Oser poser une question au président de la République peut s’avérer périlleux. Surtout quand il s’agit d’un domaine sensible comme les ventes d’armes Emmanuel Macron se comporte comme un vulgaire Mélenchon.

Il est déplaisant pour ne pas dire injurieux. A tout le moins il a une réponse arrogante et déplacée. 

A propos de l’appel de la chancelière allemande, sa très chère Angela Merkel, à laquelle il claque la bise, il a répliqué, cinglant, au journaliste « kamikaze » : « Mon agenda n’est pas dicté par les médias, que ça vous plaise ou non. Je suis sur un autre sujet. Ca n’a rien à voir avec le sujet qu’on est en train de traiter. Rien. Rien. Donc je n’y répondrai pas. Je regrette. Ca continuera tant que je serai à la place à laquelle je suis. Que ça plaise ou que ça déplaise. »

La question était pertinente : le président déambulait dans les allées du salon des industries navales de défense du Bourget, où on fait commerce des armes. Elle était d’autant plus pertinente que le président de la République ne s’est toujours pas exprimé à propos de l’assassinat de Jamal Khashoggi.

La question était même d’une actualité brûlante alors que France 5 avait diffusé la veille un remarquable documentaire d’Anne Poiret, Mon pays fabrique des armes, dénonçant l’opacité du commerce massif des ventes d’armes (sans contrôle pertinent d’un Parlement qui ne reçoit chaque année qu’un rapport parcellaire) alors que la France a ratifié le Traité dit TCA qui interdit la vente d’armes à des pays susceptibles de s’en servir pour commettre des crimes de guerre.

Le ton de Macron, s’il est moins menaçant, est tout autant inadmissible que celui de Mélenchon. A la différence près que Macron est un élu qui, lui, doit des explications aux citoyens dans une démocratie digne de ce nom.

Combien faudra-t-il de morts encore au Yémen pour que le président d’une République dite démocratique s’exprime sur des crimes de guerre qui ont causé la mort d’au moins 10 000 Yéménites avec des armes françaises ?