La colère gronde dans les universités. Et, ce ne sont pas les étudiants qui grondent le plus, mais les présidents. C’est assez dire l’importance du mécontentement.
Le 21 novembre, ce sont trente présidents qui s’étaient rendus au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche ; d’autres ont effectué la même démarche le 3 décembre. Ils ont tiré la sonnette d’alarme : plusieurs universités sont au bord de la faillite et ont découvert, médusées, le projet de budget de Bruno Le Maire, puis celui de son successeur vraiment intérimaire. Depuis, les mobilisations se sont multipliées sous diverses formes.
Le ministre de tutelle, Patrick Hetzel, a eu une réplique extravagante, invitant les universités à piocher (sic) dans leur trésorerie. Un ministre ne doit pas dire ça !
Autre argument ministériel hors sol : il faut adapter l’offre.
Il a fini d’exaspérer les présidents d’université, qui, jusque-là, avaient joué le jeu de l’autonomie. Ils se sont trouvés devant une situation qu’on leur avait cachée, les restrictions budgétaires, entraînant un manque de place pour les étudiants.
A la rentrée dernier, 85 000 bacheliers étaient sans affectation et 52 000 étudiants sans master. Une situation que les présidents ne peuvent pas accepter ; ils savent mieux que les ministres qu’ils préparent les futurs cadres, ingénieurs et techniciens dont la France a besoin si elle entend se réindustrialiser vraiment.
Si la dette du pays est immense, ce n’est assurément pas la faute des étudiants, ni celle des présidents d’université, mais bien la politique économique et sociale d’Emmanuel Macron et son prétendu économiste en chef, Bruno Le Maire.
Edouard Kaminski, le président de Paris-Cité, a pu déclarer : « Depuis 2022, nous avons subi l’inflation et la hausse du coût des fluides (gaz, électricité, eau) due à la crise ukrainienne. Aujourd’hui, les mesures du Projet de Loi de Finances 2025 exigeraient un effort de 400 millions d’euros en plus, dans des budgets déjà tendus. Ce n’est pas supportable. »
La président de la République, lui, est étrangement muet sur la question, le nouveau premier ministre également (pourtant ex-enseignant) ; l’auteur de la loi sur l’autonomie des universités, Valérie Pécresse, ne dit mot devant ce désastre annoncé pour l’avenir de la France, de sa recherche, de son industrie et de sa jeunesse.
La colère des universités gronde ; si elles veulent retrouver leurs capacités de formation et de recherche, leurs grondements doivent rejoindre ceux de tous les salariés français et ceux du monde de la culture qui souffrent aujourd’hui et qui sont, eux, majoritaires dans le pays.