La traditionnelle exposition d’art contemporain dans le château de Versailles est installée pour la seconde fois au domaine de Trianon. Et pour la seconde fois elle donne à voir des œuvres de photographes.
En changeant de lieu elle a perdu en intérêt ; les artistes invités sont limités à la fois en place et en nombre d’œuvres installées. On regrette de ne plus voir celles des Xavier Veilhan, Bernard Venet, Joana Vasconcelos, Giuseppe Penone ou encore des 17 créateurs qui avaient investi les bosquets au cours de l’hiver 2017-2018.
Ces artistes-là avaient pu donner à voir au public une tendance de la création contemporaine grâce à la diversité des œuvres exposées.
Cette année, ils sont cinq à avoir été invités à porter un regard libre et décalé sur le château. Et, on peut le dire d’emblée, si l’intention était intéressante, donner à voir cinq regards sur le visible et l’invisible du domaine de Versailles, le résultat l’est beaucoup moins.
Seul Martin Parr a réellement répondu au défi avec ses clichés sur les touristes qui visitent chaque jour les lieux. Ses photos sont admirables, surprenantes, décalées ; autrement dit superbes et qui, elles, traduisent une certaine tendance de la photographie contemporaine.
On n’en dira pas autant de Dove Allouche qui a réalisé des clichés colorés à partir du gypse utilisé dans les innombrables sculptures et stucs du château. Mais ses œuvres, certes surprenantes, sont trop répétitives dans la galerie des Cotelle du Trianon.
Eric Poitevin, lui, expose deux œuvres dans l’Orangerie de Jussieu. Si ses clichés, très graphiques, d’une plante méconnue, l’angélique, sont beaux, que dire de ses panneaux censés être des images du soleil. On reste insensible devant des panneaux immenses dont on ne perçoit pas les nuances de blancs.
Viviane Sassen, elle, a réalisé des œuvres de grand format dans les salons du Grand Trianon. Sans âme.
Enfin, l’intention de Nan Goldin vaut par la découverte de lieux interdits habituellement aux visiteurs, un long couloir voûté du réseau hydraulique du rez-de-chaussée du Petit Trianon. Lieu volontairement sombre, mais qui ne permet pas d’admirer ses photos, à l’exception de quelques-unes. Même reproche pour la sonorisation, mal réglée et qui ne permet pas d’entendre dans les meilleures conditions les textes d’Olympe de Gouges dits par Catherine Deneuve, Isabelle Huppert ou Charlotte Gainsbourg. Pour dire la vérité, je suis passé en ignorant ce qui n’était pas un détail, mais une part importante de l’œuvre.
Au total, une déambulation dans le domaine de Trianon donne toujours une infinité de choses à découvrir. Mais l’exposition de cette année est loin de ses devancières.