Jacobin est une revue lancée par des intellectuels se réclamant du socialisme et du marxisme aux Etats-Unis. Ses fondateurs font figure de gauchistes radicaux dans un pays où la réélection de Trump est plausible.

Un récent article analyse «La rhétorique passionnée du fascisme des libéraux (qui) contourne l’autoréflexion ». On peut lire, par exemple : « Faire constamment référence à une « crise » sans fin et toujours urgente ne contribue pas – et n’a même pas contribué – à améliorer le fonctionnement de notre démocratie. Trump n’est pas président actuellement, mais les inégalités règnent. Les États-Unis envoient des armes dans le monde entier malgré les objections de leurs citoyens. » Ou encore : « Cela devrait être préoccupant car la démocratie américaine est fragile. En effet, on ne sait pas exactement dans quelle mesure ce pays est une démocratie. De nombreux citoyens de gauche sont bien conscients du caractère antidémocratique des principales organisations et institutions américaines, du Sénat à la Cour suprême en passant par le Collège électoral. Et vous savez probablement que l’argent façonne notre système politique, souvent au profit des riches. Mais notre déficit démocratique est encore plus important. Au cours du XXe siècle, la classe dirigeante américaine a construit un écosystème incroyablement complexe de groupes gouvernementaux et non gouvernementaux qui a effectivement permis aux Américains ordinaires d’avoir très peu de mot à dire sur plusieurs domaines, notamment la politique étrangère et la macroéconomie. »

Plus loin, les auteurs écrivent : « Il est possible que la frustration face à cet état de choses antidémocratique soit un facteur contribuant au rejet du Parti démocrate par un nombre croissant d’électeurs noirs, latinos et asiatiques sur la loyauté desquels le parti s’appuie depuis longtemps. »

De cet article, on retiendra encore : « Pour les libéraux, il est plus facile de blâmer le « fascisme » (ou la « rage rurale blanche », ou les « déplorables » ou les « nationalistes chrétiens ») pour être à l’origine des problèmes de notre pays que le néo-libéralisme, dérégulateur, financiariste et militariste de Bill Clinton et de Barack Obama. Ces priorités libérales ont contribué à donner naissance à la droite moderne – mais pour admettre cela, les élites libérales devraient réexaminer les prémisses de leur politique, et l’introspection est bien moins agréable que de se rallier contre un ennemi sans ambiguïté. »

Enfin, en guise de conclusion, ils notent que « voir le fascisme partout empêche ceux qui méprisent à juste titre les positions sociales et économiques réactionnaires de Trump d’élaborer les alternatives audacieuses dont nous avons besoin pour la nouvelle ère dans laquelle nous entrons si clairement. Le temps des avertissements sévères contre notre Adolf Hitler américain (semi, proto ou fascioïde) est révolu depuis longtemps. Si nous voulons vraiment améliorer notre démocratie, nous devons mettre un terme au débat sur le fascisme et nous tourner vers notre avenir incertain. »

Toute ressemblance avec la situation en France (et ailleurs en Europe) où on a peine à qualifier l’extrême droite de fasciste, n’est pas fortuite. Emmanuel Macron, Le Maire, Darmanin empruntent de plus en plus de postures au parti de la famille Le Pen plutôt que de se « tourner vers notre avenir incertain ».

La gauche, de son côté… Mais où est-elle donc ?

Lira-t-elle Jacobin ?