La France manque d’énergie et de certains aliments, pendant que les prix flambent et que le pouvoir macronien se refuse à taxer les super profits des grands groupes et continue à distribuer les chèques pour calmer les mécontentements.
Quelle rentrée !
Si la situation sociale est explosive, les grands groupes industriels, eux, continuent à se livrer une guerre sans merci pour conquérir de nouvelles parts de marché au détriment du concurrent.
Ce qui se passe dans les milieux audiovisuels est rocambolesque ; les plateformes de streaming Netflix, Amazon Prime Video, Disney+ scrutent tous les mouvements comme les arrivées prochaines en France de Warner Bros Discovery ou de Paramount+. Et observent attentivement les gains ou les pertes d’abonnés.
La filiale de Warner Bros Discovery, HBO, qui détient un catalogue impressionnant, a rompu son accord avec OCS (pour Orange Cinéma Séries) un bouquet de chaînes détenu par Orange (66,67 %) et Groupe Canal+ (33,33 %).
L’avenir des chaînes OCS (3 millions d’abonnés) s’est assombri et on parle de leur vente et d’un rachat par Canal+, leur actionnaire minoritaire ; mais Warner Bros Discovery est également un repreneur potentiel pour favoriser l’implantation prochaine de HBO en France et une concurrence frontale avec Netflix et Disney+.
Le groupe Canal+ de Vincent Bolloré n’est pas un observateur neutre. Il vient de déclencher les hostilités avec le groupe TF1 et d’annoncer qu’il ne diffuse plus les chaînes du groupe contrôlé par Bouygues, à savoir TF1, TMC, TFX, TF1 Séries Films et LCI.
Il entend renégocier les termes d’un contrat signé en 2018 et arrivé à son terme.
Bolloré a attendu une période propice pour renégocier, les retransmissions de la Coupe du monde de football du 20 novembre au 18 décembre au Qatar ; sa décision risque de priver les abonnés à Canal + des rencontres de la compétition sur TF1.
Bolloré, s’il doit racheter les chaînes OCS a un besoin urgent de cash et il n’est donc pas prêt à céder aux exigences de TF1 « d’une rémunération très conséquente pour ses chaînes gratuites », selon les termes de son communiqué, précisant que « conscient de l’importance de la Coupe du Monde de Football pour ses abonnés et fort de son partenariat avec beIN Sports qui détient l’intégralité des droits de la compétition, le Groupe Canal+ sera en mesure de proposer l’intégralité de l’évènement à ses abonnés. »
Le match Bolloré-Bouygues se joue donc sur un fond de concurrence avec les grandes plateformes de streaming américaines, à coup de milliards. Le téléspectateur n’y comprend rien, n’en attend rien et, finalement, sera contraint de payer toujours plus cher pour avoir accès aux chaînes à péage comme Canal+ qui relaient les chaînes gratuites. Une aberration totale. Pour le téléspectateur ces luttes intestines ne donnent aucune garantie, bien au contraire, que le spectacle sera meilleur demain.
L’inertie du gouvernement et le mutisme de la ministre de la culture et de la communication sont insupportables. Pour le plus grand bonheur des plateformes américaines qui vont imposer leur vision du monde en toute quiétude et en engrangeant les bénéfices.