La descente aux enfers d’Arnaud Lagardère n’en finit pas. Il vient d’être mis en examen pour « diffusion d’informations fausses ou trompeuses, achat de vote, abus de biens sociaux et abus de pouvoir, et non-dépôt de comptes ». Il a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de gérer et l’obligation de fournir un cautionnement de 200 000 euros. En conséquence, selon un communiqué du groupe, « dans le cadre de sa mise en examen, une mesure provisoire d’interdiction de gérer a été prononcée à l’encontre de M. Arnaud Lagardère, mesure qu’il conteste et contre laquelle il va faire appel, mais qui le contraint néanmoins à se démettre de ses mandats exécutifs au sein du groupe ».
Arnaud Lagardère entraîne derrière lui Pierre Leroy, l’ancien directeur général délégué, et deux commissaires aux comptes mis en examen pour complicité d’abus de biens sociaux, présentation de comptes inexacts et non-révélation de faits délictueux.
Bref, l’affaire Lagardère fait désordre et met au jour de graves dysfonctionnements dans la gouvernance des grands groupes. Elle met en cause le rôle des conseils d’administration où les sièges sont distribués aux amis qui viennent chercher leurs jetons de présence, trop souvent exorbitants, sans se soucier de la conduite des entreprises. Bref, on se réunit pour ‘’papoter’’ entre copains-copines.
Dans le conseil de surveillance, devenu conseil d’administration après l’abandon du statut de société en commandite, du groupe fondé par Jean-Luc Lagardère, on a pu relever des noms connus et, depuis février 2020, celui de Nicolas Sarkozy (il siège aussi dans le groupe Accor et les casinos Barrière). L’ex-président de la République n’a rien remarqué, rien vu dans les comptes trompeurs de son « frère » Arnaud ?
Curieusement ces administrateurs ne sont jamais à l’origine des découvertes de malversations ou d’abus de biens sociaux. On se demande bien pourquoi. Dans le cas présent, c’est le fonds d’investissement Amber Capital, créé par un financier français, Joseph Oughourlian, qui avait porté plainte contre Arnaud Lagardère. Or, Oughourlian était l’allié de Vincent Bolloré, qui a profité du désarroi de Lagardère pour voler à son secours (prétendait-il) à l’appel de Sarkozy, lancer une OPA et prendre le contrôle du groupe, via Vivendi.
On règle ses comptes et on provoque la chute d’Arnaud Lagardère ? Qu’en pense Nicolas Sarkozy ?