Parfois, certains choix éditoriaux laissent pantois. A Dijon, il suffit d’une petite quarantaine (à peine) de dévots prétendant faire un pèlerinage du centre-ville jusqu’en banlieue proche, à Fontaine-les-Dijon précisément, commune qui a vu naître le futur saint Bernard, l’abbé de Clairvaux et promoteur de l’ordre cistercien, pour que le quotidien local, Le Bien Public, consacre un article et une vingtaine de photos sur son site.

La gazette locale, qui porte les idées réactionnaires dans son ADN, s’est néanmoins fendu d’un titre qui se veut drôle : « Le pèlerinage des Grenouilles à Dijon : ils ont coassé jusqu’à Fontaine », ajoutant : « Cela faisait des lustres que Dijon n’avait pas connu un pèlerinage au départ du centre-ville. Les paroisses de Dijon Saint-Bernard et Fontaine-lès-Dijon ont renoué samedi avec une tradition ancienne, celle d’un hommage religieux rendu à saint Bernard, avec un parcours reliant Dijon à Fontaine. »

Le plumitif de service a osé poser la question : « Pourquoi les grenouilles ? » La réponse de l’organisateur, Don Guillaume Chevallier se veut désopilante : « Parce qu’on commence à la fontaine aux grenouilles de la place Darcy (…) Parce qu’on est prêt à se mouiller pour le Seigneur ! Mais surtout à cause de ça et que c’est la fête de saint Bernard… La fête à la grenouille ! »

Le Bien public, en revanche, ne dit pas un mot sur l’organisateur du pèlerinage. Don Guillaume Chevallier, est un prêtre de la communauté Saint-Martin, presque une secte, connue pour son catholicisme identitaire, réactionnaire, hostile à l’accueil des homosexuels dans l’Eglise catholique, militant contre la loi Taubira ou la place des femmes dans la hiérarchie ; proche de Philippe de Villiers, puis de Zemmour, il voue une haine farouche aux Musulmans.

Cette communauté accueille des séminaristes en provenance des milieux grands bourgeois et n’hésite pas à se financer grâce à un fonds d’investissement douteux, abrité au Luxembourg pour éviter les recherches de journalistes trop curieux.

Don Guillaume Chevallier, comme tous les membres de sa communauté a réhabilité le port de la soutane en permanence et dit la messe en latin. Notre curé n’a donc rien de progressiste ; il tente de se cacher derrière une façade joviale et folklorique, mais il investit la rue ostensiblement pour tenter d’amener de nouvelles ouailles vers l’extrême droite.

Autant d’informations que le Bien public a caché à ses lecteurs ! Les pèlerins ont paraît-il coassé, mais leur coassement a des relents nauséabonds et inquiétants.