Au lendemain d’une assemblée générale de copropriété scandaleusement grotesque, où l’on a pu voir à l’œuvre une caricature de syndic, se vantant cependant d’être le premier d’entre eux, un président de séance tout entier à sa solde et des copropriétaires (dont l’appartement qu’ils occupent est souvent le seul bien) complètement perdus comme beaucoup de Français aujourd’hui devant les hausses vertigineuses des prix de l’énergie, de l’alimentation et se heurtant à une absence de perspective crédible pour s’en sortir.
Le déroulement de cette assemblée (un rendez-vous important quand il est le seul d’une collectivité à qui on cache les informations, parce que qui détient l’information détient le pouvoir) et l’attitude du président de séance m’ont immédiatement ramené aux Lettres persanes de Montesquieu (1721), quand Usbek, s’adressant à à son ami Rica, décrit les dérives du pouvoir absolu en France.
Le pouvoir absolu de l’Ancien Régime, je l’avais devant les yeux, trois cents ans plus tard, ici et après plusieurs révolutions. Hélas, toujours à recommencer.
Cette vision m’a plongé dans un abîme de réflexions et je m’interroge sur les moyens de sortir de l’état de sujétion des citoyens dans la vie quotidienne de la cité et a fortiori dans une petite communauté qu’on appelle copropriété pour reprendre les choses en main.
Mes réflexions m’ont aussi remis en mémoire quelques petites phrases extraites de la bande dessinée de Marjane Satrapi, Persepolis. La grand-mère s’adressant à sa petite fille lui glisse une formule pleine de sagesse : « Dans la vie, tu rencontreras beaucoup de cons. S’ils te blessent, dis-toi que c’est la bêtise qui les pousse à te faire du mal. Ça t’évitera de répondre à leur méchanceté. Car il n’y a rien de pire au monde que l’amertume et la vengeance. Reste toujours digne et intègre à toi-même. »
Je vais rester digne et intègre ! Et poursuivre mon combat pour la libération et l’émancipation des esprits.