nomination du donneur de leçons permanent.

Le citoyen a quelques raisons de s’interroger (et peut-être même de s’indigner) ; de ne plus croire en la hiérarchie de l’information, en la justice, en la politique.

Gérald Darmanin, ex-premier flic et désormais premier juge de France, a-t-il voulu faire de la provocation ou, alors, est-il en mission pour s’occuper des ‘’affaires’’ Le Pen, Sarkozy ou Bayrou ?

La grandeur perdue de la France se mesure à ce genre de petits arrangements ! Nous sommes revenus à un régime féodal où les puissants étaient inexpugnables et le peuple asservi.

Le fou parle

Les médias français ont annoncé la composition du nouveau gouvernement. Il s’agit d’une fausse information (une ‘’fake news’’ pour écrire avec les expressions dans l’air du temps) ; le gouvernement de François Bayrou n’est qu’un ramassis de vieux politiciens qui ont vendu leur âme au capitalisme mondialisé, comme un Manuel Valls, rejeté par tous les électeurs de France et de Catalogne.

Pendant ce temps-là, Donald Trump fait comme s’il était déjà installé à la Maison Blanche. Il divague, il est grossier, il ment et il provoque sans que nous sachions jusqu’où il est prêt à aller. Bref, il est fidèle à sa personnalité, abjecte.

Sur son réseau social, il a publié un court texte pour souhaiter un joyeux Noël et étaler toute l’étendue de sa folie. Il faut l’avoir lu pour mesurer le danger de l’homme que l’Amérique profonde (mais pas seulement) a porté à la fonction suprême :

« Joyeux Noël à tous, y compris aux merveilleux soldats de la Chine, qui gèrent avec amour, mais illégalement, le canal de Panama (où nous avons perdu 38 000 personnes lors de sa construction il y a 110 ans), en s’assurant toujours que les États-Unis investissent des milliards de dollars pour « réparer », mais n’auront absolument rien à dire sur « quoi que ce soit ».

Et aussi au gouverneur Justin Trudeau du Canada, dont les impôts des citoyens sont bien trop élevés, mais si le Canada devait devenir notre 51e État, leurs impôts seraient réduits de plus de 60 %, leurs entreprises doubleraient immédiatement de taille et ils seraient protégés militairement comme aucun autre pays au monde.

De même, au peuple du Groenland, dont les États-Unis ont besoin pour des raisons de sécurité nationale et qui veulent que les États-Unis soient là, et nous le ferons ! Joyeux Noël aux fous de la gauche radicale, qui tentent constamment d’entraver notre système judiciaire et nos élections, et qui s’en prennent toujours aux grands citoyens et aux patriotes des États-Unis, mais en particulier à leur adversaire politique, MOI. Ils savent que leur seule chance de survie est d’obtenir le pardon d’un homme qui n’a absolument aucune idée de ce qu’il fait.

Et aussi aux 37 criminels qui ont tué, violé et pillé comme pratiquement personne avant eux, mais qui viennent d’être graciés, incroyablement, par Sleepy Joe Biden. Je refuse de souhaiter un joyeux Noël à ces « âmes » chanceuses, mais je dirai plutôt : ALLEZ EN ENFER ! Nous avons eu la plus grande élection de l’histoire de notre pays, une lumière vive brille désormais sur les États-Unis et, dans 26 jours, nous allons RENDRE L’AMÉRIQUE GRANDE À NOUVEAU. JOYEUX NOËL ! »

C’est ainsi que le fou parle !

Rien à voir avec la revue libertaire, Le fou parle, éditée en France de 1977 à 1984. Selon son créateur, Jacques Vallet, ceux qui y apportaient leur contribution voulaient faire entendre une « voix improbable, impolie, impulsive, inégale, inattendue, indécente, inactuelle, inquiète, insolente, interrogative, inutile », mais, ô combien intelligente.

Parmi les contributeurs de la revue, le poète anarchiste (qui a flirté un moment avec Vichy) a eu des mots qui définissent bien le contour du monde selon Donald Trump : « Des journaux de merde, des radios de merde, des affiches de merde / Avec de grands mots de merde /Annoncent des progrès de merde »

Quand le fou parle, il faut avoir les mots du poète à l’esprit.

L’espoir de la démocratie

Si on en croit le rapport annuel sur l’état de la démocratie dans le monde de l’Institut Varieties of Democracy, rattaché à l’université suédoise de Göteborg, 71 % de la population mondiale vit dans une autocratie (contre 48 % en 2014).

Si on en croit ? E ce qui me concerne, je le crois. Dur comme fer !

Le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple n’existe plus ou que parcimonieusement, y compris en France, pays des Droits de l’Homme.

Le droit de manifester, la liberté d’expression, le droit de se syndiquer et d’adhérer à une association, le droit de vote sont ébranlés, progressivement, lentement, à pas comptés, mais sûrement. Quant au droit à l’information, il est de plus en plus contrôlé par les milliardaires, évitant au pouvoir politique d’avoir à le faire aussi grossièrement que Viktor Orban en Hongrie.

Depuis son accession à la présidence de la République, Emmanuel Macron agit par petites touches pour limiter les libertés réelles sur lesquelles s’appuie la vraie démocratie. En multipliant le recours au 49-3, il donne l’image d’un souverain qui méprise le rôle du Parlement. En faisant reculer le droit social (chômage, retraite, pouvoir d’achat, etc.), il fragilise le rôle du citoyen dans la cité. En refusant de nommer un premier ministre de gauche, il dénie au peuple le droit de choisir le type de société dans lequel il veut vivre et il donne des gages aux grands groupes mondialisés.

La liste des atteintes aux libertés est longue. Trop longue pour être supportée très longtemps encore.

Nous ne vivons plus dans une démocratie, mais, comme l’écrit José Saramago, « dans une ploutocratie qui n’est plus locale ni proche, mais qui est devenue universelle et inaccessible ».

Macron a marqué son appétence pour la ploutocratie en s’affichant avec Donald Trump et Elon Musk sur le parvis et sous la coupole de Notre-Dame à Paris.

Ce monde-là se côtoie, se fréquente, se serre les coudes et s’aide lorsqu’il le faut pour sauver les ploutocraties en difficulté.

Dans les dernières manifestations contre les coupes drastiques dans le budget de la région des Pays-de-la-Loire, on pouvait lire des pancartes : « Sois inculte et tais-toi ! ». Le raccourci est saisissant, mais ô combien juste. Effrayant. Christelle Morançais, la présidente de la région, nouvellement promue vice-présidente du parti Horizons d’Edouard Philippe, veut conduire le peuple des Pays-de-la-Loire vers le marché et le livrer aux grands groupes. Elle puise son inspiration chez Elon Musk, dans les notes de l’Institut Montaigne (comme Macron), qui eux-mêmes s’alimentent des dogmes du marché, élaborés par ceux qui détiennent le véritable pouvoir.

Dans ce monde-là, il y a un pouvoir unique et inaltérable, le pouvoir économique et financier mondial ; un pouvoir anti-démocratique parce qu’il échappe au vote des citoyens. Il irrigue tous les niveaux de pouvoir pour mieux contrôler le citoyen.

Dans ce monde-là, on méprise le bonheur du peuple ; il suffit de jeter un oeil sur la carte des plans dits sociaux dressé par la CGT, pour mesurer combien de couples et d’enfants sont dans l’angoisse à quelques jours de Noël à l’annonce de milliers de licenciements.

Néanmoins, la colère gronde et, derrière elle, se lèvent espérances et utopies. A l’espoir de voir surgir un monde humain, simplement humain, le nanti rétorque en demandant de la patience à celui qui piaffe d’impatience. Et qui a toutes les raisons d’être impatient, car il y a encore de l’espoir. Si la gauche le veut !

La loi des plus riches

Les grands groupes ne souhaitent pas voir Emmanuel Macron désigner un premier ministre de gauche. Le président de la République non plus. Entre libéraux, on parle le même langage, celui du fric. Dans ce milieu-là, on ne compte qu’en milliards, parfois en centaines de millions. Mais pas moins. Chez ces gens-là, on dédaigne le peuple.

On s’interrogeait : qu’est-ce qui a pu pousser Bolloré à scinder Vivendi, Canal+ Group (coté au London Stock Exchange), Havas (coté à Euronext Amsterdam) et Louis Hachette Group (coté à Euronext Growth Paris) ?

ActuaLitté révèle que « pour la famille Bolloré, qui détient 30% de Vivendi, il s’agit d’une économie estimée de 535 millions d’euros en impôts, grâce à un régime fiscal qui traite deux tiers des actions Canal+ et Hachette comme des remboursements non taxables d’apports. »

Et ActuaLitté précise qu’il s’agit d’une manœuvre d’évitement fiscal parfaitement légale, : « Pour la scission de Canal+, Vincent Bolloré devrait payer environ 200 millions d’euros d’impôts, au lieu de plus de 600 millions d’euros. Pour Hachette, les impôts s’élèveront à environ 65 millions d’euros, au lieu de 200 millions (…) Chez Canal+, sur une valorisation totale de 6,85 milliards d’euros, 4,5 milliards sont vus comme un remboursement aux actionnaires. Chez Hachette, sur une valorisation de 2,15 milliards, 1,4 milliard est traité de même. Le tiers restant de la valeur des actions sera taxé au taux habituel de 30%. »

A cela, il faut ajouter que Bolloré bénéficie d’un régime fiscal dit « mère-fille » permettant une exonération partielle d’impôt sur les dividendes perçus de la filiale, Vivendi, par le groupe Bolloré.

Au moment où Bercy cherche quelques milliards pour éponger la dette, la parfaite opération de Vincent Bolloré a quelque chose d’incongru et d’immoral. Néanmoins, personne dans les sphères libérales ne parle de réviser ces mesures d’évitement fiscal, couplées à des transferts de cotation à l’étranger.

A la lumière de cette seule opération de Bolloré, on comprend mieux les contorsions de Macron pour ne pas désigner un premier ministre de gauche. Quant à Vincent Bolloré, il n’a même pas eu à aller voir son confesseur personnel…

Tout fout le camp

L’expression est certes triviale, mais elle a le mérite de bien qualifier l’état d’une nation qui figurait, hier encore, dans le peloton de tête des grandes puissances.

En lisant quotidiens et magazines tout confirme la chute vertigineuse de l’économie française.

Un quotidien ose titrer : « Le décrochage économique de l’Europe, piégée par les technologies » ou encore « Le premier ministre face au retour de la désindustrialisation ». Mais un magazine affirme, amer, « Réindustrialisation : la fin des illusions ».

Le même magazine consacre deux articles à la dette, l’un affirme que « La trajectoire de la dette publique est inquiétante » et l’autre va plus loin en écrivant : « 60 milliards. C’est le montant que les contribuables français paient chaque année pour un système agricole et alimentaire socialement et écologiquement destructeur ».

A propos d’écologie, le magazine constate que « La planification écologique, éternelle variable d’ajustement et victime collatérale de l’instabilité politique en France ». Et, dans le même numéro, il dénonce un scandale majeur : «La France continue d’exporter des pesticides interdits chez elle ».

Les multinationales comme Nestlé, sont également mises en accusation en France et le scandale est tel que la production de Perrier est menacée.

Le quotidien s’est penché sur le scandale de l’eau et publie une tribune dont l’auteur demande que sa gestion devienne un projet collectif.

L’information circule mais il est parfois difficile de faire le tri entre information vérifiée et manipulation, c’est pourquoi le quotidien publie un appel bienvenu : « Nous, chercheurs et scientifiques, estimons ne pas être en opposition avec les agriculteurs ».

Tout fout le camp et les Français sont les premières victimes de la politique libérale dictée au pouvoir politique par les grands groupes mondialisés. Le magazine confirme des informations dont les organisations caritatives constatent au quotidien : « Toujours plus de ménages souffrent du froid ». Il aurait pu ajouter « et de faim ». Ils sont nombreux aujourd’hui, au pays de la gastronomie, à restreindre le nombre de repas.

Les suppressions d’emploi se comptent par dizaines de milliers ; elles vont encore accroître, si c’est possible, le mal-vivre des Français, y compris ceux des services publics. Les ‘’grands économistes’’ rôdent autour de l’Elysée, Matignon et Bercy ; ils veulent ‘’dégraisser le mammouth’’ (quelle phrase horrible et indigente !). A la Poste, l’opération est en cours : « Les intérimaires se retrouvent sur le carreau », constate un autre quotidien ». Dernier exemple de la casse des services publics pour les offrir au privé.

Tout fout le camp, mais jusqu’à quand ?

Français, réveillez-vous et rejoignez les luttes qui se dessinent.

Nos universités en danger

La colère gronde dans les universités. Et, ce ne sont pas les étudiants qui grondent le plus, mais les présidents. C’est assez dire l’importance du mécontentement.

Le 21 novembre, ce sont trente présidents qui s’étaient rendus au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche ; d’autres ont effectué la même démarche le 3 décembre. Ils ont tiré la sonnette d’alarme : plusieurs universités sont au bord de la faillite et ont découvert, médusées, le projet de budget de Bruno Le Maire, puis celui de son successeur vraiment intérimaire. Depuis, les mobilisations se sont multipliées sous diverses formes.

Le ministre de tutelle, Patrick Hetzel, a eu une réplique extravagante, invitant les universités à piocher (sic) dans leur trésorerie. Un ministre ne doit pas dire ça !

Autre argument ministériel hors sol : il faut adapter l’offre.

Il a fini d’exaspérer les présidents d’université, qui, jusque-là, avaient joué le jeu de l’autonomie. Ils se sont trouvés devant une situation qu’on leur avait cachée, les restrictions budgétaires, entraînant un manque de place pour les étudiants.

A la rentrée dernier, 85 000 bacheliers étaient sans affectation et 52 000 étudiants sans master. Une situation que les présidents ne peuvent pas accepter ; ils savent mieux que les ministres qu’ils préparent les futurs cadres, ingénieurs et techniciens dont la France a besoin si elle entend se réindustrialiser vraiment.

Si la dette du pays est immense, ce n’est assurément pas la faute des étudiants, ni celle des présidents d’université, mais bien la politique économique et sociale d’Emmanuel Macron et son prétendu économiste en chef, Bruno Le Maire.

 Edouard Kaminski, le président de Paris-Cité, a pu déclarer : « Depuis 2022nous avons subi l’inflation et la hausse du coût des fluides (gaz, électricité, eau) due à la crise ukrainienne. Aujourd’hui, les mesures du Projet de Loi de Finances 2025 exigeraient un effort de 400 millions d’euros en plus, dans des budgets déjà tendus. Ce n’est pas supportable. »

La président de la République, lui, est étrangement muet sur la question, le nouveau premier ministre également (pourtant ex-enseignant) ; l’auteur de la loi sur l’autonomie des universités, Valérie Pécresse, ne dit mot devant ce désastre annoncé pour l’avenir de la France, de sa recherche, de son industrie et de sa jeunesse.

La colère des universités gronde ; si elles veulent retrouver leurs capacités de formation et de recherche, leurs grondements doivent rejoindre ceux de tous les salariés français et ceux du monde de la culture qui souffrent aujourd’hui et qui sont, eux, majoritaires dans le pays.

Si La Tribune le dit…

La Tribune est un quotidien économique dont les libéraux ne mettent pas le grand professionnalisme en doute. Il ne viendrait pas à l’esprit de son patron, Rodolphe Saadé, le milliardaire de la CMA CGM, de laisser publier de fausses informations.

Si La Tribune le dit, il faut donc admettre que « La France est en voie de désindustrialisation », comme l’un de ses journalistes l’a écrit il y a deux jours.

Celui-ci affirme que « les chiffres démontrent un retournement de l’industrie française ces derniers mois » et il cite une étude d’un cabinet de conseil, Trendeo, pour qui les fermetures d’usines ont été plus nombreuses que les ouvertures en 2024, en notant que « c’est la première fois depuis 2015 que cet indicateur est négatif ».

Certes, La Tribune ne va pas jusqu’à reprendre les études de la CGT qui a recensé 286 plans sociaux (sic) depuis septembre 2023, mais le quotidien, sérieux, est bien obligé de constater l’hécatombe, ajoutant que « la rédaction n’a pris en compte que les plans supérieurs à 50 emplois. »

La Tribune du très macroniste Rodolphe Saadé égratigne au passage les protections sociales trop généreuses, appelant à leur réforme profonde. On n’en attendait pas moins ! Salauds de pauvres, comme éructait cyniquement Jean Gabin dans La Traversée de Paris en 1956 !

Le journal, pour qui « malgré une année 2024 noire pour la réindustrialisation de la France, tout n’est pas à jeter » ; il a cru voir une lueur d’espoir dans une étude de l’INSEE. Celle-ci, écrit le plumitif, « révèle que la France compte 310 000 établissements économiquement actifs dans l’industrie manufacturière, à la fin de 2022, contre 240 000 en 2017, bien que cette croissance soit surtout portée par les micro-entrepreneurs ».

Donc, vive la précarité ! Vive l’auto-entrepreneur !

Si La Tribune le dit…

De la fête au génocide

Si la chute de Bachar Al-Hassad est fêté dans les rues de Damas, il n’est pas certain que la fête va continuer longtemps. Jusqu’où iront les islamistes qui ont pris le pouvoir ? A quel jeu joue le tyran de Turquie ? Profitera-t-il de la situation pour perpétrer un génocide des Kurdes ? Quel est l’avenir de l’Iran ? De nombreuses questions restent hélas sans réponse dans l’immédiat. 

Israël pavoise et Netanyahu se console de ses poursuites devant les tribunaux. Biden exulte en prétendant que sa politique au Moyen-Orient est plébiscitée, sans regarder en arrière pour observer ce qui s’est passé en Afghanistan et en tirer les conclusions.

Une seule chose est sûre, les premiers perdants de la chute de Bachar Al-Hassad sont les pauvres Palestiniens, tant Israël a les mains libres pour poursuivre le génocide de tout un peuple.

Le jour même où les islamistes chassaient le tyran de Damas, Amnesty International publiait un long rapport (300 pages) après des mois d’enquêtes, de collectes de preuves et d’analyses juridiques ; la secrétaire générale de l’ONG, Agnès Callamard, le résume en une phrase : « Nos conclusions accablantes doivent sonner comme un signal d’alarme pour la communauté internationale : il s’agit d’un génocide, qui doit cesser immédiatement. »

Amnesty dénonce attaques indiscriminées, préjudices physiques et mentaux graves, blessures irréversibles, détentions au secret et tortures, conditions de vie insoutenables, destructions matérielles sans précédent, déplacements forcés et arbitraires, aide humanitaire entravée, population confrontée à la famine, terres agricoles détruites, destruction du système de santé, conditions sanitaires indignes, propos racistes et déshumanisants. Bref, l’intention d’Israël est génocidaire.

Les témoignages sont terribles, comme celui de ce Gazaoui, Ahmad Nasman qui a perdu ses parents, sa sœur, sa femme et ses trois enfants dans un bombardement : « Mon corps a survécu, mais mon âme est morte avec mes enfants ; elle a été enfouie sous les décombres avec eux. » Ou encore celui de Moyyad Ahmad, membre de l’Union des comités professionnels agricoles, qui constate : « Nous ne voyons pas d’avenir pour l’agriculture à Gaza après la guerre… Tout est détruit… Ce n’est pas l’histoire individuelle d’un pêcheur ou d’une femme travaillant dans une ferme, c’est celle d’un patrimoine qui a été volé à la population. Ils ont volé la capacité de produire de la nourriture. »

Quand Emmanuel Macron aura trouvé un premier ministre, peut-être aura-t-il le temps de condamner le génocide et de reconnaître la Palestine. Même s’il s’agit d’un champ de ruine, sans population.

Alléluia !

La cérémonie de réouverture de Notre-Dame a pris l’allure d’une grande guignolade, avec Emmanuel Macron en maître de cérémonie. Les invités se pressaient pour apercevoir un Donald Trump, à l’air fermé, ou pour faire un ‘’selfie’’ avec Elon Musk, tout sourire.

Les ‘’généreux donateurs’’, Arnault et Pinault, évidemment, ont éclipsé tous les autres. Les pompiers de Paris et les artisans de la reconstruction n’ont pas été oubliés. Ouf !

Le président de la République a lu un discours soporifique, puis la messe a pu être dite, grandiose, par un archevêque de Paris ravi de l’opération de communication pour sa chère Eglise catholique sur les chaînes de service public d’une République laïque.

La journaliste Aude Lancelin a trouvé des mots pour résumer la cérémonie :

« Les prêtres déguisés en bonbons Dragibus par Castelbajac, le gros fric de LVMH partout dans les premiers rangs, et Macron qui sourit comme un possédé aux côtés de Trump, le nouveau boss. Priez pour nous. »

Mots cruels, peut-être, pour qualifier une soirée très ‘’bling-bling’’ et rappeler à l’archevêque de Paris, Laurent Ulrich, que l’Eglise catholique est originellement l’église des pauvres.

La parenthèse tombait à pic pour faire oublier que la France n’a toujours pas de gouvernement, que la pauvreté ne cesse de se répandre, que la dette publique se creuse chaque jour davantage, que les plans dits sociaux se multiplient. Avec la bénédiction d’un Macron démonétisé.

Alléluia !

Question sur le pouvoir

Il parle, il parle, il parle. Il fait comme si rien ne l’ébranlait. Il ne reconnaît aucune erreur, aucune faute. Il a toujours raison. Il n’a pas un mot de compassion pour les dizaines de milliers de salariés qui vont perdre leur emploi dans les jours et les mois qui viennent. Il fait semblant d’être encore le président de la République imbu de lui-même et de son savoir. Mais au regard des événements qui s’enchaînent à la vitesse de la lumière, se pose à nous la question de son pouvoir.

Il accumule les revers politiques et le dernier en date risque de gâcher la cérémonie de réouverture de Notre-Dame qu’il a voulu grandiose, avec invités de marque, show à l’américaine et un peu de religiosité avec force d’agités de la calotte. Des journées bling-bling que le pape a eu raison d’éviter.

Le dernier revers en date lui a été infligé par celle qu’il avait choisie pour être présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Il n’a pas réussi à apprivoiser cette mégère atlantiste, ultralibérale, d’une grande famille de la noblesse allemande. Elle a signé l’ignoble accord UE-Mercosur contre l’avis d’Emmanuel Macron. Quel affront !

Les nobles ont conservé cette propension à traiter le peuple avec dédain ; Ursula von des Leyen vient de faire preuve de morgue vis-à-vis d’un président qui se croyait l’égal de ces riches héritiers qui hantent encore les milieux politiques et économiques.

Renvoyé à son rang de simple valet du capitalisme hanséatique (d’où est issue la réactionnaire en chef de la Commission), Macron devra s’expliquer avec les agriculteurs.

Battu dans les urnes, à l’Assemblée nationale, dans l’opinion, à la Commission européenne, Emmanuel Macron n’en continue pas moins à tenter de faire exploser le Nouveau Front populaire en invitant le seul Parti socialiste à l’Elysée, au mépris des électeurs.

Il s’avère ainsi comme le petit soldat de l’inaltérable pouvoir économique et financier mondial. Quoi qu’il en coûte au peuple.

Avant de refermer ce billet, je voudrais livrer à Emmanuel Macron et à son ex-amie Ursula cette phrase écrite par l’un des plus grands écrivains portugais, Almeida Garrett :

« Je demande aux économistes politiques, aux moralistes, s’ils ont déjà calculé le nombre d’individus qu’il faut forcément condamner à la misère, à la démoralisation, à l’enfance, à l’ignorance crapuleuse, au malheur insurmontable, à la pénurie absolue, pour produire un riche ? »

Chronique d’une mort annoncée

La mort annoncée n’est pas celle de Michel Barnier, mais celle d’Emmanuel Macron et de son système. En sept ans de présidence, il a précipité la France dans le chaos : sa dette est abyssale, ceux qui ne devaient plus dormir dans la rue sont de plus en plus nombreux, les plans de licenciements se multiplient (alors qu’il prétend réindustrialiser le pays), les acquis sociaux sont en lambeaux, le système de santé publique est moribond, la recherche en berne, l’éducation nationale additionne les réductions d’effectifs, les taxis sont en colère, les agriculteurs aussi. Etc.

Bref, tout fout le camp. Et la colère gronde.

L’éminent énarque, imbu de sa personne, est, lui, droit dans ses bottes et il continue à s’admirer et à admirer son action. Comme Narcisse, il est devenu amoureux de son image ; celle que lui reflète son ex-professeur devenue son épouse, son Ernestine. Couple tragique, sourd à ce qui se passe dans le pays.

Sourd aussi à l’installation du RN comme arbitre des débats politiques alors qu’il n’a cessé de proclamer tout faire pour l’affaiblir.

Son entourage (et lui-même) crie au scandale après le vote de la censure de ‘’son’’ gouvernement ; il dénonce le chaos dans lequel ceux qui ont osé voter le renvoi de Barnier ont plongé le pays, en omettant de rappeler que c’est lui qui a dissout l’Assemblée nationale et refusé de nommer un premier ministre de gauche.

Devant autant de gâchis, on ne peut s’empêcher de penser que l’ENA n’est pas l’école d’excellence qu’on vante dans les beaux quartiers.

Enfin, ceux qui crient au loup ont-ils pris le temps de regarder le cours de la bourse (qui ne s’est pas effondrée contrairement aux affirmations de la droite) avant de se répandre dans les médias ? Ils auraient dû écouter les analystes, qui, pour une fois, ne disent pas des âneries : « Les actifs français ont été tellement dégradés qu’il y a aussi une chasse aux bonnes affaires. Cela reste une réaction de très court terme à interpréter de manière prudente. Il y a de rares moments où la réaction du marché aux nouvelles laisse perplexe. Aujourd’hui et cette semaine est l’un d’entre eux ».

La France est en plein chaos, depuis plus longtemps que cette folle journée du 4 décembre 2024. En revanche, les grands groupes se portent bien et leurs actions aussi, et c’est leur politique économique qui est sanctionnée. Comme celle de Macron, à leur écoute quand le peuple est méprisé.

S’il y a une mort annoncée, c’est celle d’un système à bout de souffle où seuls les dividendes comptent. Quand les citoyens en auront suffisamment pris conscience (cela demandera encore des années), ils célébreront les obsèques du capitalisme. Ce ne sera pas à Notre-Dame, ni en présence de Trump, Musk ou Macron. La cérémonie sera une grande fête, joyeuse, bariolée, chantante, dansante ; l’aube d’une nouvelle ère.

Rencontres

La vie est faite de rencontres et d’amitiés. Il se trouve, par hasard, que deux des plus grands écrivains italiens actuels, Silvia Avallone et Erri De Luca, ont publié deux formidables romans sur le même thème des rencontres à quelques années d’intervalle.

Silvia Avallone, elle, est fidèle à sa veine sociale. Le chemin d’un voleur de voitures croise celui d’un adolescent lui aussi délinquant. Erri De Luca, lui, est fidèle aux personnages à la marge. A la frontière italo-slovène, un vieillard solitaire qui vit sous la tente dans la montagne croise une jeune tsigane qui fuit le mariage arrangé.

Les deux courts romans sont d’authentiques chefs d’œuvres. L’écriture y est lumineuse et envoûtante ; les textes sont une profonde interrogation sur le sens de la vie, sur la vie quotidienne. Chacun s’insèrant dans un monde d’aujourd’hui, sans pitié, mais en brisant les codes. Chacun verra sa vie bouleversée par sa rencontre. Sans que les deux auteurs ne donnent de leçon de morale ; leurs personnages se rencontrent pour se séparer abruptement, laissant le lecteur imaginer une suite éventuelle.

On sort de ces deux romans à la fois émerveillés, mais plein d’interrogations sur la vie dans la société contemporaine.

Grandiose magie de la littérature.

Silvia Avallone, Le lynx (Liana Levi, piccolo, 60 pages) et Erri De Luca, Les règles du Mikado (Gallimard, 154 pages)

Les mots assassins

François Morel jongle avec les mots de belle manière. Il est souvent (pour ne pas dire toujours) d’une habileté féroce pour dénoncer la bêtise, l’arrogance, la vanité, l’obséquiosité, la flagornerie, la servilité. En quelques mots, en quelques phrases.

C’est pour cela qu’il a été engagé par France Inter pour une chronique hebdomadaire, le vendredi de quelques trois minutes.

Moment suave, exquis, délicieux, enchanteur. Tenez, vendredi, il a adressé une lettre à Edouard Philippe ; elle m’a tellement enthousiasmé que je ne résiste pas à l’envie folle de la relayer :

« Monsieur Edouard, monsieur Philippe, monsieur Édouard Philippe,

Depuis des années, dès que vous pouvez, vous ne ratez jamais une occasion pour défendre notamment les bienfaits de la lecture et la vie culturelle dans son ensemble qui embellit la vie en cherchant à lui donner du sens.

Dans une interview, vous parliez de la culture comme un « pilier d’une économie positive ». « La culture, disiez-vous est un investissement pour l’avenir. La culture nous bouscule aussi parfois, nous incite à tenter des choses nouvelles, à prendre des risques et accepter l’idée du changement. On a tendance à considérer l’art et la culture comme une dépense, on ne reconnait pas assez le poids économique qu’ils représentent. »

Monsieur Edouard, je dis « bravo ». Monsieur Philippe, je dis « respect ». Avec un discours pareil, on est presque étonné que vous n’ayez jamais été nommé Ministre de la Culture mais je plaisante, je sais bien qu’avoir le souci de la culture n’est surtout pas un critère pour obtenir ce poste.

Christelle Morançais, présidente du conseil régional des Pays de Loire et justement adhérente de votre parti Horizon vient de prendre des mesures qu’on ne lui demandait pas. Quand le gouvernement Barnier lui impose une ponction de 40 millions, Christelle Morançais promet d’aller en chercher 60 de plus l’an prochain. C’est une femme qui a de l’ambition. Pas pour la culture visiblement, mais pour elle. « C’est un effort inédit, soutient-elle, important, exigeant mais c’est un effort indispensable et salutaire. » Madame Morençais connait plein d’adjectifs. Moi aussi, même que j’en connais d’autres : excessif, inique, abusif, arbitraire, drastique, scélérat.

Le Chaînon manquant, la Folle journée de Nantes, le festival d’Anjou, le théâtre de la Fleuriaye de Carquefou, le festival de cinéma Premiers plans, la Maison de Julien Gracq, (enfin je ne peux pas citer toutes les compagnies théâtrales, tous les lieux culturels de la région Pays de Loire) vont connaitre des coupes violentes dans leurs budgets, possiblement fatales.

De nombreux acteurs de la vie culturelle des Pays de Loire ont justement protesté et madame Morançais s’est insurgée :

« La culture serait donc un monopole intouchable », pensant peut-être qu’un monopole dirige toutes ces entités diverses, éparpillées, autonomes qui font la richesse d’un territoire.

Monsieur Édouard, monsieur Philippe, maintenez-vous vos propos sur la culture ou Christelle Morançais dans votre parti ? Maintenir les deux est difficile. Vous avez déjà dû vous apercevoir que la politique du « en même temps » avait ses limites.

Puisqu’on a appris que vous aviez le 06 de Marine Le Pen, ne devriez-vous pas la contacter pour qu’elle prenne sous son giron madame Morançais et ses idées radicales ou au cas où désormais vous seriez d’accord avec madame Morançais de proposer à madame Le Pen une grande plateforme commune afin de détruire définitivement le réseau culturel du pays ?

Veuillez agréer monsieur Edouard, monsieur Philippe, etc., etc. »

Il est trop tôt pour dire si Christelle Morançais s’en relèvera. On ose espérer que non et que sa bêtise l’emportera dans les poubelles de l’histoire. Comme Rachida Dati égratignée au passage.

Merci, François Morel. N’hésitez pas à écrire encore et encore de si belles lettres. La situation vous en est donnée chaque jour, tant les politiciens de droite et d’extrême droite (qui n’en finissent pas de se rapprocher, contrairement aux parallèles) font assaut de stupidité. Les mots assassins leur font plus de mal que de grands discours.