Benyamin Netanyahu voulait un ministre de la communication de combat pour tenter d’étouffer ses lourds déboires judiciaires. Il a trouvé l’énergumène miracle, Shlomo Karhi,qui, à peine nommé, a déclaré qu’il n’y avait « pas de place pour la radiodiffusion publique » en Israël. Il a ajouté : « Ce que je prévois de faire sur le marché des médias, grâce à ma vision économique libérale et à celle du Likoud, c’est d’éliminer les barrières, les réglementations et les facteurs qui nuisent au marché libre et à la concurrence ». Netanyahu était aux anges.

Karhi porte un lourd héritage religieux et radical : il est l’aîné d’une famille dix-sept frères et sœurs, élevé dans une colonie (moshav), puis dans des écoles juives traditionnalistes (yeshivah), avant ses études universitaires et une carrière politique au sein du Likoud. Il reste fidèle à un héritage qui lui fait dire qu’Israël est la plus grande démocratie du monde, où « les médias penchent trop à gauche », oubliant, au passage, que les principaux médias sont entre les mains de milliardaires, banquiers, pétroliers et affairistes, proches pour ne pas dire intimes de Netanyahu et du Likoud.

La situation en Israël n’est pas sans rappeler ce qui se passe en Hongrie, en Pologne, au Royaume-Uni et en France. Et dans de trop nombreux pays se réclamant de la démocratie la plus aboutie et la plus respectueuse du peuple. Sans honte d’être démentis.

Emmanuel Macron n’a-t-il par parlé de honte en évoquant le service public de radio et de télévision ? N’a-t-il pas boycotté France 2 à plusieurs reprises ? N’a-t-il pas supprimé la redevance et fermé France O ?

On peut ajouter qu’il n’est pas revenu sur la décision de Nicolas Sarkozy de supprimer la publicité sur France Télévisions après 20h, sans compensation !

Netanyahu ne dit pas mieux !

Les ultra-libéraux se comportent partout de la même façon et exècrent les services publics de l’information au service de tous et non de leur caste, même quand ils ont verrouillé les hiérarchies. Ils utilisent les mêmes discours pour fustiger ceux qui veulent préserver un espace de liberté et tentent d’informer complètement.

Les plus beaux exemples, en France, sont fournis par Vincent Bolloré (qui dirige ‘’ses’’ médias par la terreur même quand il n’en est pas encore totalement le propriétaire, comme à Paris Match et au Journal du dimanche) ou par Bernard Arnault (qui doit affronter une rébellion des rédactions aux Echos et au Parisien).

Il faut y voir leur faiblesse à maintenir coûte que coûte un ultra-libéralisme économique en crise profonde ; leur autoritarisme les pousse à asservir l’information et à confier les médias à leurs meilleurs supporters, les affairistes financiarisés et mondialisés.

L’enjeu ‘’information’’ est de taille, car jamais la bataille des idées n’a été plus nécessaire pour émanciper les sociétés de cet ultra-libéralisme qui secrète la pauvreté comme le foie secrète la bile.