Quand la prétendue majorité (au Parlement, mais pas dans les urnes) tangue à propos de la réforme des retraites, on se fait ‘’une bouffe’’ à l’Elysée, avec des invités triés sur le volet. Si on en croit Le Monde, la liste des invités (ils étaient quand même vingt et un) n’a pas été communiquée ; secret d’Etat ? Au travers des lignes des plumitifs de service, on peut croire que Richard Ferrand, l’ex-président de l’Assemblée nationale, renvoyé séchement par les électeurs en juin, a partagé un plateau de fruits de mer (huîtres, bulots et crevettes) avec les principaux ministres (de poids, précise le quotidien vespéral), chefs de groupes au Parlement et présidents de partis.
Les journalistes (femmes) du Monde n’étaient pas invitées, mais elles ont néanmoins rapporté deux phrases prononcées par le président autiste et toujours aussi autoritaire : « Il n’y a ici qu’une seule personne qui a pris en conscience son risque et amené le sujet devant les électeurs, c’est moi », et « Un amendement, c’est beaucoup moins con que de faire des négos qui iront dans le mur ». Tout est dit sur la méthode du président de la République pour régler une question qui intéresse tous les citoyens.
C’est donc autour du fameux plateau de fruits de mer que s’est solutionné le malentendu entre ceux qui voulaient passer en force par un amendement et, s’il le fallait, l’arme du 49.3, et ceux qui voulaient privilégier un débat.
Selon Le Monde, « Le chef de l’Etat, un brin agacé, accepte de tendre la main aux syndicats en ouvrant les concertations dès jeudi 29 septembre – mais pas de « négociations » – pour deux mois, maximum. A l’issue de ces concertations – rapides –, un texte entièrement dédié à la réforme verrait le jour, engloberait tous les volets – âge de départ, pénibilité, carrières longues, pension minimale… – et serait débattu en décembre, pour un vote dans la foulée en janvier 2023. Mais si d’aventure les partenaires sociaux refusaient encore de jouer le jeu des concertations, l’amendement serait intégré immédiatement au PLFSS en cours d’examen. »
Il paraît que François Bayrou est sorti du dîner soulagé. Les salariés, eux, n’ont pas eu le privilège d’être conviés au dîner de l’Elysée ; en revanche, ils ont toutes les raisons d’être inquiets et de manifester.
La casse des acquis sociaux se poursuit à marche forcée ; la casse des services publics aussi : on a appris le jour même du dîner de l’Elysée que 4300 lits d’hôpitaux avaient été fermés en 2021, en pleine épidémie de Covid. Mais le sujet ne figurait pas au menu.
La méthode Macron dans toute sa plendeur, qui règle la crise systémique à coup de dîners entre amis.