‘’Touche pas à mon poste’’ ou TPMP, l’émission-phare des chaînes de télévision de Vincent Bolloré, méritait d’être analysée et décryptée. C’est à ce travail que s’est livrée Claire Sécail, chercheuse au CNRS.
Travail minutieux qui décrit le passage d’un ‘’talk-show’’ comme il en existe (trop) sur toutes les chaînes en une émission politique pour répondre au souhait du milliardaire breton.
Dès l’introduction de son court essai, Claire Sécail révèle la dimension politique de TPMP : « capter et structurer l’imaginaire populaire afin d’y puiser une autorité et une légitimité » et de préciser ensuite les trois principales composantes du populisme : « le public, érigé chaque soir en figuration du peuple ; l’animateur, édifié en représentant de ce peuple ; et le plateau, dont les règles simplificatrices réalisent le système dual populiste ».
L’autrice décrypte ensuite les discours du « populisme hanounesque », à savoir l’antiélitisme intellectuel et médiatique, l’antiparlementarisme ordinaire et le populisme pénal.
Les analyses sont brillantes et percutantes ; Claire Sécail termine son essai par une exhortation : « Se taire ou fermer les yeux, c’est ajouter à la faillite morale collective de notre époque, dont la trajectoire de Cyril Hanouna n’est que l’un des symptômes ».
Claire Sécail, elle, ne s’est pas tue pour dénoncer les funestes desseins réactionnaires et intégristes de Vincent Bolloré.
Son essai est à lire et à faire lire pour agir contre les dérives des chaînes de télévision se transformant en autant de relais idéologiques contre le peuple.
(Touche pas à mon poste, Seuil Libelle, 80 pages, 5,90 €)