Dans un livre exceptionnel sur lequel je reviendrai, Diables gardiens, écrit en 2017 (donc avant les guerres opposant la Russie à l’Ukraine et le Hamas à Israël), Erri De Luca écrit des lignes d’une grande humanité ; j’ai éprouvé l’envie de les partager pour, peut-être, participer à la nécessaire prise de conscience de ceux qui ont encore les moyens d’arrêter les bombardements si meurtriers :
« Le droit à la violence contre une oppression est un sujet épineux, mais par prudence et pour vivre en paix, je ne me l’interdis pas. Je considère le droit à l’insurrection comme un droit de l’opprimé : ‘’Aux armes, citoyens’’ est pour moi une incitation légitime dans des circonstances spéciales. Où doit-il toujours s’arrêter : devant des corps vulnérables, des citoyens sans défense. Même si ce sont des Etats et des gouvernements qui violent la sécurité des vis civiles qu’ils ont placées dans le viseur de la cible avec la justification de dommages collatéraux. Le premier bombardement aérien sur une ville a frappé Londres pendant la Première Guerre mondiale. Il fut exécuté par les dirigeables allemands Zeppelin. Depuis lors, la population civile est traitée de la même manière que le corps combattant. Depuis lors, faire exploser des maisons avec leurs locataires en les frappant du haut des cieux n’est pas un crime de guerre.
Ceux qui luttent au nom des opprimés doivent exclure le risque de frapper les sans-défense. Leur droit à la violence est la fronde dans les mains de David. Un seul projectile infaillible doit abattre Goliath, en sachant qu’il est tiré dans un magasin de porcelaine à laisser intact. Lancer des bombes sur des trams entre en revanche dans le registre des infamies. »
Que dire de plus ?
Une chose cependant : que font les Etats et les gouvernements dits démocratiques pour condamner les infamies qui sèment la mort en Ukraine et à Gaza, pour protéger les opprimés et arrêter les oppresseurs ? Ils parlent.