Charles Aznavour a toujours revendiqué sa double culture, française et arménienne, arménienne et française. Sa situation n’est pas unique ; d’autres artistes, des scientifiques et des sportifs ont revendiqué le même attachement à leurs racines et à leur patrie d’accueil. Simplement.

Picasso, Van Gogh, Chagall, Marie Sklodowska-Curie, Georges Charpak, Raymond Kopa, Michel Jazy, Michel Platini, Zinedine Zidane, Yves Montand, Jacques Brel sont les noms qui viennent spontanément à l’esprit.

La liste est immense de ceux qui, déracinés, ont fait la gloire de la France, pays cosmopolite et pays d’accueil avant que les prétendus libéraux ne viennent ternir son image en décrétant l’étranger indésirable, surtout l’Arabe et l’homme à peau noire !

France 2 a diffusé une belle série de documentaires, Histoires d’une nation, qui rend hommage à ceux qui ont contribué au rayonnement du pays ou qui l’ont défendu contre les nazis, comme Missak Manouchian (Arménien comme Charles Aznavour) et ses camaradesSzlamaGrzywacz(Juif polonais), Thomas Elek(Juif hongrois),Wolf Wasjbrot (Juif polonais), Robert Witchitz(Juif hongrois), Maurice Fingerweig(Juif polonais), Joseph Boczov(Juif hongrois), Spartaco Fontanot (Communiste italien),Celestino Alfonso(Espagnol rouge), Marcel Rajman(Juif polonais), tous fusillés le 21 février 1944 au Mont-Valérien.

Il se trouve que Missak Manouchian a été hébergé à Paris par les parents de Charles Aznavour, communistes comme lui. Un simple détail, sans doute, puisque passé sous silence.

Emmanuel Macron a voulu rendre un hommage national à Charles Aznavour non dénué d’arrière-pensée politicienne. La famille, fidèle à la simplicité et à la modestie de Charles Aznavour avait d’ailleurs refusé cette cérémonie. L’Elysée a sans doute trouvé des arguments pour repousser ses réticences et s’offrir ce moment de communion populaire en cette période de crise.

Pour ma part, je retiendrai que la France a rendu un hommage à tous les réfugiés venus de tous les pays, à ceux qui, non seulement, ont fait la grandeur de notre pays en devenant des artistes reconnus, des sportifs de haut niveau ou des chercheurs de premier plan, mais aussi à tous ces inconnus, qui, en acceptant les métiers les plus pénibles dans les mines ou sur les chantiers et rejetés dans les bidonvilles, ont contribué à la reconstruction de ce qui est devenu leur patrie et qui ont participé à bâtir la richesse des industriels qui les méprisent tant aujourd’hui.

Charles Aznavour était un réfugié, fier de l’être et dont la France aujourd’hui est fière ; il n’était pas différent de ceux qui bravent la Méditerranée pour gagner la France.