Le Tour de France, feuilleton populaire (mais de moins en moins) du mois de juillet, se termine par la victoire d’un coureur gallois (c’est une première) qui ne déchaîne pas les passions.
Les raisons en sont multiples. L’une d’entre elles est analysée par Antoine Vayer, un professeur d’éduction physique breton ; ancien coureur cycliste, il connaît son sujet pour avoir entraîné l’équipe Festina quand a éclaté une affaire tonitruante de dopage en 1998.
Vingt ans plus tard, il poursuit inlassablement son combat contre le dopage et chaque année, il poursuit l’écriture de chroniques (toujours les mêmes) pour s’étonner des performances des coureurs et fustiger ceux qui savent mais qui ferment les yeux sur les pratiques d’un peloton soumis aux règles du fric, de la performance nécessaire pour satisfaire les sponsors.
Le Tour de France, comme les autres courses, est devenu une entreprise économique avant d’être une épreuve sportive, relayée par des chaînes de télévision (en l’occurrence le service public) qui retransmettent toutes les étapes en intégralité, contraignant les coureurs à se ‘’montrer’’ en permanence.
Le spectacle doit être total et les performances à la hauteur des enjeux. Les organismes sont soumis à une tâche rude pour le plus grand bonheur d’un journal (qui s’épanche en termes d’épopées sur les exploits des forçats de la route) et de sponsors qui ont transformées les fins coursiers en hommes-sandwiches, arborant de multiples marques.
En cette année 2018, Antoine Vayer s’étonne que « Geraint Thomas a développé avec une stupéfiante facilité autour de 420 watts en moyenne dans les six principaux cols finaux de ce Tour 2018 ».Et de constater que le vainqueur a réalisé des « exploits qu’on croyait à jamais éteint ».
Antoine Vayer a été le seul à relever cette ‘’anomalie’’ que les journalistes, commentateurs du service public ou du quotidien organisateur L’Equipe,sont sommés de taire, ignorant qu’ils couvrent un problème de santé publique avant d’être un problème éthique. Publicité, audiences, ventes, sponsorisation dictent leur loi à l’information. La santé future des coureurs leur importe peu ; d’autres auront pris la relève et les produits interdits.
Mais, comme le constate amèrement Antoine Vayer, « le dopage paie trop bien. Il sera difficile de tuer cette poule aux œufs d’or ».
Hélas, le cyclisme n’est pas le seul à être victime du dopage ; tous les sports sont entrés dans une ère du soupçon depuis que le capitalisme a fait main basse sur les pratiques du sport de haut niveau qui font de l’audience.