La Chouette qui hioque

Mois : octobre 2024

Peut-on aimer un pays

Mona Cholet est une journaliste et une autrice de talent. Ses œuvres ne laissent pas indifférent.

Invitée de l’émission d’Augustin Trapenard, La Grande Librairie, le 9 octobre pour parler de son dernier ouvrage, En finir avec la culpabilisation (La Découverte), elle a pris la parole pour lire un texte particulièrement émouvant sur la Palestine. Ce grand moment de télévision est à regarder pour partager le bouleversement provoqué par cette lecture. Mais, ce texte est aussi à lire et relire pour saisir toutes les raisons que tout homme humaniste a de soutenir le peuple palestinien.

Peut-on aimer un pays
Qui n’est même pas un pays ?

Un pays
Dont on n’a jamais foulé le sol
Un pays avec lequel on n’a,
Pour tout lien physique,
Qu’une lampée d’huile d’olive
Parsemée de zaatar
Qui caresse le gosier
Qui enchante les papilles de sa verdeur

Un pays
Dont on regarde de vieilles photographies,
Le cœur battant,
En y cherchant le visage de ses ancêtres
Au détour d’une ruelle de Jérusalem

Peut-on aimer un pays
Que tant de gens autour de soi
Se réjouissent de voir brûler
Un pays défiguré, englouti par la corrosion d’un seul mot :
« Terroriste »

Un pays d’enfants radieux
Transformés en pantins mutilés
En cadavres poussiéreux

Un pays dont le nom, à lui seul,
Constitue une offense
Dont le drapeau peut vous mener au commissariat
Dont les habitants
Pèsent moins qu’une plume
Sur la balance des vies humaines

Peut-on aimer un pays
Dont même vos amis
Semblent ignorer la part de douceur

Un pays qui vous rend suspecte
Qui vous isole dans le tremblement de votre effroi
Dans le chagrin qui vous réveille la nuit
Dans l’infinie litanie
De souffrances trop vertigineuses
Pour que l’esprit les saisisse

Peut-on aimer un pays entêté

Qu’il serait si facile de renier

Mais qui vous interdit de l’oublier

Un pays qui vous appelle, qui vous oblige

Un pays qui vous demande

De mettre à l’abri ses trésors

Quand vient l’heure inexorable de la destruction

Dégâts collatéraux désastreux

On n’en finit pas de mesurer les dégâts collatéraux de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron. Ulcéré par le résultat de l’élection européenne, il a pris une décision digne du souverain de droit divin ne supportant aucune contrariété, posture qu’il assume depuis sa première entrée à l’Elysée.

Mais si le peuple exaspéré avait ramené Louis XVI de Versailles à Paris, Macron, lui, reste en place, refusant de nommer un premier ministre de gauche, dévoilant ainsi, mais était-ce nécessaire, sa véritable nature.

Néanmoins, aujourd’hui, le roi est quasiment nu après avoir trouvé un allié, le LR, et un groupe de pression, le RN. Il partage le pouvoir avec le groupe parlementaire qui a été rejeté par les électeurs et sous le contrôle de Marine Le Pen. C’est peu glorieux. 

Les dégâts collatéraux immédiats sont considérables. La dette de l’Etat et la politique européenne sont avancées pour donner un nouveau tour de vis anti-social. Hausse des impôts directs et, surtout indirects touchant le peuple et préservant les ultra-riches ; coups de rabots sur les dépenses de santé ; report de l’augmentation des pensions de retraites ; suppression de postes de fonctionnaires et notamment d’enseignants quand il en faudrait davantage (l’école privée catholique réactionnaire pour les riches a de beaux jours devant elle malgré les scandales qui l’entourent) ; diminution du budget de la culture du fait de l’inflation (de nombreuses structures et initiatives ont déjà soit réduit, soit annulés leurs activités) ; etc.

La liste des dégâts s’allonge au fur et à mesure de la découverte du projet de budget.

Les grands groupes profitent de la chienlit pour faire leurs affaires. Ainsi, on apprend que Sanofi va vendre sa filiale Opella, spécialisée dans les médicaments ‘’grand public’’, à un fonds d’investissement américain, CD&R, pour 15 milliards, plutôt qu’à un fonds français cependant mieux disant social, mais moins généreux pour les actionnaires, le premier étant L’Oréal.

L’opération purement spéculative concerne quand même 115 médicaments et 11000 salariés dans 150 pays, qui, aujourd’hui, sont plongés dans l’angoisse. CD&R (pour Clayton, Dubilier & Rice), l’un des plus grands fonds américains, n’investit que pour réorganiser les entreprises rachetées à coups de milliards pour un retour sur investissement immédiat ; il n’hésite pas à couper les branches les moins rentables sous la pression de ceux qui lui ont confié des sommes considérables pour accumuler des dividendes. L’argent n’a pas de morale.

On est loin des vibrantes déclarations de Macron s’engageant à rapatrier la fabrication des médicaments essentiels en France. Aujourd’hui, curieusement, lui est d’habitude si disert, est étrangement muet. Il n’a pas un mot pour condamner l’opération.

Est-il fier de ce nouveau coup porté à l’industrie française par les détenteurs du capital ?

Confusions extrêmes

La démocratie, c’est-à-dire, l’organisation sociale du pays, est tourneboulée. Un groupe de 47 députés peut, par exemple, se targuer de détenir aujourd’hui 11 ministères, dont le premier et celui de l’intérieur.

Le pouvoir qui détermine l’organisation sociale est confisqué par une petite caste de réactionnaires rances, celle qui a mené la France à la quasi-faillite.

Le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple n’est qu’illusion ; il ne revient plus au peuple de s’administrer. La caste au pouvoir n’a pas été mise en place pour le bonheur du peuple et nous subissons l’inversion de la démocratie ; nous sommes de plus en plus en ploutocratie, tournant le dos aux résultats électoraux.

Dans le contexte de discussion du prochain budget de la nation, la secrétaire générale de la CGT, a eu raison de rappeler que « là où l’on peut faire des économies, c’est sur les aides aux entreprises. C’est 200 milliards d’euros chaque année, un tiers du budget de l’Etat (…) Il faut que le balancier passe de l’autre côté ; aux grandes entreprises et aux plus riches de passer à la caisse. »

Le gouvernement a bien écouté, mais pas entendu ; il est plus sensible aux fortes injonctions des ploutocrates.

Certains affidés des ploutocrates, dans les régions, ont pris un train d’avance. Par exemple, le département du Nord a décidé de ne plus financer Collège au cinéma, un dispositif national qui permet aux collégiens d’aller voir d’excellents films avec leurs professeurs. Le montant de l’économie : 230 000 euros, sur un budget de 3,9 milliards.

Le président (de droite) du conseil départemental, Christian Poiret, a avancé un argument imbécile : « Le cinéma, vous ne pensez pas qu’ils peuvent y aller avec leurs parents ? ». Ainsi, il prive 30 000 collégiens du Nord d’éducation à la culture au moment où celle-ci est la plus nécessaire.

C’est, une fois encore, les ploutocrates qui ne veulent pas toucher à leurs privilèges et qui abandonnent l’éducation nationale au marché, car c’est le marché qui conditionne les moyens attribués à chaque échelon du pouvoir. Pour eux, la culture n’est pas nécessaire au peuple.

Le marché est d’ailleurs de plus en plus soumis aux règles dictées par les ploutocrates, qui ont mis en place des structures privées pour les faire respecter. Les cabinets de conseil sont de puissants gardiens des dogmes. Le gouvernement est sous leur influence comme l’a montré Elise Lucet dans son émission Cash Investigation sur le cabinet McKinsey.

Les médias sont, eux aussi, sous contrôle étroit et Elise Lucet est passée à côté du sujet en voulant faire de son émission un spectacle où la journaliste doit rester la vedette. Elle n’a pas mis en exergue, ainsi que l’a noté Télérama, « comment les consultants sont devenus des acteurs invisibles au sein des gouvernements, ce qui affaiblit la transparence nécessaire au fonctionnement démocratique. Le documentaire minimise également l’ampleur des conflits d’intérêts, qui sont bien plus répandus qu’il ne le montre. »

Le mal est profond. La ploutocratie tien bon le gouvernail du système économique et financier mondial celui qui, comme le soutenait José Saramago (on y revient toujours) « n’est pas démocratique parce que ce n’est pas le peuple qui l’a élu, qui n’est pas démocratique parce qu’il n’est pas régi par le peuple, et qui n’est pas démocratique, enfin, parce qu’il ne vise pas le bonheur du peuple ».

La France du 14 juillet 1789 est à réinventer.

Patrons voyous

Le scandale est énorme : la société Milee (ex-Adrexo), spécialisée dans la distribution d’imprimés publicitaires, vient d’être placée en liquidation. Résultat : 10 100 salariés sont licenciés et, plus encore, privés de salaires depuis le mois de juillet.

Le scandale est énorme et les grands médias sont muets. Le sort de plus de 10 000 pauvres, salariés précaires, fragiles, distribuant des paquets publicités dans des conditions moyenâgeuses et avec des salaires de misère, n’intéresserait donc pas les Français !

Le scandale est énorme quand on saura que les trois patrons de la holding Hopps Group sont des habitués des coups tordus. L’un d’eux, Frédéric Pons a été condamné en 2012 pour travail dissimulé quand il était à la tête d’Adrexo. Les patrons des Bouches-du-Rhône, peu regardants, l’ont porté à la vice-présidence du MEDEF.

Sa condamnation ne l’avait pas empêché de racheter Adrexo avec deux compères, Eric Paumier et Guillaume Salabert en 2017 et de la filialiser au sein de Hopps Group.

Le premier nommé, ex-directeur d’Adrexo Mail, avait racheté en 2012 l’activité colis d’Adrexo pour 1 euro symbolique (avec une soulte de 67 millions) pour créer Colis Privé, revendue 600 millions d’euros en 2022 à l’inévitable Rodolphe Saadé (CMA CGM), l’ami d’Emmanuel Macron. Aujourd’hui, les salariés de Milee s’étonnent de ne pas trouver trace du produit de la vente et, surtout, d’apprendre que leurs patrons ont prélevé 70 millions d’euros de dividendes fin 2022 vers Hopps Group.

Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT dénonce ce scandale et s’étonne du mutisme du gouvernement, la situation de Milee n’étant que la partie émergée de l’iceberg : « Depuis la fin de Presstalis pendant le Covid, aucun modèle pérenne n’a été trouvé pour la distribution de la presse. Il faut plancher sur un modèle durable et nous avons des idées. La CGT propose de travailler sur des mutualisations et des complémentarités, notamment avec la distribution de produits pharmaceutiques. Ce serait un projet tenable économiquement et écologiquement intéressant. »

Les patrons voyous ont encore de beaux jours devant eux ; le silence des médias est leur meilleur allié.

7 octobre

José Saramago a écrit des phrases terribles mais tellement justes en 2000 sur la situation à Gaza et en Cisjordanie. Il osait déjà parler de génocide et de complicité criminelle des nations occidentales ; son analyse s’est perdue et il apparaît utile de la rappeler près de 25 ans plus tard :

« Israël a fait siennes les terribles paroles de Jéhovah dans le Deutéronome : « A moi la vengeance et la rétribution. » Israël veut que nous nous sentions coupables, nous tous, directement ou indirectement des horreurs de l’Holocauste, Israël veut que nous renoncions à notre plus élémentaire jugement critique et que nous nous transformions en un docile écho de sa volonté ; Israël veut que nous reconnaissions de jure ce qui pour eux est déjà un exercice de facto : l’impunité absolue. Du point de vue des juifs, Israël ne pourra jamais être soumis à jugement, puisqu’il a été torturé, gazé et brûlé à Auschwitz. » Benyamin Netanyahu agit à Gaza et au Liban, sûr de son impunité.

Le 7 octobre 2023, Le Hamas, créature d’Israël, aussi fanatique que les plus fanatiques des Israéliens, a perpétré un crime de guerre terrible et inacceptable. Gideon Levy, journaliste israélien au quotidien Haaretz, en témoigne aujourd’hui dans L’Humanité : «Il y a eu un choc et un traumatisme. Je suis allé dans les kibboutz et les villages attaqués, deux jours plus tard ; j’ai vu des scènes terribles. Je ne minimise rien. Mais, dorénavant, tout se passe comme si nous pouvions faire ce que nous voulons. »

Gideon Levy prend néanmoins des distances avec le génocide décidé par Netanyahu : « Il faut néanmoins rappeler que ce qui s’est passé ce jour-là s’inscrit dans un contexte. Il y a une raison à tout ; cela ne veut pas dire que je justifie tout. Mais, pensez-vous vraiment que 2,3 millions de personnes vivraient pendant dix-huit ans dans la plus grande prison au monde et l’accepteraient pour toujours ? Le 7 octobre est arrivé de la manière la plus brutale, mais après dix-huit ans en prison, les gens peuvent devenir fous. Nous pouvons tuer 41 000 personnes sans que quiconque n’ait le droit de nous dire que c’est criminel, illégal et génocidaire ? Nous pouvons tuer 17 000 enfants et dire que c’est de l’autodéfense ? Non. Israël a le droit de se défendre, mais pas de commettre un génocide. Le 7 octobre ne donne pas à Israël la liberté de se comporter en sauvage. »

La critique du gouvernement israélien est devenue inaudible et expose ceux qui osent le faire à un procès en antisémitisme. Gideon Levy, lui un juif, nous lance cependant un appel vibrant : « Ignorez cela. C’est une manipulation cynique de la propagande israélienne. Il y a de l’antisémitisme, et il faut le combattre. Mais tous ceux qui critiquent Israël ne sont pas des antisémites, pour l’amour de Dieu ! La plupart d’entre eux ne le sont pas car ce sont des gens de conscience. Quand un citoyen français voit le massacre d’enfants et crie « Arrêtez ça ! », il crie à son gouvernement de faire quelque chose. Qu’est-ce que cela a à voir avec l’antisémitisme ? »

Le bilan du crime du Hamas le 7 octobre 2023 est terrible, mais le génocide du peuple palestinien est effroyable et insupportable. Une ONG créée par Paul Biggar, un développeur irlandais, en janvier dernier, TechforPalestine, regroupant des centaines de contributeurs dans le monde, a compilé les bilans publiés par les autorités gazaouis. Parmi les 41 825 victimes dans la bande de Gaza, 34 343 ont été identifiées ; parmi elles, 1332 avaient moins de 2 ans, 5923 de 2 à 11 ans, 4100 de 11 à 17 ans, 20255 avaient plus de 17 ans et 2733 plus de 60 ans. L’ONG a dénombré 1423 attaques de colons en Cisjordanie, faisant 699 morts. Le bilan est macabre.

A qui Netanyahu fera-t-il croire que toutes ces victimes étaient des suppôts du Hamas ? La bande de Gaza n’est qu’une ruine.

Il faut entendre les appels au secours déchirants venus de Gaza et désormais du Liban ; il faut entendre ceux qui souffrent, interminablement et attendent de nous d’appeler et, surtout, d’agir pour stopper le massacre d’un peuple.

Et toc !

Vincent Bolloré a colonisé ‘’ses’’ médias pour y déverser une idéologie hyper-réactionnaire. ‘’Ses’’ journalistes ne font donc pas d’information, mais du bourrage de crâne. Hélas, il n’est pas le seul milliardaire à se livrer à une confiscation du pluralisme.

On n’est pas obligés de les regarder, écouter ou lire.

En effet, tout n’est pas perdu ; il reste encore des journalistes, des vrais, notamment dans la presse écrite.

Ce n’est pas dans la presse Bolloré qu’on lira ces deux exemples des bons principes professionnels ; ils sont tirés de Télérama et pas dans les pages les plus lues (dans les dernières pages réservées à la radio), mais ils sont réconfortants. Il s’agit de deux articles écrits par deux jeunes consœurs (bravo à elles).

L’une, Elise Racque, a interviewé Marina Carrère d’Encausse (nouvelle venue sur France Culture) qui, à la question : « Les inégalités sociales traverseront-elles l’émission ? », a livré une très belle réponse : 

« Toujours, toujours, toujours ! Parler de santé, c’est parler d’injustices et de discriminations. Vous pouvez aborder l’IVG sous le prisme purement médical, mais vous pouvez aussi consacrer une émission à expliquer pourquoi ce droit est menacé. L’impact des inégalités sociales sur la santé des gens m’a toujours préoccupée. En France, on a la chance de garantir un accès aux soins gratuits pour les plus défavorisés, mais il ne faut pas ignorer les conséquences de ces inégalités. Par exemple, sur l’obésité et la malnutrition. Je soutiens évidemment les discours qui consistent à dire qu’il faut faire du sport, manger sainement et bio. Mais à qui on parle ? J’ai un peu de mal à entendre ça quand je vois une femme seule qui élève quatre enfants dans une cité et qui ne va certainement pas faire un jogging le soir en rentrant du boulot, ni acheter du bio avec son budget serré. Ces injonctions très globales ne prennent pas en compte la réalité sociale des gens, je crois même qu’elles tendent à aggraver les inégalités. Je voudrais faire en sorte que les messages de prévention et de dépistage puissent vraiment aider le plus grand nombre. On en est loin. »

Le second exemple, on le doit à Marion Mayer qui, dans une rubrique intitulée ‘’Dans les oreilles’’, écrit un court article titré ‘’Taxer les ultra-riches’’ bien troussé :

« Je suis souvent frustrée par le débat du 7/10 d’Inter. Mais entendre Cécile Duflot, directrice d’Oxfam France, rappeler que l’impôt sur l’héritage que propose l’ONG ne concerne que les sommes au-delà de 13 millions d’euros m’a semblé important. « Les Français sont contre cet impôt, mais l’immense majorité d’entre eux ne le paieront jamais. », précise-t-elle face au secrétaire général de LR Geoffroy Didier, qui préfère parler égalité des chances à l’école. « Ça nécessite que l’école ait les moyens de faire son travail », rétorque-t-elle. Et toc ! »

Alors, oui, et toc ! Et bravo aux deux jeunes journalistes.

L’une permet à Marina Carrère d’Encausse affirmer un beau parti pris (c’est tout à l’honneur du service public et de France Culture) ; l’autre se permet de critiquer ‘’le grand entretien’’ (sic) de France Inter (également service public) et, par ricochet, la star Léa Salamé, trop souvent insupportable.

Tout cela me rappelle le titre du livre rendant compte des Etats généraux de la culture en 1987, initiés par Jack Ralite : ‘’La culture française se porte bien pourvu qu’on la sauve’’. On pourrait décliner ce titre à propos de l’information : ‘’’l’information en France se porte bien pourvu qu’on la sauve de Bolloré et de quelques autres milliardaires’’.

Et toc !

Les poches des retraités

Bruno Le Maire a laissé les caisses de Bercy totalement vides, avec une dette abyssale de plus de 3 000 milliards (soit plus de 45 000 euros par habitants). Le président de la République, d’habitude si disert, est muet sur le sujet.

Les deux hommes étaient bien d’accord sur la politique à mener en direction des riches ; ils sont donc solidairement responsables de la situation catastrophique du pays. Quand le président est taiseux, l’ex-ministre pérore en Suisse. L’université de nos voisins helvètes est-elle devenue folle pour inviter Bruno Le Maire à dispenser l’économie à des étudiants !

Le nouveau gouvernement, lui, commence à abattre ses cartes. Le ministre de l’intérieur est le plus rapide à s’exprimer et à dévoiler une politique immigratoire foncièrement ultra-réactionnaire. Il va affréter des charters pour expulser les pauvres immigrés.

Son premier ministre, Michel Barnier, égrène ses premières mesures avec moins de brutalité, mais elles sont puisées aux mêmes sources auxquelles les électeurs pensaient avoir tourné le dos en juin-juillet.

A grand fracas, Barnier annonce mettre les ultra-riches à contribution : 65 000 foyers fiscaux gagnant plus de 500 000 € par an devraient ramener un peu moins de 2 milliards dans les caisses (soit une moyenne de 30 000 €). La mesure ne les empêchera pas de boucler la fin de mois (il leur restera 470 000 euros par ans, soit près de 40 000 euros par mois ou 28 fois le SMIC).

En revanche, Barnier a annoncé vouloir faire les poches des retraités dont la revalorisation des pensions est retardée de 6 mois.

Certes, tous les retraités ne reçoivent pas le minimum vieillesse et certains ont même des pensions confortables. Mais les retraités sont 14 millions et la mesure doit permettre d’économiser environ 4 milliards.

C’est Colbert qui, selon la légende, aurait osé cette phrase historique à Louis XIV : « Sire, taxons les pauvres, ils sont plus nombreux ».

Barnier, pilier de la droite la plus réactionnaire et la plus bête du monde, connaît ses classiques idéologiques.

Chassons-le, comme la royauté. Vite ; très vite.

L’autre guerre

On sait que Benyamin Netanyahu est un monstre de cruauté ; il prétend avoir une mission messianique de conquérir les terres du Grand Israël. Il est en Croisade, si on peut oser emprunter le mot à la religion catholique.

 On sait qu’il déploie d’incroyables arguties pour justifier le génocide palestinien. On sait qu’il se permet de bombarder Gaza en tuant des civils innocents, mais aussi le Liban, le Yémen et même la Syrie, en toute impunité, avec l’aide financière des Etats-Unis.

Mais on tait une autre guerre, économique celle-là. Depuis le 7 octobre 2023, il prive plus de 200 000 travailleuses et travailleuses palestiniens, de Cisjordanie et de Gaza, employés en Israël de tout salaire et de toute prestation.

Non seulement leur permis de travail a été suspendu en leur contrat résilié unilatéralement, mais les salaires antérieurs au 7 octobre n’ont pas été payés.

Il s’agit d’une violation de la Constitution de l’Organisation internationale du travail (OIT) ; elle plonge évidemment ces salariés dans une profonde détresse. Dix organisations syndicales internationales regroupées au sein de Global Unions ont déposé une réclamation à l’OIT. Elle est restée sans réponse de la part d’Israël ; il s’agit d’un mépris au même titre que le refus de reconnaître et d’appliquer les résolutions de l’ONU.

L’un des dirigeants de Global Unions a déclaré :

« La retenue des salaires est la dernière indignité injustifiée à laquelle doivent faire face les travailleurs et les travailleuses palestiniens sous l’occupation. Tout comme le bombardement actuel de Gaza, rien ne saurait justifier cette action disproportionnée. Il s’agit d’un châtiment collectif imposé au peuple palestinien. »

Benyamin Netanyahu est sourd à ces revendications du respect des engagements internationaux. Il montre sa véritable nature.

L’histoire le jugera, car cette autre guerre est indigne d’un pays construit sur la notion de démocratie.