A la veille du premier tour des élections législatives les journalistes ne peuvent plus différer l’examen de leurs responsabilités dans les résultats de l’extrême droite.
Certes, ils ne sont pas propriétaires des médias dans lesquels ils travaillent.
Certes, la concentration des grands médias exerce une influence considérable sur l’exercice de la profession.
Certes, le pluralisme des médias, légalement existant, est largement bafoué, de même le pluralisme des opinions est détourné.
Certes, les journalistes pèsent de moins en moins dans le choix des lignes éditoriales.
Mais la façon dont ils conçoivent eux-mêmes leur profession peut et doit jouer un rôle.
Les journalistes assument une mission sociale : satisfaire le droit à l’information du public, droit dont le respect est la justification de l’existence du métier et la condition première de toute démocratie.
Pour les journalistes, la liberté, c’est de pouvoir écrire, montrer et parler conformément à l’intérêt du citoyen, en conscience.
Certes, la liberté totale d’expression n’a jamais existé.
Certes, la prétendue objectivité est illusoire si on n’apprécie pas, pratiquement, comment se fait l’information.
Mais, aujourd’hui, trop de journalistes défendent indifféremment n’importe quelle thèse, exécutent n’importe quelle tâche sous l’injonction de hiérarchies qui ont fait allégeance à l’actionnaire par souci de lucre ou de carrière, voire par pure idéologie.
Les journalistes, doivent faire leur examen de conscience et ne plus se complaire dans le système poussé à son paroxysme par les médias de Bolloré.
Les journalistes ne peuvent plus considérer les partis d’extrême droite, xénophobe, fascisant, excluant les citoyens selon l’endroit où ils sont nés, selon la couleur de leur peau ou selon leur genre, comme les autres partis républicains.
Les journalistes doivent revenir aux principes professionnels, librement adoptés en dehors de toute ingérence intérieure (l’actionnaire) ou extérieure (les groupes de pression et la publicité), en réhabilitant l’exigence d’une information complète, mise en perspective et vérifiée, en prenant conscience de leurs responsabilités, de leurs devoirs envers les citoyens d’une démocratie pleinement retrouvée.
Les journalistes doivent refuser de mettre la profession au service des manipulations de masse, de servir de relais pour les riches propriétaires des médias en vue d’écraser les pauvres.
Les journalistes doivent s’engager à reconquérir la confiance des lecteurs, auditeurs et téléspectateurs en dissipant les malentendus et en combattant la haine meurtrière, bref à rendre toute sa noblesse à leur profession.