Alain Serres, enseignant, auteur et dirigeant des superbes éditions pour la jeunesse Rue du monde, a lancé un appel pour que la France n’écrive pas « une nouvelle page noire de son Histoire ».
Il écrit : « Notre printemps est un printemps qui a peur, mais il rêve.Il rêve toujours et encore, de toute la force des histoires différentes qui nous constituent, de toutes les molécules humanistes de nos ADN citoyens, il rêve pour les enfants de notre pays, filles et garçons, dans leur lumineuse diversité d’origine. Notre printemps rêve pour le droit à l’éducation aux valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité dans une école de la République enfin revivifiée, pour le droit à la formation à l’esprit critique et aux valeurs vitales de l’écologie, de la solidarité, pour le droit au bonheur d’accéder équitablement à la culture et aux livres. Notre printemps rêve à voix haute pour le droit à une information indépendante des puissances d’argent. Le droit à une justice sociale qui n’enferme pas les citoyens dans cette misère noire qui peut les rendre aveugle. »
Alain a édité des livres qui font grandir les enfants, de plus petit au plus grand, dans le respect de l’autre, fustigeant tous les racismes ; il est donc autorisé à écrire : « Je relis, ce matin, plusieurs livres que nous avons publiés depuis 28 ans dans notre petite Rue du monde. Ils racontent la montée de la barbarie dès 1933 en Allemagne, l’esprit de résistance, ils offrent des guirlandes de poésie contre le racisme et l’antisémitisme ou ils invitent au voyage vers le miroir enrichissant de toutes les autres cultures. »
Il lance un vibrant appel pour que « notre printemps ne rêve pas simplement de dresser un solide barrage au péril qui menace notre pays aujourd’hui », mais qui puisse faire émerger « un puissant tremplin à des changements décisifs. Enfin ! »
Il termine son très beau texte en empruntant un vers de Paul Eluard : « Notre printemps est un printemps qui a raison ».
Il dépend de tous de donner raison au poète de combat qu’était Eluard et au Front populaire.