Avant l’été, deux parlementaires faisaient sensation en annonçant que la fraude sociale atteignait le montant vertigineux de 14 milliards d’euros en France, reprenant les allégations d’un ancien magistrat osant affirmer que 1,8 million de fausses cartes vitales avaient permis ces détournements scandaleux.

Tout ce qu’il y a de plus réactionnaire dans l’Hexagone, du Rassemblement national aux Centristes, en avait profité pour mettre en cause une fois encore notre système de protection sociale jugé trop laxiste et trop généreux. De trop nombreux journalistes avaient alors repris les chiffres sans discernement et sans vérification, joignant ainsi leurs voix à la réaction dans une campagne idéologique inouïe.

Le gouvernement se frottait les mains. Les salauds de pauvres étaient pris la main dans le sac et on allait pouvoir laminer davantage leurs prestations sociales en toute quiétude.

Mais, patatras, aujourd’hui, un nouveau rapport, sérieux celui-là, tord le cou aux informations malveillantes lancées en juin dernier.

La commission sociale du Sénat, en relation avec la direction de la police aux frontières et le service d’immatriculation des assurés, a pu évaluer la fraude sociale entre 117 et 138,6 millions d’euros. 

Les parlementaires à l’origine de la fausse information et les journalistes qui l’ont relayée feront-ils amende honorable ? Rien n’est moins sûr. Et, dans l’opinion, les chiffres lancés en juin dernier, par leur côté sensationnel, resteront gravés dans les mémoires. La campagne avait également permis d’occulter les chiffres encore plus vertigineux de la fraude fiscale, celle des plus riches, atteignant les 100 milliards en 2018

Et dire que ce sont les mêmes parlementaires qui ont voté une loi sur les fausses informations ! Ils ne sont assurément pas à féliciter et personne n’osera proposer une sanction à leur encontre. Dommage.

Le ridicule ne tuant pas, ils continueront à sévir avec l’aide de boutefeux qui n’ont que mépris pour ceux qui n’ont rien.