La Chouette qui hioque

Mois : décembre 2017

Les mots du pape, les gestes de Macron et Collomb

Révolutionnaire le pape François quand il dénonce le drame des réfugiés et quand il lance un appel en faveur de leur accueil ? 

Son homélie de la veillée de Noël a été remarquée: « Dans les pas de Joseph et de Marie, se cachent de nombreux pas. Nous voyons les traces de familles entières qui, aujourd’hui, se voient obligées de partir (…)Nous voyons les traces de millions de personnes qui ne choisissent pas de s’en aller mais qui sont obligées de se séparer de leurs proches, sont expulsées de leur terre (…)Dans beaucoup de cas, ce départ est chargé d’espérance, chargé d’avenir; dans beaucoup d’autres, ce départ a un seul nom: la survie. Survivre aux Hérode de l’heure qui, pour imposer leur pouvoir et accroître leurs richesses, n’ont aucun problème à verser du sang innocent. »

François n’est pas révolutionnaire, mais Macron et Collomb, eux, sont réactionnaires. Hérode d’aujourd’hui avec leurs lois visant tous les réfugiés.

Entendre toute la fachosphère et les cathos les plus réactionnaires éructer a quelque chose de pitoyable, certes, mais surtout de rassurant, le pape est revenu aux fondamentaux de l’Eglise romaine, qui laissent espérer le grand rendez-vous de ceux qui croient au ciel et ceux qui ne croient pas pour un avenir en commun radieux, convivial et fraternel, quelle que soit leur croyance et leur couleur de peau.

Quant au Figaro, qui a des poussées d’urticaires quand on lui parle de ce pape François, il a osé poser la question à des lecteurs : Approuvez-vous l’appel du pape François à plus «d’hospitalité» envers les migrants ? Les commentaires sont haineux (ce n’est pas étonnant) et le journal de Dassault se délecte du rejet de l’appel par ses lecteurs (c’est une habitude).

Macron et Collomb, eux, restent sans voix et ils persévèrent dans leur politique de répression à l’encontre des malheureux du monde entier.

Doit-on rappeler au président des riches qu’il a accepté en novembre dernier le titre de chanoine de la basilique romaine de Latran et que cela devrait lui imposer une posture plus proche de celle de François que de celle de Marine Le Pen.

La France fermée

Raphaël Glucksmann ne s’affiche pas comme révolutionnaire, certes pas, mais ô surprise, il n’apprécie pas la posture du président des riches quand il prétend, lui, réaliser la révolution que personne avant lui n’avait osé faire.

Dans une chronique publiée dans L’Obs, Raphaël Glucksmann dénonce la politique de Macron en matière de réfugiés. Salutaire coup de gueule en cette veille de Noël (et de charité chrétienne ») :

« La « révolution » n’aura donc pas lieu. Pas pour eux du moins. Pour eux, ce sera pire qu’avant. Pire que sous Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux. Pire que sous François Hollande et Manuel Valls.

Eux, ce sont les hommes, les femmes, les enfants qui errent dans les Alpes du Sud, s’agglutinent porte de la Chapelle et se terrent dans les buissons du Pas-de-Calais.

Eux, ce sont les sans toit qui dorment sur les trottoirs d’un monde dont on se demande bien, en les voyant grelotter, ce qu’il a de nouveau.

Eux, ce sont les sans droits dont notre police vole les duvets en plein hiver et lacère les tentes par températures négatives.

Eux, ce sont des humains. Des humains que notre Etat refuse de traiter comme tels.

De Médecins du Monde à Emmaüs en passant par la Cimade, toutes les associations humanitaires disent la même chose : jamais depuis des décennies la traque des migrants n’a été si dure sur notre territoire que depuis le triomphe de la « France ouverte sur le monde » au printemps dernier. »

Le texte de Glucksmann est beau, à défaut d’apporter une solution à ces pauvres hères, errants dangereusement sur les mers, sur les routes, taches indélébiles d’une société sans âme et perdant le sens de humanité. Merci pour eux, quand même ; plus de voix comme celle-là s’élèveront, plus seront bousculés les gens d’en haut, plus nous auront de chance de les contraindre à accueillir les miséreux du monde.

Le New York Times, lui, a osé la comparaison avec la situation créée en Autriche par l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite : « Cette position n’est pas différente de celle prise par le gouvernement du président français Emmanuel Macron, qui a annoncé le même jour qu’il introduirait la législation l’année prochaine pour accélérer les envois de migrants qui ne sont pas admissibles à l’asile. »

Il ne suffit pas de s’autoproclamer révolutionnaire pour faire la révolution (combien d’autres l’ont prétendu, avant Macron, pour mieux masquer leur aversion et engager des politiques autoritaires et réactionnaires) ! La président des riches n’a que l’embarras du choix pour trouver des modèles.

La France ramenée au niveau (politique) de l’Autriche où l’extrême-droite est au pouvoir : honte à nous.

Le bal des faux-culs

Claude Perdriel, 91 ans, a vendu son titre préféré, L’Obs, au trio Bergé, Niel, Pigasse (alias BNP), mais il reste propriétaire de ChallengesScience et AvenirLa Recherche, Historia,HistoireLe Magazine littéraire. Rien que ça !

L’homme apparaît dans le classement des plus grandes fortunes françaises, grâce au sanibroyeurs SFA, aux messageries roses et à de multiples entreprises.

Il vient d’annoncer que, dans le cadre d’une augmentation de capital, Renault va entrer à hauteur de 40 % dans le capital de son groupe de presse.

Si l’on en croit le quotidien économique Les Echos« Annoncée mercredi, la nouvelle en a étonné plus d’un dans le petit milieu de la presse écrite, et dans celui, plus vaste, de l’automobile. Mais cette entente improbable est présentée par Claude Perdriel et Carlos Ghosn, le patron de Renault-Nissan, comme un véritable projet industriel. « Nous devons préparer l’arrivée des contenus dans la voiture connectée et autonome », a martelé Carlos Ghosn. « A nous d’inventer les contenus de demain, on va devoir faire travailler nos cellules grises. Ce que l’on va créer n’existe pas », a renchéri Claude Perdriel. »

L’émotion est grande dans la rédaction de Challenges, où on rappelle que Renault est le 4eannonceur publicitaire français et que le magazine traite souvent de l’industrie automobile.

Que dit le président des riches ? Rien : « No comment ! » Pourtant, l’Etat français n’est-il pas le premier actionnaire de Renault avec 15 % (à égalité avec Nissan). Alors, Emmanuel Macron, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin pouvaient-ils ignorer l’opération ?

Après Arnault, Dassault, Lagardère, Pinault, Bolloré, Drahi, c’est au tour de Ghosn de faire main basse sur les médias.

L’indépendance des rédactions et le pluralisme ? On en parlera plus tard, sans doute, quand les droits sociaux auront été laminés par ordonnances et que les milliardaires auront terminé leur marché en rachetant tous les médias d’influence.

L’indépendance des rédactions, on en reparle d’ailleurs une fois de plus dans le groupe Canal+.Le 15 octobre, Canal+a diffusé un reportage, ‘’Togo : lâche le trône’’, relatant les manifestations de l’opposition au président Faure Gnassingbé le sulfureux « Bébé Gnass ». Vincent Bolloré, qui gère le terminal du port à conteneurs à Lomé, n’a pas apprécié qu’on donne la parole aux opposants de son cher ami, avec lequel il est en affaires. François Deplanck, numéro 2 de Canal+ Internationala été écarté et son départ annoncé dans la foulée.

Les liens de Bolloré avec le Togo sont étroits ; la filiale Havas Media Togo est dirigée par Patrick Kodjovi Senam Bolouvi, demi-frère de Faure Ngassingbé, et Cathia Lawson-Hall, membre du conseil de surveillance de Vivendi, est la sœur de Cina Lawson, ministre des postes et de l’économie numérique.

Ceci explique cela.

Une salariée de Canal+a posé une question pertinente : « On va devoir passer notre temps à se demander si les sujets ne sont pas contraires aux intérêts de Bolloré ? »La direction lui a apporté une réponse immédiate : les sujets africains sont interdits sans accord préalable.

La théorie du ruissellement

Le Mondepublie un supplément « vins, spécial champagne ». Le titre donne le ton : ‘’La nuit bien dans sa bulle’’.

Voici quelques extraits d’un article (Le champagne dans la chaleur de la nuit) signé Ophélie Neiman :

« Ce qui chauffe toute l’année, c’est le portefeuille. Dans les clubs français de Jean-Roch (propriétaire de discothèques à Paris, Saint-Tropez, Dubaï ou Marrakech, NDLR), le prix d’une bouteille oscille entre 250 et 500 euros (…) Les lieux orgiaques, on les trouve surtout dans le Sud. Une facture de champagne du milliardaire pakistanais Javed Fiyaz, au Gotha Club, à Cannes, qui s’élevait à 380 000 euros pour une soirée, a fait le tour des magazines people en 2014. Dans son escarcelle : 200 bouteilles de Dom Pérignon, six jéroboams (3 litres) et cinq mathusalems (6 litres) de ‘’Cristal’’ de Roederer. L’hôtel Byblos et sa boîte de nuit, Les Caves du Roy, qui fait référence à Saint-Tropez, ont fêté leur 50eanniversaire le 27 mai. Pour l’occasion, la marque Dom Pérignon a conçu cinq mathusalems au design unique. Prix de vente : 50 000 euros pièce. Ils ont immédiatement trouvé preneur. Durant la même soirée, l’établissement a servi 350 magnums, toujours de Dom Pérignon. »

L’auteur de l’article ose écrire :« Une chose est sûre, le champagne en boîte de nuit perdure au-delà des modes. »

Donc, les riches restent riches et même de plus en plus riches. Ce n’est pas nouveau, mais plutôt une confirmation du fossé qui se creuse avec ceux qui n’ont rien.

Le champagne ? Ce n’est peut-être au fond que la métaphore de la fameuse théorie du « ruissellement », chère (et très chère si l’on en croit l’article) au président des riches.

Françoise Nyssen, Emmanuel Macron et Erdogan, …

La lettre d’information Actualittévient de publier un article glaçant : le dictateur turc Erdogan a fait retirer et détruit 140 000 livres de 1142 bibliothèques. Le motif est toujours le même et sans imagination : leurs auteurs seraient des relais des idées de Fethullah Gülen.

Actualittérapporte les déclarations du ministre de la culture (sic) turc, Ömer Fethi Gürer : « Les publications sur le mouvement Gülen et Fethullah Gülen, ainsi que celles de maisons d’édition fermées par décret du gouvernement, présentes dans les 1142 bibliothèques placées sous notre juridiction, ont été retirées d’urgence. »

Actualittéajoute que « Pour être exact, 139.141 titres feraient actuellement l’objet d’une enquête, a précisé le ministre de la Culture turc. Parmi ces derniers, assure Deutsche Welle, des ouvrages de Baruch Spinoza, Albert Camus ou Louis Althusser, tous accusés d’avoir fait parti d’organisations terroristes… »

Si Spinoza, Camus et Althusser sont considérés comme terroristes, on peut craindre que de nombreux autres auteurs seront bientôt retirés des rayons des bibliothèques turques.

Enfin, « une trentaine de maisons d’édition auraient été contraintes de fermer leurs portes, suite à un décret gouvernemental ».

Où s’arrêtera Erdogan ? Quand les gouvernements européens, à commencer par celui d’Emmanuel Macron, sanctionneront-ils la Turquie ?

Seule la Fédération internationale des associations et institutions de bibliothèques (IFLA) a réagi. On attend la vive réaction de Françoise Nyssen, aujourd’hui ministre de la culture, mais hier éditrice…

Soyons rock’n roll !

La chronique de Thomas Piketty dans le Mondedu jour est assassine pour Emmanuel Macron. L’économiste n’hésite pas à écrire : « On a coutume d’opposer Trump et Macron : d’un côté, le vulgaire businessman américain, aux Tweets xénophobes et climatosceptiques ; de l’autre, l’esprit européen éclairé, soucieux de dialogue des cultures et de développement durable (…) Mais si l’on regarde de plus près les politiques menées, on est frappé par les similitudes. Trump comme Macron viennent de faire adopter des réformes fiscales extrêmement proches, et qui, dans les deux cas, constituent une incroyable fuite en avant dans le mouvement de dumping fiscal en faveur des plus riches et des plus mobiles (…) Avec, à chaque fois, un argument supposé imparable : la masse des contribuables captifs et immobiles n’a d’autre choix que de bien traiter les plus riches, faute de quoi ces derniers auront tôt fait de quitter le territoire et de ne plus faire bénéficier de leurs bienfaits (emplois, investissements et autres idées géniales inaccessibles au commun). ‘’Job creators’’  pour Trump, ‘’premiers de cordée’’ pour Macron : les mots varient pour désigner ces nouveaux bienfaiteurs que les masses doivent chérir, mais le fond est le même. »

Quant au quotidien économique La Tribune, il nous apprend que « L’Allemagne se joue de la France ».Pourquoi ?

« Elle est belle l’Europe de la défense… Sans état d’âme, l’Allemagne a déchiré fin novembre les accords de Schwerin signés avec la France en 2002. Berlin a passé une commande de 400 millions d’euros au constructeur de satellites allemand OHB System pour la réalisation de deux satellites d’observation optique. « Pour l’administration française, c’est un coup de canif aux accords de Schwerin dans la défense », explique-t-on à La Tribune. Ces accords ont instauré entre Paris et Berlin un échange d’images optiques Helios et radars SAR-Lupe. Un « Yalta de l’observation spatiale » en quelque sorte, l’optique pour la France et le radar pour l’Allemagne.

« Ce système a permis à chaque pays de se spécialiser et d’éviter de dupliquer les moyens, la France fournissant les images optiques, l’Allemagne et l’Italie les images radars », avait précisé en juillet 2015 l’ancien ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian (…) L’Allemagne justifie cette décision en expliquant que ces deux satellites seront utilisés par les services secrets allemands (BND) placés sous l’autorité de la chancellerie et non du ministère de la Défense allemand lié par les accords de Schwerin. La ficelle est grosse… et les Allemands se moquent bien une nouvelle fois des Français. Une habitude mais ils ont bien raison d’insister finalement puisque les politiques français encouragent avec beaucoup de naïveté et de romantisme la coopération franco-allemande. C’est donc un nouveau renoncement de la France face à une Allemagne puissante qui avance. Car avec ce programme, Berlin crée un nouvel acteur (OHB) dans l’observation optique qui va, dans le futur, concurrencer Thales et Airbus à l’export. Mais les politiques passent et les emplois… disparaissent. »

Cette chronique et cet article sont moins commentés que l’hommage à Johnny, rockeur et héros national.

Rappellera-t-on les racines populaires du rock’n roll, sa révolte puisée dans le contre-culture, illustrée dès 1954 par le film Graine de violence de Richard Brooks, dénonçant la société américaine de l’époque. 

Depuis Graine de violence, la situation des pauvres et des réfugiés ne s’est pas améliorée ; elle se détériore. La rébellion contre un système de plus en plus cruel pour ceux qui n’ont rien, contre le système capitaliste n’a jamais été autant nécessaire pour renvoyer Trump, Macron et Merkel dans les poubelles de l’histoire.

Madina est morte

Madina est une petite Afghane « qui ne verra jamais Londres »,nous rapporte une dépêche de l’AFP.

Ses parents avaient fui leur pays il y a deux ans, le père, Rahmat Shah Husseini, 39 ans, avait travaillé pour les forces américaines ; le couple avait cinq enfants. Il tentait de gagner Londres ; son père rappelle : « Elle demandait souvent « On est arrivé? C’est ici Londres? »

Refoulés de Croatie, ils regagnaient la Serbie à pied, « suivant de nuit une voie ferrée », nous apprend la dépêche. La mère, Muslima Husseini, 38 ans, poursuit : « On a entendu un bruit énorme, un train qui arrivait vite (…) Personne ne nous a dit qu’un train devait passer (…) Où est Madina ? Rashida découvre sa petite sœur, en sang, le crâne enfoncé. »

Madina a été ensevelie « au fond d’un cimetière orthodoxe (…) Personne n’a donné aux Husseini de certificat de décès qui leur permettra, plus tard, de récupérer la dépouille. » La famille a été reconduite en Serbie.

Scène de la vie quotidienne, insoutenable, qui rappelle le sort de milliers de réfugiés.

La dépêche témoigne de cette tragédie humaine : « Malgré la fermeture des frontières début 2016, la route des Balkans reste empruntée clandestinement par de nombreux migrants. « La mort évitable » de Madina « vient rappeler à l’Union européenne et aux autorités régionales que les gens restent en danger dans les Balkans », dit Andrea Contenta, de Médecins Sans Frontières-Serbie qui s’indigne que des migrants soient refoulés hors de toute procédure. Sur les onze premiers mois de 2017, l’ONG a comptabilisé 143 morts entre la Turquie et l’UE: noyades, accidents de voiture, chutes ou électrocutions depuis les toits des trains, suicides… Au-delà des données publiques, « nous ne savons pas combien ont perdu la vie dans la région », poursuit Andrea Contenta. »

Madina n’aura pas d’hommage national, ni même de sépulture digne de ce nom. Pendant ce temps là Paris faisait des obsèques grandioses et démesurées à un chanteur, auxquelles participaient des milliers de « spectateurs » et le président des riches.

Il y a quelque chose d’indécent et de révoltant dans ce monde du spectacle et du fric.

Jean d’Ormesson, maître mais surtout valet

Le décès de Jean d’Ormesson est l’occasion d’une débauche de louanges, parfois insupportables, parfois inconvenantes, qui ont déjà gommé des pans entiers du passé de l’écrivain.

Emmanuel Macron, par exemple, a mis sur la toile un ‘’tweet’’ hagiographique : « Il était le meilleur de l’esprit français, un mélange unique d’intelligence, d’élégance et de malice, un prince des lettres sachant ne jamais se prendre au sérieux. L’œil, le sourire, les mots de Jean d’Ormesson nous manquent déjà. »

Sans doute d’Ormesson était-il un écrivain qui n’avait jamais diabolisé Aragon, par exemple, au prétexte qu’il était communiste quand d‘autres bannissaient l’auteur des « Yeux d’Elsa ».

Mais doit-on oublier, pour autant, l’ancien directeur du Figaro ? Le réactionnaire absolu. Celui qui fut fustigé par Jean Ferrat en 1975 dans « Un air de liberté » :

« Les guerres du mensonge, les guerres coloniales/ C’est vous et vos pareils qui en êtes les tuteurs/ Quand vous les approuviez à longueur de journal/ Votre plume signait trente années de malheur. »

Le refrain était sans appel : « Ah monsieur d’Ormesson/ Vous osez déclarer/ qu’un air de liberté/ Flottait sur Saigon/ Avant que cette ville s’appelle Ville Ho-Chi-Minh »

Quant à la chute, elle est terrible pour le patron du journal de la droite réactionnaire : « Mais regardez-vous donc un matin dans une glace/ Patron du Figaro songez à Beaumarchais/ Il saute de sa tombe en faisant la grimace/ Les maîtres ont encore une âme de valet. »

Jean Ferrat, le poète, est mort ; les années ont passé, mais ses mots dérangent encore. On ne le censure plus, comme auparavant ; pire, on l’ignore son « air de liberté » et on lui préfère celui qu’Emmanuel Macron a sacré prince des lettres.