La France laborieuse a battu le pavé hier ; une belle et forte mobilisation contre la réforme des retraites a occulté des informations qui en disent long sur l’état d’esprit des milliardaires et de leurs valets.

Aux Etats-Unis, un juge a condamné Donald Trump et son avocate, Alina Habba, à une amende de 937 989,39 dollars pour une « utilisation abusive des tribunaux (…) afin de faire avancer de façon malhonnête un récit politique ».

Trump avait osé réclamer 70 millions de dollars à Hillary Clinton pour, prétendait-il, avoir tenté de persuader les électeurs que la campagne de son adversaire avait bénéficié du soutien de le Russie.

Le juge, John Middlebrooks, ne s’est pas laissé impressionner ; il a dénoncé une action qui « n’aurait jamais dû être intentée (…) Son insuffisance en tant que recours légal était évidente dès le départ. Aucun avocat raisonnable ne l’aurait déposée. Destinés à un but politique, les arguments de la plainte n’énoncent aucune demande légale recevable. » Puis il a présenté Trump comme un « plaideur prolifique et sophistiqué qui utilise de façon répétée les tribunaux pour se venger de ses adversaires politiquesIl est le maître d’œuvre d’un dévoiement stratégique du processus judiciaire, et il ne peut être considéré comme un plaideur qui suivrait aveuglément les conseils d’un avocat. Il connaissait parfaitement l’impact de ses actions. »

Pan sur le bec, comme écrirait le Canard enchaîné !

Le même jour, c’est en France que les milliardaires ont fait grise mine.

La cour d’appel de Versailles a débouté Patrick Drahi et Altice de toutes ses demandes à l’encontre du site d’information Reflets.info et infirmé la décision du tribunal de commerce de Nanterre lui interdisant de publier tout nouvel article sur les ‘’DrahiLeaks’’.

Les juges ont retenu « l’absence de violation du droit au secret des affaires par Reflets », puis que « l’incitation à violer le secret des affaires n’est pas davantage caractérisé ». Ils ont également rejeté les accusations de trouble et de danger imminent occasionnés par la publication d’informations touchant aux DrahiLeaks. 

Hier aussi, Me Olivier Baratelli, l’avocat de Vincent Bolloré, confirmait à l’AFP que « le groupe Bolloré a décidé de se désister en raison de la cession de ses activités de concession portuaires en Afrique » de son action visant les deux auteurs du livre ‘’Vincent Tout-puissant’’, Nicolas Vescovacci et Jean-Pierre Canet. Il leur était reproché d’avoir diffamé Canal+, Vivendi, Bolloré Africa Logistics dans une centaine de passage du livre.

La décision est à noter car c’est la première fois que Vincent Bolloré se désiste d’une ‘’procédure-bâillon’’ dont il est coutumier pour tenter de faire taire les journalistes. La multiplication de ses condamnations pour procédure abusive a sans doute freiné les ardeurs judiciaires de celui qui n’admet aucune mise en cause de ses pratiques autoritaires. La cession des concessions portuaires n’étant qu’un prétexte.

On ne peut s’empêcher de rapprocher les trois informations et de reprendre les termes du juge américain parlant d’utilisation abusive des tribunaux, afin de faire avancer de façon malhonnête un récit politique ou pour masquer des gestions douteuses.

La date du 19 janvier 2023 restera dans les mémoires pour ses manifestations en France, mais aussi pour la liberté d’information.

On saluera également les salauds de juges qui ont osé dénoncer les procédures de ceux qui ne supportent ni contradiction, ni contrôle démocratique de leurs affaires.