La Chouette qui hioque

Mois : septembre 2019

Albert Londres

Il est pour le moins étonnant que la profession présente encore Albert Londres comme un modèle du journalisme, sinon le seul ; l’adoration de l’icône du grand reporter portant « la plume dans la plaie » me met mal à l’aise.

La personnalité d’Albert Londres est controversée ; la prétendue éthique de celui qui prétendait qu’un « reporter ne connait qu’une seule ligne, celle du chemin de fer » ne résiste guère à l’épreuve des faits.

Pour ma part, je considère que le journaliste, parce qu’il a une responsabilité sociale essentielle, n’a de compte à rendre qu’à sa conscience professionnelle (et celle-ci nécessite une intégrité d’ascète par respect dû au public auquel il s’adresse). C’est pourquoi je me sens très proche de l’éthique de Jean Jaurès ou d’Albert Camus, sans verser dans l’adoration béate. Pas dans celle de Londres.

J’ai par ailleurs une profonde aversion pour certaines décorations ou certains prix. C’est fou ce que les citoyens aiment les médailles en chocolat ! La plus belle récompense à laquelle devrait aspirer le journaliste est celle du public, pas celle d’une secte qui s’autoreproduit.

Je viens de découvrir la préselection du prix Albert Londres et cela ne risque pas de me réconcilier ni avec mon refus des récompenses, ni avec Albert Londres.

Pour la presse écrite, Le Monde et Libération ont chacun trois articles retenus (sur 8). La revue XXI et le site Les Jours complétant la sélection. La presse régionale est totalement absente de ce choix et je m’en étonne, car les journalistes de la presse régionale ne sont pas moins brillants que ceux de la presse parisienne.

Quant à la sélection pour l’audiovisuel, elle est hélas significative de la situation : les cinq œuvres retenues ont été produites par des sociétés de production et non par les chaînes ; c’est le résultat des décrets Tasca et de la politique des diffuseurs qui externalisent les contenus et les journalistes (voués à la précarité).

Décidément l’image d’Albert Londres est bien brouillée.

La mascarade de Doha

L’homme s’est toujours confronté aux éléments et a toujours cherché à repousser ses limites physiques. Sur terre, et sous l’eau.

Sur terre, depuis le soldat de Marathon, il aime affronter les longues distances : 42 kilomètres paraissaient hier une limite ; aujourd’hui, il a reculé ses limites et il a adopté des mots anglais comme trail ou ultra trail pour nommer les courses dans la nature qui nous entraînent aux frontières du possible.

Les compétitions sur les longues distances comme le semi-marathon, le marathon, le trail (entre 42 et 80 km), l’utra trail (plus de 80 km, pouvant aller jusqu’à 5000 km comme la Transaméricaine) connaissent de plus en plus de succès. Les adeptes se préparent, pour certains, de façon scientifique pour affronter des conditions parfois extrêmes.

J’avoue ne pas partager cet engouement pour les courses de longue distance, qui me rappellent trop les marches dites commando de l’armée ; mais je suis admiratif des performances de ceux qui s’adonnent à un sport où il faut savoir triompher de la souffrance.

En revanche, je condamne ceux qui ont confié l’organisation des championnats du monde d’athlétisme au Qatar. Non seulement le stade climatisé de Doha est une aberration écologique, insupportable au moment où tous les scientifiques tirent la sonnette d’alarme et dénoncent le réchauffement climatique, mais la Fédération internationale d’athlétisme savait que les conditions pour disputer le marathon et les épreuves de marche (50 km et même 20 km) seraient insupportables. Et elles l’ont été, avec une température de 40°, une humidité (entre 70 et 80 %) rendant l’air difficilement respirable.

Le marcheur français Yohann Diniz avait dénoncé l’imposture et il a dû abandonner après 16 km de course, épuisé. Le vainqueur, lui, a bouclé les 50 km en plus de 4 heures contre un peu plus de 3 heures 30 habituellement. Le nombre d’abandons a atteint un record. Peut-on encore parler de performance ?

L’organisation de ces championnats a été confiée au Qatar pour de basses raisons politico-économiques ; les émirs ont dépensé un argent fou pour l’organisation. Et les dirigeants internationaux sont fiers d’eux. Le scandale ne semble même pas les effleurer ; ils se moquent de l’avis des athlètes et calculent les bénéfices tirés des contrats publicitaires et des droits de retransmission télévisés.

Le stade de Doha est vide et les Qataris sont étrangers à la pratique sportive ? Cela importe peu. Les droits de retransmission suffisent à leur bonheur. La compétition n’est qu’une vitrine pour une opération de communication mondiale visant à faire oublier le régime féodal d’un pays rétrograde, l’esclavage enduré par les ouvriers travaillant sur les chantiers de construction des stades pour la coupe du monde de football en 2022 et le prosélytisme en faveur d’un islam radical.

On est loin de l’exaltation de la pratique sportive et des joies du sport, de la fraternité entre athlètes, bref de l’esprit olympique ; on nage dans les eaux tumultueuses au confluent du capitalisme et des magouilles politico-économiques.

Le sport-business au service des intérêts d’un pays arriéré, méprisant les salariés et, depuis ces championnats du monde, des sportifs, voilà ce que signifie la mascarade de Doha.

L’autre Chirac

Jacques Chirac contrastait singulièrement avec Emmanuel Macron. Sa bonhommie et sa jovialité l’avaient fait apparaître comme un homme sympathique et populaire ; loin de l’arrogance et du mépris du nouveau président de la République !

C’est sans doute cela qui pousse le locataire de l’Elysée à multiplier les hommages ; ratisser quelques voix de nostalgiques du chiraquisme est toujours bon à prendre.

Mais celui qui a connu tous les lieux politiques, de la mairie de Paris à l’Elysée en passant par l’Assemblée nationale et l’Hôtel Matignon, sans oublier le chef de parti, cultivait les paradoxes.

Il était un homme de droite, un grand commis du capitalisme et de la Ve République. Condamné à de la prison avec sursis en 2011, Jacques Chirac a eu aussi des dérapages scandaleux, notamment en évoquant le bruit et l’odeur des musulmans et des Noirs, qui ne travaillaient pas et vivaient grâce aux prestations sociales au milieu de plusieurs épouses.

Ces dérapages lui avaient valu alors le surnom de ‘’Facho Chirac’’, attribué par le Canard enchaîné.

En matière sociale aussi, il avait fait allégeance aux patrons qui le lui ont bien rendu en le logeant gratuitement dans des logements somptueux à la fin de sa carrière.

Bref, l’homme politique Chirac n’était pas aussi sympathique que les médias le disent aujourd’hui jusqu’à la nausée.

Jacques Chirac fut l’homme des privatisations de l’audiovisuel. Alors qu’il était maire de Paris, il avait confié le câblage de la capitale en 1983 à son ami Jérôme Monod, président de la Lyonnaise des Eaux (Celui-ci fut aussi son conseiller et le secrétaire général du RPR), sous le contrôle de directeur adjoint à la communication à l’Hôtel de ville, José Frèches et de Jacques Marette, député du 15earrondissement et ancien ministre des PTT. Jérôme Monod, lui, avait confié le suivi du dossier au directeur de la Lyonnaise, Guy de Panafieu, par ailleurs mari de Françoise de Panafieu, l’adjointe à la culture de Jacques Chirac. Bref, les affaires se traitaient entre amis et même en famille.

Devenu premier ministre, Chirac restera aussi celui qui a privatisé TF1 et qui a offert la chaîne à Francis Bouygues.

Le prétendu homme du peuple avait les amitiés sélectives. Il était un arriviste et un gaulliste de circonstance.

C’est fou ce que les médias et ceux qui tressent des louanges à un grand homme d’Etat ont réussi à occulter.

Aux barricades

Emmanuel Macron a fait les poches des retraités, sans état d’âme. Il récidive et, la nouvelle est ahurissante, c’est au tour des chômeurs de se faire tondre par le leader du nouveau monde. Les tire-laines du patronat sont aux commandes.

Leur réforme de l’allocation chômage est d’une violence inouïe.

L’UNEDIC a osé les dénoncer, laconiquement, mais les chiffres sont assassins : « Parmi les 2,6 millions d’allocataires qui auraient ouvert un droit avec l’ancien système, 9 % n’ouvriront pas de droit avec les nouvelles règles et 41 % verront leur situation impactée soit par une baisse de leur allocation journalière, soit par une ouverture de droits retardée ou une durée de droits plus courte ». 

Les victimes ? D’abord les jeunes dont les salaires de référence sont les plus faibles en raison des politiques salariales discriminatoires des patrons-voyous et des contrats de plus en plus courts dont doivent se satisfaire ceux qui tentent d’entrer dans le monde merveilleux du monde du travail, hyper-diplômés ou pas. Non seulement l’allocation de ces jeunes qui courent de petit boulot en petit boulot sera rabotée, mais sa durée sera réduite.

« Les quelque 850 000 nouveaux entrants auront une allocation mensuelle plus faible de 20 % en moyenne, mais pouvant aller parfois jusqu’à 50 %. », confesse l’organisme de gestion réduit à un rôle d’exécutant.

L’opération vise à réaliser une économie (sic) de 3,4 milliards d’euros d’ici à fin 2021.

L’argent des chômeurs et des retraités ne sera pas perdu pour tout le monde. Selon le quotidien économique, propriété de la première fortune de France, Les Echos, « le gouvernement prévoit de réduire de 1 milliard d’euros la pression fiscale sur les entreprises dans son projet de loi de finances pour 2020. »

Les entreprises de plus de 250 millions d’euros de chiffre d’affaires verront le taux de l’impôt sur les sociétés baisser de 33,3 % en 2019 à 31 % en 2020, puis 27,5 % en 2021 et enfin 25 % en 2022. Les grands groupes se frottent les mains et les actionnaires salivent déjà.

Les entreprises du CAC 40 avaient versé 51 milliards de dollars au seconde trimestre de cette année (+ 3,1 %), la France renforçait son rang de championne d’Europe (loin devant l’Allemagne) ; les actionnaires jubilent déjà et ont sorti les calculettes pour estimer les gains 2020.

Les retraités sont des nantis (et ils peuvent travailler plus longtemps), les chômeurs sont des fainéants (et ils refusent de traverser la rue). Quant aux salariés, ils ne sont pas mieux traités : les plans de licenciements se succèdent à une vitesse vertigineuse au nom de la modernisation et de la compétitivité et, pour ceux qui restent, les pauvres entreprises françaises n’ont que des statuts précaires et mal payés à leur offrir.

Macron et sa clique de droite, la France des prétendues élites, sorties de l’ENA et des écoles dites de commerce, cassent tout avec arrogance et provocation pour satisfaire une caste de nantis, qui n’ira pas aux urgences mais se fera soigner dans les meilleures cliniques privées, qui mettra ses progénitures dans les meilleures écoles privées pour ne pas côtoyer les cancres des ZEP, qui vivra dans de somptueuses demeures ou châteaux, mis à l’abri pour éviter d’être vus des manants. La France d’en haut pense à tout, elle a aussi peaufiné son système policier et législatif pour réprimer les révoltes.

Il est temps de leur dire, ça suffit. Nous ne supportons plus votre morgue, votre mépris et votre arrogance de semeurs de misère.

Alors, aux barricades, camarades. 

Mensonge et vérité

Le système capitaliste est à bout de souffle ; il craque de partout. Les usines automobiles ou de pneumatiques ferment et délocalisent leurs productions, les grandes surfaces alimentaires licencient, les marques de vêtements font faillite, les compagnies aériennes clouent leurs avions au sol, les voyagistes abandonnent les touristes, les plateformes numériques réinventent l’esclavage et le gouvernement français, celui d’Emmanuel Macron, ment effrontément à propos de la réforme des retraites.

Le nombre de salariés voués au chômage ne cesse d’augmenter et on nous dit que le nombre de demandeurs d’emplois est en baisse. Mensonge.

Que font les gouvernements ? Ils multiplient les aides aux riches, les actionnaires et ils mentent.

José Saramago, le prix Nobel portugais, dénonçait un politicien lisbonnais qui avait déclaré que « la politique est, en premier lieu, l’art de ne pas dire la vérité », ajoutant « Non, monsieur, la vérité devra être l’objectif unique et ultime de la politique. Pour la simple raison que ce n’est qu’ainsi que les deux pourront être sauvées : la vérité par la politique, la politique par la vérité. »

Aujourd’hui, il est de plus en plus difficile de faire émerger la vérité ; il faut des citoyens courageux pour dénoncer les mensonges. Les risques encourus sont immenses.

Edward Snowden, citoyen américain, a révélé en 2014 les graves dérives d’un programme de surveillance sophistiqué mis en place par la National Security Agency (NSA) et le Federal Bureau of investigation (FBI) ; aujourd’hui, il est condamné à finir sa vie en prison s’il retourne aux Etats-Unis ou à vivre en semi-liberté en Russie.

Julian Assange, lui, est Australien. En 2006, il avait fondé les WikiLeaks, une organisation non gouvernementale, publiant des documents diplomatiques confidentiels. Il a mis au jour notamment des affaires mettant en cause les Etats-Unis durant la guerre d’Irak, la corruption du clan Bouteflika, la Syrie, les paradis fiscaux, etc.

Julian Assange croupit dans une prison londonienne après avoir été extradé par le président équatorien, Lenin Moreno. Un rapporteur de l’ONU a conclu qu’il est soumis à une torture psychologique faisant craindre pour sa vie.

La France ne se conduit pas mieux. Irène Frachon, la pneumologue du CHU de Brest à l’origine du dévoilement du scandale du Mediator, dénonce dans une interview à L’Humanité des stratégies d’intimidation, en premier lieu la censure de son livre Mediator. Combien de morts ?, paru en 2010.

Irène Frachon affirme : « Aujourd’hui, même si j’ai des collègues qui me soutiennent, à Brest notamment, même si je suis invitée parfois pour raconter mon combat, on peut dire que, globalement, je suis marginalisée au sein du monde médical. Aussi, depuis 2010-2011, je ne vais plus dans les congrès médicaux. J’y subissais remarques désobligeantes et agressivité. »

Le docteur Frachon ne cède rien et fait preuve d’un courage exemplaire, reprenant les paroles de Martin Luther King : « Ce qui m’effraie, ce n’est pas l’oppression des méchants, c’est l’indifférence des bons. »

Le rapporteur de l’ONU sur le cas de Julian Assange, Nils Melzer, tire la sonnette d’alarme : « Une fois que dire la vérité sera devenu un crime, tandis que les puissants jouiront de l’impunité, il sera trop tard pour redresser le cap. Nous aurons abdiqué notre voix à la censure et notre destin à une tyrannie débridée. »

Réhabilitons la politique de la vérité !

Europe d’Ursula, Europe des bourgeois

Ursula von der Leyen est une grande bourgeoise. Est-ce cela qui a attiré l’attention d’Emmanuel Macron pour suggérer à son amie Angela Merkel d’en faire la présidente de la Commission européenne ?

Grande bourgeoise, donc, elle a fréquenté les meilleures écoles, comme l’Ecole européenne en Belgique ou la London School of Economics. Elle n’a jamais croisé de réfugiés, comme l’avoue son ami Emmanuel Macron.

Est-ce pour cette raison qu’elle a souhaité supprimer le portefeuille « Migrations, affaires intérieures et citoyenneté » pour confier au Grec Margaritis Schinas une commission intitulée « Protection du mode de vie européen » ?

Est-ce pour une raison inavouable qu’elle a supprimé la commission Education, Culture, Jeunesse et Sport ?

Ursula von der Leyen réfute toutes les objections à propos des intitulés des commissions. Et elle peine après que le futur commissaire a cru bon d’avouer que son portefeuille vise à « mieux protéger nos citoyens et nos frontières, moderniser le système d’asile afin d’investir dans les compétences européennes et proposer un avenir plus radieux pour notre jeunesse ».

Elle peine encore pour justifier la suppression d’une commission dédiée à la culture et à l’éducation. Elle prétend que rien n’a changé et qu’il s’agit seulement de mettre en œuvre une approche transversale qui ne sera pas cantonnée à un seul portefeuille.

Récemment nommée et mal élue au Parlement, Ursula von der Leyen provoque un profond malaise et inquiète les députés.

Emmanuel Macron, lui, reste muet et n’a pas eu un mot pour s’étonner des initiatives de sa petite protégée.

Les bourgeois qui ont adoubé Ursula von der Leyen sont rassurés ; leur Europe des riches, des banquiers, de ceux qui ont tout, est entre de bonnes mains. Leur Europe n’est pas celle des pauvres, de ceux qui n’ont rien. Rien ne change, sauf les visages.

Ah ! L’Europe, l’Europe, l’Europe…

La justice, ça n’est pas que pour les autres

Les bourgeois, chers à Emmanuel Macron, n’aiment pas la justice quand elle s’occupe de trop près à leurs turpitudes. Ils vocifèrent quand on leur applique les peines ‘’réservées’’ aux manants et petits délinquants. Ils dénoncent les conditions de mise en examen ou de détention qu’ils voudraient renforcer pour les autres.

Quelques médias propriété de milliardaires, BFM TV ou encore LCI, abandonnent l’actualité pour suivre Isabelle Balkany dans la ville la plus endettée de France, ou pour recueillir les protestations grotesques de quelques habitants signant un livre de soutien à son mari. Elle est tout sourire et a le regard goguenard ; elle a été condamnée à trois ans de prison, elle aussi, mais ne dormira pas à la Santé pour des raisons médicales alors qu’elle parade sur le marché d’une ville qu’elle s’apprête à gérer par intérim. La malade semble se porter bien, merci.

Richard Ferrand, lui, reste plus discret, mais le service de soutien au président de l’Assemblée nationale est assuré ; il va de Mélenchon au président de la République. Les bourgeois savent serrer les rangs.

Les magistrats du Syndicat de la Magistrature ont vivement réagi à ces attaques dont la plus virulente a été proférée par l’avocat de Patrick Balkany dénonçant une ‘’République des juges’’.

Le communiqué du Syndicat de la Magistrature rappelle quelques vérités bienvenues ; il ne sera pas repris par les médias ; raison de plus pour le publier ici in extenso :

« Depuis quelques jours, l’ambiance est pesante pour quiconque est attaché au respect de l’indépendance de la justice et à l’égalité devant la loi.

Certains, dans une campagne coordonnée, se disant victimes d’un procès politique digne des pires dictatures, multiplient les attaques outrancières contre les magistrats, parfois visés nommément ; d’autres, habitués à fustiger le « laxisme » des juges, déplorent bruyamment de voir la loi appliquée à l’un des leurs avec la rigueur pourtant subie tous les jours par de nombreux anonymes ; d’autres encore, occupant les plus hautes fonctions exécutives, ne se contentent pas de rappeler le principe légitime de la présomption d’innocence mais affichent à l’égard d’une personne mise en examen un « soutien » appuyé pour le moins problématique au regard de la séparation des pouvoirs.

Le sommet est atteint lorsque que Jean-Luc Mélenchon affirme sa solidarité avec Richard Ferrand, traitant les juges en général de « menteurs ». Cette convergence inattendue montre bien ce qui, au-delà de tous les clivages, réunit ceux qui dénigrent la justice depuis quelques jours : le rêve inavouable d’une justice qui ne s’intéresserait qu’aux autres.

Que l’on s’entende bien, la justice peut – et doit – être critiquée pour nourrir le débat démocratique et il lui arrive aussi de se tromper, d’où l’existence de voies de recours. En revanche, nous continuons à dénoncer la rhétorique devenue ritournelle du « complot judiciaire », opportunément scandée par des responsables politiques mis en cause pénalement, en surfant, souvent à contre-emploi, sur la fragilité du statut du parquet qu’ils ont eux-mêmes sciemment entretenue. Nous attendons au contraire des personnalités au pouvoir qu’elles cessent de discréditer la justice et qu’elles oeuvrent pour la doter des moyens statutaires et budgétaires nécessaires aux garanties d’une indépendance incontestable.

Ces attaques cachent mal un fantasme d’impunité et de toute puissance malheureusement trop répandu, qui abîme notre Etat de droit. »

Fausses informations

Avant l’été, deux parlementaires faisaient sensation en annonçant que la fraude sociale atteignait le montant vertigineux de 14 milliards d’euros en France, reprenant les allégations d’un ancien magistrat osant affirmer que 1,8 million de fausses cartes vitales avaient permis ces détournements scandaleux.

Tout ce qu’il y a de plus réactionnaire dans l’Hexagone, du Rassemblement national aux Centristes, en avait profité pour mettre en cause une fois encore notre système de protection sociale jugé trop laxiste et trop généreux. De trop nombreux journalistes avaient alors repris les chiffres sans discernement et sans vérification, joignant ainsi leurs voix à la réaction dans une campagne idéologique inouïe.

Le gouvernement se frottait les mains. Les salauds de pauvres étaient pris la main dans le sac et on allait pouvoir laminer davantage leurs prestations sociales en toute quiétude.

Mais, patatras, aujourd’hui, un nouveau rapport, sérieux celui-là, tord le cou aux informations malveillantes lancées en juin dernier.

La commission sociale du Sénat, en relation avec la direction de la police aux frontières et le service d’immatriculation des assurés, a pu évaluer la fraude sociale entre 117 et 138,6 millions d’euros. 

Les parlementaires à l’origine de la fausse information et les journalistes qui l’ont relayée feront-ils amende honorable ? Rien n’est moins sûr. Et, dans l’opinion, les chiffres lancés en juin dernier, par leur côté sensationnel, resteront gravés dans les mémoires. La campagne avait également permis d’occulter les chiffres encore plus vertigineux de la fraude fiscale, celle des plus riches, atteignant les 100 milliards en 2018

Et dire que ce sont les mêmes parlementaires qui ont voté une loi sur les fausses informations ! Ils ne sont assurément pas à féliciter et personne n’osera proposer une sanction à leur encontre. Dommage.

Le ridicule ne tuant pas, ils continueront à sévir avec l’aide de boutefeux qui n’ont que mépris pour ceux qui n’ont rien.

Le Monde en crise

Le Monde, le quotidien vespéral, est en crise. Comme la planète Terre. Les deux souffrent de la même maladie, le capitalisme à bout de souffle.

Les journalistes des différents titres du groupe Le Monde (le quotidien, Télérama, Courrier international, les titres des Editions Malesherbes comme La Vie, etc.) sont en émoi et ont lancé un appel pour la garantie de leur indépendance face à la montée dans le capital de l’oligarque tchèque Daniel Kretinsky.

L’affaire n’est pas simple et tourne autour d’un éventuel droit d’agrément en cas d’entrée d’un nouvel actionnaire majoritaire.

La crise n’est pas nouvelle ; elle remonte aux années 1980 avec les premières difficultés financières et les pressions de la BNP pour la vente le siège de la rue des Italiens, puis en 1994 quand le seul quotidien appartenant à ses salariés a troqué son statut de SARL pour le statut de SA à directoire et conseil de surveillance, faisant entrer les loups dans la bergerie.

Aujourd’hui, le groupe est hélas entre les mains de financiers et d’industriels sans état d’âme qui n’entendent pas céder le vrai pouvoir de décision aux journalistes, le pouvoir économique qui dicte sa loi aux autres et influe tellement sur les choix éditoriaux.

Matthieu Pigasse, responsable mondial des fusions-acquisitions et du conseil aux gouvernements de la banque Lazard (rien que ça), et son compère-associé Daniel Kretinsky ne partagent pas le pouvoir. C’est d’ailleurs ce que le banquier a répondu aux journalistes, sans ambiguïté ; il refuse en effet d’ajouter « des clauses telles, que le droit d’agrément devienne en réalité un droit de répudiation, et même en pratique une clause d’inaliénabilité ».

Comprenne qui voudra !

Le combat des salariés (et des journalistes) du Monde est symbolique au moment où tous les grands médias sont contrôlés par des industriels milliardaires. Il serait vain cependant de croire que le Monde va renverser le cours des choses seul. Le combat pour l’indépendance rédactionnelle des médias passe par une lutte globale soutenue par une opinion publique faisant respecter son droit à une information complète, vérifiée et mise en perspective.

Matthieu Pigasse en réponse aux journalistes a ajouté que toutnouvel actionnaire majoritaire devrait remplir « des critères d’honorabilité, de moyens financiers et bien évidemment l’engagement de respecter les règles d’indépendance du Groupe, permettant d’exclure sur une base objective des actionnaires manifestement contraires ou incompatibles avec les valeurs qui sont les nôtres. »

Reste à définir quelles sont les « valeurs qui sont les nôtres ».

Les journalistes du Monde prétendent que le quotidien n’a pas de ligne politique et n’en a jamais eu. En 2010, le directeur Eric Fottorino expliquait :

« Le Monde est un journal non aligné, c’est-à-dire qu’il n’épouse aucune ligne partisaneCe serait insulter l’intelligence de nos lecteurs que de nous ranger les yeux fermés derrière un parti. C’est au nom de nos valeurs traditionnelles que j’ai, à plusieurs reprises, depuis trois ans, vivement critiqué la politique de Nicolas Sarkozy, pour défendre la démocratie, la liberté de la presse ou les atteintes aux corps intermédiaires. »

Certes, le Monde a souvent critiqué Giscard d’Estaing, Chirac, Sarkozy et Mitterrand, mais il a aussi soutenu toutes les politiques de droite ou prétendument de gauche et approuvé les réformes du code du travail ou la loi travail ; surtout, il n’a jamais remis en cause les méfaits du capitalisme. De même, Michel Noblecourt, par exemple, a passé toute sa carrière à déverser des tombereaux d’insulte sur la CGT et à tresser des louanges au syndicat d’accompagnement du libéralisme, la CFDT. En toute neutralité sans doute.

Les progressistes, les vrais, n’ont pas droit de cité dans les colonnes du Monde, dont la ligne politique (car il en a une) s’arrête à la social-démocratie.

Matthieu Pigasse, Daniel Kretinsky, Didier Niel, s’ils ont investi dans le Monde, entendent bien continuer à développer cette ligne politique et la lutte des journalistes finira par s’en accommoder.

Il n’empêche qu’il est absolument nécessaire de soutenir la revendication des journalistes ; le moment venu, il faudra leur rappeler leur indépendance et le soutien des progressistes dans leur combat quand ils manqueront à leur devoir d’informer complétement et sans parti pris.

Les pauvres toujours plus nombreux

Les lois du marché ont des effets terribles pour les pauvres : ils sont chaque jour plus nombreux et plus pauvres. L’INSEE vient de publier des chiffres accablants : en France, l’un des pays les plus riches de la planète, a vu le nombre de travailleurs pauvres passer de 1,9 million en 2016 à 2,1 millions en 2017.

Les pauvres vivant avec moins de 1 041 euros par mois est passé de 8,5 à 8,8 millions durant la même période.

En revanche, l’institut de la statistique note que le niveau de vie des plus aisés « a retrouvé des couleurs ». Qu’en terme choisi ces choses-là sont dites.

La crise financière de 2008, l’augmentation du chômage et de la précarité, les lois antisociales de Hollande et de Macron ont fait leur œuvre. Les patrons, eux, se rassasient d’aides en tous genres. La situation nous entraîne vers le chaos  et n’est nullement le résultat de l’augmentation du coût du travail. L’INSEE, toujours elle, a également publié des chiffres démontrant que l’indice du coût du travail diminue au second trimestre de 2019 (1,2 % pour le salaire seul et 0,5 % pour le salaire et les charges).

La situation s’aggrave ; si le pouvoir d’achat des classes populaires baisse, la consommation est entraînée dans une spirale funeste.

Quand les inégalités grossissent à vue d’œil, c’est le capitalisme financier qui est en cause et non les acquis sociaux. L’ordre économique mondial est bouleversé et affame toujours plus d’habitants de la planète. 

Les banques ont reçu des milliards pour faire face à la crise, pas les salariés qui en paient le prix fort. Les gouvernements du nouveau capitalisme préfèrent, à l’image de Macron, sauver les banques qui accordent des milliards de découvert à quelques multinationales (et à Drahi et autres) plutôt que de financer les hôpitaux, les écoles, les petites entreprises, les agriculteurs bio, etc.

Ils ont fait le choix de l’internationale du fric au nom de la liberté du marché (et du ruissellement qui n’existe que dans leurs discours) et d’une économie de guerre, plutôt que de favoriser l’émancipation des peuples et asseoir leur bien-être. L’heure du changement est venue pour éradiquer la pauvreté.

Il n’est pas écrit que le nombre de pauvres doit continuer à grossir.

Argent sale

Uber et Lyft (qui a bénéficié d’un important investissement de General Motors) sont des plateformes de mise en contact d’utilisateurs avec des chauffeurs de véhicules, et DoorDash est, elle, uns startup spécialisée dans la livraison de repas.

Elles ont en commun de ne pas salarier leurs employés.

Elles ont en commun une même stratégie de leur modèle économique : pas de lien, pas de salaires, pas de protection sociale. Rien. Un recul de plusieurs siècles très à la mode dans le nouveau monde libéral.

Ils sont de plus en plus nombreux, ces faux salariés, à s’émouvoir de ce retour à l’esclavage et ils reçoivent de plus en plus de soutien.

En Californie, un projet de loi dit Assembly Bill 5 (AB5) a été déposé auprès des deux chambres du Parlement et il fait voir rouge aux plateformes. Si la loi est adoptée, les chauffeurs et livreurs seraient considérés comme salariés (avec salaire minimum et horaires fixes, assurance maladie et droits syndicaux) et bénéficieraient de l’assurance-chômage et d’indemnités diverses.

Uber, Lyft et DoorDash ont décidé de lancer une campagne de lobbying effrénée et onéreuse : chacun mettra 30 millions de dollars dans une cagnotte (soit 90 millions de dollars) pour convaincre les élus de ne pas voter la loi. Il s’agit de la deuxième plus importante campagne de lobbying engagée en Californie. L’enjeu est donc de taille.

Qui, parmi les élus, osera rejoindre le combat des plateformes ? Qui résistera aux pots-de-vin et campagnes de publicité ?

L’enjeu dépasse le seul domaine d’activité des trois sociétés américaines ; les votes du Parlement de Californie seront examinés de près par les élus des autres états américains, mais aussi en Europe où ‘’l’ubérisation’’ des emplois ne connaît aucune limite.

Dans le même temps, on apprend aussi que Google a dépensé 21,2 millions de dollars en opération de lobbying en 2018, devant Amazon (14,19 millions) et Facebook (12,62 millions).

Les chiffres donnent le vertige et sont scandaleux. La prétendue nouvelle économie dépense des sommes colossales pour maintenir un système féodal dans les relations sociales ; en France, on aimerait savoir combien les grandes entreprises ont débloqué pour faire adopter les lois El Khomry, Macron, pour faire élire Emmanuel Macron et bien d’autres choses.

Dans nos sociétés, l’argent est sale.

Système pourri, qu’il faut changer au plus vite.

Ces salopards de chômeurs

Les chômeurs ? Des fainéants. Ils sont si bien indemnisés qu’ils se complaisent dans l’inactivité et le système ne permet pas de les encourager à rechercher activement un emploi.

On nous ressasse ces phrases à longueur de journée pour justifier toutes les politiques de régression sociale, en particulier de l’indemnisation des demandeurs d’emploi. Sous les applaudissements des patrons.

Les laudateurs du système oseront-ils encore longtemps éructer et répandre leurs insanités sur les exclus du travail ? La DARES (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques, direction de l’administration publique centrale française, qui dépend du ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social) vient de publier une étude qui tord le cou aux billevesées gouvernementales. Selon l’étude, 37 % des demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi seraient indemnisés par l’assurance-chômage, soit 2,4 millions d’allocataires sur 6,7 millions. Et l’allocation journalière moyenne n’est que de 39 euros par jour, soit 965 euros brut par mois. Selon l’étude, la moyenne cache une autre réalité : 10 % des chômeurs, le premier décile, ne touchent que 245 euros par mois et 10 %, situés dans le neuvième décile, ne touchent que 1 585 euros par mois

Les chiffres sont accusateurs : les politiciens comme Macron, Philippe ou Penicaud mentent en proférant des accusations à l’encontre des citoyens privés de poste de travail pour poursuivre leur œuvre destructrice du système social.

Il est désormais prouvé que les chômeurs ne sont pas les responsables de la situation. En revanche, ce sont bien les patrons, multipliant les plans dits sociaux et les licenciements (conventionnels ou non), les contrats précaires courts et les délocalisations qui plombent la société et plongent les chômeurs dans la misère.

Les chômeurs n’ont rien à attendre de Macron, sinon des conditions encore plus dégradées. Pis, les chiffres de la DARES ne risquent pas d’être commentés dans les médias. Sinon, comment pourrait-on encore tirer sur ces salopards de chômeurs !

E viva Ariane Ascaride

Ariane Ascaride consacrée à la Mostra de Venise, lauréate de la prestigieuse Coppa Volpi, prix d’interprétation féminine, quelle juste récompense et quel bonheur !

Elle succède à de grandes actrices françaises qui ont reçu la même Coppa Volpi, Madeleine Robinson, Suzanne Flon, Emmanuelle Riva, Delphine Seyrig, Annie Girardot, Pascale Ogier, Juliette Binoche, Isabelle Huppert, Sandrine Bonnaire, Catherine Deneuve, Nathalie Baye ou encore Dominique Blanc. Ariane Ascaride est bien de la lignée des très grandes actrices.

L’épouse de Robert Guédiguian a été couronnée pour son rôle dans le dernier film de la bande des Marseillais, Gloria Mundi, après avoir reçu le César de la meilleure actrice en 1998 pour son rôle dans l’inoubliable Marius et Jeannette.

Sa récompense n’est pas passée inaperçue à Venise en déclarant « Je suis petite fille d’émigrés italiens, qui sont partis pour chercher une vie meilleure et fuir la misère », avant de la dédier « aux migrants morts en mer, ceux qui vivent pour l’éternité au fond de la Méditerranée » et de chanter, au cours de la conférence de presse,l’hymne du Parti communiste italien.

Cette récompense est aussi celle d’une troupe, composée autour de Robert Guédigian de son épouse, Ariane Ascaride, de Gérard Meylan ou encore de Jean-Pierre Darroussin ; c’est aussi la victoire d’un groupe d’amis qui« par capillarité racontent quelque chose tous ensemble », dit le réalisateur. « On peut discuter, être en désaccord parfois. Mais on est d’accord sur l’essentiel. Personne ne vote à droite parmi nous ! »

Après de telles sorties, Jean-Pierre Darroussin a conclu avec l’esprit gouailleur qu’on lui connaît : « Les gens ont compris qu’on est de gauche. »

Quant à Robert Guédiguian, il devait avouer « Je ne serais pas arrivé là si Ariane n’était pas venue faire une intervention syndicale dans mon amphithéâtre. » C’était à l’université de Marseille et, depuis, ils ne se sont jamais quittés.

C’est donc une belle histoire d’amis qui ne renient rien, contrairement à beaucoup de leurs contemporains

D’ailleurs Ariane Ascaride a confié : « Ce prix, ce n’est pas seulement le mien. C’est celui de toute cette bande, avec laquelle je travaille depuis si longtemps, et avec laquelle je vais continuer à travailler. » Et elle a rendu hommage à son mari : « Robert laisse la liberté de proposition de l’acteur, par rapport au personnage qu’il lui donne. On n’est pas des exécutants, on est des créateurs. »

Quant au film, Gloria Mundi, film âpre et dur, il est évidemment engagé, comme le rappelle son réalisateur : « On vit une époque de grande régression. Il s’agit non pas de condamner ces personnages mais de condamner la société qui les produit. Je n’oppose pas tant que ça les jeunes aux plus anciens. Il faut décrire le monde comme il est, et comme il pourrait être. Je pense que les choses peuvent changer. »

Bravo donc à Ariane Ascaride et à la troupe des Marseillais dirigée par Robert Guédiguian ; avec eux souffle un vent d’espoir dans notre société.

Moix, ça suffit !

Yann Moix est antisémite. L’écrivain surfait et homme abject ne mérite assurément pas une seule ligne de publicité. Sinon pour dénoncer le produit de notre époque et de la société du spectacle.

A chacune des sorties de ses livres, il a su créer le scandale. En novlangue du nouveau monde, on dit faire le buzz.

L’homme plaide aujourd’hui des erreurs de jeunesse à propos de ses écrits et ses dessins antisémites. Erreurs de jeunesse qu’il a commises jusqu’à 45 ans. Quand même !

Rappelons quelques autres faits du bonhomme : il avait apposé sa signature en 2010 au bas d’une pétition pour l’interdiction de la loi Gayssot tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite et xénophobe. On comprend pourquoi. Récemment, en janvier dernier, il s’était signalé dans Marie-Claire par une charge contre les femmes de 50 ans :

« Aimer une femme de 50 ans ? Ça, ce n’est pas possible. Je trouve ça trop vieux. […] Elles sont invisibles. Je préfère le corps des femmes jeunes, c’est tout. Point. Je ne vais pas vous mentir. Un corps de femme de 25 ans, c’est extraordinaire. Le corps de femme de 50 ans n’est pas extraordinaire du tout. »

Ce ne sont plus des erreurs de jeunesse. Yann Moix est infréquentable et odieux. Cela devrait suffire à le mettre au ban de la société. Mais si on considère qu’être antisémite n’est pas la preuve d’une intelligence supérieure, comment a-t-il pu se créer un tel réseau de connivence et de complicité.

En effet, ils sont nombreux à avoir connu le passé (et le présent) antisémite de Moix. A commencer par ceux qui font les éditions Grasset, le président Olivier Nora, Jean-Paul Enthoven et même Bernard-Henri Lévy, son meilleur ami, dont le Monde dit qu’ils avaient été mis au courant par Moix lui-même.

D’autres encore ne pouvaient pas ignorer. Le scandale a éclaté et Moix, l’exécrable, a eu néanmoins micro ouvert dans l’émission de Ruquier, On n’est pas couché, pour tenter de se faire pardonner. Immonde. Il y a longtemps que l’émission ne doit son audience qu’aux coups de gueule et autres scandales pour faire de l’audience (pauvre service public).

La chaîne, France 2, s’est, paraît-il, interrogée, mais la productrice a eu le dernier mot : on maintient la présence de l’auteur à scandale. Audience assurée.

L’insistance de Catherine Barma était suspecte ; elle l’est moins quand on sait qu’elle est également productrice d’une émission sur Paris Première qui s’intitule en toute modestie ‘’Chez Moix’’.

La télévision se complet dans la fange du spectacle, de l’Audimat à tout prix, y compris en faisant le lit du révisionnisme et du racisme.

Et Moix n’est qu’un jouet nauséabond de la société du spectacle. Un produit de notre époque.

A vomir.