Amos Goldberg, historien et professeur à l’université hébraïque de Jérusalem, s’est dit révolté et traumatisé par l’attaque du Hamas le 7 octobre. Dans un entretien accordé au Monde, il dit : « Je comprenais bien le contexte de l’occupation, de l’apartheid [en Cisjordanie], du siège [de Gaza], mais, même si cela pouvait expliquer ce qu’il se passait, cela ne pouvait pas justifier de telles atrocités. Immédiatement après l’attaque, les bombardements israéliens massifs ont commencé et, en quelques semaines, des milliers de civils gazaouis sont morts. Et il n’y avait pas seulement les bombardements. Une rhétorique génocidaire est apparue et a dominé dans les médias, l’opinion publique et la sphère politique : « Nous devons les supprimer [les Palestiniens], ce sont des animaux humains » [Yoav Gallant, ministre de la défense, le 10 octobre 2023] ; « C’est toute une nation qui est responsable » [Isaac Herzog, président d’Israël, le 14 octobre 2023] ; « Nous devrions larguer une bombe nucléaire sur Gaza » [Amichai Eliyahu, ministre du patrimoine, le 5 novembre 2023] ; « C’est la Nakba de Gaza 2023 » [Avi Dichter, ministre de l’agriculture, le 11 novembre 2023, en référence audéplacement forcé et à l’expulsion de 700 000 Palestiniens, pendant la guerre de 1948, après la création d’Israël].Ces propos étaient tellement choquants que, pour cela non plus, je n’avais pas de mots. »
S’il reconnaît à Israël « le droit absolu de se défendre », il lutte néanmoins contre l’occupation et l’apartheid et il a pu écrire un texte en avril titré : « Oui, c’est un génocide ». Aujourd’hui, il ajoute : « Ce qui se passe à Gaza est un génocide, car Gaza n’existe plus. Le territoire a été totalement détruit. Le niveau et le rythme de tueries indiscriminées touchant un nombre énorme de personnes innocentes, y compris dans des lieux définis par Israël comme des zones sûres, la destruction de maisons, d’infrastructures, de presque tous les hôpitaux et universités, les déplacements de masse, la famine organisée, l’écrasement des élites et la déshumanisation étendue des Palestiniens dessinent l’image globale d’un génocide. »
Israël a franchi une étape supplémentaire hier : la Knesset a adopté un texte interdisant les activités de l’UNRWA sur son territoire. Cette étape supplémentaire, odieuse et répugnante, est la touche finale à l’épuration ethnique et au génocide.
Alors, oui, c’est un génocide car Gaza n’existe plus.