La FIAC est réservée à ceux qui ont un pognon de dingue et capables de dépenser des sommes folles pour un coup de cœur ou de céder à une mode.
La FIAC hors les murs (et notamment au Jardin des Tuileries) permet à tous de s’imprégner des tendances de l’art contemporain. Gratuitement. Les œuvres ainsi exposées aux yeux du grand public ne sont pas des œuvres mineures (cette année, il y avait un Calder !), mais un ensemble intéressant en ce qu’il permet de côtoyer ce qui se fait de mieux et de pire.
Le pire ? Une paire de chaussures de basket accrochées à une branche de platane à trois mètres de hauteur ; l’œuvre est baptisée Charlotte playing Idris as Lebron James. Elle a été réalisée par un jeune Néerlandais, Juliaan Andeweg. La fiche précise :« L’artiste associe souvent des matériaux et des images issus de contextes différents, du monde de l’art mais aussi d’ailleurs. Évoquant des thèmes aussi variés que la pop culture américaine, les films d’horreur, les groupes de laissés-pour-compte, les romans de chevalerie et l’Antiquité tardive, son travail dépasse les frontières entre la « haute » et la « basse » culture. Comme son Oeuvre picturale, Charlotte Playing Idris As Lebron James crée une image fascinante et iridescente, entre romantisme et culture pop. »
Je suis resté ébahi devant tant d’inventivité pour tenter d’expliquer la démarche de Juliaan Endeweg !
En revanche, j’ai été conquis par la sculpture monumentale en bronze de Thomas Schütte, un artiste allemand déjà consacré (Fondation Vuitton, Palazzo Grassi, Fondation Pinault, Fondation Leclerc, etc.), sans avoir besoin de lire sa fiche de présentation !
L’imposant Mann im Wind est un jalon dans son œuvre, partie du minimalisme pour aboutir aujourd’hui au figuratif. Schütte est à un stade de réflexion où il s’interroge sur le rôle de l’art et sur la condition humaine. Il montre un homme pris au piège dans un socle et dont le visage tourné vers le ciel traduit la volonté de rechercher une solution à sa condition.
Deux œuvres, deux démarches artistiques très différentes, une même volonté d’interpeller. L’une est déroutante (reflet d’une certaine décadence de la société ?) et permet de s’interroger sur les dérives de l’art contemporain, quand l’autre revient à l’essence de l’art éternel pour interpeller avec plus de force encore.