Le chantier du Grand Paris et, en particulier, les travaux sur les lignes de métro qui devraient favoriser les déplacements (lignes 14, 16 et 17) font peu de cas de la sécurité des ouvriers. Depuis février 2020 jusqu’à aujourd’hui, on déplore déjà la mort de cinq d’entre eux. Hélas !

Funeste coïncidence, le cinquième en date, un jeune homme de 22 ans, a été victime de la chute d’un bloc de béton à Gonesse, le jour même où le procès de la première victime en 2020, Maxime Wagner (37 ans, père de deux jeunes enfants de 9 et 2 ans à l’époque) s’ouvrait enfin à Créteil après deux reports en juin 2022 et décembre 2022.

Maxime Wagner était intérimaire ; est-ce une surprise quand les grands groupes du BTP (ici Vinci) ont érigé la sous-traitance et l’intérim (et le recours aux sans-papiers) en mode de gouvernance, pour le plus grand bonheur des actionnaires.

Le procès-verbal de l’inspection du travail a pu établir une liste de « manquements flagrants (de l’employeur) à ses obligations en matière de santé et de sécurité des salariés. » Il a notamment relevé les insuffisances du plan de sécurité et de protection de la santé.

L’avocat de la Fédération CGT de la construction, Christophe Bringer, a dénoncé à la barre « la mise en danger délibérée » de la victime et la Sécurité sociale a réfuté l’argument de la fatalité avancé par les prévenus du groupe Vinci.

La Caisse nationale d’assurance-maladie a déclaré à ce sujet : « On veut que la justice passe et qu’on arrête de nous dire que ces accidents relèvent de la fatalité. Tant qu’on ne cognera pas suffisamment sur les entreprises, elles continueront de s’affranchir des règles de sécurité ».

Elle semble avoir été entendue par le procureur de la République qui a demandé une peine « dissuasive » pour « éviter que la sécurité des travailleurs soit une variable d’ajustement pour les entreprises », requérant une amende de 250 000 euros contre la société et neuf mois de prison avec sursis pour ses représentants.

Pour les grands groupes du BTP, ces peines ne seront pas dissuasives, même si elles réhabilitent la mémoire des pauvres ouvriers décédés dans des conditions atroces sur leur chantier ; c’est tout leur modèle économique qui est en accusation. 

Les hommages du groupe aux victimes, ceux de Valérie Pécresse et du gouvernement qui rogne les moyens de l’inspection du travail, sont déplacés. Honte à eux qui créent les mêmes conditions de travail que sur les stades du Qatar et se rendent complices de la mort au travail.