Raphaël Glucksmann ne s’affiche pas comme révolutionnaire, certes pas, mais ô surprise, il n’apprécie pas la posture du président des riches quand il prétend, lui, réaliser la révolution que personne avant lui n’avait osé faire.

Dans une chronique publiée dans L’Obs, Raphaël Glucksmann dénonce la politique de Macron en matière de réfugiés. Salutaire coup de gueule en cette veille de Noël (et de charité chrétienne ») :

« La « révolution » n’aura donc pas lieu. Pas pour eux du moins. Pour eux, ce sera pire qu’avant. Pire que sous Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux. Pire que sous François Hollande et Manuel Valls.

Eux, ce sont les hommes, les femmes, les enfants qui errent dans les Alpes du Sud, s’agglutinent porte de la Chapelle et se terrent dans les buissons du Pas-de-Calais.

Eux, ce sont les sans toit qui dorment sur les trottoirs d’un monde dont on se demande bien, en les voyant grelotter, ce qu’il a de nouveau.

Eux, ce sont les sans droits dont notre police vole les duvets en plein hiver et lacère les tentes par températures négatives.

Eux, ce sont des humains. Des humains que notre Etat refuse de traiter comme tels.

De Médecins du Monde à Emmaüs en passant par la Cimade, toutes les associations humanitaires disent la même chose : jamais depuis des décennies la traque des migrants n’a été si dure sur notre territoire que depuis le triomphe de la « France ouverte sur le monde » au printemps dernier. »

Le texte de Glucksmann est beau, à défaut d’apporter une solution à ces pauvres hères, errants dangereusement sur les mers, sur les routes, taches indélébiles d’une société sans âme et perdant le sens de humanité. Merci pour eux, quand même ; plus de voix comme celle-là s’élèveront, plus seront bousculés les gens d’en haut, plus nous auront de chance de les contraindre à accueillir les miséreux du monde.

Le New York Times, lui, a osé la comparaison avec la situation créée en Autriche par l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite : « Cette position n’est pas différente de celle prise par le gouvernement du président français Emmanuel Macron, qui a annoncé le même jour qu’il introduirait la législation l’année prochaine pour accélérer les envois de migrants qui ne sont pas admissibles à l’asile. »

Il ne suffit pas de s’autoproclamer révolutionnaire pour faire la révolution (combien d’autres l’ont prétendu, avant Macron, pour mieux masquer leur aversion et engager des politiques autoritaires et réactionnaires) ! La président des riches n’a que l’embarras du choix pour trouver des modèles.

La France ramenée au niveau (politique) de l’Autriche où l’extrême-droite est au pouvoir : honte à nous.