A quoi sert le Parlement dans la République d’Emmanuel Macron ? Députés et sénateurs s’interrogent. Ô pas tous, mais au moins les plus respectueux de la démocratie.
La question est pertinente quand des lois importantes comme la réforme des retraites, la loi de finance et la loi ‘immigration’’ n’ont pas été votées dans les formes habituelles et même pas du tout, la première ministre, Elisabeth Borne, faisant taire la voix du peuple en exhibant 23 fois l’article 49-3 de la Constitution.
Le rôle de vigie du Parlement est donc confié au Conseil constitutionnel, une institution de ‘’retraités’’ de la politique, non élus.
Les lois présentées par le gouvernement (en fait par le président de la République) sont si mal rédigées, qu’il revient aux ‘’sages’’ de censurer les articles les plus contestables. Ils ont un ‘’boulot monstre’’.
Sur la loi de réforme des retraites, ils ont écarté le fameux ‘’indice senior’’ et le CDI sénior ; sur la loi de finance, ils ont censuré 12 articles, dont un rescrit fiscal, cadeau aux fédérations sportives internationales comme la FIFA (que Macron souhaitait voir s’installer à Paris !), et, surtout, une disposition permettant de détourner le livret A des Français vers les investissements dans les industries de la défense.
On attend encore plus de remise en cause au mois de janvier, avec l’examen de la loi ‘’immigration’’.
Dans les ministères, les conseillers cherchent du travail et fuient, avant même un probable remaniement du gouvernement. A l’Elysée aussi, l’entourage de Macron est désespéré ; le climat y est, paraît-il, morose. Un conseiller vient de confier à franceinfo : « Sept ans que j’étais dans cet univers, j’avais le sentiment de ne plus avoir de souffle (…) Politiquement, je ne comprenais pas ce qu’on portait et là où on allait ».
Emmanuel Macron le sait-il lui-même ? On se croit revenu à la cour du roi Pétaud.
Le président n’a cependant pas perdu sa boussole ; les riches se frottent les mains et le peuple pleure.