Les concerts de casseroles ont le don d’irriter profondément Emmanuel Macron, le méprisant. C’est un bon signe pour les opposants. Avec son entourage de groupies imbéciles, il organise une riposte pitoyable, signe de sa fragilité dans un pays qui le rejette.

La Cérémonie des Molières est exemplaire des stratégies présidentielles pour tourner la page de la réforme des retraites.  Deux comédiennes de la Fédération CGT du Spectacle ont apostrophé la ministre de la culture, Rima Abdul-Malak en rappelant les fortes paroles de Gérard Philipe, alors président du Syndicat des acteurs CGT, en 1957 : « Les artistes ne sont pas des chiens ». Après avoir dénoncé le coup de force antidémocratique pour faire adopter le projet de loi sans vote, elles ont conclu en demandant à la ministre : « Quand allez-vous décider de sortir de votre silence ? » en faisant référence au questionnaire de trois feuillets, élaboré par l’intersyndicale du monde du spectacle, sur les conséquences de la réforme des retraites pour leurs professions, envoyé à Rima Abdul-Malak le 13 janvier dernier et resté sans réponse.

L’absence de réaction de la ministre a amené l’intersyndicale (CGT, CFDT, FO, CGC et CFTC) à refuser de siéger au Conseil national des professions du spectacle (CNPS) convoqué le 27 avril.

Téléspectateurs et participants présents au Théâtre de Paris n’ont pas eu connaissance de cette double démarche de l’intersyndicale mais, fait inédit, la ministre a cru devoir répondre à ses accusatrices, toute honte bue, en se levant de son fauteuil avec l’aval des organisateurs, qui, curieusement, se sont empressés de lui offrir un micro pour que le public ne manque rien de sa piètre intervention ; en effet, Rima Abdul Malak s’est octroyée un satisfecit, sans vergogne et en évitant de parler des retraites ou de son budget restant à 0,57 % du budget de l’Etat (loin de 1 %), ou encore des baisses, voire des suppressions des subventions de collectivités territoriales exsangues, entraînant des annulations de spectacles.

La scène était de toute évidence bien orchestrée par le maître de cérémonies, Jean-Marc Dumontet, président de l’Académie des Molières, qui a volé au secours de la ministre et de son ami Emmanuel Macron, en prenant à son tour le micro : « Nous avons la chance de vivre dans un grand pays qui accompagne la culture et ses créateurs (…) Quand j’entends que nous serions dans un pays ultralibéral, j’ai du mal à le croire au regard du niveau de nos prélèvements, qui est le plus élevé du monde occidental. Il faut qu’on sorte tous de nos postures. » (Sic).

Evidemment, les deux accusatrices ne se sont pas vues accorder un droit de réponse pour dénoncer autant de mauvaise foi et de contre-vérités.

Jean-Marc Dumontet a fait main basse sur les Molières et les discrédite en voulant les transformer en tribune idéologique. Ceux qui ont applaudi la ministre et le conseiller officieux du président pour la culture se sont discrédités eux aussi. La manœuvre est grossière et va jusqu’à la préférence affichée pour le théâtre privé qui a raflé quatorze des dix-neuf Molières. Dumontet veille à tout !

Je ne sais pas si le meilleur comédien, Christian Hecq, faisait référence à ce triste épisode mais ses paroles résonnent fort dans le contexte : « Il y a une chose qui résiste au temps, c’est la bêtise. Rions de notre bêtise, c’est le meilleur moyen de la combattre et ça, Monsieur Molière l’a compris il y a longtemps ».

Rions, donc, de la bêtise du président et de son gouvernement ; et continuons les concerts de casseroles !