Le monde de la culture est en crise.
Réforme de l’indemnisation du chômage, crise sanitaire (fermant les salles et favorisant les plateformes numériques, comme Netflix ou Disney) et crise de l’énergie ont eu raison de nombreuses salles et entraîné les acteurs culturels un peu plus dans la précarité.
Le budget de l’Etat stagne et ne suit pas le rythme de l’inflation. Les collectivités territoriales dont le budget pour la culture est plus du double de celui de Rima Abdul-Malak revoient leurs priorités et les activités culturelles ne sont pas épargnées ; la suppression de la taxe d’habitation et les dotations en baisse ont eu un effet immédiat sur les sommes affectées à l’art, sous toutes ses formes.
Les élus de droite profitent du climat ambiant pour tenter d’éliminer les structures qui osent faire de la culture qui grandit. Laurent Wauquiez prive le Théâtre Nouvelle Génération de Lyon de sa subvention au terme d’un bras de fer où le déclaré candidat à la présidence de la République en 2027 a étalé sa ‘’culture de la peur’’ et ses dérives autocrates et obscurantistes. A Calais, Natacha Bouchart s’en prend, elle, au Channel dirigé par Francis Peduzzi en déclarant ne plus vouloir travailler avec lui.
Les deux élus se revendiquent des Républicains et leur attitude n’est pas une simple péripétie. Cette droite-là ne supporte, au mieux, que le divertissement standardisé, marchandisé et rentable, aussitôt oublié, quand le citoyen, aujourd’hui, a besoin de la création originale qui favorise la confrontation, enrichit les savoirs et permet de comprendre la marche du monde.
Ils rendent d’une cruelle actualité la Déclaration des droits de la culture adoptée à l’initiative de Jack Ralité en 1987, dans laquelle on peut lire : « Un peuple qui abandonne son imaginaire culturel à l’affairisme se condamne à des libertés précaires ».
Wauquiez et Bouchart ont rejoint Emmanuel Macron dans sa croisade pour une culture otage des audiences, des tirages et des sondages. La déclaration de 1987 était un appel à la mobilisation pour une autre monde :
« Contre cette formidable inversion des valeurs entre la culture et l’argent, contre le cynisme de ses décideurs quels qu’ils soient, nous en appelons à un sursaut éthique de tout le monde des arts et des lettres. Nous proclamons qu’il n’y a pas dans une nation de valeurs culturelles capables de vivifier son passé comme de dessiner son avenir sans les incessantes trouvailles de la création artistique, sans la liberté de leur confrontation, sans la volonté d’en faire le bien commun des artistes et leur peuple. À l’uniforme gris des ambitions mercantiles nous opposons l’arc-en-ciel des sensibilités et des intelligences, l’ouverture plurielle à la culture des hommes et des peuples du monde entier. »
Près de quarante plus tard, le sursaut du peuple de France pour travailler moins longtemps doit rejoindre dans un même élan la revendication pour plus de temps libre pour se cultiver.
En cette veille de fête du travail, la mobilisation doit s’étendre à la revendication pour le droit à la culture ; il faut chasser la droite sans culture et du travailler plus.