L’information est restée discrète. La presse économique a refait le coup du « Cachez ce sein que l’on ne saurait voir ! », embouchant néanmoins les trompettes du chauvinisme le plus haïssable. Le site franceinfo et l’AFP se sont crus autorisés en effet à titrer une courte dépêche : « LVMH, première société européenne à dépasser 400 milliards d’euros de capitalisation boursière ». Cocorico !
Alors que se profile un puissant mouvement de grèves contre la réforme des retraites, on comprend le choix de journaux comme Les Echos, propriété (heureux hasard) de Bernard Arnault, de faire dans la discrétion.
On apprend quand même que l’action de LVMH a atteint un nouveau record à 795,70 euros (avant de revenir à 791,40 euros. Le chiffre ne dit rien en soi ; mais il est intéressant de noter que cette action LVMH a augmenté de plus de 16 % depuis le début de l’année. C’est-à-dire en 15 jours. Une progression inversement proportionnelle à celle des salaires des travailleurs.
L’AFP note que la valorisation boursière, la somme qu’il faudrait dépense pour acheter toutes les actions du groupe, a culminé à 400,4 milliards d’euros. Plus que Nestlé, par exemple. Re-Cocorico !
Les économistes attribuent la performance (digne des plus grands exploits sportifs) à la réouverture économique de la Chine. Les résultats euphoriques de LVMH tributaires de la levée du confinement derrière la Grande Muraille ? On n’ose y croire !
Le même jour, les partis de gauche étaient réunis en meeting et on a pu entendre une oratrice déclarer : « Ce gouvernement fait un choix politique : faire souffrir des millions de gens, en les faisant travailler deux ans plus longtemps, plutôt que de taxer 42 milliardaires du pays de seulement 2%. »
Bernard Arnault et son ami Emmanuel Macron n’ont pas cru utile de réagir à ce véritable appel à la révolte du peuple qui souffre. Chut ! Discrétion de rigueur.
Laissons les riches Chinois (mais pas qu’eux) continuer à enrichir les milliardaires, à commencer par Bernard Arnault. Le monde des affaires doit pouvoir continuer à faire le ‘’business’’. Quoi qu’il en coûte.