Mon ami Paco, éminent journaliste espagnol, vient de publier un article relatif à l’avenir du Commonwealth après la mort d’Elizabeth II. L’analyse est éclairante ; il semble que le Commonwealth ait vécu et que les partisans de la république sont de plus en nombreux.

Héritage de l’ancien Empire britannique et du colonialisme, il est un conglomérat en voie de décomposition et d’éclatement. Sur les 56 pays membres, on compte en effet aujourd’hui 36 républiques et 5 ont un souverain autre que celui proclamé à Londres.

Paco cite un article d’une consoeur, Menaka Guruswamy de l’Indian Express, paru en août dernier et qui contestait la participation des athlètes de son immense pays aux Jeux du Commonwealth : « Ce que les pays participant à ces Jeux ont en commun, c’est que la Grande-Bretagne nous a pris notre richesse. Cette « richesse commune » [c’est le sens littéral de Commonwealth] est maintenant la richesse britannique. »

La journaliste, jeune juriste, rapporte Paco, « faisait partie de l’équipe qui a fait passer devant la Cour suprême de l’Inde un amendement juridique à ce qu’elle a décrit comme ‘’la libération des Indiens LGBTQI de la sinistre section 377 du Code pénal indien’’ qui était en place depuis 1860, c’est-à-dire depuis l’époque du Raj, c’est-à-dire de la domination britannique, qui signifiait la dépénalisation de l’homosexualité en Inde. »

C’est sur ce terreau contestataire des vestiges de l’empire colonial que de nombreux pays membres du Commonwealth veulent s’émanciper de ce qui n’est rien de plus « qu’un club post-colonial avec peu d’influence dans le monde moderne ».

En Nouvelle-Zélande, au Canada, en Jamaïque, les populations sont nombreuses à vouloir imiter les îles de la Barbade, qui ont opté pour la république le 30 novembre 2021. Et, dans de nombreux pays, des référendums sont inscrits à l’ordre du jour.

La mort d’Elizabeth peut accélèrer le désir d’amancipation des populations. Et c’est une page du colonialisme qui va sans doute se tourner.