Le Centre Pompidou consacre une exposition majeure à la révolution du cubisme, permettant de suivre de manière très chronologique la période de 1907 à 1917, de sa naissance à son dépassement, de ses sources (avec des œuvres de Cézanne ou de Gauguin, des masques et des statuettes africaines) à l’art abstrait de Mondrian, Malévitch ou encore Duchamp.
Exposition majeure donc, qui permet de voir des Picasso rarement exposés, mais aussi des œuvres de Fernand Léger, Delaunay, Picabia, Juan Gris, Gleizes, etc., c’est-à-dire autant de jalons permettant de suivre l’évolution de la peinture sous l’impulsion des deux initiateurs du cubisme.
Elle fait également la part belle aux sculptures de Picasso à Brancusi ; par la place qu’elle donne aussi aux poètes comme Guillaume Apollinaire, Pierre Reverdy ou Blaise Cendrars, elle laisse imaginer la profondeur de la vie culturelle parisienne du début du siècle et les échanges, les amitiés et collaborations entre tous les créateurs à la recherche d’un art qui a abouti à la transformation des formes d’expression.
Le cubisme a bouleversé l’art pictural du XXe siècle et au-delà. Il est né des interrogations de Georges Braque et Pablo Picasso et des réflexions communes des deux jeunes artistes pour inventer un nouveau langage tournant le dos à une peinture qui avait du mal à sortir de la représentation traditionnelle.
La rencontre de ces deux génies a donné naissance à un nouveau modèle d’expression, géométrique, puisant ses sources dans l’abstraction, bannissant la perspective et utilisant toutes sortes de matériaux pour créer toiles et collages, sculptures et assemblages.
Le cubisme n’est pas sorti du néant : Braque et Picasso avaient une curiosité toujours en éveil ; ils ont trouvé leur inspiration à la fois chez d’autres peintres, comme Cézanne (« Notre père à tous », dira Picasso), Derain ou Gauguin, et dans d’autres formes d’expression, notamment dans les arts dits primitifs.
Si les travaux de Braque et Picasso ont été originellement confidentiels, la vie culturelle particulièrement riche en ce début du XXe siècle a entraîné d’autres peintres à rejoindre ce qui, cependant, n’a jamais été revendiqué comme un mouvement.
Si les expositions de Picasso ont tendance à (trop) se multiplier (le succès étant assuré et permettant d’engranger des chiffres d’affaires venant compenser la diminution des subventions aux musées), celle-ci pose un regard intelligent sur la dizaine d’années qui a engendré la révolution de l’art moderne.