Dans sa tribune de ce jour dans le Monde, Thomas Piketty fustige la politique du président de la République et pose la question qui, hélas pour les pauvres, se pose de façon récurrente et traumatisante : « En 2023, Emmanuel Macron va-t-il de nouveau se tromper d’époque en s’illustrant comme président des riches ? »
La réponse ne fait aucun doute pour l’économiste : « C’est malheureusement ce qui se profile avec la réforme des retraites. Lors de son premier mandat, il avait déjà choisi de tout miser sur les « premiers de cordée » et la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Avec, à l’arrivée, un puissant sentiment d’injustice qui avait conduit au mouvement des « gilets jaunes » excédés par les nouvelles taxes sur les carburants qu’ils étaient eux-mêmes sommés de payer pendant que les plus riches recevaient des chèques. »
Piketty fait le constat qu’Emmanuel Macron persiste à n’être que le président des riches car « avec la réforme des retraites, le pouvoir s’apprête à faire tout le contraire » de ce qu’il faudrait faire pour retrouver une France juste : « L’objectif affiché est de faire 20 milliards d’économies par an d’ici à 2030, afin de financer les autres priorités du gouvernement. Le problème est que ces 20 milliards vont peser entièrement sur les plus modestes. »
Preuve que des sommes considérables sont disponibles, « Il suffit d’ouvrir un magazine pour savoir que les millionnaires et les cadres dirigeants se portent à merveille. En France, les 500 plus grandes fortunes sont passées en dix ans de 200 milliards à 1 000 milliards. Il suffirait d’imposer à 50 % cet enrichissement exceptionnel pour rapporter 400 milliards. L’ampleur de la réserve fiscale disponible serait encore plus importante si l’on élargissait la focale aux 500 000 contribuables les plus riches (1 % de la population) ou aux 10 % ou 20 % les plus riches. Tous ces groupes devront être mis à contribution de façon graduée, suivant des principes de justice qui devront être débattus au grand jour, en commençant par le sommet. »
Thomas Piketty ajoute que « Chacun connaît aujourd’hui ces réalités et ces injustices, au moins aussi bien qu’à l’époque de la Révolution et des privilèges de la noblesse. »
Les privilèges de la noblesse ? Les révolutionnaires de 1789 avaient trouvé une solution en une nuit, c’était le 4 août.