Le 25 avril 1974, 136 capitaines qui avaient créé le Mouvement des forces armées (MFA) mettaient fin à la sanglante dictature fondée par Antonio de Oliveira Salazar au Portugal. C’était le début de la Révolution des œillets et le retour de la démocratie avec le départ en exil au Brésil de Marcelo Caetano, le successeur de Salazar à la présidence du Conseil de l’Estado Novo. C’était aussi la fin de treize années de guerres coloniales, dites guerres de pacification, en Angola, Mozambique, Sao-Tomé-et-Principe, Guinée-Bissau et Cap-Vert, où 140 000 jeunes portugais étaient engagés.
La population a connu des moments d’allégresse inouïe grâce à des militaires démocrates et a tourné la page de la terrible police politique de Salazar, la PIDE (Police internationale et de défense de l’Etat), pratiquant la torture et les exécutions sommaires, faisant régner la terreur et la peur.
Aujourd’hui, cependant, le 50e anniversaire de la Révolution des œillets a un goût amer ; quelques jours plus tôt, le 10 mars, le Portugal s’est réveillé avec la gueule de bois : le même peuple qui avait chassé un pouvoir fascisant, a accordé 18 % de suffrages au parti d’extrême droite Chega (ça suffit en portugais) créé cinq ans auparavant seulement.
L’exemple portugais vaut pour toute l’Europe et pour la France : « Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde. » (Bertolt Brecht, La résistible ascension d’Arturo Ui, 1941).
Les errements de la gauche au pouvoir et particulièrement de la social-démocratie (mais pas seulement), les politiques de plus en plus répressives et anti-sociales de Macron sont rejetées ; toutes les déceptions et les difficultés à vivre dignement entraînent de plus en plus de citoyens vers un parti dont l’idéologie, réelle et masquée, est inspirée des dictatures et des fascistes d’hier.
Le 50e anniversaire de la Révolution des œillets aurait dû être une fête ; elle est gâchée. Ne l’oublions pas avant de voter demain et en 2027.
Les œillets fanent aussi.