La Chouette qui hioque

Mois : octobre 2024

Oui, c’est un génocide

Amos Goldberg, historien et professeur à l’université hébraïque de Jérusalem, s’est dit révolté et traumatisé par l’attaque du Hamas le 7 octobre. Dans un entretien accordé au Monde, il dit : « Je comprenais bien le contexte de l’occupation, de l’apartheid [en Cisjordanie], du siège [de Gaza], mais, même si cela pouvait expliquer ce qu’il se passait, cela ne pouvait pas justifier de telles atrocités. Immédiatement après l’attaque, les bombardements israéliens massifs ont commencé et, en quelques semaines, des milliers de civils gazaouis sont morts. Et il n’y avait pas seulement les bombardements. Une rhétorique génocidaire est apparue et a dominé dans les médias, l’opinion publique et la sphère politique : « Nous devons les supprimer [les Palestiniens], ce sont des animaux humains » [Yoav Gallant, ministre de la défense, le 10 octobre 2023] ; « C’est toute une nation qui est responsable » [Isaac Herzog, président d’Israël, le 14 octobre 2023] ; « Nous devrions larguer une bombe nucléaire sur Gaza » [Amichai Eliyahu, ministre du patrimoine, le 5 novembre 2023] ; « C’est la Nakba de Gaza 2023 » [Avi Dichter, ministre de l’agriculture, le 11 novembre 2023, en référence audéplacement forcé et à l’expulsion de 700 000 Palestiniens, pendant la guerre de 1948, après la création d’Israël].Ces propos étaient tellement choquants que, pour cela non plus, je n’avais pas de mots. »

S’il reconnaît à Israël « le droit absolu de se défendre », il lutte néanmoins contre l’occupation et l’apartheid et il a pu écrire un texte en avril titré : « Oui, c’est un génocide ». Aujourd’hui, il ajoute : « Ce qui se passe à Gaza est un génocide, car Gaza n’existe plus. Le territoire a été totalement détruit. Le niveau et le rythme de tueries indiscriminées touchant un nombre énorme de personnes innocentes, y compris dans des lieux définis par Israël comme des zones sûres, la destruction de maisons, d’infrastructures, de presque tous les hôpitaux et universités, les déplacements de masse, la famine organisée, l’écrasement des élites et la déshumanisation étendue des Palestiniens dessinent l’image globale d’un génocide. »

Israël a franchi une étape supplémentaire hier : la Knesset a adopté un texte interdisant les activités de l’UNRWA sur son territoire. Cette étape supplémentaire, odieuse et répugnante, est la touche finale à l’épuration ethnique et au génocide.

Alors, oui, c’est un génocide car Gaza n’existe plus.

Gribouille

Michel Barnier est le Gribouille du XXIe siècle, ce triste personnage populaire qui se jette à l’eau pour éviter d’être mouillé par la pluie.

Michel Barnier est ce premier ministre qui a accepté le poste de premier ministre sans majorité et qui ne peut accumuler que déboires et revers.

Il cherche un petit milliard par ci, un deuxième par là ; tout en évitant de prendre de l’argent dans les poches de ceux qui en ont. Gribouille, donc, s’en prend aujourd’hui aux malheureux fonctionnaires qui ont l’audace de tomber malade. Il prétend leur prendre trois jours de carence (contre un seul aujourd’hui). Il laisse entendre que les professeurs, les pompiers, les gendarmes, les agents des douanes, les employés de mairie et de nombreux seraient des profiteurs, prétextant la maladie pour ne pas se rendre au travail. La mesure est avancée pour rétablir l’équilibre des finances publiques. De qui se moque Gribouille !

 Le projet est injurieux et digne des politiciens de droite méprisants pour les fonctionnaires.

Jordan Bardella, le président des fachos d’extrême droite, a applaudi ; Barnier a les supporters qu’il peut. Tous les Gribouille ont une imagination étroite, l’imagination de la classe des possédants.

Le maire écologiste de Grenoble, qui n’est pas Gribouille, a invité Barnier à travailler sur les raisons des accidents de travail et la cause des arrêts.

Barnier pense-t-il que les fonctionnaires seront assez bêtes pour avaler la pilule ?

Loose France

Si les jeunes générations ne connaissent pas l’histoire du terme popularisé par De Gaulle, la chienlit, qu’elles regardent l’état de la France. La cinquième puissance du monde se débat dans le désordre, l’anarchie, l’agitation au gouvernement, à l’Assemblée nationale, à l’Elysée (même si Macron parle beaucoup moins).

Alors, certains imaginent des bons mots ; j’ai particulièrement apprécié celui de Philippe Mabille, le directeur éditorial du quotidien économique La Tribune, qui a titré son billet de ce matin : ‘’De Choose France à Loose France’’.

Quand la France s’enlise et que le gouvernement Barnier cherche désespérément des milliards d’économies en faisant les poches des plus pauvres, l’expression de Mabille est plus élégante que les habituels ‘’tout fout le camp’’ ou ‘’rien ne va plus’’.

Les loosers sont au gouvernement, désemparés. A l’image de Rachida Dati, soi-disant ministre de la culture, dont le budget est en peau de chagrin (encore une expression toute faite !). Pour la candidate déclarée à la mairie de Paris « faire payer l’entrée de Notre-Dame, sauverait toutes les églises de France ». La pauvre Rachida parle trop vite, car en voulant bien faire, elle dit des âneries : la loi de 1905 interdit de faire payer l’entrée des lieux de culte !

En revanche, la ministre de la culture est restée muette en lisant un rapport de la Cour des comptes dénonçant l’augmentation du prix des billets pour l’Opéra. Pour les économistes de la rue Cambon, le prix moyen dépasse les 100 euros et les spectateurs sont les plus fortunés.

Si Rachida Dati n’a pas relevé ces ‘’détails’’, c’est que les directeurs de l’Opéra lui auraient aussitôt rétorqué que son ministère leur a annoncé une diminution de leur subvention de 6 millions d’euros qu’il faut bien compenser.

La culture populaire n’est pas le souci de Rachida Dati, ni de Barnier, ni de Macron. On le savait ; on en a la preuve. ‘’Loose France’’ se porte bien, merci. Et c’est la chienlit. 

Merci, M. Scorsese

Quel beau film, quelle intelligence et quel bel hommage à Georges Méliès (le plus sincère et le plus émouvant) !

Martin Scorsese en a réalisé des films intelligents, mais Hugo Cabret suffirait à le faire entrer dans le Panthéon du cinéma. Il ne s’agit pas seulement d’une œuvre pour enfants ; avec un rare brio, Scorsese en a fait un film à voir par tous, petits et grands pour célébrer la beauté du cinéma et le talent des précurseurs comme Méliès, montrant de nombreux extraits d’œuvres entrées dans la mémoire collective.

Alors que l’auteur du Voyage dans la lune (1902) a fini dans la misère, Scorsese a voulu faire de la dernière séquence de Hugo Cabret une cérémonie d’hommage à l’un des plus brillants réalisateurs, l’un des plus imaginatifs du cinéma.

Visiblement les acteurs ont pris beaucoup de plaisir à tourner ce film et ont rejoint l’intelligence de Scorsese pour en faire un chef d’œuvre.

Au moment où de trop nombreuses chaînes se vautrent dans la facilité et dans les programmes de divertissements bêtifiants, Arte a osé diffuser Hugo Cabret face à des comédies mièvres et insignifiantes.

Pour un soir, la magie de l’image était à l’honneur. Merci, M Scorsese.

Bolloré le taiseux

Vincent Bolloré est un taiseux ; il s’exprime peu sur la marche de ses entreprises. Il a souvent le visage fermé et sombre. Catholique intégriste, il réserve ses paroles à ses confesseurs, qui, eux, doivent recueillir des aveux peu catholiques. Eux aussi sont des taiseux ; ils respectent le secret du confessionnal. Et ce secret est particulièrement lourd.

A-t-on entendu le taiseux Vincent Bolloré à propos du licenciement d’Isabelle Saporta de la direction des éditions Fayard ? L’a-t-on entendu pour annoncer les raisons du choix de Lise Boëll pour la remplacer ? Les motivations n’apparaissent au grand jour qu’à la lecture d’un communiqué du 15 octobre dernier : « La maison Fayard, une des grandes maisons d’édition du groupe Hachette Livre, se réjouit d’annoncer la sortie du premier livre de Jordan Bardella […] le samedi 9 novembre en librairie ».

Bolloré se tait mais des salariés des éditions Fayard se sont exprimés dans une tribune dans laquelle ils constatent, dépités, que leur maison d’édition est « de plus en plus brune » ; ils ajoutent : « Nous pensons à nos auteurs et autrices, passé.es ou engagé.es contractuellement, ainsi qu’à nos ancien.nes et actuel.les collègues, qui n’ont d’autre choix que de rester ; qui ne peuvent se résoudre à laisser une maison d’édition historique dévaler une pente si dangereuse. Il faut du mérite pour se battre en interne. Pour elles et eux aussi, nous ne pouvons nous taire. »

Eux ne sont pas des taiseux ; ils prennent la parole pour dénoncer l’horrible et funeste croisade de Vincent Bolloré, qui, lui, continue sournoisement à faire campagne pour l’accession des fascistes à l’Elysée et au Parlement. Avec la bénédiction de tout ce qu’il y a de réactionnaire à droite et à l’extrême droite, et de ses confesseurs.

A-t-on entendu Vincent Bolloré annoncer le lendemain que la chaîne Planète+ (du groupe Canal+) a adapté en mini-série le livre d’Eric Zemmour, Le Suicide français, paru en 2014 dans lequel, il soutient que Pétain aurait sauvé des juifs pendant la guerre. Le choix est fort et significatif.

Vincent Bolloré est un taiseux, mais qui agit. Ses confesseurs l’encouragent dans sa croisade révisionniste et fascisante. Le Breton met donc l’ensemble de son groupe tentaculaire (livres, chaînes de télévision et de radio, presse écrite, publicité et communication) au service de cette croisade, sans tenir compte du respect du pluralisme que lui imposent les attributions de fréquence, par exemple.

Vincent Bolloré n’entend rien des critiques qui montent, assuré d’une impunité tombée du ciel (intégriste) et de nombreux hommes politiques aujourd’hui au gouvernement ou au Parlement, tellement couards que, sur le sujet, ils deviennent aux aussi, taiseux.

Face à cette campagne sans précédent par les moyens mis en œuvre, la seule solution est le démantèlement de l’empire Bolloré.

Crime d’Etat

Le 17 octobre 1961, les forces de police de Paris, sous les ordres de l’ignoble préfet Maurice Papon (condamné pour complicité de crimes contre l’humanité concernant arrestation, séquestration lors de l’organisation de la déportation de Juifs à Bordeaux en 1942) et couverts par le ministre de l’intérieur, Roger Frey, ont commis un crime d’Etat que personne ne doit oublier.

Des centaines d’Algériens manifestant pacifiquement ont été traqués puis jetés dans la Seine ; 14 000 de leurs camarades ont été arrêtés, matraqués, torturés, insultés, sur fond de racisme et traités de ratons, de bougnoules, de felouzes et autres bicots.

Ce qui s’est passé ce jour-là n’a rien à envier la rafle du Vel’d’hiv. Le pouvoir gaulliste a voulu effacer son crime en le niant et en censurant nombre de publications.

Des historiens, des journalistes et des hommes politiques de gauche ont mené des enquêtes courageuses et opiniâtres qui, toutes, prouvent la responsabilité de ce crime d’Etat au plus haut sommet.

Aujourd’hui encore, nombreux sont ceux qui tentent de jeter un voile pudique sur des faits monstrueux. Ce n’est que le 28 mars dernier que l’Assemblée nationale a adopté une résolution ; mais son texte a dû être édulcoré pour être adopté :

« Rappelant que, le 17 octobre 1961, des familles algériennes manifestèrent pacifiquement à Paris contre le couvre‑feu discriminatoire imposé par la préfecture de Paris aux seuls « français musulmans d’Algérie » ;

Rappelant que les manifestants ont été victimes, sous l’autorité directe du préfet de police Maurice Papon, d’une répression violente et meurtrière entraînant de nombreux morts et blessés ;

Considérant que la poursuite de la réflexion conjointe sur ces événements devra contribuer à assurer un avenir en commun plus harmonieux pour le peuple algérien et le peuple français ;

Condamne la répression sanglante et meurtrière des Algériens commise sous l’autorité du préfet de police Maurice Papon le 17 octobre 1961 et rend hommage à toutes les victimes et à leurs familles ;

Souhaite l’inscription d’une journée de commémoration du massacre du 17 octobre 1961 à l’agenda des journées nationales et cérémonies officielles ;

Affirme son soutien à l’approfondissement des liens mémoriels unissant le peuple français et le peuple algérien ;

Invite le Gouvernement à travailler en commun avec les autorités algériennes pour appréhender leur histoire commune, y compris celle des événements du 17 octobre 1961. »

L’enseignant-chercheur Olivier Le Cour Grandmaison s’est indigné, à juste titre, de la tiédeur de cette résolution cherchant à évacuer et nier les responsabilités du gouvernement (en accentuant celles de Maurice Papon) et la reconnaissance des massacres comme crime d’Etat, comme le revendique le ‘’Collectif unitaire du 17 octobre 1961’’. Le chercheur reproche à Emmanuel Macron, mais aussi à François Hollande leur tiédeur et leur « sinistre persistance dans le refus de prendre en compte l’histoire singulière » de ces événements et leur propension à « flatter les électeurs du centre, de droite, voire d’extrême droite ».

Il ne faudra jamais oublier ce qui s’est passé le 17 octobre 1961.

Le pape et quelques ouailles

Le pape François a écrit une longue lettre « sur le rôle de la littérature dans la formation » et « sur son importance (…) dans le parcours de maturation personnelle », le 17 juillet dernier.

Une telle initiative est rare de la part d’un pape. C’est donc que la question est importante. François est volontiers iconoclaste, mais quand même ! Il écrit des phrases qui détonent dans une Eglise qui pratiquait (et pratique encore) l’Inquisition et a multiplié les autodafés : « Une œuvre littéraire est donc un texte vivant et toujours fécond, capable de parler à nouveau de multiples façons et de produire une synthèse originale avec chaque lecteur qu’elle rencontre. Dans la lecture, le lecteur s’enrichit de ce qu’il reçoit de l’auteur, mais cela lui permet en même temps de faire fleurir la richesse de sa propre personne, de sorte que chaque nouvelle œuvre qu’il lit renouvelle et élargit son univers personnel. »

François écrit encore : « De plus, pour un croyant qui veut sincèrement entrer en dialogue avec la culture de son temps, ou simplement avec la vie des personnes concrètes, la littérature devient indispensable. À bon droit, le Concile Vatican II affirme que la littérature et les arts […] s’efforcent d’exprimer la nature propre de l’homme » et de mettre en lumière les misères et les joies, les besoins et les énergies. En vérité, la littérature s’inspire de la quotidienneté de la vie, de ses passions et de la réalité des événements tels que l’action, le travail, l’amour, la mort et toutes les pauvres choses qui remplissent la vie. »

Les arguments du pape en faveur de la lecture sont définitifs quand il écrit encore : « La représentation symbolique du bien et du mal, du vrai et du faux, comme dimensions qui prennent dans la littérature la forme d’existences individuelles et d’événements historiques collectifs, ne neutralise pas le jugement moral mais l’empêche de devenir aveugle ou de condamner superficiellement. »

Les membres de l’association d’extrême droite SOS Education, proche d’Eric Zemmour et du Rassemblement national, n’ont pas dû lire cette lettre du pape : ils ont eux aussi écrit une lettre, au gouvernement, non pour encourager à la lecture mais pour dénoncer un livre retenu pour le Goncourt des lycéens au prétexte d’un « contenu pornographique et psychiquement dangereux ». Le livre en question, Le Club des enfants perdus de Rebecca Lighieri, n’aurait pas sa place entre les mains des lycéens. La lettre a été reprise par le JDD, l’organe dominical bien-pensant, patronné par Vincent Bolloré.

On assiste à un nouveau procès en sorcellerie. Quand le livre de Rebecca Lighieri sera-t-il brûlé devant les cathédrales ?

L’association d’extrême droite s’était déjà manifestée en se dressant contre l’exposition « Zizi sexuel » à la Cité des Sciences. Elle persévère dans le culte de l’ignorance. Les réactionnaires sont plus prompts à dénoncer l’éducation à la sexualité à l’école que les prêtres pédophiles dans les diocèses ou à Stanislas.

Le pape François a encore une lourde tâche devant lui pour faire évoluer ceux qui se réclament de son Eglise catholique. Et ses lettres, aussi belles soient-elles, n’y suffiront pas.

Peut-on aimer un pays

Mona Cholet est une journaliste et une autrice de talent. Ses œuvres ne laissent pas indifférent.

Invitée de l’émission d’Augustin Trapenard, La Grande Librairie, le 9 octobre pour parler de son dernier ouvrage, En finir avec la culpabilisation (La Découverte), elle a pris la parole pour lire un texte particulièrement émouvant sur la Palestine. Ce grand moment de télévision est à regarder pour partager le bouleversement provoqué par cette lecture. Mais, ce texte est aussi à lire et relire pour saisir toutes les raisons que tout homme humaniste a de soutenir le peuple palestinien.

Peut-on aimer un pays
Qui n’est même pas un pays ?

Un pays
Dont on n’a jamais foulé le sol
Un pays avec lequel on n’a,
Pour tout lien physique,
Qu’une lampée d’huile d’olive
Parsemée de zaatar
Qui caresse le gosier
Qui enchante les papilles de sa verdeur

Un pays
Dont on regarde de vieilles photographies,
Le cœur battant,
En y cherchant le visage de ses ancêtres
Au détour d’une ruelle de Jérusalem

Peut-on aimer un pays
Que tant de gens autour de soi
Se réjouissent de voir brûler
Un pays défiguré, englouti par la corrosion d’un seul mot :
« Terroriste »

Un pays d’enfants radieux
Transformés en pantins mutilés
En cadavres poussiéreux

Un pays dont le nom, à lui seul,
Constitue une offense
Dont le drapeau peut vous mener au commissariat
Dont les habitants
Pèsent moins qu’une plume
Sur la balance des vies humaines

Peut-on aimer un pays
Dont même vos amis
Semblent ignorer la part de douceur

Un pays qui vous rend suspecte
Qui vous isole dans le tremblement de votre effroi
Dans le chagrin qui vous réveille la nuit
Dans l’infinie litanie
De souffrances trop vertigineuses
Pour que l’esprit les saisisse

Peut-on aimer un pays entêté

Qu’il serait si facile de renier

Mais qui vous interdit de l’oublier

Un pays qui vous appelle, qui vous oblige

Un pays qui vous demande

De mettre à l’abri ses trésors

Quand vient l’heure inexorable de la destruction

Dégâts collatéraux désastreux

On n’en finit pas de mesurer les dégâts collatéraux de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron. Ulcéré par le résultat de l’élection européenne, il a pris une décision digne du souverain de droit divin ne supportant aucune contrariété, posture qu’il assume depuis sa première entrée à l’Elysée.

Mais si le peuple exaspéré avait ramené Louis XVI de Versailles à Paris, Macron, lui, reste en place, refusant de nommer un premier ministre de gauche, dévoilant ainsi, mais était-ce nécessaire, sa véritable nature.

Néanmoins, aujourd’hui, le roi est quasiment nu après avoir trouvé un allié, le LR, et un groupe de pression, le RN. Il partage le pouvoir avec le groupe parlementaire qui a été rejeté par les électeurs et sous le contrôle de Marine Le Pen. C’est peu glorieux. 

Les dégâts collatéraux immédiats sont considérables. La dette de l’Etat et la politique européenne sont avancées pour donner un nouveau tour de vis anti-social. Hausse des impôts directs et, surtout indirects touchant le peuple et préservant les ultra-riches ; coups de rabots sur les dépenses de santé ; report de l’augmentation des pensions de retraites ; suppression de postes de fonctionnaires et notamment d’enseignants quand il en faudrait davantage (l’école privée catholique réactionnaire pour les riches a de beaux jours devant elle malgré les scandales qui l’entourent) ; diminution du budget de la culture du fait de l’inflation (de nombreuses structures et initiatives ont déjà soit réduit, soit annulés leurs activités) ; etc.

La liste des dégâts s’allonge au fur et à mesure de la découverte du projet de budget.

Les grands groupes profitent de la chienlit pour faire leurs affaires. Ainsi, on apprend que Sanofi va vendre sa filiale Opella, spécialisée dans les médicaments ‘’grand public’’, à un fonds d’investissement américain, CD&R, pour 15 milliards, plutôt qu’à un fonds français cependant mieux disant social, mais moins généreux pour les actionnaires, le premier étant L’Oréal.

L’opération purement spéculative concerne quand même 115 médicaments et 11000 salariés dans 150 pays, qui, aujourd’hui, sont plongés dans l’angoisse. CD&R (pour Clayton, Dubilier & Rice), l’un des plus grands fonds américains, n’investit que pour réorganiser les entreprises rachetées à coups de milliards pour un retour sur investissement immédiat ; il n’hésite pas à couper les branches les moins rentables sous la pression de ceux qui lui ont confié des sommes considérables pour accumuler des dividendes. L’argent n’a pas de morale.

On est loin des vibrantes déclarations de Macron s’engageant à rapatrier la fabrication des médicaments essentiels en France. Aujourd’hui, curieusement, lui est d’habitude si disert, est étrangement muet. Il n’a pas un mot pour condamner l’opération.

Est-il fier de ce nouveau coup porté à l’industrie française par les détenteurs du capital ?

Confusions extrêmes

La démocratie, c’est-à-dire, l’organisation sociale du pays, est tourneboulée. Un groupe de 47 députés peut, par exemple, se targuer de détenir aujourd’hui 11 ministères, dont le premier et celui de l’intérieur.

Le pouvoir qui détermine l’organisation sociale est confisqué par une petite caste de réactionnaires rances, celle qui a mené la France à la quasi-faillite.

Le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple n’est qu’illusion ; il ne revient plus au peuple de s’administrer. La caste au pouvoir n’a pas été mise en place pour le bonheur du peuple et nous subissons l’inversion de la démocratie ; nous sommes de plus en plus en ploutocratie, tournant le dos aux résultats électoraux.

Dans le contexte de discussion du prochain budget de la nation, la secrétaire générale de la CGT, a eu raison de rappeler que « là où l’on peut faire des économies, c’est sur les aides aux entreprises. C’est 200 milliards d’euros chaque année, un tiers du budget de l’Etat (…) Il faut que le balancier passe de l’autre côté ; aux grandes entreprises et aux plus riches de passer à la caisse. »

Le gouvernement a bien écouté, mais pas entendu ; il est plus sensible aux fortes injonctions des ploutocrates.

Certains affidés des ploutocrates, dans les régions, ont pris un train d’avance. Par exemple, le département du Nord a décidé de ne plus financer Collège au cinéma, un dispositif national qui permet aux collégiens d’aller voir d’excellents films avec leurs professeurs. Le montant de l’économie : 230 000 euros, sur un budget de 3,9 milliards.

Le président (de droite) du conseil départemental, Christian Poiret, a avancé un argument imbécile : « Le cinéma, vous ne pensez pas qu’ils peuvent y aller avec leurs parents ? ». Ainsi, il prive 30 000 collégiens du Nord d’éducation à la culture au moment où celle-ci est la plus nécessaire.

C’est, une fois encore, les ploutocrates qui ne veulent pas toucher à leurs privilèges et qui abandonnent l’éducation nationale au marché, car c’est le marché qui conditionne les moyens attribués à chaque échelon du pouvoir. Pour eux, la culture n’est pas nécessaire au peuple.

Le marché est d’ailleurs de plus en plus soumis aux règles dictées par les ploutocrates, qui ont mis en place des structures privées pour les faire respecter. Les cabinets de conseil sont de puissants gardiens des dogmes. Le gouvernement est sous leur influence comme l’a montré Elise Lucet dans son émission Cash Investigation sur le cabinet McKinsey.

Les médias sont, eux aussi, sous contrôle étroit et Elise Lucet est passée à côté du sujet en voulant faire de son émission un spectacle où la journaliste doit rester la vedette. Elle n’a pas mis en exergue, ainsi que l’a noté Télérama, « comment les consultants sont devenus des acteurs invisibles au sein des gouvernements, ce qui affaiblit la transparence nécessaire au fonctionnement démocratique. Le documentaire minimise également l’ampleur des conflits d’intérêts, qui sont bien plus répandus qu’il ne le montre. »

Le mal est profond. La ploutocratie tien bon le gouvernail du système économique et financier mondial celui qui, comme le soutenait José Saramago (on y revient toujours) « n’est pas démocratique parce que ce n’est pas le peuple qui l’a élu, qui n’est pas démocratique parce qu’il n’est pas régi par le peuple, et qui n’est pas démocratique, enfin, parce qu’il ne vise pas le bonheur du peuple ».

La France du 14 juillet 1789 est à réinventer.

Patrons voyous

Le scandale est énorme : la société Milee (ex-Adrexo), spécialisée dans la distribution d’imprimés publicitaires, vient d’être placée en liquidation. Résultat : 10 100 salariés sont licenciés et, plus encore, privés de salaires depuis le mois de juillet.

Le scandale est énorme et les grands médias sont muets. Le sort de plus de 10 000 pauvres, salariés précaires, fragiles, distribuant des paquets publicités dans des conditions moyenâgeuses et avec des salaires de misère, n’intéresserait donc pas les Français !

Le scandale est énorme quand on saura que les trois patrons de la holding Hopps Group sont des habitués des coups tordus. L’un d’eux, Frédéric Pons a été condamné en 2012 pour travail dissimulé quand il était à la tête d’Adrexo. Les patrons des Bouches-du-Rhône, peu regardants, l’ont porté à la vice-présidence du MEDEF.

Sa condamnation ne l’avait pas empêché de racheter Adrexo avec deux compères, Eric Paumier et Guillaume Salabert en 2017 et de la filialiser au sein de Hopps Group.

Le premier nommé, ex-directeur d’Adrexo Mail, avait racheté en 2012 l’activité colis d’Adrexo pour 1 euro symbolique (avec une soulte de 67 millions) pour créer Colis Privé, revendue 600 millions d’euros en 2022 à l’inévitable Rodolphe Saadé (CMA CGM), l’ami d’Emmanuel Macron. Aujourd’hui, les salariés de Milee s’étonnent de ne pas trouver trace du produit de la vente et, surtout, d’apprendre que leurs patrons ont prélevé 70 millions d’euros de dividendes fin 2022 vers Hopps Group.

Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT dénonce ce scandale et s’étonne du mutisme du gouvernement, la situation de Milee n’étant que la partie émergée de l’iceberg : « Depuis la fin de Presstalis pendant le Covid, aucun modèle pérenne n’a été trouvé pour la distribution de la presse. Il faut plancher sur un modèle durable et nous avons des idées. La CGT propose de travailler sur des mutualisations et des complémentarités, notamment avec la distribution de produits pharmaceutiques. Ce serait un projet tenable économiquement et écologiquement intéressant. »

Les patrons voyous ont encore de beaux jours devant eux ; le silence des médias est leur meilleur allié.

7 octobre

José Saramago a écrit des phrases terribles mais tellement justes en 2000 sur la situation à Gaza et en Cisjordanie. Il osait déjà parler de génocide et de complicité criminelle des nations occidentales ; son analyse s’est perdue et il apparaît utile de la rappeler près de 25 ans plus tard :

« Israël a fait siennes les terribles paroles de Jéhovah dans le Deutéronome : « A moi la vengeance et la rétribution. » Israël veut que nous nous sentions coupables, nous tous, directement ou indirectement des horreurs de l’Holocauste, Israël veut que nous renoncions à notre plus élémentaire jugement critique et que nous nous transformions en un docile écho de sa volonté ; Israël veut que nous reconnaissions de jure ce qui pour eux est déjà un exercice de facto : l’impunité absolue. Du point de vue des juifs, Israël ne pourra jamais être soumis à jugement, puisqu’il a été torturé, gazé et brûlé à Auschwitz. » Benyamin Netanyahu agit à Gaza et au Liban, sûr de son impunité.

Le 7 octobre 2023, Le Hamas, créature d’Israël, aussi fanatique que les plus fanatiques des Israéliens, a perpétré un crime de guerre terrible et inacceptable. Gideon Levy, journaliste israélien au quotidien Haaretz, en témoigne aujourd’hui dans L’Humanité : «Il y a eu un choc et un traumatisme. Je suis allé dans les kibboutz et les villages attaqués, deux jours plus tard ; j’ai vu des scènes terribles. Je ne minimise rien. Mais, dorénavant, tout se passe comme si nous pouvions faire ce que nous voulons. »

Gideon Levy prend néanmoins des distances avec le génocide décidé par Netanyahu : « Il faut néanmoins rappeler que ce qui s’est passé ce jour-là s’inscrit dans un contexte. Il y a une raison à tout ; cela ne veut pas dire que je justifie tout. Mais, pensez-vous vraiment que 2,3 millions de personnes vivraient pendant dix-huit ans dans la plus grande prison au monde et l’accepteraient pour toujours ? Le 7 octobre est arrivé de la manière la plus brutale, mais après dix-huit ans en prison, les gens peuvent devenir fous. Nous pouvons tuer 41 000 personnes sans que quiconque n’ait le droit de nous dire que c’est criminel, illégal et génocidaire ? Nous pouvons tuer 17 000 enfants et dire que c’est de l’autodéfense ? Non. Israël a le droit de se défendre, mais pas de commettre un génocide. Le 7 octobre ne donne pas à Israël la liberté de se comporter en sauvage. »

La critique du gouvernement israélien est devenue inaudible et expose ceux qui osent le faire à un procès en antisémitisme. Gideon Levy, lui un juif, nous lance cependant un appel vibrant : « Ignorez cela. C’est une manipulation cynique de la propagande israélienne. Il y a de l’antisémitisme, et il faut le combattre. Mais tous ceux qui critiquent Israël ne sont pas des antisémites, pour l’amour de Dieu ! La plupart d’entre eux ne le sont pas car ce sont des gens de conscience. Quand un citoyen français voit le massacre d’enfants et crie « Arrêtez ça ! », il crie à son gouvernement de faire quelque chose. Qu’est-ce que cela a à voir avec l’antisémitisme ? »

Le bilan du crime du Hamas le 7 octobre 2023 est terrible, mais le génocide du peuple palestinien est effroyable et insupportable. Une ONG créée par Paul Biggar, un développeur irlandais, en janvier dernier, TechforPalestine, regroupant des centaines de contributeurs dans le monde, a compilé les bilans publiés par les autorités gazaouis. Parmi les 41 825 victimes dans la bande de Gaza, 34 343 ont été identifiées ; parmi elles, 1332 avaient moins de 2 ans, 5923 de 2 à 11 ans, 4100 de 11 à 17 ans, 20255 avaient plus de 17 ans et 2733 plus de 60 ans. L’ONG a dénombré 1423 attaques de colons en Cisjordanie, faisant 699 morts. Le bilan est macabre.

A qui Netanyahu fera-t-il croire que toutes ces victimes étaient des suppôts du Hamas ? La bande de Gaza n’est qu’une ruine.

Il faut entendre les appels au secours déchirants venus de Gaza et désormais du Liban ; il faut entendre ceux qui souffrent, interminablement et attendent de nous d’appeler et, surtout, d’agir pour stopper le massacre d’un peuple.

Et toc !

Vincent Bolloré a colonisé ‘’ses’’ médias pour y déverser une idéologie hyper-réactionnaire. ‘’Ses’’ journalistes ne font donc pas d’information, mais du bourrage de crâne. Hélas, il n’est pas le seul milliardaire à se livrer à une confiscation du pluralisme.

On n’est pas obligés de les regarder, écouter ou lire.

En effet, tout n’est pas perdu ; il reste encore des journalistes, des vrais, notamment dans la presse écrite.

Ce n’est pas dans la presse Bolloré qu’on lira ces deux exemples des bons principes professionnels ; ils sont tirés de Télérama et pas dans les pages les plus lues (dans les dernières pages réservées à la radio), mais ils sont réconfortants. Il s’agit de deux articles écrits par deux jeunes consœurs (bravo à elles).

L’une, Elise Racque, a interviewé Marina Carrère d’Encausse (nouvelle venue sur France Culture) qui, à la question : « Les inégalités sociales traverseront-elles l’émission ? », a livré une très belle réponse : 

« Toujours, toujours, toujours ! Parler de santé, c’est parler d’injustices et de discriminations. Vous pouvez aborder l’IVG sous le prisme purement médical, mais vous pouvez aussi consacrer une émission à expliquer pourquoi ce droit est menacé. L’impact des inégalités sociales sur la santé des gens m’a toujours préoccupée. En France, on a la chance de garantir un accès aux soins gratuits pour les plus défavorisés, mais il ne faut pas ignorer les conséquences de ces inégalités. Par exemple, sur l’obésité et la malnutrition. Je soutiens évidemment les discours qui consistent à dire qu’il faut faire du sport, manger sainement et bio. Mais à qui on parle ? J’ai un peu de mal à entendre ça quand je vois une femme seule qui élève quatre enfants dans une cité et qui ne va certainement pas faire un jogging le soir en rentrant du boulot, ni acheter du bio avec son budget serré. Ces injonctions très globales ne prennent pas en compte la réalité sociale des gens, je crois même qu’elles tendent à aggraver les inégalités. Je voudrais faire en sorte que les messages de prévention et de dépistage puissent vraiment aider le plus grand nombre. On en est loin. »

Le second exemple, on le doit à Marion Mayer qui, dans une rubrique intitulée ‘’Dans les oreilles’’, écrit un court article titré ‘’Taxer les ultra-riches’’ bien troussé :

« Je suis souvent frustrée par le débat du 7/10 d’Inter. Mais entendre Cécile Duflot, directrice d’Oxfam France, rappeler que l’impôt sur l’héritage que propose l’ONG ne concerne que les sommes au-delà de 13 millions d’euros m’a semblé important. « Les Français sont contre cet impôt, mais l’immense majorité d’entre eux ne le paieront jamais. », précise-t-elle face au secrétaire général de LR Geoffroy Didier, qui préfère parler égalité des chances à l’école. « Ça nécessite que l’école ait les moyens de faire son travail », rétorque-t-elle. Et toc ! »

Alors, oui, et toc ! Et bravo aux deux jeunes journalistes.

L’une permet à Marina Carrère d’Encausse affirmer un beau parti pris (c’est tout à l’honneur du service public et de France Culture) ; l’autre se permet de critiquer ‘’le grand entretien’’ (sic) de France Inter (également service public) et, par ricochet, la star Léa Salamé, trop souvent insupportable.

Tout cela me rappelle le titre du livre rendant compte des Etats généraux de la culture en 1987, initiés par Jack Ralite : ‘’La culture française se porte bien pourvu qu’on la sauve’’. On pourrait décliner ce titre à propos de l’information : ‘’’l’information en France se porte bien pourvu qu’on la sauve de Bolloré et de quelques autres milliardaires’’.

Et toc !

Les poches des retraités

Bruno Le Maire a laissé les caisses de Bercy totalement vides, avec une dette abyssale de plus de 3 000 milliards (soit plus de 45 000 euros par habitants). Le président de la République, d’habitude si disert, est muet sur le sujet.

Les deux hommes étaient bien d’accord sur la politique à mener en direction des riches ; ils sont donc solidairement responsables de la situation catastrophique du pays. Quand le président est taiseux, l’ex-ministre pérore en Suisse. L’université de nos voisins helvètes est-elle devenue folle pour inviter Bruno Le Maire à dispenser l’économie à des étudiants !

Le nouveau gouvernement, lui, commence à abattre ses cartes. Le ministre de l’intérieur est le plus rapide à s’exprimer et à dévoiler une politique immigratoire foncièrement ultra-réactionnaire. Il va affréter des charters pour expulser les pauvres immigrés.

Son premier ministre, Michel Barnier, égrène ses premières mesures avec moins de brutalité, mais elles sont puisées aux mêmes sources auxquelles les électeurs pensaient avoir tourné le dos en juin-juillet.

A grand fracas, Barnier annonce mettre les ultra-riches à contribution : 65 000 foyers fiscaux gagnant plus de 500 000 € par an devraient ramener un peu moins de 2 milliards dans les caisses (soit une moyenne de 30 000 €). La mesure ne les empêchera pas de boucler la fin de mois (il leur restera 470 000 euros par ans, soit près de 40 000 euros par mois ou 28 fois le SMIC).

En revanche, Barnier a annoncé vouloir faire les poches des retraités dont la revalorisation des pensions est retardée de 6 mois.

Certes, tous les retraités ne reçoivent pas le minimum vieillesse et certains ont même des pensions confortables. Mais les retraités sont 14 millions et la mesure doit permettre d’économiser environ 4 milliards.

C’est Colbert qui, selon la légende, aurait osé cette phrase historique à Louis XIV : « Sire, taxons les pauvres, ils sont plus nombreux ».

Barnier, pilier de la droite la plus réactionnaire et la plus bête du monde, connaît ses classiques idéologiques.

Chassons-le, comme la royauté. Vite ; très vite.

L’autre guerre

On sait que Benyamin Netanyahu est un monstre de cruauté ; il prétend avoir une mission messianique de conquérir les terres du Grand Israël. Il est en Croisade, si on peut oser emprunter le mot à la religion catholique.

 On sait qu’il déploie d’incroyables arguties pour justifier le génocide palestinien. On sait qu’il se permet de bombarder Gaza en tuant des civils innocents, mais aussi le Liban, le Yémen et même la Syrie, en toute impunité, avec l’aide financière des Etats-Unis.

Mais on tait une autre guerre, économique celle-là. Depuis le 7 octobre 2023, il prive plus de 200 000 travailleuses et travailleuses palestiniens, de Cisjordanie et de Gaza, employés en Israël de tout salaire et de toute prestation.

Non seulement leur permis de travail a été suspendu en leur contrat résilié unilatéralement, mais les salaires antérieurs au 7 octobre n’ont pas été payés.

Il s’agit d’une violation de la Constitution de l’Organisation internationale du travail (OIT) ; elle plonge évidemment ces salariés dans une profonde détresse. Dix organisations syndicales internationales regroupées au sein de Global Unions ont déposé une réclamation à l’OIT. Elle est restée sans réponse de la part d’Israël ; il s’agit d’un mépris au même titre que le refus de reconnaître et d’appliquer les résolutions de l’ONU.

L’un des dirigeants de Global Unions a déclaré :

« La retenue des salaires est la dernière indignité injustifiée à laquelle doivent faire face les travailleurs et les travailleuses palestiniens sous l’occupation. Tout comme le bombardement actuel de Gaza, rien ne saurait justifier cette action disproportionnée. Il s’agit d’un châtiment collectif imposé au peuple palestinien. »

Benyamin Netanyahu est sourd à ces revendications du respect des engagements internationaux. Il montre sa véritable nature.

L’histoire le jugera, car cette autre guerre est indigne d’un pays construit sur la notion de démocratie.