L’exposition ‘’Vasarely, le partage des formes’’, ferme ses portes et c’est dommage. On ne se lasse pas de découvrir le cheminement de celui qui fut, lui aussi, un défricheur, qui a très largement influencé l’art contemporain et un artiste qui a pensé les relations entre l’art et les hommes dans la cité. Enfin, il s’agissait de la première exposition-hommage à un des géants de l’art du XXe siècle.
Toute son œuvre, influencée par le Bauhaus et la théorie de la forme (ou Gestalttheorie de Husserl), considérant que la perception des objets est globale et non l’addition ou la juxtaposition d’éléments simples, est une démarche purement scientifique.
Viscéralement rationaliste, Vasarely joue avec les formes géométriques et colorées, ronds et carrés, de tailles différentes, imaginant toutes les variations possibles, tenant compte des lois de l’optique, jouant avec les couleurs chaudes (le rouge), froides (vert et bleu) et intermédiaires (violet).
Il pourrait apparaître dans le siècle des Picasso, Braque ou Miro comme celui qui veut s’opposer à une certaine vision de l’art aux côtés d’Agam, Bury, Soto ou Tinguely sans faire école comme on a voulu le laisser croire en baptisant leur démarche de différents appellations, art opto-cinétique, op art et autres. Pour ma part, je préfère retenir la formule de Jean-Louis Prat, l’ancien directeur de la fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence, ‘’L’art en mouvement’’, qui sera le titre du catalogue de l’exposition réunissant à l’été 1992 les œuvres illustrant cette tendance de la peinture, dans laquelle il rend hommage à des artistes comme Vasarely qui « sont les témoins de ces années pressées où ils tentent de retenir, construisant par un art plus technologique d’où la poésie n’est pas absente, un monde vivant, coloré, vibrant des sons de notre époque. »
Si Vasarely a suivi un chemin scientifique, il est néanmoins très ancré dans le social comme il en témoigne en 1960 : « L’art est un phénomène social ; sous cet aspect l’œuvre unique artisanale n’est pas une fin en soi mais un début : elle est conçue pour être recréée, multipliée, transmise, diffusée par les moyens techniques de notre civilisation. L’œuvre d’art (concentration de toutes les qualités en une seule) appartient au passé ; maintenant commence l’ère des qualités psychiques perfectibles dans les nombres progressifs… »
L’art est donc un phénomène social et Picasso et Vasarely ont en commun la même approche artistique et une même attitude de conflit avec la société de leur temps, une même volonté de recherche esthétique de l’œuvre et de l’image. Seule la démarche dans l’acte créatif diverge. Et comment !
Vasarely sera, lui, fasciné par l’intégration de l’art dans la cité et il finira par mettre ses œuvres dans l’espace public et par réaliser des œuvres architecturales.
Dans sa préface à « L’art en mouvement », Jean-Louis Prat écrit : « Tous ces artistes ‘’ont transformé l’image du mouvement dans l’art en un véritable mouvement’’, écrit Frank Popper. En effet, l’introduction de matériaux nouveaux qui permettent des variations optiques, dont Victor Vasarely est le pionnier, va définitivement révolutionner l’appréhension de l’espace mural… »
Victor Vasarely enfin exposé au Centre Pompidou, ce n’est que justice pour ce géant de l’art du XXe siècle.