L’éditorial du quotidien suisse La Tribune de Genève de ce matin est surprenant, pour ne pas dire ahurissant. Le journaliste de service dénonce les emprunts de la ville des bords du Léman à la FIFA.
On lit et relit le court éditorial pour s’en assurer : il s’agit bien d’emprunts auprès de la Fédération internationale de football, dont le siège est à Zurich.
Au total, la ville a obtenu un crédit de 600 millions de francs suisses à court terme et sans intérêts entre 2018 et 2022, dont, dit le journal, « le dernier, de 150 millions (…) contracté six jours avant le lancement du très controversé Mondial au Qatar ».
Le journaliste dénonce la situation au Qatar : « Soupçons de corruption, destruction de l’environnement derrière un greenwashing éhonté, exploitation d’une main-d’œuvre étrangère et décès en grand nombre sur les chantiers… » Et les problèmes éthiques entourant les opérations : « Emprunter de l’argent à une banque est une chose. L’emprunter directement à un organisme sportif connu pour son agenda politique et ses pratiques peu recommandables en est une autre. »
L’éditorialiste s’étonne de la surprenante démarche de la municipalité genevoise, mais aussi et surtout du rôle de l’organisation mondiale du football : « La FIFA cherche-t-elle à soigner ses relations pour continuer à bénéficier, en Suisse, où elle a son siège, d’une si complaisante fiscalité ? »
Que faut-il rajouter à ces interrogations ? Assurément que l’argent prêté sans intérêts à Genève aurait été plus utile à ces millions de clubs et joueurs de football qui n’ont ni maillots, ni ballons pour s’adonner à leur sport.
La FIFA est secouée depuis quelques années par des scandales honteux, le dernier étant l’attribution du Mondial 2022 au Qatar, pays sans tradition de football, ni espoir de développement, aux pratiques sociales moyenâgeuses. La distribution de prêts à des collectivités en Suisse ou ailleurs est le rôle des banques ou des gouvernements, pas de la FIFA. Les dirigeants devront aussi s’expliquer sur ces honteuses pratiques financières.
Le président de la FIFA, Gianni Infantino, est un juriste, diplômé de l’université de Fribourg ; il sait que l’argent a une odeur. Alors ?